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Achille
Dionysos
Perséphone
Hécate
Arès
Hippolyte
Hébé
Momos
Artémis
Télémaque
Tyché
Apollon
Hermès
Pandore
18 participants
Tyché
Déesse de la chance
Date d'arrivée : 13/09/2023
Nombre de récits : 61
Sexe : Pouvoir : Lucky Star
Cycle : 1
Couleur(s) de parole : 6633ff
Double-comptes : /
Nombre de récits : 61
Sexe : Pouvoir : Lucky Star
Cycle : 1
Couleur(s) de parole : 6633ff
Double-comptes : /
Re: Les Maux d'Argos Dim 8 Sep 2024 - 22:40
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Les petits bonbons et sucreries de Tyché avaient quelque peu servi au reste de l’équipe à faire passer le banquet infâme. Cela et les vins de Dionysos, bien que Tyché s’était contentée de jus. Elle se rappelait bien de la seule et unique fois où le dieu l’avait convaincue de boire tout son saoul pour fêter son arrivée chez les Helyantos. Ou plus exactement, elle n’en avait que de vagues brides, mais on lui avait abondamment expliqué comment elle avait réussi à se donner en spectacle, et la gueule de bois du lendemain avait été assez mémorable pour qu’elle se promette de ne plus toucher à des spiritueux. Tyché avait gardé un dernier bonbon pour laver sa bouche du goût de cendre, et venait juste de gober la sucrerie quand Hippolyte vint la serrer dans ses bras. Tyché lui rendit immédiatement ce câlin, adorant les contacts physiques, mais un peu surprise. Etait-ce parce que Perséphone venait de disparaître ? En temps normal, Tyché aurait probablement été très effrayée, craignant que cela ne lui arrive, de ne pas savoir ce qui se passerait si elle était la prochaine à être séparée du groupe. Mais l’Espoir lui donnait ce surplus d’optimisme qui lui donnait l’impression de ne rien craindre, surtout tant qu’Hippolyte était avec elle. L’amazone et elle avaient été presque côte à côte pendant tout le repas, ce n’est pas comme si Hippolyte et elle s’étaient perdues de vue. Elle se sentait tout de même un peu coupable, si elle n’avait pas aidé le groupe, même indirectement, ils ne seraient peut-être pas dans de si sales draps, à tous devoir s’aventurer dans les Terres Désolées. D’ordinaire, la petite déesse aurait facilement été découverte, elle était une bonne menteuse lorsqu’il s’agissait de jeux, mais pas lorsque les choses étaient sérieuses. Elle aurait certainement trémoussé sur ses pieds, sursauté dès qu’on parlait d’Argos, jusqu’à ce que le sentiment de culpabilité la dépasse et qu’elle ne se mette à pleurer et à avouer ses torts. L’Espoir avait au moins le mérite de lui donner cette impression que tout irait bien, et que les choses n’étaient pas si terribles, cela contrebalancer la culpabilité qu’elle aurait ressenti, et lui permettait de continuer avec son enthousiasme ordinaire. L’Espoir aidant à calmer ses inquiétudes, Tyché se dressa sur la pointe de ses pieds pour atteindre le haut du crâne de l’amazone et la caresser.
“-Ne t’en fais pas, je vais bien. Tout va bien se passer !”
La suite de leur progression fut bien plus pénible, Tyché détestait le froid, et elle avait une piètre forme physique. Suivre le groupe exigeait un énorme effort de sa part. L’Espoir avait encore bon dos, plutôt que de pleurnicher et ralentir tout le groupe en exigeant une pause, Tyché restait, grâce à lui, enthousiaste et se convainquait en boucle qu’au prochain tournant, elles arriveraient à leur destination inconnue. Pour cette part du voyage, cela avait au moins du mérite. Hippolyte avait peut-être remarqué que son comportement commençait de plus en plus à différer de celui qu’elle affichait d’ordinaire, elle la connaissait assez pour savoir à quel point Tyché avait vite tendance à vouloir être chouchoutée et faire le moindre effort, même si elle débordait d’optimisme, mais avec tout ce qui se passait, l’effet de l’Espoir restait difficile à cerner. Plus que les maux qui affectaient les autres élèves en tout cas.
Quand enfin ils s’arrêtèrent, Tyché s’affala par terre sans aucune hésitation, épuisée. Elle l’aurait fait sans même la fatigue qui s’emparait de tout le monde, et il ne lui fallut qu’un instant pour s’endormir, sans qu’elle fasse le moindre réel effort pour rester éveillée. Contrairement à la plupart des autres dieux, le rêve de Tyché était très agréable. Peut-être en partie influencé par l’Espoir, peut-être juste par son caractère. En tout cas, il avait tout d’un rêve fiévreux, qui faisait un mélange hétéroclite de tout ce qui s’était passé cette journée.
—--
“-Debout Tyché ! On va manquer les festivités !”
Les yeux encore lourds de sommeil, Tyché grommela, avant de regarder sa colocataire, Hébé, qui la secouait doucement. Elle lui décocha un grand sourire, se rappelant que c’était le jour de la fête foraine. Il allait y avoir plein d’attractions dans la forêt d’Automne. La petite déesse se leva en toute vitesse, filant devant le miroir de sa petite garde-robe pour se changer en un éclair et tresser sa chevelure.
La suite sembla passer en un éclair, un peu confuse. Tyché se retrouva d’un coup devant une énorme maison, avec tout le groupe. Hippolyte était à ses côtés, évidemment, mais aussi Apollon, Amphitrite et Momos avec qui elle n’avait généralement que peu de contacts. Le groupe s’aventura à l’intérieur, se retrouvant face à une foule de miroirs, et la petite déesse éclata immédiatement de rire.
“-Apollon est gros !” s’exclama-t’elle en désignant le reflet du dieu dans un miroir qui ne le mettait pas en valeur. Laissant le dieu médusé devant son reflet, le quatuor restant s’éloigna. Loin de se contenter de changer l’apparence, les miroirs semblaient être presque magiques, et elle s’amusa rapidement à passer de l’un à l’autre. Pour l’un, sa peau devenait verte, un autre, elle faisait face à un reflet masculin, devant un troisième, elle avait un air mature et sexy.
“-Hippo ! Regarde ! Tu penses que je vais grandir comme ce reflet ?” s’écria-t’elle, jetant surtout des regards soutenus à la poitrine de son reflet, bien plus développée que la sienne. Elle commençait à s’avancer plus profondément dans la bâtisse, quand les reflets commencèrent à refléter Pandore.
“-Tu n’as pas vu mon miroir, Tyché ? Argos me l’a volé !”
La déesse de la chance cligna des yeux, sentant qu’il y avait là une information importante. Elle se tourna vers Momos et Amphitrite, avant de secouer la tête.
“Je n’ai rien vu ! Rien fait ! Tu veux de l’aide pour le retrouver ?”
Sans leur répondre, Pandore s’avança plus profondément, son reflet se multipliant à travers tous les miroirs. Tyché s’accrocha à Hippolyte et essaya de la suivre, tâchant de se retrouver dans ce labyrinthe de miroirs dont les reflets leur montraient maintenant des scènes passées de leur relation. Leur séparation à la Garderie, la fois où elle s’était tordu la cheville, elle en train de gaver l’amazone de cookies encore chauds.
“Je crois qu’on est perdues ! Mais tant que je suis avec toi, je ne crains rien !” souffla-t’elle à Hippolyte.
Mais comme pour la détromper, Hippolyte qui la suivait jusque là se fractura en morceaux de glace, comme tous les miroirs qui l’entouraient. Seul un continua à lui faire face, dans lequel son reflet semblait la regarder et la juger. A cet instant, alors que tout s’assombrissait autour d’elle, Tyché comprit qu’elle rêvait. L’image de la perte d’Hippolyte l’avait touchée. Terrifiée même. Et si l’amazone était la suivante à disparaître ? Qu’elle la laissait toute seule ? Ce serait sa faute ! Son reflet continuait de la percer de son regard.
“-Je n’ai rien fait !” s’écria-t’elle. “Je ne savais pas ce qu’ils prévoyaient ! Tout va bien se passer. Pandore va récupérer sa foutue boîte, et tout redeviendra comme avant… Je ne veux pas perdre Hippo…” termina-t’elle, sa voix se brisant presque dans un sanglot à cette idée.
Lorsque la voix retentit, Tyché secoua vivement la tête. Elle devait veiller sur Hippolyte ! Cette fois-ci, c’est elle qui allait protéger l’Amazone.
Hébé
Déesse de la jeunesse
Date d'arrivée : 04/08/2024
Nombre de récits : 45
Sexe : Pouvoir : Retour en enfance
Cycle : 1
Double-comptes : Cassandre
Nombre de récits : 45
Sexe : Pouvoir : Retour en enfance
Cycle : 1
Double-comptes : Cassandre
Re: Les Maux d'Argos Lun 9 Sep 2024 - 9:17
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Les maux d’Argos
L’apaisement qu’avait ressenti la jeune déesse en ramenant Momos à l’âge des babillages ne s’éternisa guère… Le bambin lui avait adressé un regard tellement lourd de peine qu’Hébé avait failli se mettre à pleurer et se répandre en excuses, lui dire qu’elle n’avait pas voulu lui faire de mal, qu’elle était désolée… Oui, elle avait failli faire tout ça… failli uniquement… Parce que même bébé, le Dieu de la raillerie persistait dans son côté donneur de leçon et fit aussitôt remonter l’agacement d’Hébé à fleur de peau.
Elle voulait s’écrier qu’elle en avait marre, qu’elle ne lui avait jamais demandé de la protéger et que, contrairement à lui à l’heure actuelle, elle n’était pas un bébé ! Qu’il lui fiche un peu la paix ! Il ne la protégeait pas, il l’étouffait ! Il ne la laissait jamais libre d’agir comme elle l’entendait, même lorsqu’il s’agissait juste de se baigner. Il avait peur de tout, tout le temps, comme si elle allait se briser à la moindre chute. C’était insupportable ! Elle était une immortelle, par l’Olympe ! Pas un bibelot en cristal ! Et puis cette manie de l’attraper n’importe quand, pour la porter, selon son bon vouloir à lui, hein… sans se demander le moins du monde ce qu’elle, elle en pensait… Ou de faire bouger ses joues pour la faire parler, comme si elle n’était qu’une vulgaire poupée… Comme si son corps ne lui appartenait pas…
Oui, elle aurait voulu lui crier tout ça mais… Il avait l’air tellement triste déjà… Elle voyait sa lèvre inférieure trembler, ses petits sourcils froncés… Elle avait l’impression qu’il déployait déjà toute la force de sa volonté pour ne pas éclater en sanglots. Elle ne voulait pas lui faire de peine, juste qu’il lui lâche un peu la grappe… Elle poussa un soupir agacé, ravala toutes ses paroles qui se nichèrent, comme une petite boule, en travers de sa gorge avant de se détourner d’un mouvement sec et d’aller se positionner derrière tout le monde, là où, elle l’espérait, personne ne remarquerait les quelques larmes qui roulaient silencieusement sur ses joues.
Et puis la voix de Perséphone s’éleva, rappelant à la jeune déesse, l’horrible choix auquel Argos les confrontait. Des mains ténébreuses jaillirent des ombres pour s’emparer de la jeune femme et l’engloutir dans leur obscurité. Le premier sacrifice… Le coeur d’Hébé se serra un peu plus mais ce n’était pas des larmes qui lui montaient aux yeux, cette fois-ci, mais une lueur farouche et déterminée.
« Tiens bon ! On va te sortir de là ! » murmura-t-elle en crispant les poings.
Les ombres s’écartèrent, révélant de nouveau le chemin. La faim dévorante qui tordait son estomac se calma soudain ne laissant qu’un vague petit creux, comme le ronflement sourd d’un animal féroce brutalement tombé dans les bras de Morphée. La petite déesse replaça son sac à dos correctement sur ses épaules et s’engagea à la suite de ses camarades.
Ils marchèrent longtemps, très longtemps même. D’abord affirmé et volontaire, le pas de la jeune Hébé se fit de plus en plus lourd et pesant. Un vent polaire s’était levé, la petite déesse avait l’impression qu’il s’infiltrait jusque dans sa chair, la glaçant jusqu’aux os. Elle avançait, courbée en deux certes, les yeux plissés pour limiter l’impact des rafales gelées, mais elle avançait toujours.
Au loin se dessinaient des formes lumineuses, comme des flèches fluorescentes. Le petite déesse se concentra sur ces tâches de lumière pour continuer de progresser encore… Encore un pas, puis un autre… Elle parvint aux flèches de lumière et une douce chaleur l’enveloppa, comme un édredon bien douillet… Le sol s’était mué en une surface souple et moelleuse comme si elle marchait sur une épaisse moquette… non… plus épais que ça encore… comme un gros matelas… Un matelas… Les paupières de la jeune déesse pesaient de plus en plus lourd, le sol, trop mou, rendait ses déplacements difficiles et semblait l’appeler à s’allonger et se reposer. Elle se mordit les lèvres et se gifla vigoureusement, ou plutôt elle essaya, mais ses bras semblaient peser des tonnes et elle ne parvint qu’à s’effleurer mollement la joue.
Encore un pas, puis un autre… Nombre de ses camarades s’étaient déjà étendus sur le sol mais Hébé ne voulait pas céder. Elle avait déjà une très nette tendance à résister au sommeil de toutes ses forces en temps normal, alors là ! Pas question ! Mais le corps de la jeune déesse n’était pas du même avis, ses yeux la brûlaient et ne cessaient de se fermer conférant à son avancée une allure stroboscopique. Chacun de ses mouvements lui coûtait un effort incommensurable… Elle battit une dernière fois des paupières, son regard accrochant la silhouette d’Hermés devant elle sans arriver à distinguer si Momos était toujours perché sur ses épaules, et bascula, tête la première, vers l’étrange sol matelassé.
* * * * *
Un beau soleil éclairait la plaine… Une palette lumineuse de verts, de bleus, de dorés s’étalait sous le regard émerveillé de la jeune déesse. Elle leva les bras vers le ciel, s’étirant comme un chat, en inspirant profondément. Un sourire ravi étira son jeune visage, il flottait dans l’air un parfum de fleurs et d’herbe fraîche avec une petite note sucrée… Un parfum de bonheur, quoi… Hébé jeta un oeil gourmand à la friandise qu’elle tenait en main, une sphère de sucre multicolore aux reflets chatoyants suspendue à un fil attaché au bout d’un bâton. Elle n’avait aucune idée du nom que portait la sucrerie mais elle était certaine que c’était délicieux !
Encore fallait-il réussir à la manger ! A chaque fois que la jeune déesse approchait sa bouche de la friandise, un léger mouvement de balancier l’éloignait de ses lèvres. Après quelques tentatives infructueuses, elle commença à froncer les sourcils et une petite moue incrédule déforma ses traits.
« Non, mais c’est quoi ce bazar ? C’est quoi ce bonbon qui veut pas que je le mange ?! »
La sucrerie se balançait doucement au bout de son fil comme pour la narguer. Hébé secoua un peu le bâton, agitant la sphère de soubresauts et faisant danser des tâches de lumière colorées sur l’herbe alentour. C’était tellement beau que la jeune déesse en oublia, un moment, sa gourmandise et continua à agiter son bonbon en se plongeant dans le spectacle mouvant des éclats de couleur. Et puis l’odeur de sucre lui chatouilla de nouveau les narines…
« Bon c’est pas tout ça mais j’ai un p’tit creux moi quand même. J’vais t’avoir ce coup-ci ! »
La déesse cala le bâton sous son bras et s’empara de la ficelle juste au dessus de la sphère.
« Essaye un peu de te balancer maintenant ! »
Un sourire triomphant éclairait son visage alors qu’elle approchait enfin la bouche de sa proie… et referma les mâchoires sur du vide. La boule de sucre s’était détachée, elle était désormais dotée de deux ailes de libellule en sucre translucide et voletait devant ses yeux comme une petite fée exaspérante. Hébé tenta de l’attraper à deux mains, mais la sphère était d’une rapidité étonnante, la déesse avait l’impression d’essayer d’attraper un courant d’air…
« Non mais sérieux ? »
La sphère semblait se moquer de la jeune Hébé, s’agitant quelques instants devant ses yeux puis s’éloignant hors de portée et ainsi de suite. La jeune déesse courait, sautait, virevoltait en tous sens mais quels que soient ses efforts, elle n’arrivait pas l’atteindre… Et soudain, le sol s’ouvrit sous pieds et elle se mit à tomber. Lentement… Comme au ralenti… La sphère tombait avec elle, projetant des éclats de lumière, comme des reflets de vitraux sur… sur rien en fait… Les reflets étaient en suspension dans une obscurité totale sans aucune surface pour les soutenir… La sphère grossissait à vue d’oeil, l’odeur de sucre se fît tellement forte qu’Hébé se demanda si elle n’était pas tombée dans une gigantesque bonbonnière. La friandise prit de la vitesse et dépassa la jeune déesse, la laissant dans d’insondables ténèbres pendant que continuait sa chute inexorable. Un bruit d’explosion et de verre brisé se répercuta autour d’elle en millier de tintements cristallins. Ce n’est que lorsque les derniers échos s’évanouirent que Hébé toucha enfin le sol.
Un sol dur, lisse et froid… Autour… Difficile à dire, la jeune déesse étant toujours plongée dans une totale obscurité… Un éclat de rire enfantin résonna brusquement avant de s’éteindre comme un écho fantôme… Puis un deuxième, puis des dizaines, des milliers de rire d’enfants se répercutèrent autour d’elles, comme sur des parois invisibles… La déesse sentit les poils de ses bras se hérisser, elle avait la gorge sèche, comme si elle n’avait rien bu depuis des jours.
« Qui… qui êtes vous ? »
Les rires s’élevèrent de nouveau tout autour d’elle, ouvertement moqueurs.
« Quelle question ! On est toi, voyons ! » s’exclamèrent les milliers de voix à l’unisson.
Clac ! La scène s’éclaira subitement. Hébé pivota sur elle-même, les yeux écarquillés de stupeur, quelle que soit la direction dans laquelle elle regardait, aussi loin que portait son regard, se dressaient une multitude de miroirs. De grands miroirs en pieds flottant à vingt centimètres au dessus du sol, reposant dans des cadres lumineux qui nimbaient les lieux d’une lueur quasi spectrale. La lumière des miroirs s’accrochait par endroit à d’immenses éclats colorés, sûrement des fragments de sa friandise, donnant au sol un air de cathédrale.
Dans chacun des miroirs, ou du moins tous ceux dont Hébé pouvait voir les détails, se tenait un bébé, une fille ou une femme… Elles avaient toutes les mêmes longs cheveux bruns, les mêmes grands yeux violines, le même petit nez retroussé. Pas de doute, c’était bien des déclinaisons d’elle même qui peuplaient tous les miroirs alentours, différents âges, différentes émotions mais toujours elle quand même. Elle en avait le tournis, voir toutes ces versions d’elle-même la mettait profondément mal à l’aise. Elle qui n’avait jamais accordé d’importance à son apparence se retrouvait au coeur d’un kaléidoscope de sa propre image.
Troublée, elle s’avança vers un des immenses éclats scintillants plantés dans le sol et en cassa la pointe qu’elle se mit à grignoter avec entrain. Non seulement, sa nourriture ne s’enfuit pas cette fois-ci mais elle avait un goût merveilleux. Un mélange de barbe à papa, de miel, de chocolat chaud, de cannelle qui se mêlaient dans la plus parfaite harmonie. Elle laissa la saveur envahir son palais, fermant les yeux pour profiter de la moindre note et son vertige se calma.
Elle s’avança entre les miroirs, en quête d’une sortie, n’accordant que peu d’intérêt à ses différents reflets. Quoi qu’il se passe dans cet endroit, il n’y avait aucun intérêt à se contempler soi-même, même à des âges différents… Elle cherchait un point de repère quelque chose qui lui permette de quitter cet endroit. Elle ne trouva rien, rien d’autre que l’obscurité, les miroirs et les fragments comestibles. Au dessus de sa tête, aucune lumière qui puisse indiquer une éventuelle ouverture, rien qu’un noir d’encre, insondable…
« T’es une méssante ! »
Hébé se tourna en direction de la petite voix flutée. Dans le miroir qui lui faisait face se tenait une toute petite déesse de la jeunesse. Elle avait le visage tout rond, des membres courts et potelés et ses cheveux bruns étaient relevés en deux couettes hautes. Elle devait avoir à peu près quatre ans, tenait une poupée serrée contre elle et dardait un regard accusateur sur Hébé.
« T’as fait de la peine à Momos ! C’était méssant ! »
Hébé hocha la tête et ouvrit la bouche pour répliquer mais une autre voix s’éleva.
« Tu dis n’importe quoi ! Elle est pas méchante, c’est lui qu’est tout le temps sur son dos ! Moi, j’dis qu’elle devrait le laisser comme ça pendant un mois, il comprendrait ce que ça fait d’être traité comme un bébé ! »
Celle qui venait de prendre la parole était une Hébé plus grande déjà, elle avait les cheveux emmêlés, plein de feuilles et de brindilles, les jambes couvertes de bleus et d’écorchures sans gravité et un pansement sur le menton. La jeune déesse lui donnait huit ans à peu près et reconnaissait dans ses yeux l’envie d’aventure et de liberté qui l’avait poussée à quitter la garderie pour rejoindre Dea.
« C’est pas une raison ! Il est tout triste maintenant, c’était méssant et puis c’est tout ! » tempêta la plus jeune.
« Donc, du coup, je devrais rien dire et le laisser m’empêcher de vivre ? » répliqua l’autre Hébé-miroir.
Hébé secoua la tête et s’éloigna des deux miroirs d’un pas vif.
« Tu ne peux pas t’enfuir… Parce que tu ne peux pas te fuir toi-même Hébé… Elles ne sont que ton reflet… »murmura une autre voix, plus posée.
La jeune déesse leva les yeux et resta un instant ébahie. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, elle contemplait une magnifique jeune femme. Sa longue chevelure brune descendait en larges boucles brillantes jusqu’à sa taille fine et souple comme un roseau. Ses yeux violets étincelaient de vivacité et un sourire aussi éclatant que chaleureux éclairait son visage. Elle était vêtue d’une simple robe blanche rehaussée d’une ceinture tressée, le fin tissu épousait merveilleusement ses formes pures et délicates.
Elle était belle, aussi belle qu’Aphrodite peut-être… Enfin non… se reprit Hébé, probablement pas aussi belle qu’Aphrodite, personne ne l’était… Et puis elle n’avait rien d’une femme fatale, rien de sophistiqué. Juste une beauté simple, naturelle… Après être restée un moment interdite, la déesse éclata de rire.
« Toutes des parties de moi, hein ? Genre, ça, ce serait moi ? C’est n’importe quoi, jamais je ne serai comme ça ! »
« Tu le pourrais. »
« J’ai un doute… Tu es beaucoup trop belle… » répondit Hébé en grimaçant et en haussant les épaules « Peu importe… Même si c’était le cas, pourquoi faire ? Les adultes sont terriblement ennuyeux… Ils oublient comment s’amuser, comment s’émerveiller… Il n’y a vraiment aucun intérêt à grandir… »
« Hmmmm… je ne sais pas… peut-être qu’une certaine personne s’intéresserait enfin à toi ? » répondit la jeune femme d’une voix amusée.
La jeune déesse fronça les sourcils.
« Mais de quoi tu p… »
Hébé sursauta brusquement en sentant quelque chose effleurer son oreille, elle se retourna en plissant les yeux, passa la main dans ses cheveux cherchant la cause de cette sensation sans rien trouver. Elle releva les yeux vers le miroir et son coeur fit un bond dans sa poitrine.
La jeune femme n’était plus seule… Il était là, son héros, celui qu’elle admirait plus que tout… L’un de ses bras enlaçait étroitement sa taille, pressant leurs deux corps l’un contre l’autre. L’anthracite de son long gilet sans manches flattait la blancheur immaculée de la robe, renforçant l’impression de pureté tandis que la chevelure sombre de la jeune fille faisait ressortir chacune des mèches rebelles de son compagnon dans un scintillement argenté, comme une ode discrète à la liberté.
« Hermès… » murmura la jeune déesse, troublée.
Le dieu du voyage fit glisser ses doigts le long de la joue de la jeune femme et, de l’autre côté du miroir, Hébé sursauta avant de rougir comme une écrevisse. Elle sentait chaque caresse, chaque effleurement comme si c’était elle qui se trouvait dans le miroir. Elle frissonna en sentant son souffle chaud sur sa nuque et ses lèvres qui se pressent sur son cou…
« ÇA SUFFIT ! » hurla la déesse de la jeunesse en fermant les yeux et en battant des mains dans le vide, comme pour chasser l’illusion. « C’est n’importe quoi, d’abord ! Hermès m’a jamais regardée comme ça ! »
« Ah ça oui, je confirme ! Il ne t’a même jamais regardée tout court, en fait ! » se moqua la jeune femme, de nouveau seule dans le miroir « Et tu sais pourquoi ? Parce que tu n’es qu’une gamine, Hébé ! Pourquoi il s’intéressait à toi ? »
La jeune déesse tremblait de tous ses membres, elle sentait le sang battre à ses tempes comme une horde en furie. Des larmes affluèrent qu’elle essuya d’un revers rageur de la main.
« Je… Tu crois que je le sais pas ? Que je l’intéresse pas ? Et puis qu’est-ce que ça peut faire d’abord ? C’est pas comme si j’avais envie de ça ! » lança Hébé la voix vibrante de colère
« Oh, vraiment ? Pourtant c’est ton rêve, ma chérie, non ? » répliqua le miroir en riant.
La déesse poussa un cri de rage, elle se précipita vers un des éclats plantés dans le sol, en cassa le plus gros morceau possible et le lança de toutes ses forces contre le miroir. Le projectile explosa à l’impact en une pluie de fragments scintillants sans toutefois causer la moindre éraflure au miroir.
Sa tentative eût pour seul résultat de faire redoubler le rire de la jeune femme… Il s’éleva plus fort, plus clair avant d’être repris à l’unisson par les milliers de miroirs. Hébé se bouchait les oreilles mais ça ne suffisait pas à masquer la clameur produites par ces milliers de bouches qui se moquaient d’elle. Elle voyait la multitude de reflets la pointer du doigt en riant. Elle courait pour leur échapper mais ils étaient trop nombreux. Ils étaient partout… littéralement !
Les rires continuaient à résonner encore et toujours, emplissant tout l’espace… y compris sous son crâne… Elle n’arrivait plus à réfléchir, il n’y avait plus que les rires et la douleur qu’ils lui procuraient. Elle courait comme un poulet sans tête, slalomant entre les éclats et les miroirs sans aucun autre but que d’y échapper. Elle se sentait de plus en plus faible, comme usée, mais ce n’est que lorsqu’elle trébucha, et dût poser les deux mains au sol pour se rattraper qu’elle compris pourquoi et poussa un hurlement horrifié.
Ses mains étaient ridées, décharnées. Ses doigts se recourbaient comme des serres, sa peau était couverte de tâches de vieillesse. Elle avait mal dans tout le corps. Elle était devenue un vieille femme. Hébé ferma les yeux, tenta de se visualiser en arbre, puis de le rajeunir progressivement mais son image mentale se fracassait sans cesse sous les assauts des rires cruels. Elle avait beau essayer encore et encore, son pouvoir lui échappait.
«Tu ne peux pas fuir. Abandonne. » sifflèrent les miroirs « Ce sera beaucoup plus simple si tu courbes l’échine. »
Mais la jeune déesse ne l’entendait pas de cette oreille, elle ne laisserait pas la vieillesse la vaincre. Elle était immortelle, ça n’aurait aucun sens ! Elle se redressa tant bien que mal, son dos émis un craquement sinistre qui lui souleva le coeur mais elle continua à avancer. Elle força ses vieilles jambes fatiguées à se mouvoir, malgré le poids des années et la dureté des moqueries, un pas après l’autre, elle continuait d’avancer.
Une quinte de toux la propulsa à terre, elle toussa encore et encore, crachant des espèces de petits cailloux blanchâtres. Ce n’est que lorsque que les spasmes s’arrêtèrent que la déesse se rendit compte avec horreur que ce qu’elle avait pris pour des cailloux n’étaient autres que ses dents. Alors qu’elle tentait de les rassembler d’une main tremblante, son regard fût attiré par de petites flèches fluorescentes à même le sol… Trop petites pour être vues si elle marchait de toute sa hauteur de fringuante déesse de la jeunesse mais visibles maintenant qu’elle était courbée en deux par le poids des âges…
« Courber l’échine, ha ha ha ! Bien vu !» s’exclama la déesse d’une voix chevrotante.
Elle suivit les flèches d’un pas lent et fatigué, les rires ne lui semblaient plus aussi moqueurs désormais, elle finit même par se demander s’ils ne cherchaient pas à l’encourager. C’est tellement agréable, les rires de jeunesse… Il lui semblait que son fardeau s’allégeait. Enfin, elle arriva devant un dernier miroir où rien ne se reflétait, la glace était d’un noir plus dense que les ténèbres elles-mêmes… Une phrase s’y inscrivait en lettres brillantes et un concert de voix distordues s’éleva, à l’instant où ses yeux se posèrent dessus.
« Voulez-vous être le sacrifice de cette zone ? »
« Alors c’est gentil de proposer hein, mais non merci ! J’aimerai bien être là quand ils t’éclateront le pif ! » répondit la déesse qui avait enfin retrouvé toute la fougue de sa jeunesse.
Codage par Libella sur Graphiorum
Arès
Dieu de la guerre
Date d'arrivée : 30/01/2023
Nombre de récits : 384
Sexe : Pouvoir : Chef de guerre
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #7E0B0F
Double-comptes : Écho, Pandore
Nombre de récits : 384
Sexe : Pouvoir : Chef de guerre
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #7E0B0F
Double-comptes : Écho, Pandore
Re: Les Maux d'Argos Lun 9 Sep 2024 - 9:58
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Les Maux d'Argos
Laisser Perséphone en arrière rappelait trop de mauvais souvenirs, trop de peine dans son coeur. Mais ni lui ni Dionysos ne parvinrent à dissuader la déesse du printemps de se sacrifier, de faire un pas vers les ombres et de se faire entraîner par elles. La main d'Apollon sur son épaule ne fut pas suffisante ; Arès la sentit à peine. Une douleur insoutenable se creusa dans sa poitrine et il ne dut qu'à la force de son ego de ne pas fondre en larmes sur le champ comme l'avait fait Athéna. Il regard les ombres, un vide insondable dans les yeux. C'était la troisième fois qu'il perdait Perséphone. Et si la première fois s'était faite sans lui, il avait assisté aux deux suivantes sans rien pouvoir faire. À quoi bon être le dieu de la guerre s'il ne pouvait jamais se battre dans ce genre de situation ?
Il serra le poing sur son épée, mais les ombres s'éloignèrent avant qu'il puisse songer à les attaquer. Et qu'aurait-il pu y faire, de toute façon ? Artémis était revenue des terres désolées en sale état, quand elle avait dû affronter un animal possédé par ces choses. Le sphinx et le requin géant qu'ils avait combattus avaient toutes les deux l'air possédé par ces trucs. Les ombres avaient fait des terres désolées leur domaine et ils marchaient en plein dedans. Elles ne s'arrêteraient que quand elles auraient envahi tout Olympus.
L'idée le déprima encore plus et il se renferma sur lui-même, suivant le groupe sans dire un mot de plus. Il ne pouvait se défaire de la sensation écrasante qu'ils n'avaient aucune chance de rentrer. La main d'Apollon dans la sienne lui semblait distante. Il aurait aussi bien pu ne pas être là, tant Arès se sentait anesthésié. Peut-être qu'Apollon allait disparaître, lui aussi. Ce n'était que la suie logique. C'était toujours comme ça que ça se terminait.
En plus du poids sur son coeur, il lui semblait que ses muscles commençaient aussi à s'alourdir. Ni marcher ni le sport ne lui avaient jamais fait peur, pourtant, mais la fatigue devenaient de plus en plus lourde. Ce n'était pas normal. Peut-être que le vide qu'il ressentait avait fini par s'étendre au reste de son corps et qu'il n'aurait bientôt pu la force d'avancer. Comme sur l'Île d'Attraction. Le schéma se répétait. Quoi qu'il se passe dans cette école, tout se répétait. Les Moires avaient perdu leur temps en revenant en arrière, tout finirait pareil que la première fois, c'était évident. Ils avaient perdu, quel que soit la guerre qui lui avait conduit à ce stade, et ils continueraient de perdre jusqu'à ce que plus rien ne subsite d'eux.
Quand le sol se ramollit sous ses pieds, il était déjà à bout de forces. Son corps et son esprit étaient tous les deux tourmentés par des forces que seule sa volonté et son orgueil empêchaient de l'écraser. Mais rien ne put l'empêcher de s'effondrer quand Apollon se baissa pour s'allonger ; il se laissa emporter par le mouvement, et la fatigue eut raison de lui tout aussi vite.
• • • • • •
Arès ouvrit les yeux et se réveilla en sursaut, la respiration haletante, l'esprit confus. Il se redressa en essayant de comprendre la source des battement effrénés de son cœur, l'endroit où il se trouvait, la raison de a présence. Une main se posa délicatement sur la sienne. Familière, mais pas assez réconfortante pour le calmer.
Une phrase qu'il avait déjà entendu. Dix, douze fois, trop de fois pour ne pas la reconnaître. Pour ne pas reconnaître le décor, la scène, pour ne pas pouvoir prévoir la suite - les suites - s'il ne réagissait pas maintenant. Il se redressa d'un bon, s'éloigna d'Apollon avec un "non" plus imprégné de peur que de colère. Son poing percuta quelque chose, qui se brisa sous le choc. Il releva la main pour voir des fragments de miroir enfoncés dans sa peau. Quand il releva les yeux, il n'était plus dans cette pièce, plus dans cette vision. L'illusion des sirènes s'était brisée en même temps que le miroir.
Et comme la dernière fois qu'il l'avait brisée, il ne restait plus rien autour de lui qu'une salle entièrement composée d'eau. Une bulle dont il pouvait faire le tour en quelques pas, le bruit des vagues.
Cette fois, derrière l'eau qui coulait autour de lui et faisait office de murs, il lui sembla percevoir des reflets. Il s'avança, tendit la main à travers la surface humide, rencontra quelque chose de froid. Une paroie solide. L'eau s'écarta comme si le simple geste avait ouvert une porte. Le miroir de l'autre côté lui rendit son regard terrifié. Il ne comprenait pas comment il s'était de nouveau retrouvé enfermé là-dedans. Il s'était pourtant échappé, la dernière fois. Apollon l'avait sorti de cette bulle.
Il murmura son nom comme si l'appeler pouvait briser à nouveau la prison aquatique où il se retrouvait pris au piège. Seul le bruit des vagues lui répondit. Pourtant, il sentit une main se refermer doucement sur la sienne, invisible, les bouts de verre être retirés un par un ; il entendit un murmure. Moins familier, mais tout autant issu de ses souvenirs.
Il ferma les yeux. Quitte à sentir la présence d'Apollon autour de lui, il aurait préféré le voir. Son esprit combla les vides, projeta sans mal son image à travers ses paupières fermées. Il le connaissait par coeur, il pouvait le voir même dans les ténèbres les plus intenses. Quand il rouvrit les yeux, sa main était guérie. Le miroir était désormais dans son dos et Perséphone se tenait face à lui. Elle brillait comme si son corps était composé de verre ; il pouvait voir son reflet dans ses yeux et, moins nettement, sur sa peau, ses vêtements, ses cheveux.
Il tiqua. Comment pouvait-elle suggérer une chose pareille ? C'était elle, qui s'était laissée faire, laissée emporter. Il lui avait dit de ne pas rester en arrière, il n'avait jamais voulu qu'elle se sacrifie et il aurait tout fait pour la retenir. Alors pourquoi le lui reprocher maintenant ? À moins qu'elle parle... d'autre chose. Il plissa les yeux.
Il préférait en avoir le coeur net. S'il était resté piégé dans cette bulle depuis une éternité, Perséphone pouvait parler d'absolument n'importe quoi.
Il tressaillit. Perséphone ne se mettait que rarement en colère et l'entendre hausser le ton lui paraissait tout sauf naturel. Et puis, il voyait. Le noir qui commençait à colorer ses cheveux et ses yeux, le pouvoir qui débordait d'elle comme s'il n'attendait qu'un mot pour se déchaîner et tout détruire. Les miroirs qui composaient les murs de la bulle s'assombrirent, lui permettant de voir l'autre côté ; à travers, il discerna des images. Des scènes des deriers mois, des derniers jours, des dernières années. D'Apollon et lui, certaines plus familières que d'autres. Il n'arrivait pas à savoir si elles venaient d'illusions ou de son avenir, mais une bonne partie lui paraissait floue ; elles changeaient, envisageaient des milliers de possibilités, se modifiaient pour s'adapter à une phrase, un geste d'Apollon, comme si elles s'écrivaient de son point de vue et se transformaient dès que l'histoire ne correspondait pas parfaitement à ce qu'il imaginait.
Elle s'assombrissait de seconde en seconde et Arès finit par reculer d'un pas, ce qui tira un sourire mauvais à la déesse. Elle désigna les miroirs d'un geste de la main.
Les scènes changèrent. Une infime modification, pour chacune. Lui. Qui disparaissait des miroirs pour être remplacé par quelqu'un d'autre. Aprodite, Calliope, toutes les personnes qui avaient au moins une fois dit devant lui qu'Apollon les avait regardées, touchées. Il déglutit. Il le savait déjà, et il aurait aimé dire que ça ne lui faisait rien. Mais les images qu'avaient choisi les miroirs n'étaient pas des scènes purement physiques. C'étaient des moments qui n'appartenaient qu'à eux, qui n'avaient existé qu'entre eux. Y voir quelqu'un d'autre à sa place lui faisait mal.
Sa voix manquait d'assurrance et il en culpabilisa presque aussitôt. Apollon avait tout fait pour le convaincre qu'il était différent des autres, pourquoi n'arrivait-il toujours pas à y croire aussi fort qu'il l'aurait espéré ? À cause des images, sans doute. Si c'étaient des miroirs sans teint, ça voulait dire que la scène se déroulait vraiment. Il pouvait la voir, mais l'inverse n'était pas vrai. Il s'approcha d'un miroir. Un concert. Deux filles observaient la scène en gloussant. Il reconnaissait autant les filles que la chanson, la scène, le décor. Le soir où tout avait vraiment commencé.
S'entendit-il dire, comme une reminescence. Les autres ricanèrent.
Les miroirs retrouvèrent leur substance avant qu'ils puissent répondre. Ils reflétèrent à nouveau la pièce où il se trouvait, lui, seul avec Perséphone presque envahie de ténèbres. Il croisa son propre regard et tressaillit. À nouveau, il sentait une présence près de lui. Plus hostile. Un petit rire s'éleva alors qu'il sentait une main sur son épaule.
Il commençait à discerner une silhouette, dans le reflet. Une fille qu'il avait déjà vue, plusieurs fois, tourner autour d'Apollon. Une fille qu'il détestait depuis la seconde où il l'avait vue, où il avait compris qu'elle était amoureuse. Elle marchait en cercle autour de lui et posait de temps en temps la main pour appuyer ses propos ; sur ses bras, autour de son visage. Il ne ressentait qu'un froid glacial là où elle était entrée en contact avec lui.
Il lui lança un regard noir. Elle jouait un jeu dangereux. Mais, dans la sécurité du miroir, elel semblait bien s'en ficher.
Elle se mit à rire. Plus elle parlait, plus sa présence dans le reflet devenait forte. Il était pourtant toujours incapable de la voir dans le monde réel, autour de lui.
Elle se tenait près de lui dans le reflet, parfaitement visible maintenant, et toujours absente dans la réalité. Les bras croisés, elle sourait avec tant de confiance qu'il sentit la sienne vaciller, remplacée par la colère. Elle se planquait dans le miroir parce qu'elle savait que si elle lui disait ces choses en face à face, elle n'y survivrait pas. La lâcheté à l'état pur.
Mais.
N'était-il pas aussi lâche, s'il avait peur de répondre ? Est-ce qu'il voulait lui poser la question ? Non. Il avait trop peur qu'Apollon se range à son avis. Après tout, cette fille avait une place particulière dans sa vie, peut-être que...
Il sursauta. Il avait oublié la présence de Perséphone et elle avait parlé si fort et si soudainement qu'il avait été pris par surprise. Tournant tant bien que mal le dos au miroir, il la regarda à nouveau. Les ténèbres de son pouvoir l'avaient presque envahie. Seul un oeil brillait encore au milieu du puits d'obscurité, et elle le rivait sur lui. Il pouvait voir son reflet dans ses prunelles.
Les miroirs autour d'eux s'assombrirent. Les ténèbres de Perséphone se répandirent autour d'elle, dévorant le monde, et Arès se retrouva bientôt seul dans le noir, face à cet oeil inquisiteur où brillait des larmes. Quand il se ferma, il ne resta que l'obscurité absolue. Et une question.
Est-ce que tu vas me sauver, Arès ? Ou est-ce que tu vas encore m'abandonner pour lui ?
Il serra les dents. Quel que soit son choix, il abandonnait quelqu'un. Apollon dans les terres désolées ; Perséphone dans les ombres. Mais si elle était vraiment prisonnière, il ne ferait que s'emprisonner avec elle. Et il serait définitivement inutile.
Comme s'il avait la moindre chance de réussir... Il serra les dents. Il ne pouvait pas l'abandonner. Même s'il se sentait incapable de l'aider, un mince espoir subsistait encore. Il n'était pas seul.
Il serra le poing sur son épée, mais les ombres s'éloignèrent avant qu'il puisse songer à les attaquer. Et qu'aurait-il pu y faire, de toute façon ? Artémis était revenue des terres désolées en sale état, quand elle avait dû affronter un animal possédé par ces choses. Le sphinx et le requin géant qu'ils avait combattus avaient toutes les deux l'air possédé par ces trucs. Les ombres avaient fait des terres désolées leur domaine et ils marchaient en plein dedans. Elles ne s'arrêteraient que quand elles auraient envahi tout Olympus.
L'idée le déprima encore plus et il se renferma sur lui-même, suivant le groupe sans dire un mot de plus. Il ne pouvait se défaire de la sensation écrasante qu'ils n'avaient aucune chance de rentrer. La main d'Apollon dans la sienne lui semblait distante. Il aurait aussi bien pu ne pas être là, tant Arès se sentait anesthésié. Peut-être qu'Apollon allait disparaître, lui aussi. Ce n'était que la suie logique. C'était toujours comme ça que ça se terminait.
En plus du poids sur son coeur, il lui semblait que ses muscles commençaient aussi à s'alourdir. Ni marcher ni le sport ne lui avaient jamais fait peur, pourtant, mais la fatigue devenaient de plus en plus lourde. Ce n'était pas normal. Peut-être que le vide qu'il ressentait avait fini par s'étendre au reste de son corps et qu'il n'aurait bientôt pu la force d'avancer. Comme sur l'Île d'Attraction. Le schéma se répétait. Quoi qu'il se passe dans cette école, tout se répétait. Les Moires avaient perdu leur temps en revenant en arrière, tout finirait pareil que la première fois, c'était évident. Ils avaient perdu, quel que soit la guerre qui lui avait conduit à ce stade, et ils continueraient de perdre jusqu'à ce que plus rien ne subsite d'eux.
Quand le sol se ramollit sous ses pieds, il était déjà à bout de forces. Son corps et son esprit étaient tous les deux tourmentés par des forces que seule sa volonté et son orgueil empêchaient de l'écraser. Mais rien ne put l'empêcher de s'effondrer quand Apollon se baissa pour s'allonger ; il se laissa emporter par le mouvement, et la fatigue eut raison de lui tout aussi vite.
• • • • • •
Arès ouvrit les yeux et se réveilla en sursaut, la respiration haletante, l'esprit confus. Il se redressa en essayant de comprendre la source des battement effrénés de son cœur, l'endroit où il se trouvait, la raison de a présence. Une main se posa délicatement sur la sienne. Familière, mais pas assez réconfortante pour le calmer.
- Eh, ça va ? Ça ne te ressemble pas de faire des cauchemars comme ça.
Une phrase qu'il avait déjà entendu. Dix, douze fois, trop de fois pour ne pas la reconnaître. Pour ne pas reconnaître le décor, la scène, pour ne pas pouvoir prévoir la suite - les suites - s'il ne réagissait pas maintenant. Il se redressa d'un bon, s'éloigna d'Apollon avec un "non" plus imprégné de peur que de colère. Son poing percuta quelque chose, qui se brisa sous le choc. Il releva la main pour voir des fragments de miroir enfoncés dans sa peau. Quand il releva les yeux, il n'était plus dans cette pièce, plus dans cette vision. L'illusion des sirènes s'était brisée en même temps que le miroir.
Et comme la dernière fois qu'il l'avait brisée, il ne restait plus rien autour de lui qu'une salle entièrement composée d'eau. Une bulle dont il pouvait faire le tour en quelques pas, le bruit des vagues.
Cette fois, derrière l'eau qui coulait autour de lui et faisait office de murs, il lui sembla percevoir des reflets. Il s'avança, tendit la main à travers la surface humide, rencontra quelque chose de froid. Une paroie solide. L'eau s'écarta comme si le simple geste avait ouvert une porte. Le miroir de l'autre côté lui rendit son regard terrifié. Il ne comprenait pas comment il s'était de nouveau retrouvé enfermé là-dedans. Il s'était pourtant échappé, la dernière fois. Apollon l'avait sorti de cette bulle.
Il murmura son nom comme si l'appeler pouvait briser à nouveau la prison aquatique où il se retrouvait pris au piège. Seul le bruit des vagues lui répondit. Pourtant, il sentit une main se refermer doucement sur la sienne, invisible, les bouts de verre être retirés un par un ; il entendit un murmure. Moins familier, mais tout autant issu de ses souvenirs.
– Ça va piquer un peu mais ça devrait tenir. Est-ce que tu es blessé autre part ?
Il ferma les yeux. Quitte à sentir la présence d'Apollon autour de lui, il aurait préféré le voir. Son esprit combla les vides, projeta sans mal son image à travers ses paupières fermées. Il le connaissait par coeur, il pouvait le voir même dans les ténèbres les plus intenses. Quand il rouvrit les yeux, sa main était guérie. Le miroir était désormais dans son dos et Perséphone se tenait face à lui. Elle brillait comme si son corps était composé de verre ; il pouvait voir son reflet dans ses yeux et, moins nettement, sur sa peau, ses vêtements, ses cheveux.
- Arès. Ça faisait longtemps.
- ... Quoi ?
- Tu m'as abandonnée. Pourquoi ? Pour rester avec lui ?
Il tiqua. Comment pouvait-elle suggérer une chose pareille ? C'était elle, qui s'était laissée faire, laissée emporter. Il lui avait dit de ne pas rester en arrière, il n'avait jamais voulu qu'elle se sacrifie et il aurait tout fait pour la retenir. Alors pourquoi le lui reprocher maintenant ? À moins qu'elle parle... d'autre chose. Il plissa les yeux.
- De quoi tu parles ?
Il préférait en avoir le coeur net. S'il était resté piégé dans cette bulle depuis une éternité, Perséphone pouvait parler d'absolument n'importe quoi.
- De quoi je parle ?! Tu n'en as que pour lui, tout le temps. Quoi que les autres fassent ou disent, il n'y a que lui qui existe. On ne peut rien prévoir avoir toi, rien envisager, rien faire, car tout reviendra toujours à lui. Tu ne parles que de lui. Tu n'es qu'avec lui. Tous les autres projets passent au second plan, tous tes autres liens passent au second plan !
Il tressaillit. Perséphone ne se mettait que rarement en colère et l'entendre hausser le ton lui paraissait tout sauf naturel. Et puis, il voyait. Le noir qui commençait à colorer ses cheveux et ses yeux, le pouvoir qui débordait d'elle comme s'il n'attendait qu'un mot pour se déchaîner et tout détruire. Les miroirs qui composaient les murs de la bulle s'assombrirent, lui permettant de voir l'autre côté ; à travers, il discerna des images. Des scènes des deriers mois, des derniers jours, des dernières années. D'Apollon et lui, certaines plus familières que d'autres. Il n'arrivait pas à savoir si elles venaient d'illusions ou de son avenir, mais une bonne partie lui paraissait floue ; elles changeaient, envisageaient des milliers de possibilités, se modifiaient pour s'adapter à une phrase, un geste d'Apollon, comme si elles s'écrivaient de son point de vue et se transformaient dès que l'histoire ne correspondait pas parfaitement à ce qu'il imaginait.
- C'est n'importe quoi. Je t'ai jamais abandonnée. Même si je passe du temps avec lui, ça veut pas dire que j'oublie le reste.
- Pourtant lui, tu lui parles. Lui, tu lui réponds. Avec lui, tu progresses. Et nous, on reste là, derrière, à attendre que tu daignes t'intéresser à nous.
Elle s'assombrissait de seconde en seconde et Arès finit par reculer d'un pas, ce qui tira un sourire mauvais à la déesse. Elle désigna les miroirs d'un geste de la main.
- Tu n'es pas le premier, tu sais ?
Les scènes changèrent. Une infime modification, pour chacune. Lui. Qui disparaissait des miroirs pour être remplacé par quelqu'un d'autre. Aprodite, Calliope, toutes les personnes qui avaient au moins une fois dit devant lui qu'Apollon les avait regardées, touchées. Il déglutit. Il le savait déjà, et il aurait aimé dire que ça ne lui faisait rien. Mais les images qu'avaient choisi les miroirs n'étaient pas des scènes purement physiques. C'étaient des moments qui n'appartenaient qu'à eux, qui n'avaient existé qu'entre eux. Y voir quelqu'un d'autre à sa place lui faisait mal.
- Ça ne va pas durer. Tu l'as toujours su. Et quand tu t'en rendras enfin compte, quand il disparaitra, tu auras tout perdu. Car ceux que tu as abandonnés dans son sillage ne reviendront pas vers toi.
- Il ne va pas disparaître.
Sa voix manquait d'assurrance et il en culpabilisa presque aussitôt. Apollon avait tout fait pour le convaincre qu'il était différent des autres, pourquoi n'arrivait-il toujours pas à y croire aussi fort qu'il l'aurait espéré ? À cause des images, sans doute. Si c'étaient des miroirs sans teint, ça voulait dire que la scène se déroulait vraiment. Il pouvait la voir, mais l'inverse n'était pas vrai. Il s'approcha d'un miroir. Un concert. Deux filles observaient la scène en gloussant. Il reconnaissait autant les filles que la chanson, la scène, le décor. Le soir où tout avait vraiment commencé.
- C'est moi, qu'il regarde.
S'entendit-il dire, comme une reminescence. Les autres ricanèrent.
- Ça fait bien longtemps que ce n'est plus toi qu'il regarde.
- Il regarde tout le monde. Tu crois vraiment qu'il peut aimer quelqu'un comme toi ?
Les miroirs retrouvèrent leur substance avant qu'ils puissent répondre. Ils reflétèrent à nouveau la pièce où il se trouvait, lui, seul avec Perséphone presque envahie de ténèbres. Il croisa son propre regard et tressaillit. À nouveau, il sentait une présence près de lui. Plus hostile. Un petit rire s'éleva alors qu'il sentait une main sur son épaule.
- Alors c'est ça, qu'il aime ? Regarde-toi. C'est tout ce que tu as pour lui plaire. Des muscles et une belle gueule que tu dois principalement aux soins de Perséphone. Il ne t'aurait pas approché à dix mètres si tous tes combats laissaient des traces.
Il commençait à discerner une silhouette, dans le reflet. Une fille qu'il avait déjà vue, plusieurs fois, tourner autour d'Apollon. Une fille qu'il détestait depuis la seconde où il l'avait vue, où il avait compris qu'elle était amoureuse. Elle marchait en cercle autour de lui et posait de temps en temps la main pour appuyer ses propos ; sur ses bras, autour de son visage. Il ne ressentait qu'un froid glacial là où elle était entrée en contact avec lui.
- Tu me l'as piqué sous le nez à force de lui résister. Il voulait tellement réussir son petit défi de t'avoir dans son lit qu'il a fini par croire qu'il était amoureux de toi.
Il lui lança un regard noir. Elle jouait un jeu dangereux. Mais, dans la sécurité du miroir, elel semblait bien s'en ficher.
- Heureusement, comme tu n'as rien d'autre que ton physique, il finira par se lasser. Avec moi, il peut discuter. Tu n'es même pas capable de lui répondre quand il pose une question simple. Combien de temps tu crois qu'il se satisfera de tes monosyllabes ?
Elle se mit à rire. Plus elle parlait, plus sa présence dans le reflet devenait forte. Il était pourtant toujours incapable de la voir dans le monde réel, autour de lui.
- Quand il est avec moi, on parle de tout, on écrit, on crée. Avec toi, franchement, qu'est-ce qu'il peut faire ? Monologuer ? Te raconter des choses et espérer vainement que tu sauras tenir la conversation ? Je vais te dire, il s'ennuie. Il n'y a qu'au lit que tu compenses et si c'est tout ce que vous avez, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il comprenne que c'est avec moi qu'il sera le mieux. Qu'un créatif comme lui ne peut pas rester avec un destructeur. J'ai hâte. Il était à moi avant que tu arrives.
- Il n'a jamais été à toi.
- Tu crois ? Tu veux lui poser la question ?
Elle se tenait près de lui dans le reflet, parfaitement visible maintenant, et toujours absente dans la réalité. Les bras croisés, elle sourait avec tant de confiance qu'il sentit la sienne vaciller, remplacée par la colère. Elle se planquait dans le miroir parce qu'elle savait que si elle lui disait ces choses en face à face, elle n'y survivrait pas. La lâcheté à l'état pur.
Mais.
N'était-il pas aussi lâche, s'il avait peur de répondre ? Est-ce qu'il voulait lui poser la question ? Non. Il avait trop peur qu'Apollon se range à son avis. Après tout, cette fille avait une place particulière dans sa vie, peut-être que...
- Arès.
Il sursauta. Il avait oublié la présence de Perséphone et elle avait parlé si fort et si soudainement qu'il avait été pris par surprise. Tournant tant bien que mal le dos au miroir, il la regarda à nouveau. Les ténèbres de son pouvoir l'avaient presque envahie. Seul un oeil brillait encore au milieu du puits d'obscurité, et elle le rivait sur lui. Il pouvait voir son reflet dans ses prunelles.
- Est-ce que tu vas me sauver, Arès ? Ou est-ce que tu vas encore m'abandonner pour lui ?
Les miroirs autour d'eux s'assombrirent. Les ténèbres de Perséphone se répandirent autour d'elle, dévorant le monde, et Arès se retrouva bientôt seul dans le noir, face à cet oeil inquisiteur où brillait des larmes. Quand il se ferma, il ne resta que l'obscurité absolue. Et une question.
« Voulez-vous être le sacrifice de cette zone ? »
Est-ce que tu vas me sauver, Arès ? Ou est-ce que tu vas encore m'abandonner pour lui ?
Il serra les dents. Quel que soit son choix, il abandonnait quelqu'un. Apollon dans les terres désolées ; Perséphone dans les ombres. Mais si elle était vraiment prisonnière, il ne ferait que s'emprisonner avec elle. Et il serait définitivement inutile.
- Non. Je te sauverai à ma manière.
Comme s'il avait la moindre chance de réussir... Il serra les dents. Il ne pouvait pas l'abandonner. Même s'il se sentait incapable de l'aider, un mince espoir subsistait encore. Il n'était pas seul.
#7E0B0F#7E0B0F#7E0B0FⒸ Arès
a
Hécate
Déesse de la nouvelle lune
Date d'arrivée : 31/12/2023
Nombre de récits : 75
Sexe : Pouvoir : Torche brillant dans les ténèbres
Cycle : Cycle 2
Couleur(s) de parole : #9966ff
Nombre de récits : 75
Sexe : Pouvoir : Torche brillant dans les ténèbres
Cycle : Cycle 2
Couleur(s) de parole : #9966ff
Re: Les Maux d'Argos Lun 9 Sep 2024 - 19:47
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Hécate est soûlé par les discussions autour d'elle. Son esprit, embrumé par la colère, la mène à ne voir dans cette abandon plus ou moins volontaire de Perséphone qu'une démonstration de couardise. Elle n'a aucune envie de s'aligner sur la volonté d'Argos et son petit jeu malsain. Outrée, elle allait leur répliquer de la fermé, quand Perséphone, acceptant son sort, voit des mains d'ombres se diriger vers elle. Bien trop en colère pour calculer le moindre danger, Hécate charge, hache en avant pour essayer d'atteindre Perséphone. Elle pousse sur ses jambes de toutes ses forces. Mais c'est bien impuissante, qu'elle finie face aux ombres amenant Perséphone. Elle s'arrête net d'un coup, ne le voyant plus, sur la limite de la lumière. Les dents serrées, elle siffle juste.
"- Argos, soit maudits."
Avant de prendre rageusement une place au sein du groupe. À partir de ce moment-là, la déesse lunaire s'enferme dans le mutisme. Son visage est parfaitement impassible, seul ses doigts bouge par alternance, serrant ou desserrant sa hache selon la tempête qui sillonne son esprit. Elle avance et se contente de cela. Seule sa marche semble perdre en rythme, elle se fait de plus en plus lente. Ses yeux se ferment, pour se rouvrir instantanément, avant de se refermer et qu'elle s'écroule sur un sol matelassé.
.............
Hécate rouvre les yeux, elle est au milieu de la cour de l'école, face à la fontaine qui se trouve au centre. Le reflet de l'eau se mélange à celui étrangement opaque de l'horloge cristalline posée dessus. C'est un lieu habituellement animé, le passage y est si régulier qu'en-dehors des heures de couvre-feu, il y a toujours quelqu'un. Mais aujourd'hui, à part Hécate, il n'y a personne.
"- Hé ho !"
Hécate interpelle, mais à part l'écho de sa propre voix et se perd dans les lieux. Hécate avance alors, elle traverse en sens inverse pour rentrer dans le bâtiment, celui qui mène vers la cafétéria, essayant de traverser la brume. Elle avance sur ce qui lui semble plusieurs mètres, mais se retrouve face à l'océan qui l'empêche d'avancer. Océan qui est un peu étrange, car on dirait plutôt un grand lac. Aucune vague ne vient s'écraser sur la grève. L'idée de venir observer cet étrange phénomène lui traverse l'esprit. Elle se penche et se voit à travers les yeux d'Athéna.
Surprise, Hécathéna se touche le visage, mais n'agit pas plus en ce sens qu'elle est dans un rêve et que ceux qui est illogique est ici banal. C'est en cet instant qu'une main se pose sur son épaule, elle se retourne, il s'agit de Déméter, biscuit en main, qui grignote.
"- Athéna, j'aurais besoin de toi sur une question, tu peux venir ?"
Hécathéna la suit. Elle se retrouve dans les dortoirs, elle se dirige vers la chambre de la référente, probablement pour parler de quelque chose en privé. La déesse de la nouvelle sagesse observe un instant un miroir placé a coté d'elle, se reflétant dedans sous ses nouveaux traits, mais n'en faisant pas cas, comme si c'était normal.
"- Athéna, tu pourrais venir ?"
Une voix infantile, celle d'Hébé, résonne dans son dos. Elle s'y mignonne en format enfant qu'Hécathéna avance vers elle pour se retrouver dans la bibliothèque.
"- Bien sûr Hébé, que veux-tu ?"
Hébé la regarde avec un air vide, mais qui semble sympathique aux yeux d'Hécathéna.
"- Rien, juste te dire que je te trouve cool, la plus cool des Tamarisc."
"- Ça, je ne peux qu'appuyer."
Hermés apparaît de derrière une étagère sans prévenir.
"- La plus intelligente des Tamarisc, même si la concurrence n'est pas rude, en dehors de Déméter."
À ce moment-là, tous se retournèrent derrière Hécathéna, observant quelque chose qu'elle ne pouvait pas voir, d'un air oscillant entre dégoût et pitié. La déesse doppelgänger se retourne pour se voir elle, Hécate, observant un miroir, posé ainsi au milieu de la salle. Le groupe reste silencieux, jusqu'à ce que le double d'Hécate disparaisse. Hébé est la première à briser ce silence.
"- Elle est bizarre, non ?"
Hermès rajoute.
"- Une vraie idiote, tu veux dire."
Hébé a un sourire mauvais.
"- Ouais, bête à manger du foin, hihi."
"- Et inutile en prime, si elle avait au moins un pouvoir utile."
Déméter apparaît au côté d'Hécathéna qui ne dit rien, elle se contente juste d'observer avant de lâcher.
"- Si vous saviez à quel point vous avez raison."
Puis, les étagères et les compagnons disparaissent. Il ne reste plus que la déesse et le miroir. Elle se tourne vers celui-ci et s'approche. Une voix résonne alors.
« Voulez-vous être le sacrifice de cette zone ? »
Reprenant un sourire de façade, Hécate se met à rire.
"- Pour que tu te débarrasses de moi ?"
Se tenant, main sur les hanches, comme si tout ce qui venait de se passer n'avait jamais eu lieu, Hécate repart de plus belle.
"- Oh que non, trésors, tu l'apprendras à tes dépens, mais je peux me montrer terriblement orchidoclaste."
Achille
L'invincible
Date d'arrivée : 18/04/2023
Nombre de récits : 190
Sexe : Pouvoir : Invulnérabilité
Cycle : 3
Couleur(s) de parole : #FF3E3E
Double-comptes : Athéna / Thésée
Nombre de récits : 190
Sexe : Pouvoir : Invulnérabilité
Cycle : 3
Couleur(s) de parole : #FF3E3E
Double-comptes : Athéna / Thésée
Re: Les Maux d'Argos Lun 9 Sep 2024 - 22:48
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Les Maux d'Argos
On tergiverse de plus en plus. Par moyen de trouver une ouverture dans le jeu d'Argos. Pas grave. Ceux qui arriveront à la fin du chemin lui pèteront la gueule et ce sera réglé. Il fera plus le fier avec trois dents en moins, la machoire éclatée et toutes les côtes pétées... Perséphone choisit de se sacrifier. J'aime pas non plus l'idée de la laisser là, pas plus que les autres, d'ailleurs. Des mains sortent de l'ombre pour la saisir et l'emmener dans les ténèbres. Je les vois tous mal. Certains plus que d'autres. Mais on peut pas tous la pleurer comme le fait Athéna. On la ramènera pas comme ça. Je tapote son épaule en passant à côté d'elle et tente d'être rassurant.
— Faut qu'on y aille.
Le chemin s'ouvre et on le suit. Je vois petit à petit tous les autres commencer à être plus lents dans un chemin glacial. Quelles mauviettes... On a pourtant déjà traversé pire. Pas d'ennemis à affronter, juste un sentier un peu froid. J'ai déjà vu Chioné à l'oeuvre, elle a rien à envier au climat des Terres Désolées. C'est ça qu'ils voulaient nous cacher et nous empêcher de nous aventurer dedans ? Mais quelle blague ! C'est pas si terrible. Autant pour des Cycle 1, j'aurais pu le concevoir. Mais nous ? Mais MOI ? Il va falloir que j'en touche deux mots aux Moires... Mais c'est vrai que je commence moi aussi à être un peu plus lent... J'interpelle les autres.
— Quoi ? Vous êtes déjà fatigués..? Moi, j'pourrais faire ça TOUTE LA JOURNÉE !
Mon coeur d'enflamme alors que je pousse mon cri qui me redonne toute mon énergie comme si je venais de me réveiller. Ça remonte à quand, la dernière fois que j'ai dormi ? Aucune idée. J'ai pas besoin de dormir, moi... Je continue ma marche en même temps que les autres, mais voilà qu'on arrive dans une zone bizarre. Il fait pas froid. Le sol est moelleux, doux. Et mes forces me quittent déjà..?
— C'est bizarre... Déjà..?
La fatigue commence à m'écraser. Je me concentre une nouvelle fois et laisse éclater un cri brûlant du coeur mais mon feu intérieur s'éteint tout aussi vite. Certains s'effondrent au sol et commencent à somnoler...
— Bordel... C'est un mal de cette putain de boîte..! Faut qu'on...
Mon genou frappe le sol aussi mou qu'un matelas. Je le frappe du poing et prends appui dessus pour essayer de me relever. J'ai de plus en plus de mal à avancer. Mes muscles répondent de moins en moins. Mon feu intérieur s'embrase pas, laissant juste s'échapper un souffle chaud de ma bouche. Mes yeux commencent à se fermer. J'ai du mal à finir ma phrase...
— S'casse... Vite fait...
Je la finis, les yeux clos, allongé sur le côté, alors qu'un lourd sommeil me gagne... Pas moi... Pas moi !!
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— Alors tu es de retour...
Dans une grande salle blanche, la base de ce qui a l'air d'être une sorte d'immense tour blanche avec un escalier en colimaçon, je la vois au centre de la pièce. Elle me regarde avec ses yeux brillants qui m'appellent... Je m'approche d'elle. Toujours plus grand qu'elle... Elle pose sa main glacée sur mon torse brûlant.
— Oh, oh oh ! On dirait que ça va mieux, depuis la dernière fois... Tu es bien plus sûr de toi. Plus musclé... Plus beau... J'ai peut-être eu tort, au final... Peut-être que tu m'as pas menti, au final...
— Arrête.
— Oh ? Pourtant tu adores quand je te touche avec ma main... Tu préférerais que je te touche avec ma bouche..? Je suis sûre que tu adorerais encore plus...
Je la connais bien. Elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Trait pour trait. N'importe qui s'y tromperait. Même corps, mêmes cheveux, mêmes yeux, mêmes lèvres, même voix, mêmes vêtements, mêmes souvenirs... C'est en tout point Mégara... Même moi, je m'étais laissé berner par elle. Elle pose ses lèvres sur mon torse nu, me prenant dans ses maigres bras. Je ressens quelque chose d'humide et de chaud caresser mes pectoraux qui se contractent. Je fronce les yeux.
— Dis-moi, Super-Mâle... Ça te plaît, de me revoir dans ton esprit..? Je t'ai manquée, n'est-ce pas..? Je te sens tout nerveux... La dernière fois qu'on s'est vus, tu me désirais si fort que tu aurais tué pour pouvoir me toucher, pourtant...
— Me touche pas. T'es pas elle...
— C'est juste. Mais pourtant, tu ne me repousses pas, alors, c'est probablement que ça doit te plaire d'une certaine manière... Repousse-moi, si tu ne veux pas...
Mon poing se serre. Je sens la chaleur monter dans mes veines alors qu'elle me fixe de son regard sulfureux. Elle se met à me caresser avec ses mains toujours aussi glacées. Une forte voix vient fracasser le silence pesant du lieu.
ENLEVE TES SALES PATTES DE LUI !!!
Cette voix puissante comme un coup de tonnerre a l'air de venir du haut de la tour, au bout de l'immense escalier blanc. La sombre Mégara éclate d'un rire glacial là où ma nuque commence à brûler. Je sens le feu envahir mes veines jusqu'au bout des doigts.
— Tu me rejoins, Super Mâle ? Goûte à l'ivresse de ta gloire à chaque étage de cette tour, ta tour, et je serai ton ultime récompense... La plénitude. Le plaisir suprême...
— Mon plaisir suprême, ce serait que tu te barres de ma tête !
— Nous en reparlerons. On verra si tu as toujours envie de me faire partir...
Elle s'approche une dernière fois de moi. J'arrive pas à esquiver, comme paralysé sur place. Elle dépose ses lèvres glacées sur les miennes. Elle disparaît dans le pilier central de la tour. Je baisse les yeux vers le sol. Un miroir. Je croise mon reflet. Enfin... Ce serait mon reflet si j'avais pas grandi...
— On y va, Papa ?
— Encore toi...
— Raconte-moi une histoire, Papa... Raconte-moi l'histoire du héros qui surpassa les dieux !
Les étoiles dans ses yeux brillent de mille feux. Il a l'air émerveillé... C'est de moi qu'il parle. Ce héros, c'est moi. Je pousse un léger rire. Mon sourire en coin revient sur mes lèvres...
— Alors suis-moi. On va redécouvrir ensemble mes moments de gloire...
— OUAIIIIIIIIIIIIIS !!! Et comme ça, Maman aussi les verra !
Je me raidis d'un coup. Maman. De qui est-ce qu'il peut bien parler..? Il sort du miroir, comme s'il sortait d'une piscine et il se met à courir vers l'escalier...
— Le chapitre de la Garderie !!
Je le suis malgré moi, courant à toute vitesse dans l'escalier. Je l'entends éclater de rire, de joie, de bonheur. On arrive au bout de longues foulées au premier étage. Je vois des miroirs disposés en cercles, comme des petits piliers. Quelque chose, comme des inscriptions se trouvent écrits au centre alors que ces mêmes miroirs semblent être des vitraux. Des visions d'artistes de personnes, avec des silhouettes blanches. Je touche l'un d'entre eux du plat de ma main et nous nous voyons transportés dans une sorte d'arène... Mes yeux s'écarquillent lorsque je me vois mettre fin à ce combat avec une facilité enfantine. Ils étaient pourtant huit contre moi. Aucun n'avait réussi à m'approcher sans se faire casser quelque chose...
Tu t'en souviens ? C'était marrant !
Tout redevient blanc. Puis je me retrouve au centre du cercle de miroirs. Une pomme apparait sur le pilier face à moi. Une grosse pomme rouge, bien ronde qui semble avoir été légèrement épluchée d'un côté, sans tenir précisément le couteau pour la peler. Je prends sans savoir pourquoi le fruit et le range dans ma poche.
— WAOOOOOOOOOOOW, c'était TROP BIEN, PAPA !!! Ils faisaient woush woush woush, et toi tu faisais WOPAOW ! Et PAF ! Les fesses par terre !!
— Heh ! C'est vrai... C'était marrant...
Je vois l'escalier briller. Le gamin me regarde. Je le regarde à mon tour. D'un geste commun de la tête, on se décide à traverser le vitrail représentant quelqu'un dont la silhouette m'évoque vaguement un truc. Mais rien de précis... Je pose la botte sur la première marche de l'escalier et on reprend notre ascension...
— Petit ?
— J'suis pas petit, moi ! J'suis grand ! Même que j'vais devenir encore plus grand et plus fort ! J'suis un guerrier ! Comme toi, Papa...
— C'est quoi ton nom ?
— Bah Papa ! J'm'appelle Patrocle, tu sais bien...
— Patrocle, hein...
Je sais comment il s'appelle. Je l'ai vu. Je l'ai rêvé. Dans ma vision d'un monde idéal. De Mon monde idéal... Celui que les sirènes m'avaient fait voir. Ce gamin, c'est mon portrait craché. Il a les mêmes cheveux que moi. Les mêmes yeux. La même carrure que moi à l'âge qu'il a l'air d'avoir... Le même sourire. Le même regard avec la même flamme... Et si c'était vrai..? Et si c'était vraiment mon fils dans un futur plus ou moins proche ?
— Tu me ressembles tellement...
— Bah ouais... Je suis fier de te ressembler, Papa. Je veux que tu sois fier de moi ! Je fais tout comme toi ! Maman est contente de me voir grandir et être comme toi, tu sais...
— Au fait, Patrocle... Maman...
— Regarde, Papa ! On est arrivés au chapitre de ton arrivée à l'académie !
J'ai pas le temps d'en placer une. Il se précipite sur le vitrail qui représente complètement Arès, en armure de guerrier, portant deux épées fièrement, face à un soleil rouge. Je plisse les yeux. Arès... Je l'ai pourtant pas rencontré à mon arrivée à l'académie... Patrocle tape les miroirs au centre de l'étage et je me vois transporté dans la même arène dans laquelle, cette fois-ci, je fais face à une dizaine d'adversaires... Je me vois rire aux éclats alors qu'ils me foncent dessus avant de tomber lorsqu'ils me heurtent. Les cris de douleur me font rire
— HAHAHAHAHAAAA !!! APPELLEZ-MOI L'INVINCIBLE !!!
J'ai tout vu, ce jour-là. T'étais impressionnant !
Retour au blanc. Je vois une épée à la lame argentée plantée au centre du cercle. Je la retire du sol et reprends mon chemin...
— Moi non plus, je peux pas être blessé, Papa ! T'es fier de moi ? Je vais être comme toi ! En plus, ma voix, elle fait trembler les murs quand je crie et je deviens super fort !
— Toi aussi, t'es invincible ? Alors t'es vraiment mon fils..?
— Ouais ! Même que Tata Athéna dit que je suis comme toi quand tu l'as connue...
— Tata Athéna..?
— Le troisième chapitre !!
Il fonce jusqu'au troisième étage. Le vitrail au sol représente Athéna, portant son épée et son égide dans une posture triomphale. Je le suis et me mets au centre du cercle. Je pose ma main sur l'un d'eux et me vois dans une sombre grotte. J'entends le bruit d'une cascade. Je vois un colossal monstre. Un sphinx sans ailes rugissant devant mes compagnons qui l'approchent même pas. J'arrive, bousculant d'un revers du bras un de mes camarades incapable de l'attaquer. Ça doit bien faire la huitième fois qu'il essaie. Quel amateur...
— Dégage de là...
— Eh !
— Chacun son tour.
Je marche vers le monstre, le pas lourd, mais calme. Mon sourire en coin s'étant étiré alors que je pousse un rire. Un défi. Enfin... Mon poing est armé, prêt à frapper. Mon adversaire tente de me donner un coup de queue. Je le pare du bras avant de bondir sur lui, faisant s'écraser sur son visage mon poing qui pulvérise le contenu de sa tête sur toutes les parois de la grotte. Il s'effondre vaincu, mort, vaincu en un seul coup...
— Tu as réussi !!
— Heh ! C'était facile...
— Tu es la fierté des Tamarisc, Achille ! Le meilleur !
Regard fier. Sourire fier jusqu'aux oreilles. Un seul coup porté. Beaucoup trop facile. Un seul de mes coups de poing qui pourtant frappe comme si mille d'entre eux frappaient en même temps. Chacun de mes coups est un météore... Je lève mon poing vers le ciel, triomphant. Mon camarade dépité baisse les yeux.
L'Invincible Champion d'Olympus... C'est bien toi...
— WAAAAAAAAAAAAAOW !!! J'adore ce passage !! T'es vraiment le meilleur, Papa !!Retour au blanc. Un fourreau est à la place de l'objet que je dois récupérer... Il convient à la taille de l'épée. Je suis sûr de l'avoir déjà vu... L'escalier brille. Je dois monter, une nouvelle fois. Le chemin me paraît bizarrement plus long et plus court à la fois... J'arrive face à un seul miroir dans lequel je vois une silhouette blanche qui m'a l'air familière...
— J'adore quand tu racontes cette histoire là...
Aucun vitrail au sol, mais les murs s'en chargent d'en avoir... Je pose la paume de ma main sur le miroir et je me retrouve transporté dans un immense champ de bataille. Les murailles d'une ville fortifiée, réputée imprenable. Moi qui, d'un hurlement fais trembler les remparts et chaque homme qui les défendait. Je suis seul. Ils sont des centaines. Des milliers... Une aura flamboyante m'entoure alors que je cours vers la muraille, la fracassant de plusieurs coups. Poings, lames, lances, le mur ne résiste pas longtemps. Un immense cheval de bois pénètre dans cette ville et je m'engouffre à l'intérieur, massacrant à tour de bras chaque ennemi sur ma route. Un déluge de sang s'abat sur la ville alors que je brandis ma lame vers le soleil, maculé de rouge. Mon hurlement s'entend à des kilomètres à la ronde. J'ai pris cette ville seul.
Tu es au sommet du monde, Achille. Et je serai à tes côtés pour le regarder.
Retour au blanc. Le miroir a disparu, au profit d'une titanesque statue de moi, brandissant une épée, dans la même pose que celle que j'avais adoptée. Je croise le regard de mon avatar de pierre qui fait dix fois ma taille et j'entends une nouvelle fois sa voix...
— Tu te souviens ? Nous l'avions prise à deux, cette cité imprenable... À l'académie, on a érigé une statue de nous deux pour cet exploit.
Je me retourne. La fausse Mégara est revenue. Sauf que cette fois-ci, sa robe, ses cheveux, sa peau sont bleutés. Comme lors de notre première rencontre. Ses yeux jaunes et son sourire crispé m'hypnotisent. Elle s'approche...
— C'est vrai. Mais c'était dans une vision ! Une vision dans laquelle je me voyais dans un futur idéal. Avec la vraie Mégara ! Mais aujourd'hui, ça a changé. Elle est partie et je suis heureux pour elle. Elle est heureuse ! Et si moi, je l'ai pas été quand elle est partie, j'ai su devenir fort alors que je me croyais faible...
— Tu ne désires pas me reconquérir, Achille..? Est-ce que toutes les fois où nous avons "discuté" ne représentent rien pour toi..? Moi, je t'aime encore, tu sais ?
— Papa...
— Je sais, Patrocle... Maman est...
— Maman ? Mais c'est pas Maman, ça ! C'est une méchante ! Elle dit que des mensonges ! Maman, elle est frute de dépotage, mais elle est pas méchante ! Elle... Je la déteste !
— Allons, Patrocle... Reste en dehors de ça, tu vois bien que c'est une conversation entre adultes... Allez, viens, Super Mâle... Embrasse-moi... Comme tu adores ma bouche... Tu te rappelles du tzatziki ? Ma touche personnelle... Tu en raffoles encore, n'est-ce pas..?
Elle s'approche de moi. Je reste muet. Ses bras entourent mon cou. Son regard est langoureux. J'entends le son de sa voix me murmurer de l'embrasser inlassablement. Mes mains se posent alors sur son corps, une sur son épaule et l'autre sur sa gorge... Je plisse les yeux et les ferme...
N'oublie pas qui tu es, Achille.
— Tu as raison... J'ai une pomme à offrir...
— Je n'attends que ç...Hhh..?
Ma main sur sa gorge se serre alors dessus, de toutes ses forces. Mon regard est froid mais ardent. Mes crocs se serrent, dans une expression du visage agressive. Sauvage. Mon autre main se plaque sur sa bouche, lui serrant les joues de toutes mes forces. Je respire calmement. Elle peut pas parler. Elle peut pas bouger. Elle peut pas respirer. Je la tiens...
— Mais cette pomme, elle est pas pour toi...
— Hrrrffrfffkkkrrrrr...
— Que ce soit le signal de notre séparation, oiseau de mauvais augure, illusion, cicatrice de mon passé ou esprit mauvais, qui que tu sois ! Laisse pas la moindre plume, la moindre trace ici comme le mensonge que t'as toujours été ! Barre toi de ma tour, ôte ton bec de mon coeur et disparais ! Que je te revois...
J'enfonce mes doigts dans ses joues. Elle se brise petit à petit. Je vois sa peau craqueler par endroits, du sang noir, bleu et rouge commence à couler par tous les orifices... Ma main sur son cou la serre avec une pression telle que d'un coup sec, la tête finit par se détacher du corps dans un geyser de sang. Puis je termine ma phrase dans un hurlement qui retentit comme un coup de tonnerre dans toute la tour...
— JAMAIS PLUS !!!
JAMAIS PLUS !!!
Je jette son corps, le fracassant contre le sol immaculé de la tour. Il se brise comme du verre en des milliers de morceaux qui partent en fumée, comme si jamais ils avaient été là. Patrocle me fonce dessus avant de prendre me prendre dans ses petits bras, me serrant fort contre lui. C'est qu'il a déjà une sacrée force pour son âge...
— Tu l'as fait, Papa... T'as tué la méchante ! Elle reviendra plus jamais nous embêter, ni toi, ni moi, ni Maman !
— Maman..? Mais... C'est qui, Maman ? À qui je dois donner la pomme ?
— Bah ! C'est marqué dessus, Papa !
— Marqué dessus ? C'est un truc compliqué et pas précis, genre "A la plus belle", c'est ça ?
— Bah nan, Papa, t'es bête ! Regarde la pomme...
Je sors le fruit de ma poche et regarde la marque qu'elle a. Une espèce d'épluchure bizarre qui brille d'une forte lumière blanche. Je lève la tête, interpellé. La lumière vient en fait de la Lune au dessus de nous. Elle a une drôle de forme... Puis je regarde une nouvelle fois le fruit rouge.
— Minute... Cette marque... Je connais cette marque. Je connais quelqu'un qui a la même... Au même endroit. La même forme...
— La même forme ? Au même endroit..?
— Et cette épée... Elle aussi, je la connais... La marque. On dirait une...
— On dirait une quoi ?
— Une cicatrice.
— Comme celle de Maman !
— Celle de...
— Alors, Achille ? Tu me la donnes, maintenant, ta pomme ?
Je me retourne d'un seul coup. Je la vois dans le miroir qui a pris la place de ma grande statue. Elle se marre. Je m'approche d'elle, la pomme et l'épée à la main, Patrocle me suivant en trottinant. Elle est à quelques centimètres de moi.
— C'est sympa d'avoir récupéré mon épée, Torse d'Acier. Mais ce qui m'intéresse le plus...
— C'est ça..?
J'approche le fruit. Elle approche sa main. Elle me sourit. Je lui rends. Puis tout devient noir petit à petit... Jusqu'à ce que tout soit sombre et froid. Depuis les ténèbres surgissent alors de sombres paroles. Argos.
« Voulez-vous être le sacrifice de cette zone ? »
Je souris en coin, retrouvant mon esprit combatif. Ma main serre la pomme qu'elle tient et mon sourire de fier guerrier est revenu. Je m'adresse au miroir d'une voix forte, déterminée, parlant avec le coeur qui s'enflamme...
— Sûrement pas. Ils s'en sortiront pas sans moi. Faut tout faire soi-même ? Bah j'te promets que je vais te péter la gueule bien comme il faut personnellement... Et j'tiens toujours mes promesses, Argos...
Codage par Libella sur Graphiorum
Amphitrite
Néréide reine des océans
Re: Les Maux d'Argos Mar 10 Sep 2024 - 21:39
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Tous.
Une aventure par delà les frontières.
Les maux d'Argos.
Voilà que nous pouvions enfin faire une pause. Mes paupières devinrent lourdes, et je sombrai dans les méandres d'un rêve assez... étrange.
Je me retrouvai là, face à l'école que j'avais tant rêvé intégrer. C'est alors qu'elle disparut et céda la place à une vaste mer scintillante. J'étais face à ce magnifique spectacle, sur une plage de sable fin. Les vagues dansaient au rythme d'une mélodie mystérieuse qui semblait venir de l'océan. Le ciel était rempli de nuages comme dessinés au feutre. Les formes évoluaient et changeaient sans cesse.
Au loin, je vis un miroir flottant, suspendu entre deux vagues géantes. J'avançai en sa direction, les mains protégeant mes yeux de ses reflets aveuglants. Il était décoré de coquillages colorés et de coraux étincelants. En m'approchant, je remarquai qu'il ne reflétait pas seulement mon apparence, mais aussi des scènes de... moi ?
D'abord, des images de mon enfance, à la garderie des dieux, pleines d'aventures imaginaires et de batailles épiques. J'étais cette petite pirate intrépide, courant sur la plage, brandissant fièrement une épée de bois, tentant de terrifier Arès. Beaucoup de joie se dégageait de ces "visions". Pas certaine que c'était véritablement arrivé, mais ça correspondait plutôt bien à mes souvenirs.
Puis, les images changèrent jusqu'à refléter les scènes de mon arrivée à l'académie. Mon passage difficile dans le Sanctuaire des Ipomea, ma déception, mes frustrations face à un environnement qui ne correspondait pas à mes rêves. Beaucoup de doute, des moments de solitude intense... j'étais perdue, bien loin de ce que je croyais être ma véritable nature.
La scène changea à nouveau, je me transformai sous une nouvelle lumière. Une version de moi-même sur scène, éblouissante et pleine de grâce. Admirée par la foule, applaudie par Arès. Apollon était là aussi, fier de ce que j'étais devenue. J'étais une perle précieuse, une artiste en harmonie avec moi-même.
Je me sentais si bien, en accord avec tout cela. Jusqu'à ce que le miroir se fissure et explose en mille morceaux. Des éclats de lumière dorée se répandaient dans l'air, illuminant le ciel, écorchant ma chair. J'avais chaud, de plus en plus chaud. Incapable d'utiliser l'eau qui m'entourait pour me rafraichir, m'hydrater, ni même me soigner.
Un morceau brisé se planta dans ma jambe, la douleur était telle que je tombai à genou. Je retirai l'éclat non sans douleur et vis un message apparaitre. "Voulez-vous être le sacrifice de cette zone ?" Instinctivement, je répondis que non, car ils ne pouvaient rien faire sans moi.
Je me retrouvai là, face à l'école que j'avais tant rêvé intégrer. C'est alors qu'elle disparut et céda la place à une vaste mer scintillante. J'étais face à ce magnifique spectacle, sur une plage de sable fin. Les vagues dansaient au rythme d'une mélodie mystérieuse qui semblait venir de l'océan. Le ciel était rempli de nuages comme dessinés au feutre. Les formes évoluaient et changeaient sans cesse.
Au loin, je vis un miroir flottant, suspendu entre deux vagues géantes. J'avançai en sa direction, les mains protégeant mes yeux de ses reflets aveuglants. Il était décoré de coquillages colorés et de coraux étincelants. En m'approchant, je remarquai qu'il ne reflétait pas seulement mon apparence, mais aussi des scènes de... moi ?
D'abord, des images de mon enfance, à la garderie des dieux, pleines d'aventures imaginaires et de batailles épiques. J'étais cette petite pirate intrépide, courant sur la plage, brandissant fièrement une épée de bois, tentant de terrifier Arès. Beaucoup de joie se dégageait de ces "visions". Pas certaine que c'était véritablement arrivé, mais ça correspondait plutôt bien à mes souvenirs.
Puis, les images changèrent jusqu'à refléter les scènes de mon arrivée à l'académie. Mon passage difficile dans le Sanctuaire des Ipomea, ma déception, mes frustrations face à un environnement qui ne correspondait pas à mes rêves. Beaucoup de doute, des moments de solitude intense... j'étais perdue, bien loin de ce que je croyais être ma véritable nature.
La scène changea à nouveau, je me transformai sous une nouvelle lumière. Une version de moi-même sur scène, éblouissante et pleine de grâce. Admirée par la foule, applaudie par Arès. Apollon était là aussi, fier de ce que j'étais devenue. J'étais une perle précieuse, une artiste en harmonie avec moi-même.
Je me sentais si bien, en accord avec tout cela. Jusqu'à ce que le miroir se fissure et explose en mille morceaux. Des éclats de lumière dorée se répandaient dans l'air, illuminant le ciel, écorchant ma chair. J'avais chaud, de plus en plus chaud. Incapable d'utiliser l'eau qui m'entourait pour me rafraichir, m'hydrater, ni même me soigner.
Un morceau brisé se planta dans ma jambe, la douleur était telle que je tombai à genou. Je retirai l'éclat non sans douleur et vis un message apparaitre. "Voulez-vous être le sacrifice de cette zone ?" Instinctivement, je répondis que non, car ils ne pouvaient rien faire sans moi.
Les Moires
Fondateur
Date d'arrivée : 06/08/2022
Nombre de récits : 619
Sexe :
Nombre de récits : 619
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Re: Les Maux d'Argos Mar 10 Sep 2024 - 23:09
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Les Maux d'Argos
Tour 3 - Désespoir
La question se brouille et disparaît, ne laissant que l'obscurité. Puis le rêve s'estompe. Lentement mais sûrement, vous reprenez vos esprits. Plus aucune fatigue n'alourdit vos muscles et votre esprit. En vous relevant, vous remarquez que l'un d'entre vous manque à l'appel. Seule une tâche sombre, des ombres en train de se dissiper, marque l'emplacement où s'était endormi Achille.
- Si peu de personnes prêtes à se sacrifier... Quel héroïsme.
La voix d'Argos résonne autour de vous, teinté d'un petit rire ironique. À nouveau, les ombres s'écartent et dévoilent le chemin illuminé qui progresse dans les terres désolées.
En avançant, la chaleur qui vous avait aidé à vous endormir se dissipe. L'air est sec ; le vent souffle autour de vous dans un silence angoissant. C'est comme si tout était... étrangement tamisé, et solitaire. Peu à peu, vous sentez votre gorge se serrer et les conversations, s'il y en avait, se rarifient jusqu'à s'éteindre. Difficile de parler avec la tristesse qui vous accable un peu plus chaque seconde.
Le chemin s'élargit. Mais loin de faire face à une zone comme les précédentes, il vous semble apercevoir des silhouettes... familières. Le vent continue de murmurer à vos oreilles, ressemblant de plus en plus aux voix des deux disparus. Et quand vous arrivez enfin au niveau de statues, vous les reconnaissez, tous les deux, prostrés dans ce qui semble être une souffrance insoutenable. Les ombres se ressèrent, étouffantes. Mais il n'y a ici aucun indice vous indiquant quoi faire pour les écarter.
Du moins, jusqu'à ce que vous touchiez quelqu'un. Si vous posez votre main sur une personne, vous vivez soudain, à travers ses yeux et avec toute l'intensité de ses émotions, les souvenirs les plus douloureux de son existence.
À nouveau, la voix d'Argos s'élève.
- Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Ne vous en faites pas, je prendrais aussi soin de la personne que vous laisserez derrière vous. On approche du nombre idéal, vous ne devriez plus avoir à sacrifier beaucoup de monde.
Mais, comme la première fois, il est évident que vous ne pourrez pas avancer tant que vous n'aurez pas choisi quelqu'un à laisser derrière vous.
- Si peu de personnes prêtes à se sacrifier... Quel héroïsme.
La voix d'Argos résonne autour de vous, teinté d'un petit rire ironique. À nouveau, les ombres s'écartent et dévoilent le chemin illuminé qui progresse dans les terres désolées.
En avançant, la chaleur qui vous avait aidé à vous endormir se dissipe. L'air est sec ; le vent souffle autour de vous dans un silence angoissant. C'est comme si tout était... étrangement tamisé, et solitaire. Peu à peu, vous sentez votre gorge se serrer et les conversations, s'il y en avait, se rarifient jusqu'à s'éteindre. Difficile de parler avec la tristesse qui vous accable un peu plus chaque seconde.
Le chemin s'élargit. Mais loin de faire face à une zone comme les précédentes, il vous semble apercevoir des silhouettes... familières. Le vent continue de murmurer à vos oreilles, ressemblant de plus en plus aux voix des deux disparus. Et quand vous arrivez enfin au niveau de statues, vous les reconnaissez, tous les deux, prostrés dans ce qui semble être une souffrance insoutenable. Les ombres se ressèrent, étouffantes. Mais il n'y a ici aucun indice vous indiquant quoi faire pour les écarter.
Du moins, jusqu'à ce que vous touchiez quelqu'un. Si vous posez votre main sur une personne, vous vivez soudain, à travers ses yeux et avec toute l'intensité de ses émotions, les souvenirs les plus douloureux de son existence.
Ce tour se terminera dans 10 jours, soit le 21 septembre, ou lorsque tous les participants auront fait un post. Vous pouvez faire un ou deux posts sur ce tour.
Tous les personnages doivent avoir une "vision" pour que les ombres s'écartent. Pour cela, la main d'un personnage doit entrer en contact avec quelqu'un d'autre ; il partagera alors ses souvenirs douloureux. Cela peut être un souvenirs précis comme un assemblage de souvenirs ; ils peuvent venir d'un rp comme avoir été intégré au background du personnage. Ces souvenirs doivent provenir de cette vie (pas de leur vie précédente).
Bien évidemment, étant donné que vous vivez les souvenirs d'un autre personnages que le vôtre, il convient de vous concerter avec ce joueur afin de choisir le(s) souvenir(s) en question et de ne pas en inventer un.
Vous n'êtes pas obligés de fonctionner en binôme - la personne qui voit vos souvenirs n'a pas besoin d'être celle à qui vous partagerez les vôtres (mais c'est bien sûr autorisé). Il vous est possible de choisir également l'une des statues des sacrifiés pour voir ses souvenirs.
Vous pouvez toujours suivre l'avancée des tours sur ce document.
Une fois que tout le monde aura eu une vision :
Tous les personnages doivent avoir une "vision" pour que les ombres s'écartent. Pour cela, la main d'un personnage doit entrer en contact avec quelqu'un d'autre ; il partagera alors ses souvenirs douloureux. Cela peut être un souvenirs précis comme un assemblage de souvenirs ; ils peuvent venir d'un rp comme avoir été intégré au background du personnage. Ces souvenirs doivent provenir de cette vie (pas de leur vie précédente).
Bien évidemment, étant donné que vous vivez les souvenirs d'un autre personnages que le vôtre, il convient de vous concerter avec ce joueur afin de choisir le(s) souvenir(s) en question et de ne pas en inventer un.
Vous n'êtes pas obligés de fonctionner en binôme - la personne qui voit vos souvenirs n'a pas besoin d'être celle à qui vous partagerez les vôtres (mais c'est bien sûr autorisé). Il vous est possible de choisir également l'une des statues des sacrifiés pour voir ses souvenirs.
Vous pouvez toujours suivre l'avancée des tours sur ce document.
Une fois que tout le monde aura eu une vision :
À nouveau, la voix d'Argos s'élève.
- Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Ne vous en faites pas, je prendrais aussi soin de la personne que vous laisserez derrière vous. On approche du nombre idéal, vous ne devriez plus avoir à sacrifier beaucoup de monde.
Mais, comme la première fois, il est évident que vous ne pourrez pas avancer tant que vous n'aurez pas choisi quelqu'un à laisser derrière vous.
Arès
Dieu de la guerre
Date d'arrivée : 30/01/2023
Nombre de récits : 384
Sexe : Pouvoir : Chef de guerre
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #7E0B0F
Double-comptes : Écho, Pandore
Nombre de récits : 384
Sexe : Pouvoir : Chef de guerre
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #7E0B0F
Double-comptes : Écho, Pandore
Re: Les Maux d'Argos Ven 13 Sep 2024 - 12:19
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Les Maux d'Argos
Le rêve l'avait laissé dans un état second. Quand Arès rouvrit les yeux, il peina à s'habituer à la lumière pourtant légère de l'environnement autour de lui. Quand s'était-il endormi ? Comment ? Et pourquoi ? Il n'avait pas la réponse à ces questions. Tout ce qu'il savait, c'était qu'une douleur sourde lui nouait la poitrine et prenait le pas sur tout le reste. Comme dans le restaurant de l'Île, ou même pire, il se sentait incapable de bouger, d'agir, de faire quoi que ce soit à part se noyer. Il se recroquevilla sur lui-même tandis que sa main cherchait celle d'Apollon, l'ancre qui le maintenant dans la réalité. Mais la trouver ne lui fournit qu'un vague scintillement de réconfort, qui s'éteignit aussi vite qu'il s'était allumé.
Un sanglot le secoua et il plaqua son autre main sur ses lèvres. L'orgueil continuait de hurler dans un coin de sa tête. Hors de question de craquer. Il y avait trop de monde autour d'eux, trop de gens qui pourraient le voir briser son image de guerrier infaillible. Il avait déjà donné sur l'Île, hors de question de recommencer. La main serrée autour de celle d'Apollon raffermit sa prise, le tira contre lui. Il se cacha dans ses bras et ce fut seulement quand il se sentit vraiment hors de portée des autres – une sensation aussi fausse qu'elle était réconfortante – qu'il s'autorisa à pleurer.
Le temps s'effilocha. Il n'avait pas envie de compter les minutes qu'il passait dans cet état de faiblesse mais il lui en fallut un certain nombre pour retrouver son calme. Il ne s'était jamais senti aussi faible. Ça n'avait rien de normal ni de naturel, c'était sûrement l'effet d'un des trucs dans la boîte de l'autre. Mais il n'avait pas la force de reposer la question, ou de faire des reproches à qui que ce soit. Si le moindre ennemi devait se présenter devant eux, il serait… bien inutile...
Il se releva finalement avec un long soupir. Ils étaient loin d'en avoir terminé. Rien que de penser à toute la marche qui les attendait avant d'avoir ne serait-ce qu'approché celui qui les narguait, il se sentait fatigué. Mais il devait tenir, pour sauver Perséphone… Il se crispa. Les autres avaient bien plus de chances d'y parvenir que lui.
Arès suivit le reste du groupe sans se résoudre à lâcher la main d'Apollon. Il avait la sensation que s'il le lâchait maintenant, il n'aurait plus la force d'avancer, de repousser les bribes de son rêve qui venaient s'inviter à la surface et lui soufflait qu'il n'aurait bientôt plus l'occasion de faire un geste aussi simple. Et comme si ça n'était pas suffisant, chaque pas qu'ils faisaient lui donnait de plus en plus l'impression de s'enfoncer dans les parts sombres de son propre esprit.
La vision s'imposa à lui avant même qu'il ait le temps d'observer la zone dans laquelle les conduisit le couloir lumineux qu'ils suivaient depuis qu'ils avaient quitté Olympus. Il se retrouva brutalement projeté dans la grotte dont il avait fini par occulter l'existence tant les événements qui y étaient liés avaient été surpassés par ceux de l'Île. Pour lui.
Pas pour Apollon, visiblement.
C'était différent de ses propres souvenirs. Il sentit la magie de lumière se canaliser dans ses doigts pour imprégner la flèche d'Artémis, puis il entendit les premières notes. La tristesse lui serra si violemment la poitrine qu'il vit le monde se brouiller, bien avant de comprendre que des larmes envahissaient sa vision. Pas sa vision. Il n'avait pas besoin de chercher très loin pour comprendre qu'il vivait la scène à travers les souvenirs d'Apollon ; parce qu'il se rappelait très bien l'avoir vue de l'extérieur. Il s'effondra à terre avec l'impression que toute la peine du monde lui ouvrait le cœur. Avec cette envie de mourir pour y mettre fin, si brutale et pesante que, même s'il savait très bien que ce n'était pas le cas, Arès s'attendit presque à voir Apollon retourner une arme contre lui-même. Le poids du désespoir lui broyait tellement l'esprit qu'il lui fallut un moment pour s'ajuster quand il disparut.
Le monde restait sombre. L'écho de la voix de Perséphone révéla l'énigme, familière, qu'elle avait découverte pendant sa disparition. L'esprit d'Arès se crispa. Il savait ce qui allait se passer. Il se souvenait de cet instant et il n'était pas sûr d'être prêt à l'affronter à travers les émotions brutes d'Apollon. Mais il n'avait pas le choix.
« Seule je ne suis rien,
Même habillée de plumes je ne peux rien.
Ensemble nous sommes source d'aventure et de liberté,
Votre épopée me permettra de m'élever hors de l'obscurité »
Un moment de flottement. La réflexion d'Artémis passa en accéléré, en flou, comme si la vision se fichait bien de ce genre de détails tant qu'elle pouvait avoir le moment qui l'intéressait.
- Je propose l'ENCRE !
Les ombres remontèrent sur le corps d'Artémis pour la paralyser et la bâillonner. Il sentit une peur viscérale grignoter son cœur tandis qu'Apollon se précipitait vers elle, tentait désespérément de la libérer. Et plus ses tentatives étaient veines, plus la peur se teintait de peine. Moins étouffante, certes, que celle de la musique, mais assez intense pour qu'Arès ait l'impression de se prendre une lame en plein cœur. Il connaissait cette sensation ; l'impression d'avoir perdu la personne la plus importante qui soit. Il l'avait déjà vécue.
Trop de fois à son goût.
Le souvenir s'estompa bien avant que la résolution heureuse de cette histoire n'ait le temps de se dérouler. La grotte disparut, remplacée par les profondeurs abyssales dans lesquels les avaient projetés les sirènes. Il n'y avait rien. Que la voix d'Artémis dans sa tête, et une bulle un peu plus loin. La brûlure qui lui serra la gorge au moment où Apollon fut assez prêt pour reconnaître qui flottait dans sa bulle fut presque suffisante pour qu'il ne s'attarde pas sur l'image.
Presque.
Se voir dans cet état, ajouté à la douleur qui serrait déjà le cœur d'Apollon et qu'il pouvait ressentir dans toutes les fibres de son esprit, lui comprima l'estomac. Il avait trouvé Deimos pathétique quand ils l'avaient découvert ; il était bien pire. Ou peut-être que c'était simplement le tourbillon d'émotions d'Apollon qui lui donnait cette impression. La peur de le perdre. L'incertitude sur comment réagir.
Parmi tous les dieux que je pouvais croiser dans ces tunnels, il a fallu que le premier soit celui dont je viens de me rendre compte que je suis tombé amoureux.
La pensée lui traversa l'esprit comme une évidence au moment où la bulle éclata et où il s'effondra au sol. Il ne se souvenait pas de s'être trouvé dans un état aussi violent. Mais sa réaction, à travers les yeux d'Apollon, lui fit encore plus mal. Elle raviva des souvenirs qu'il avait tout fait pour refouler. Mêlés à ceux du dieu qui cherchait désespérément une manière de l'aider à se remettre du choc, à réaliser que tout était réel, et qui constatait pour la deuxième fois de la nuit la puissance que pouvait prendre cette colère qu'il n'avait jamais vue retournée contre lui.
Puis un regard se superposa au reste, prit toute la place, effaça tout ce qui existait. Les yeux de Meg, rendus vides par l'influence des sirènes, qui lui donnaient l'ordre de tirer sur Arès. L'incompréhension quand il se sentit obligé d'y obéir, l'horreur au moment où le trait atteignit sa cible. Qui se transforma en rage pour éliminer une des sirènes responsables ; qui essaya de se transformer en rage, du moins, mais qui ne laissa finalement derrière elle qu'une brutale inquiétude et des regrets. La révulsion en sachant que c'est lui-même qui avait provoqué cette blessure et le sang qui colorait l'eau autour de lui.
Contrairement au vrai souvenir, la teinte envahit tout, comme une transition macabre vers la suite. Un mur, une porte. Bien avant que le souvenir prenne corps, c'est le cœur d'Arès qui se serra. Il perçut l'espoir inconcevable qui portait la main vers la porte avant d'entendre les mots. Il n'avait pas besoin de sentir ses lèvres les former. Il les connaissait déjà, pour les avoir entendus depuis l'autre côté.
- Arès ? C'est moi. Je peux entrer ? J'aimerais te parler.
Puis la réponse, qu'il avait regrettée dès qu'il avait eu le temps d'y penser, bien trop tard pour la retenir.
- Non. Dégage.
Le poids du cœur brisé le fit vaciller. L'espace d'un instant, il se demanda si son esprit n'allait pas s'éteindre sous le choc de toutes ces émotions condensées en trop peu de temps. Un espoir trop vif qui se transformait en plaie béante alors qu'Apollon s'écartait de la porte, envahi par une fatigue et un vide insondable. Il ne restait plus rien d'autre que l'épuisement dans son esprit.
Puis la vision disparut aussi brutalement qu'elle était apparue.
Arès arracha sa main à celle d'Apollon avant même de prendre pleinement conscience de son retour à la réalité. Il chancela, s'écarta de quelques pas en essayant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Faire la différence entre lui, ses propres souvenirs, et ceux qui venaient de l'assaillir. Combien de temps était-il resté pris dedans ? Une fraction de seconde qui lui avait paru durer une éternité ? Il n'avait pas l'impression que les autres avaient beaucoup bougé, mais il n'avait pas prêté assez attention à eux pour se souvenir de ce qu'ils faisaient avant sa vision.
Enfin, la réalisation s'imposa à lui et il écarquilla les yeux. S'il avait vu tout ça au contact d'Apollon, alors…
Combien de souvenirs avaient été piochés dans son propre esprit ? Lesquels ? Combien de choses qu'il aurait préféré garder à jamais dans sa tête ?
Un sanglot le secoua et il plaqua son autre main sur ses lèvres. L'orgueil continuait de hurler dans un coin de sa tête. Hors de question de craquer. Il y avait trop de monde autour d'eux, trop de gens qui pourraient le voir briser son image de guerrier infaillible. Il avait déjà donné sur l'Île, hors de question de recommencer. La main serrée autour de celle d'Apollon raffermit sa prise, le tira contre lui. Il se cacha dans ses bras et ce fut seulement quand il se sentit vraiment hors de portée des autres – une sensation aussi fausse qu'elle était réconfortante – qu'il s'autorisa à pleurer.
Le temps s'effilocha. Il n'avait pas envie de compter les minutes qu'il passait dans cet état de faiblesse mais il lui en fallut un certain nombre pour retrouver son calme. Il ne s'était jamais senti aussi faible. Ça n'avait rien de normal ni de naturel, c'était sûrement l'effet d'un des trucs dans la boîte de l'autre. Mais il n'avait pas la force de reposer la question, ou de faire des reproches à qui que ce soit. Si le moindre ennemi devait se présenter devant eux, il serait… bien inutile...
Il se releva finalement avec un long soupir. Ils étaient loin d'en avoir terminé. Rien que de penser à toute la marche qui les attendait avant d'avoir ne serait-ce qu'approché celui qui les narguait, il se sentait fatigué. Mais il devait tenir, pour sauver Perséphone… Il se crispa. Les autres avaient bien plus de chances d'y parvenir que lui.
Arès suivit le reste du groupe sans se résoudre à lâcher la main d'Apollon. Il avait la sensation que s'il le lâchait maintenant, il n'aurait plus la force d'avancer, de repousser les bribes de son rêve qui venaient s'inviter à la surface et lui soufflait qu'il n'aurait bientôt plus l'occasion de faire un geste aussi simple. Et comme si ça n'était pas suffisant, chaque pas qu'ils faisaient lui donnait de plus en plus l'impression de s'enfoncer dans les parts sombres de son propre esprit.
La vision s'imposa à lui avant même qu'il ait le temps d'observer la zone dans laquelle les conduisit le couloir lumineux qu'ils suivaient depuis qu'ils avaient quitté Olympus. Il se retrouva brutalement projeté dans la grotte dont il avait fini par occulter l'existence tant les événements qui y étaient liés avaient été surpassés par ceux de l'Île. Pour lui.
Pas pour Apollon, visiblement.
C'était différent de ses propres souvenirs. Il sentit la magie de lumière se canaliser dans ses doigts pour imprégner la flèche d'Artémis, puis il entendit les premières notes. La tristesse lui serra si violemment la poitrine qu'il vit le monde se brouiller, bien avant de comprendre que des larmes envahissaient sa vision. Pas sa vision. Il n'avait pas besoin de chercher très loin pour comprendre qu'il vivait la scène à travers les souvenirs d'Apollon ; parce qu'il se rappelait très bien l'avoir vue de l'extérieur. Il s'effondra à terre avec l'impression que toute la peine du monde lui ouvrait le cœur. Avec cette envie de mourir pour y mettre fin, si brutale et pesante que, même s'il savait très bien que ce n'était pas le cas, Arès s'attendit presque à voir Apollon retourner une arme contre lui-même. Le poids du désespoir lui broyait tellement l'esprit qu'il lui fallut un moment pour s'ajuster quand il disparut.
Le monde restait sombre. L'écho de la voix de Perséphone révéla l'énigme, familière, qu'elle avait découverte pendant sa disparition. L'esprit d'Arès se crispa. Il savait ce qui allait se passer. Il se souvenait de cet instant et il n'était pas sûr d'être prêt à l'affronter à travers les émotions brutes d'Apollon. Mais il n'avait pas le choix.
« Seule je ne suis rien,
Même habillée de plumes je ne peux rien.
Ensemble nous sommes source d'aventure et de liberté,
Votre épopée me permettra de m'élever hors de l'obscurité »
Un moment de flottement. La réflexion d'Artémis passa en accéléré, en flou, comme si la vision se fichait bien de ce genre de détails tant qu'elle pouvait avoir le moment qui l'intéressait.
- Je propose l'ENCRE !
Les ombres remontèrent sur le corps d'Artémis pour la paralyser et la bâillonner. Il sentit une peur viscérale grignoter son cœur tandis qu'Apollon se précipitait vers elle, tentait désespérément de la libérer. Et plus ses tentatives étaient veines, plus la peur se teintait de peine. Moins étouffante, certes, que celle de la musique, mais assez intense pour qu'Arès ait l'impression de se prendre une lame en plein cœur. Il connaissait cette sensation ; l'impression d'avoir perdu la personne la plus importante qui soit. Il l'avait déjà vécue.
Trop de fois à son goût.
Le souvenir s'estompa bien avant que la résolution heureuse de cette histoire n'ait le temps de se dérouler. La grotte disparut, remplacée par les profondeurs abyssales dans lesquels les avaient projetés les sirènes. Il n'y avait rien. Que la voix d'Artémis dans sa tête, et une bulle un peu plus loin. La brûlure qui lui serra la gorge au moment où Apollon fut assez prêt pour reconnaître qui flottait dans sa bulle fut presque suffisante pour qu'il ne s'attarde pas sur l'image.
Presque.
Se voir dans cet état, ajouté à la douleur qui serrait déjà le cœur d'Apollon et qu'il pouvait ressentir dans toutes les fibres de son esprit, lui comprima l'estomac. Il avait trouvé Deimos pathétique quand ils l'avaient découvert ; il était bien pire. Ou peut-être que c'était simplement le tourbillon d'émotions d'Apollon qui lui donnait cette impression. La peur de le perdre. L'incertitude sur comment réagir.
Parmi tous les dieux que je pouvais croiser dans ces tunnels, il a fallu que le premier soit celui dont je viens de me rendre compte que je suis tombé amoureux.
La pensée lui traversa l'esprit comme une évidence au moment où la bulle éclata et où il s'effondra au sol. Il ne se souvenait pas de s'être trouvé dans un état aussi violent. Mais sa réaction, à travers les yeux d'Apollon, lui fit encore plus mal. Elle raviva des souvenirs qu'il avait tout fait pour refouler. Mêlés à ceux du dieu qui cherchait désespérément une manière de l'aider à se remettre du choc, à réaliser que tout était réel, et qui constatait pour la deuxième fois de la nuit la puissance que pouvait prendre cette colère qu'il n'avait jamais vue retournée contre lui.
Puis un regard se superposa au reste, prit toute la place, effaça tout ce qui existait. Les yeux de Meg, rendus vides par l'influence des sirènes, qui lui donnaient l'ordre de tirer sur Arès. L'incompréhension quand il se sentit obligé d'y obéir, l'horreur au moment où le trait atteignit sa cible. Qui se transforma en rage pour éliminer une des sirènes responsables ; qui essaya de se transformer en rage, du moins, mais qui ne laissa finalement derrière elle qu'une brutale inquiétude et des regrets. La révulsion en sachant que c'est lui-même qui avait provoqué cette blessure et le sang qui colorait l'eau autour de lui.
Contrairement au vrai souvenir, la teinte envahit tout, comme une transition macabre vers la suite. Un mur, une porte. Bien avant que le souvenir prenne corps, c'est le cœur d'Arès qui se serra. Il perçut l'espoir inconcevable qui portait la main vers la porte avant d'entendre les mots. Il n'avait pas besoin de sentir ses lèvres les former. Il les connaissait déjà, pour les avoir entendus depuis l'autre côté.
- Arès ? C'est moi. Je peux entrer ? J'aimerais te parler.
Puis la réponse, qu'il avait regrettée dès qu'il avait eu le temps d'y penser, bien trop tard pour la retenir.
- Non. Dégage.
Le poids du cœur brisé le fit vaciller. L'espace d'un instant, il se demanda si son esprit n'allait pas s'éteindre sous le choc de toutes ces émotions condensées en trop peu de temps. Un espoir trop vif qui se transformait en plaie béante alors qu'Apollon s'écartait de la porte, envahi par une fatigue et un vide insondable. Il ne restait plus rien d'autre que l'épuisement dans son esprit.
Puis la vision disparut aussi brutalement qu'elle était apparue.
Arès arracha sa main à celle d'Apollon avant même de prendre pleinement conscience de son retour à la réalité. Il chancela, s'écarta de quelques pas en essayant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Faire la différence entre lui, ses propres souvenirs, et ceux qui venaient de l'assaillir. Combien de temps était-il resté pris dedans ? Une fraction de seconde qui lui avait paru durer une éternité ? Il n'avait pas l'impression que les autres avaient beaucoup bougé, mais il n'avait pas prêté assez attention à eux pour se souvenir de ce qu'ils faisaient avant sa vision.
Enfin, la réalisation s'imposa à lui et il écarquilla les yeux. S'il avait vu tout ça au contact d'Apollon, alors…
- Qu'est-ce que tu as vu..?
Combien de souvenirs avaient été piochés dans son propre esprit ? Lesquels ? Combien de choses qu'il aurait préféré garder à jamais dans sa tête ?
#7E0B0F#7E0B0F#7E0B0FⒸ Arès
Artémis
Déesse de la chasse
Date d'arrivée : 16/02/2023
Nombre de récits : 425
Sexe : Pouvoir : Nature sauvage
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #660099
Double-comptes : Mégara - Télémaque
Nombre de récits : 425
Sexe : Pouvoir : Nature sauvage
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #660099
Double-comptes : Mégara - Télémaque
Re: Les Maux d'Argos Ven 13 Sep 2024 - 19:46
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Les Maux d'Argos
J'étais sûre de moi en répondant à la question du miroir. Tout devint alors noir et je me demandais si j'allais rester dans l'obscurité. Ça m'aurait moins dérangé que la lumière éclatante quand nous étions coincés avec Apollon sur l'île avec cette espèce de labyrinthe. Mais finalement, je pus rouvrir les yeux. J'avais encore l'esprit embrumé mais je compris bien vite où je me trouvais. J'étais encore dans les Terres, et quelqu'un venait de disparaitre. En balayant l'assemblée du regard, je me rendis compte qu'il s'agissait d'Achille. Je levais les yeux au ciel en entendant la remarque d'Argos. Il s'attendait à quoi ? Je comptais bien aller jusqu'au bout personnellement. Ce n'était peut-être pas le cas de tout le monde... Mon regard s'accrocha un instant sur Télémaque, le colocataire de mon frère. Il semblait aller mal. Je ne savais pas ce qu'il avait vu mais ça n'avait pas dû être une partie de plaisir.
Je fis partie des premières à reprendre la route, je ne voulais pas m'attarder ici. Mon rêve me perturbait. Mais je n'avais pas de temps à lui accorder, j'y réfléchirai plus tard. Pour l'instant, il fallait reprendre le chemin lumineux. Le silence se fit peu à peu, ma gorge se serra mais je ne savais pas pourquoi. Le vent murmurait des choses mais je tentais de rester concentrée sur ma progression et celle des autres.
Nous arrivâmes alors dans une nouvelle zone. Et Perséphone et Achille étaient là. Leurs expressions semblaient figées sur une douleur intense. Mon regard se porta aussitôt sur Déméter. Elle allait être dévastée en voyant ça. J'étais prête à amorcer à un geste vers elle, pour la rassurer, lui dire que j'étais là. Mais je la vis se précipiter vers le Héros disparu. Athéna n'étant pas loin, je préférais m'occuper de surveiller les autres.
Soudain, je vis Pandore. Elle connaissait tout ça. Elle pourrait peut-être m'apporter des réponses. J'avais vu Arès et Apollon ensemble, je préférais les laisser tranquille. Arès n'aimait pas qu'on le voit dans un moment de faiblesse, je lui épargnerai ma présence pour le moment. Je m'approchais donc de la détentrice de la fameuse boite qui nous faisait souffrir.
"Pandore. Il faut que..."
En posant ma main sur son épaule, ma voix s'étrangla dans ma gorge. J'étais dans une chambre que je ne connaissais pas. Et je me sentais étrangement mal. Je ressentais de la panique. D'avoir perdu quelque chose... Est-ce que... J'étais dans la tête de Pandore ? Je ne contrôlais rien, j'avais l'impression de subir cette vision. C'était à propos de la boite. Je finis par comprendre que quelqu'un l'avait ouverte. Oh bon sang... Ce n'était donc pas la première fois que ça arrivait...
Mais je pouvais peut-être avoir un indice sur comment résoudre le problème d'aujourd'hui ! Mais pourquoi Pandore n'aurait pas tout simplement fait ça pour nous aider ? Non... Il devait y avoir quelque chose qui l'empêchait d'agir comme d'habitude. Je fus transportée dans la salle commune des Ipomea. La main de la mortelle s'approcha à quelqu'un, le toucha. Une intense douleur s'empara de moi. J'essayais de crier, mais ma voix n'émettait aucun son. Mon corps me faisait mal dans son entièreté. Et la personne en face semblait au contraire aller beaucoup mieux. Pourquoi j'avais autant mal ? Pandore finit par se redresser et continua son chemin en sortant du sanctuaire, non sans boiter légèrement.
Dans la cour, elle toucha une nouvelle personne. Et je sentis mon ventre se tordre. J'entendis le sien grogner, de faim probablement. Elle mangea quelque chose, mais la faim était toujours bien présente. Elle mangea, encore et encore, sans aucun effet sur sa faim. Cette dernière finit par passer, et la route reprit.
Elle arriva devant le sanctuaire des Sollerys. Une jeune femme nous regarda avec mépris. Mais Pandore réussit à la toucher. Je ressentis un effet étrange. Je me sentais... puissante. Bien plus puissante que d'habitude. J'avais aussi très envie d'en mettre une à la Rose qui se trouvait face à nous. J'avais l'impression de pouvoir déplacer des montagnes. Pourtant, je ne sus comment, la mortelle réussit à se retenir et se contenta, au bout de quelques temps, à se remettre encore une fois en route.
Nous voilà devant un sanctuaire que je connaissais bien. Le mien. Les Tamarisc. Elle avait peur, je le sentais. Quoi de plus normal quand on voyait ce qui se dressait devant elle. Un colosse dont l'expression ne laissait rien présager de bon. Elle s'élança pour le toucher et s'en éloigner tout aussi rapidement. A ce moment, je ressentis une intense colère. Elle s'insinua dans tous les pores de mon corps. L'envie de frapper quelque chose était forte. J'avais envie de taper. Quelque chose ou même quelqu'un. Peu m'importait, je voulais juste me défouler. Mais je finis par sentir la colère descendre. Doucement. Je pris une grande inspiration. Et je me sentis à nouveau calme. Ou presque. J'avais l'impression de garder un échantillon de chaque mal qui avait été repris. Léger, mais bien présent.
Elle reprit son chemin et tomba sur une jeune femme en train de pleurer, près d'une fontaine. Sa main se posa à nouveau, sur son épaule. Ma gorge se serra. J'avais l'impression que le monde autour de moi avait perdu sa couleur. Un poids s'était ajouté sur mes épaules et je luttais pour ne pas tomber à genoux. Ou peut-être que c'était ce que ressentait Pandore ? Je ne savais plus trop. Le personne en face de nous sembla retrouver un calme olympien. Ses yeux étaient encore rougis mais elle ne pleurait plus. L'Ipomea essuya à son tour ses yeux, respirant bruyamment. Mon cœur s'était serré. Mais je ne savais pas pourquoi. Encore une fois, après un certain temps, que je ne saurai qualifié, mon cœur s'allégea.
Pandore continua sa route et s'arrêta cette fois devant l'infirmerie. Oh non, qu'est-ce qui nous attendait là-bas... Elle entra et je vis un jeune homme penché au-dessus d'une bassine. Il était en train de vomir. Comme Apollon tout à l'heure. Et quand la détentrice de la boite le toucha, je me sentis à mon tour nauséeuse. Mon ventre se tordait, mais différemment de quand j'avais faim. Je me sentais mal, proche de l'évanouissement. C'était affreux. Elle porta une main à son ventre, l'autre à sa tête. Pourquoi ça tapait comme ça ? J'avais l'impression d'avoir quelqu'un à l'intérieur qui me tapait avec un marteau. J'étais essoufflée, mais ma respiration commença à s'apaiser. Pandore sortit et je sentis l'air frais qui venait caresser mon visage. Ça me faisait du bien.
Elle avança, une fois certaine qu'elle n'allait pas tomber. Puis, elle se retrouva face au Sanctuaire de Zeus. Un jeune homme était endormi contre une colonne. C'était... étrange. Comme s'il n'avait pas choisi l'endroit où il allait s'endormir. Comme nous tout à l'heure. Pandore s'approcha et posa une main sur sa tête. Mes paupières devinrent lourdes. Non... Je devais lutter. On n'avait pas fini de tout récupérer. On ne pouvait pas... Elle s'assit sur les marches, se frottant activement les yeux, tentant même de se mettre quelques claques pour se garder éveillée. A côté de nous, le Jaune se réveillait doucement et nous regardait sans comprendre ce qu'on faisait là. Enfin, au bout d'un temps qui me parut affreusement long, la fatigue se dissipa, ne laissant que quelques courbatures.
Il y avait un sanctuaire où nous n'étions pas allées. Les Lobellus. Le Sanctuaire d'Hadès. Celui où j'aurai potentiellement pu me retrouver. Je redoutais ce que nous allions trouver là-bas. Enfin, elle redoutait. Il y avait pire que ce que nous avions déjà traversé ? Elle entra d'un pas assuré, et toucha la première personne qui passa. Je me sentis à nouveau sûre de moi. Mais cette fois, une mauvaise pensée s'insinua en moi. J'avais envie de faire du mal, de manipuler les gens, de les envoyer au mauvais endroit et de juste regarder ce qui allait se passer. Je sentis que Pandore luttait à nouveau. L'envie était très forte, mais elle réussit à résister, encore une fois.
Enfin, elle se dirigea vers les salles de classe et entra dans la première qu'elle trouva ouverte. Quelqu'un était assis et travaillait. Elle s'approcha et, une dernière fois, le toucha. Et je sentis la même chose que je sentais en ce moment dans les Terres Désolées. L'espoir donc. Celui de croire que tout pouvait nous sourire. Qu'on allait réussir tout ce qu'on allait entreprendre. C'était donc pour ça que je me sentais invincible et que je pensais que j'allais trouver des réponses aujourd'hui. C'était donc.. une illusion. Encore une fois.
Pandore retourna dans son sanctuaire, puis dans sa chambre. Elle s'assit à son bureau et je sentais qu'elle réfléchissait à un plan. Et, au fur et à mesure que le temps passait, je vis son plan prendre en forme. Et je compris. La boite n'avait pas toujours eu cette forme. C'était elle qui l'avait rendue complexe. Pour ne pas qu'elle soit à nouveau ouverte aussi facilement. Un casse tête. De quoi dissuader les plus têtus.
Je revins à moi et retirai ma main, de peur de basculer à nouveau dans cette vision. Mon regard se posa sur Pandore. Il était admiratif. Elle avait dû subir tout ça pour récupérer les maux de sa boite. Et aujourd'hui, elle n'avait pas pu. Quelque chose l'en empêchait.
"Wow... J'espère que tu n'auras pas à subir tout ça à nouveau..."
Je regardais les gens autour de nous. Certains étaient bloqués dans des visions, d'autres venaient d'en sortir et s'en remettaient. Je faisais partie de la deuxième catégorie. Bon sang.
Je fis partie des premières à reprendre la route, je ne voulais pas m'attarder ici. Mon rêve me perturbait. Mais je n'avais pas de temps à lui accorder, j'y réfléchirai plus tard. Pour l'instant, il fallait reprendre le chemin lumineux. Le silence se fit peu à peu, ma gorge se serra mais je ne savais pas pourquoi. Le vent murmurait des choses mais je tentais de rester concentrée sur ma progression et celle des autres.
Nous arrivâmes alors dans une nouvelle zone. Et Perséphone et Achille étaient là. Leurs expressions semblaient figées sur une douleur intense. Mon regard se porta aussitôt sur Déméter. Elle allait être dévastée en voyant ça. J'étais prête à amorcer à un geste vers elle, pour la rassurer, lui dire que j'étais là. Mais je la vis se précipiter vers le Héros disparu. Athéna n'étant pas loin, je préférais m'occuper de surveiller les autres.
Soudain, je vis Pandore. Elle connaissait tout ça. Elle pourrait peut-être m'apporter des réponses. J'avais vu Arès et Apollon ensemble, je préférais les laisser tranquille. Arès n'aimait pas qu'on le voit dans un moment de faiblesse, je lui épargnerai ma présence pour le moment. Je m'approchais donc de la détentrice de la fameuse boite qui nous faisait souffrir.
"Pandore. Il faut que..."
En posant ma main sur son épaule, ma voix s'étrangla dans ma gorge. J'étais dans une chambre que je ne connaissais pas. Et je me sentais étrangement mal. Je ressentais de la panique. D'avoir perdu quelque chose... Est-ce que... J'étais dans la tête de Pandore ? Je ne contrôlais rien, j'avais l'impression de subir cette vision. C'était à propos de la boite. Je finis par comprendre que quelqu'un l'avait ouverte. Oh bon sang... Ce n'était donc pas la première fois que ça arrivait...
Mais je pouvais peut-être avoir un indice sur comment résoudre le problème d'aujourd'hui ! Mais pourquoi Pandore n'aurait pas tout simplement fait ça pour nous aider ? Non... Il devait y avoir quelque chose qui l'empêchait d'agir comme d'habitude. Je fus transportée dans la salle commune des Ipomea. La main de la mortelle s'approcha à quelqu'un, le toucha. Une intense douleur s'empara de moi. J'essayais de crier, mais ma voix n'émettait aucun son. Mon corps me faisait mal dans son entièreté. Et la personne en face semblait au contraire aller beaucoup mieux. Pourquoi j'avais autant mal ? Pandore finit par se redresser et continua son chemin en sortant du sanctuaire, non sans boiter légèrement.
Dans la cour, elle toucha une nouvelle personne. Et je sentis mon ventre se tordre. J'entendis le sien grogner, de faim probablement. Elle mangea quelque chose, mais la faim était toujours bien présente. Elle mangea, encore et encore, sans aucun effet sur sa faim. Cette dernière finit par passer, et la route reprit.
Elle arriva devant le sanctuaire des Sollerys. Une jeune femme nous regarda avec mépris. Mais Pandore réussit à la toucher. Je ressentis un effet étrange. Je me sentais... puissante. Bien plus puissante que d'habitude. J'avais aussi très envie d'en mettre une à la Rose qui se trouvait face à nous. J'avais l'impression de pouvoir déplacer des montagnes. Pourtant, je ne sus comment, la mortelle réussit à se retenir et se contenta, au bout de quelques temps, à se remettre encore une fois en route.
Nous voilà devant un sanctuaire que je connaissais bien. Le mien. Les Tamarisc. Elle avait peur, je le sentais. Quoi de plus normal quand on voyait ce qui se dressait devant elle. Un colosse dont l'expression ne laissait rien présager de bon. Elle s'élança pour le toucher et s'en éloigner tout aussi rapidement. A ce moment, je ressentis une intense colère. Elle s'insinua dans tous les pores de mon corps. L'envie de frapper quelque chose était forte. J'avais envie de taper. Quelque chose ou même quelqu'un. Peu m'importait, je voulais juste me défouler. Mais je finis par sentir la colère descendre. Doucement. Je pris une grande inspiration. Et je me sentis à nouveau calme. Ou presque. J'avais l'impression de garder un échantillon de chaque mal qui avait été repris. Léger, mais bien présent.
Elle reprit son chemin et tomba sur une jeune femme en train de pleurer, près d'une fontaine. Sa main se posa à nouveau, sur son épaule. Ma gorge se serra. J'avais l'impression que le monde autour de moi avait perdu sa couleur. Un poids s'était ajouté sur mes épaules et je luttais pour ne pas tomber à genoux. Ou peut-être que c'était ce que ressentait Pandore ? Je ne savais plus trop. Le personne en face de nous sembla retrouver un calme olympien. Ses yeux étaient encore rougis mais elle ne pleurait plus. L'Ipomea essuya à son tour ses yeux, respirant bruyamment. Mon cœur s'était serré. Mais je ne savais pas pourquoi. Encore une fois, après un certain temps, que je ne saurai qualifié, mon cœur s'allégea.
Pandore continua sa route et s'arrêta cette fois devant l'infirmerie. Oh non, qu'est-ce qui nous attendait là-bas... Elle entra et je vis un jeune homme penché au-dessus d'une bassine. Il était en train de vomir. Comme Apollon tout à l'heure. Et quand la détentrice de la boite le toucha, je me sentis à mon tour nauséeuse. Mon ventre se tordait, mais différemment de quand j'avais faim. Je me sentais mal, proche de l'évanouissement. C'était affreux. Elle porta une main à son ventre, l'autre à sa tête. Pourquoi ça tapait comme ça ? J'avais l'impression d'avoir quelqu'un à l'intérieur qui me tapait avec un marteau. J'étais essoufflée, mais ma respiration commença à s'apaiser. Pandore sortit et je sentis l'air frais qui venait caresser mon visage. Ça me faisait du bien.
Elle avança, une fois certaine qu'elle n'allait pas tomber. Puis, elle se retrouva face au Sanctuaire de Zeus. Un jeune homme était endormi contre une colonne. C'était... étrange. Comme s'il n'avait pas choisi l'endroit où il allait s'endormir. Comme nous tout à l'heure. Pandore s'approcha et posa une main sur sa tête. Mes paupières devinrent lourdes. Non... Je devais lutter. On n'avait pas fini de tout récupérer. On ne pouvait pas... Elle s'assit sur les marches, se frottant activement les yeux, tentant même de se mettre quelques claques pour se garder éveillée. A côté de nous, le Jaune se réveillait doucement et nous regardait sans comprendre ce qu'on faisait là. Enfin, au bout d'un temps qui me parut affreusement long, la fatigue se dissipa, ne laissant que quelques courbatures.
Il y avait un sanctuaire où nous n'étions pas allées. Les Lobellus. Le Sanctuaire d'Hadès. Celui où j'aurai potentiellement pu me retrouver. Je redoutais ce que nous allions trouver là-bas. Enfin, elle redoutait. Il y avait pire que ce que nous avions déjà traversé ? Elle entra d'un pas assuré, et toucha la première personne qui passa. Je me sentis à nouveau sûre de moi. Mais cette fois, une mauvaise pensée s'insinua en moi. J'avais envie de faire du mal, de manipuler les gens, de les envoyer au mauvais endroit et de juste regarder ce qui allait se passer. Je sentis que Pandore luttait à nouveau. L'envie était très forte, mais elle réussit à résister, encore une fois.
Enfin, elle se dirigea vers les salles de classe et entra dans la première qu'elle trouva ouverte. Quelqu'un était assis et travaillait. Elle s'approcha et, une dernière fois, le toucha. Et je sentis la même chose que je sentais en ce moment dans les Terres Désolées. L'espoir donc. Celui de croire que tout pouvait nous sourire. Qu'on allait réussir tout ce qu'on allait entreprendre. C'était donc pour ça que je me sentais invincible et que je pensais que j'allais trouver des réponses aujourd'hui. C'était donc.. une illusion. Encore une fois.
Pandore retourna dans son sanctuaire, puis dans sa chambre. Elle s'assit à son bureau et je sentais qu'elle réfléchissait à un plan. Et, au fur et à mesure que le temps passait, je vis son plan prendre en forme. Et je compris. La boite n'avait pas toujours eu cette forme. C'était elle qui l'avait rendue complexe. Pour ne pas qu'elle soit à nouveau ouverte aussi facilement. Un casse tête. De quoi dissuader les plus têtus.
Je revins à moi et retirai ma main, de peur de basculer à nouveau dans cette vision. Mon regard se posa sur Pandore. Il était admiratif. Elle avait dû subir tout ça pour récupérer les maux de sa boite. Et aujourd'hui, elle n'avait pas pu. Quelque chose l'en empêchait.
"Wow... J'espère que tu n'auras pas à subir tout ça à nouveau..."
Je regardais les gens autour de nous. Certains étaient bloqués dans des visions, d'autres venaient d'en sortir et s'en remettaient. Je faisais partie de la deuxième catégorie. Bon sang.
Codage par Libella sur Graphiorum
Apollon
Dieu des arts
Date d'arrivée : 16/02/2023
Nombre de récits : 473
Sexe : Pouvoir : Accord Parfait
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #ff6600
Double-comptes : Néphia
Nombre de récits : 473
Sexe : Pouvoir : Accord Parfait
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #ff6600
Double-comptes : Néphia
Re: Les Maux d'Argos Ven 13 Sep 2024 - 20:06
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Les Maux d'Argos
L’impression de se réveiller d’un sommeil de plomb. Comme si j’avais dormi pendant des jours. Peut-être que c’est le cas, finalement, je n’en sais rien. En tout cas, le retour à la réalité est brusque et violent. Mais cette réalité est bien plus attrayante que ne l’était celle de mon rêve. Nous sommes peut-être dans les terres désolées mais au moins, ici, Artémis et Arès sont toujours en vie. Et ça compte plus que n’importe quelle attaque des ombres.
— Si peu de personnes prêtes à se sacrifier... Quel héroïsme.
J’essai de me relever, alors que la voix d’Argos raisonne à nouveau dans l’air autour de nous, mais la main qui se cramponne à la mienne ne me le permet pas. J’aimerais regarder comment vont les autres, si personne d’autre n’a disparu, mais me préoccuper de l’état de mon petit-ami est bien plus important. Il semble au plus mal. Je ne sais pas de quoi il a rêvé ni quel mal de la boite l’habite, mais je commence à me dire que la maladie n’est pas si grave, finalement.
Je ne résiste pas quand Arès me tire contre lui et le serre dans mes bras. Ses sanglots me fendent le cœur. Argos n’a qu’à bien se tenir. Celui qui fait pleurer mon dieu de la guerre ne s’en sortira pas en un seul morceau. Je tente de chanter une chanson douce, insufflant un soupçon de mon pouvoir, pour l’apaiser mais l’effet ne doit pas être très efficace étant donné que j’ai le plus grand mal à émettre le moindre son. Ma gorge me fait mal, elle me gratte encore plus qu’avant que nous ne nous endormions, et elle semble gonflée. J’espère qu’elle va vite revenir à son état normal, je me sens terriblement diminué sans ma voix. C’est finalement bien pire que de vomir.
Arès a finalement réussi à se calmer, et nous avons repris notre marche derrière les autres. Alors que ma main est serrée dans la sienne, mon regard se balade entre nous tous pour constater la terrible vérité, quelqu’un manque à l’appel. Achille a disparu. Je me sens mal pour lui mais, en même temps, savoir que mes proches vont bien me rempli également de joie. Artémis et Hermès sont forts, ils s’en sortiront, je n’ai aucun doute là-dessus. Mais concernant Télémaque et Pandore, ou encore Acéso, rien n’est moins sûr. Mais je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir à la question. À peine sommes-nous arrivés dans la nouvelle zone, que je sens mon esprit être transporté ailleurs.
Je me retrouve dans un lieu familier, une cuisine que j’ai vu lors d’un autre été comme celui-ci. La cuisine du restaurant de l’île d’attraction. Devant moi, mon propre visage, en train de me crier dessus. Je reconnais la scène et les paroles que j’ai dîtes à Arès, après la disparition de Perséphone et son combat avec Artémis et, même si tout cela semble dingue, je pense que je suis en train de revivre la scène du point de vue d'Arès. Enfin, dingue. Plus rien de l’est vraiment dans cette école.
Figé, je ne peux ni bouger, ni prononcer le moindre mot alors que l’Apollon de la vision me dit mes quatre vérités. Puis je baisse les yeux, incapable de soutenir le regard d’Apollon plus longtemps et, quand je les relève, il a disparu. C’est donc comme ça que ça s’est passé. Ma disparition. Et cette douleur. Je suis assis contre un mur avant de me rendre compte que j’ai bougé. La douleur est si intense que je ne peux pas réfléchir ou dire quoi que ce soit. Et dire qu’Arès a autant souffert de ma disparition. À ce moment-là, je n’avais aucune idée de l’affection qu’il me portait et, à la réflexion, je suis heureux d’avoir disparu avant lui et ma sœur. Heureux de ne pas avoir vécu cette souffrance. C’est quand Artémis entre dans la cuisine et commence à crier sur Arès que l’image se brouille et que je change de scène. Ou plutôt, on dirait que je vois la suite de la scène en avance rapide. Artémis crie puis quitte la pièce et je me retrouve à nouveau seul, comme si personne n’existait autour.
Les mots d’Apollon raisonnent encore et encore dans mon esprit, au point que je sois obligé de m’accroupir, mains serrées sur la tête. La douleur d’Arès est toujours trop forte, trop ardente pour moi. J’ai mal à la tête, au ventre, au cœur. Comment a-t-il pu ressentir une telle souffrance sans en parler à personne ?
Puis la voix d’Aphrodite retentit. Un doux murmure que je ressens comme une lame tranchante. Chacun de ses mots se plante dans mon cœur comme un poignard. Je ne sais pas ce que la voix de la déesse fait ici étant donné qu’elle n’était pas avec nous sur l’île mais l’effet est violent sur la psyché d’Arès. Je commence à me dire que cet « échange » peut être source de bien des soucis qu’il a eu plus tard.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite. La scène se brouille à nouveau et je me retrouve, cette fois-ci, dans une sorte de pièce vide dont les murs sont faits… d’eau ? La bulle d’eau dans laquelle j’ai retrouvé Arès. Mais bien loin d’être simplement en train d’attendre qu'Apollon vienne courageusement le libérer, il est en train de revivre sa vision des sirènes. Ou plutôt, ses visions. Mais combien en a-t-il eu ? Ça n’en fini jamais. Et qu’est-ce que… Il a vraiment vu tout ça ? Lui au lit avec moi, visiblement en couple et heureux, Perséphone en danger et se lamentant de la mort de Dionysos. La guerre contre Deimos et Poséidon. Achille qui attaque Artémis. Et Apollon qui me… poignarde. Encore et encore.
Les mains sur la tête, je hurle de douleur. Comment a—t-il pu voir tout ça sans devenir fou ? Et surtout, comment ce fait-il qu’il ait vécu autant de boucles ? Je l’ai pourtant poignardé dans le dos à plusieurs reprises. Comment a-t-il fait pour ne pas se rendre compte que ce n’était pas réel ?
— Laissez-moi sortir ! Bande de salopes, je vais vous apprendre à jouer avec ma tête !
Arès semble s’être posé les mêmes questions.
La scène se brouille à nouveau. Quand l’image redevient nette, je suis dans l’eau, sous la forme d’une sirène parfaitement baraquée. Oh j’avais oublié à quel point Arès était beau comme ça.
La douleur vient presque immédiatement. Une douleur atroce. La sensation de brûler sous l’eau alors que je me souviens avec horreur de cette scène. Celui qui vient de tirer une flèche incandescente sur Arès n’est nul autre que… moi. J’étais, certes, contrôlé mais ça ne rend pas le moment plus plaisant. Et, si j’ai horreur de me rappeler de cette scène, Arès ne l’a pas mieux vécu. Sa vision tourne à nouveau dans ma tête. Apollon derrière lui, le poignardant entre les omoplates. Savoir qu’il a vécu cela me fait peut-être encore plus mal que la douleur d’Arès en elle-même. Si seulement j’avais su résister à l’envoutement de Meg, il n’aurait pas tant souffert. Tout est de ma faute.
Un nouveau brouillard. Une nouvelle scène. Tout aussi familière. Pourquoi faut-il que toutes les scènes les plus traumatisantes de la vie d’Arès aient eu lieu en ma présence ? Est-ce que finalement, ce serait moi le problème dans toute cette histoire ? Cet évènement, je l’ai vécu avec énormément de douleur moi aussi, mais de l’autre côté de cette porte. Arès se pose vraiment beaucoup de questions. Je le savais mais je ne pensais pas que c’était à ce point. Mon baiser semble lui avoir fait plus de mal et le questionner bien plus que toutes ses visions et le combat contre le requin réunit.
— Arès ? C'est moi. Je peux entrer ? J'aimerai te parler.
— Non. Dégage.
J’ai tout juste le temps de plonger mon visage dans l’oreiller, des millions de questions et de ruminements se mélangeant dans ma tête, avant que la scène ne se brouille à nouveau. Une seule pensée reste présente, plus forte que les autres : « Laisse-moi tranquille. Laisse-moi penser à autre chose. »
La scène suivante n’est pas bien différente. Toujours dans la chambre d’Arès, allongé sur son lit, l’oreiller usé à force d’être trituré dans tous les sens. Les pensées du dieu de la guerre sont d’un chaos fatiguant. Trop de questions sans réponses. Trop de réflexions qui n’ont pas lieu d’être. Mais c’est aussi la première fois que j’entend ses pensées, ses doutes aussi clairement. Parce que le dieu de la guerre n’est pas connu pour ses longs discours.
Embrasse-moi, reste avec moi, ne disparais plus jamais.
Je ne veux pas te voir. Je ne veux pas penser à toi. Reviens quand je n'aurais plus envie de te toucher.
Ce dilemme est tellement vif dans son esprit qu’il en est douloureux. Et sa réaction quand Apollon arrive à sa porte pour lui proposer à manger est sans équivoque. Je ne suis pas le seul qui a souffert pendant le mois qu’à duré notre périple pour réussir à nous mettre en couple. On peut dire ce qu’on veut sur les Tamarisc mais il se passe beaucoup de choses dans leur tête. Beaucoup de choses pas très agréables.
Je reviens à moi comme si je n’étais jamais partie. La main serrée dans celle d’Arès, toute notion du temps totalement anéantie. Le seul point positif est que ma gorge semble avoir un peu dégonflée. Alors que mon crâne commence à être douloureux.
Arès arrache sa main de la mienne sans crier gare et je me tourne alors soudainement vers lui. Au vu de sa réaction, il a dû également voir des choses. Certainement des choses tout aussi douloureuses que celles que j’ai vu. Ce ne serait pas drôle sinon.
— Qu'est-ce que tu as vu... ?
Il semble inquiet. Est-ce qu’il a peur de ce que j’aurai pu voir ? J’imagine que s’il ne m’a jamais parlé de sa vision des sirènes c’est qu’il ne voulait pas que je sois au courant.
— Que tu as couché avec moi un certain nombre de fois avant même que je ne te dise que je t’aime. C’est franchement pas juste. Je n’ai même pas réussi à aller jusque-là dans ma vision.
J’essai de réagir avec humour mais sans lui mentir. Je lui fais donc comprendre que j’ai vu sa vision sous l’océan d’été. Je lui reprends la main, en douceur, même si le désespoir ambiant et ma maladie pèsent sur ma bonne humeur habituelle.
— On en reparlera plus tard, d’accord ? Je te raconterai tout ce que j’ai vu.
Je resserre ma main dans la sienne pour lui rappeler un fait inébranlable. Peu importe ce que j’ai pu voir, ça ne change en rien mes sentiments pour lui. Tout en lui souriant, le plus sincèrement possible étant donné la situation, je regarde quand même un peu partout pour voir en en sont les autres. J’espère que tout le monde va bien.
— Si peu de personnes prêtes à se sacrifier... Quel héroïsme.
J’essai de me relever, alors que la voix d’Argos raisonne à nouveau dans l’air autour de nous, mais la main qui se cramponne à la mienne ne me le permet pas. J’aimerais regarder comment vont les autres, si personne d’autre n’a disparu, mais me préoccuper de l’état de mon petit-ami est bien plus important. Il semble au plus mal. Je ne sais pas de quoi il a rêvé ni quel mal de la boite l’habite, mais je commence à me dire que la maladie n’est pas si grave, finalement.
Je ne résiste pas quand Arès me tire contre lui et le serre dans mes bras. Ses sanglots me fendent le cœur. Argos n’a qu’à bien se tenir. Celui qui fait pleurer mon dieu de la guerre ne s’en sortira pas en un seul morceau. Je tente de chanter une chanson douce, insufflant un soupçon de mon pouvoir, pour l’apaiser mais l’effet ne doit pas être très efficace étant donné que j’ai le plus grand mal à émettre le moindre son. Ma gorge me fait mal, elle me gratte encore plus qu’avant que nous ne nous endormions, et elle semble gonflée. J’espère qu’elle va vite revenir à son état normal, je me sens terriblement diminué sans ma voix. C’est finalement bien pire que de vomir.
Arès a finalement réussi à se calmer, et nous avons repris notre marche derrière les autres. Alors que ma main est serrée dans la sienne, mon regard se balade entre nous tous pour constater la terrible vérité, quelqu’un manque à l’appel. Achille a disparu. Je me sens mal pour lui mais, en même temps, savoir que mes proches vont bien me rempli également de joie. Artémis et Hermès sont forts, ils s’en sortiront, je n’ai aucun doute là-dessus. Mais concernant Télémaque et Pandore, ou encore Acéso, rien n’est moins sûr. Mais je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir à la question. À peine sommes-nous arrivés dans la nouvelle zone, que je sens mon esprit être transporté ailleurs.
Je me retrouve dans un lieu familier, une cuisine que j’ai vu lors d’un autre été comme celui-ci. La cuisine du restaurant de l’île d’attraction. Devant moi, mon propre visage, en train de me crier dessus. Je reconnais la scène et les paroles que j’ai dîtes à Arès, après la disparition de Perséphone et son combat avec Artémis et, même si tout cela semble dingue, je pense que je suis en train de revivre la scène du point de vue d'Arès. Enfin, dingue. Plus rien de l’est vraiment dans cette école.
Figé, je ne peux ni bouger, ni prononcer le moindre mot alors que l’Apollon de la vision me dit mes quatre vérités. Puis je baisse les yeux, incapable de soutenir le regard d’Apollon plus longtemps et, quand je les relève, il a disparu. C’est donc comme ça que ça s’est passé. Ma disparition. Et cette douleur. Je suis assis contre un mur avant de me rendre compte que j’ai bougé. La douleur est si intense que je ne peux pas réfléchir ou dire quoi que ce soit. Et dire qu’Arès a autant souffert de ma disparition. À ce moment-là, je n’avais aucune idée de l’affection qu’il me portait et, à la réflexion, je suis heureux d’avoir disparu avant lui et ma sœur. Heureux de ne pas avoir vécu cette souffrance. C’est quand Artémis entre dans la cuisine et commence à crier sur Arès que l’image se brouille et que je change de scène. Ou plutôt, on dirait que je vois la suite de la scène en avance rapide. Artémis crie puis quitte la pièce et je me retrouve à nouveau seul, comme si personne n’existait autour.
Les mots d’Apollon raisonnent encore et encore dans mon esprit, au point que je sois obligé de m’accroupir, mains serrées sur la tête. La douleur d’Arès est toujours trop forte, trop ardente pour moi. J’ai mal à la tête, au ventre, au cœur. Comment a-t-il pu ressentir une telle souffrance sans en parler à personne ?
Puis la voix d’Aphrodite retentit. Un doux murmure que je ressens comme une lame tranchante. Chacun de ses mots se plante dans mon cœur comme un poignard. Je ne sais pas ce que la voix de la déesse fait ici étant donné qu’elle n’était pas avec nous sur l’île mais l’effet est violent sur la psyché d’Arès. Je commence à me dire que cet « échange » peut être source de bien des soucis qu’il a eu plus tard.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite. La scène se brouille à nouveau et je me retrouve, cette fois-ci, dans une sorte de pièce vide dont les murs sont faits… d’eau ? La bulle d’eau dans laquelle j’ai retrouvé Arès. Mais bien loin d’être simplement en train d’attendre qu'Apollon vienne courageusement le libérer, il est en train de revivre sa vision des sirènes. Ou plutôt, ses visions. Mais combien en a-t-il eu ? Ça n’en fini jamais. Et qu’est-ce que… Il a vraiment vu tout ça ? Lui au lit avec moi, visiblement en couple et heureux, Perséphone en danger et se lamentant de la mort de Dionysos. La guerre contre Deimos et Poséidon. Achille qui attaque Artémis. Et Apollon qui me… poignarde. Encore et encore.
Les mains sur la tête, je hurle de douleur. Comment a—t-il pu voir tout ça sans devenir fou ? Et surtout, comment ce fait-il qu’il ait vécu autant de boucles ? Je l’ai pourtant poignardé dans le dos à plusieurs reprises. Comment a-t-il fait pour ne pas se rendre compte que ce n’était pas réel ?
— Laissez-moi sortir ! Bande de salopes, je vais vous apprendre à jouer avec ma tête !
Arès semble s’être posé les mêmes questions.
La scène se brouille à nouveau. Quand l’image redevient nette, je suis dans l’eau, sous la forme d’une sirène parfaitement baraquée. Oh j’avais oublié à quel point Arès était beau comme ça.
La douleur vient presque immédiatement. Une douleur atroce. La sensation de brûler sous l’eau alors que je me souviens avec horreur de cette scène. Celui qui vient de tirer une flèche incandescente sur Arès n’est nul autre que… moi. J’étais, certes, contrôlé mais ça ne rend pas le moment plus plaisant. Et, si j’ai horreur de me rappeler de cette scène, Arès ne l’a pas mieux vécu. Sa vision tourne à nouveau dans ma tête. Apollon derrière lui, le poignardant entre les omoplates. Savoir qu’il a vécu cela me fait peut-être encore plus mal que la douleur d’Arès en elle-même. Si seulement j’avais su résister à l’envoutement de Meg, il n’aurait pas tant souffert. Tout est de ma faute.
Un nouveau brouillard. Une nouvelle scène. Tout aussi familière. Pourquoi faut-il que toutes les scènes les plus traumatisantes de la vie d’Arès aient eu lieu en ma présence ? Est-ce que finalement, ce serait moi le problème dans toute cette histoire ? Cet évènement, je l’ai vécu avec énormément de douleur moi aussi, mais de l’autre côté de cette porte. Arès se pose vraiment beaucoup de questions. Je le savais mais je ne pensais pas que c’était à ce point. Mon baiser semble lui avoir fait plus de mal et le questionner bien plus que toutes ses visions et le combat contre le requin réunit.
— Arès ? C'est moi. Je peux entrer ? J'aimerai te parler.
— Non. Dégage.
J’ai tout juste le temps de plonger mon visage dans l’oreiller, des millions de questions et de ruminements se mélangeant dans ma tête, avant que la scène ne se brouille à nouveau. Une seule pensée reste présente, plus forte que les autres : « Laisse-moi tranquille. Laisse-moi penser à autre chose. »
La scène suivante n’est pas bien différente. Toujours dans la chambre d’Arès, allongé sur son lit, l’oreiller usé à force d’être trituré dans tous les sens. Les pensées du dieu de la guerre sont d’un chaos fatiguant. Trop de questions sans réponses. Trop de réflexions qui n’ont pas lieu d’être. Mais c’est aussi la première fois que j’entend ses pensées, ses doutes aussi clairement. Parce que le dieu de la guerre n’est pas connu pour ses longs discours.
Embrasse-moi, reste avec moi, ne disparais plus jamais.
Je ne veux pas te voir. Je ne veux pas penser à toi. Reviens quand je n'aurais plus envie de te toucher.
Ce dilemme est tellement vif dans son esprit qu’il en est douloureux. Et sa réaction quand Apollon arrive à sa porte pour lui proposer à manger est sans équivoque. Je ne suis pas le seul qui a souffert pendant le mois qu’à duré notre périple pour réussir à nous mettre en couple. On peut dire ce qu’on veut sur les Tamarisc mais il se passe beaucoup de choses dans leur tête. Beaucoup de choses pas très agréables.
Je reviens à moi comme si je n’étais jamais partie. La main serrée dans celle d’Arès, toute notion du temps totalement anéantie. Le seul point positif est que ma gorge semble avoir un peu dégonflée. Alors que mon crâne commence à être douloureux.
Arès arrache sa main de la mienne sans crier gare et je me tourne alors soudainement vers lui. Au vu de sa réaction, il a dû également voir des choses. Certainement des choses tout aussi douloureuses que celles que j’ai vu. Ce ne serait pas drôle sinon.
— Qu'est-ce que tu as vu... ?
Il semble inquiet. Est-ce qu’il a peur de ce que j’aurai pu voir ? J’imagine que s’il ne m’a jamais parlé de sa vision des sirènes c’est qu’il ne voulait pas que je sois au courant.
— Que tu as couché avec moi un certain nombre de fois avant même que je ne te dise que je t’aime. C’est franchement pas juste. Je n’ai même pas réussi à aller jusque-là dans ma vision.
J’essai de réagir avec humour mais sans lui mentir. Je lui fais donc comprendre que j’ai vu sa vision sous l’océan d’été. Je lui reprends la main, en douceur, même si le désespoir ambiant et ma maladie pèsent sur ma bonne humeur habituelle.
— On en reparlera plus tard, d’accord ? Je te raconterai tout ce que j’ai vu.
Je resserre ma main dans la sienne pour lui rappeler un fait inébranlable. Peu importe ce que j’ai pu voir, ça ne change en rien mes sentiments pour lui. Tout en lui souriant, le plus sincèrement possible étant donné la situation, je regarde quand même un peu partout pour voir en en sont les autres. J’espère que tout le monde va bien.
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- Apollon vous aime bien:
- Vous êtes dans le caca:
Télémaque
Disciple insatiable
Date d'arrivée : 07/09/2023
Nombre de récits : 110
Sexe : Pouvoir : Je te retrouverai
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #00cc00
Double-comptes : Artémis - Mégara - Harmonie
Nombre de récits : 110
Sexe : Pouvoir : Je te retrouverai
Cycle : 2
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Re: Les Maux d'Argos Sam 14 Sep 2024 - 22:37
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Les Maux d'Argos
Tout devint noir. Comme les ombres. Ça y est ? C’était fini ? J’allais enfin pouvoir être libéré de ce poids qui pesait sur mes épaules ? Je soufflai un coup, me laissant tomber à genoux sur le sol. Les ombres allaient venir me récupérer et je serai loin de tous les autres. Je ne poserai plus de problème à personne. Je ne serai plus un poids et je pourrais enfin trouver la paix.
J’ouvris alors mes yeux, que je clignais plusieurs fois, ébloui par la lumière qui y pénétrait. Où est-ce que j’étais ? Je remarquais alors tous les corps autour de moi. Ceux des personnes qui avaient pénétré dans les Terres Désolées comme moi. Je revis le visage de ceux qui étaient dans mon rêve et un frisson me parcourut. Puis, mon regard tomba sur l’endroit où l’un des nôtres était quelques minutes auparavant. Et à sa place, des ombres qui disparaissaient. Certainement avec lui. Pourquoi ? Pourquoi lui et pas moi ? J’avais demandé à me sacrifier ! C’était un Tamarisc qui n’arrêtait pas de dire qu’il voulait s’occuper d’Argos donc lui n’allait pas se proposer. Argos avait eu peur ?
« Non… Non… Ce n’était pas comme ça que ça devait se passer… »
A nouveau, les ombres s’écartèrent pour laisser place à un nouveau chemin. Je vis celles qui dansaient non loin de moi. Les larmes coulèrent lentement sur mes joues. Ce serait si simple de tendre le bras et de m’enfoncer parmi elles… Je me levai alors, absorbé par ce ballet terrifiant, entendant encore les murmures de mon rêve. Lorsque j’arrivai à proximité du mur de ténèbres, je tendis un bras vers lui. Mes doigts caressèrent les ombres qui les entourèrent et commencèrent à remonter vers ma main, puis mon poignet… Je fis un pas en avant, voulant accélérer le processus et me jeter directement dedans. Sauf que ce fut devant Hippolyte que j’arrivai.
« Que… »
Je me retournai et vis un portail disparaitre au même moment. Il n’y avait qu’une personne capable de faire ça. Mon regard chercha Hermès. Et je le vis qui venait dans ma direction. Mes yeux larmoyants s’accrochèrent un instant aux siens, souvent rassurants. Mais une autre vision se plaça dans ma tête. Celle du Hermès dans le miroir. Dur, froid et distant. Et ses paroles revinrent se glisser à mon oreille. « Apollon avait raison, tu ne sers à rien. » J’eus un mouvement de recul, ma tête se baissant automatiquement.
« Vous auriez dû me laisser me sacrifier… Comme ça, je n’aurai pas été un poids pour vous, et peut-être qu’Argos vous aurait laissé tranquille après ce chemin… »
Hippolyte posa une main sur mon épaule pour capter mon attention. Je relevais alors mon regard rougi vers elle.
« Télémaque je ne comprends pas ce que tu dis. Tu n'es pas un poids pour nous, tu ne l'as jamais été. D'où te vient cette idée ? Tu es utile et personne ne veut te voir partir. Et puis réfléchissons deux minutes, Argos ne nous laissera pas tranquille si tu te sacrifies. Alors ne refait plus ça. Ne te jette pas aux ombres. »
Au fur et à mesure qu'elle parlait, son visage arborait une tristesse que je ne lui avais jamais vu. Je savais bien qu’ils réagiraient à mes paroles. Elles étaient dures. Mais c’était ce que je ressentais. Je me tournais à nouveau vers les ombres, l’envie d’y plonger était forte. Partir loin de mes tourments. Mais je vis un portail qui s’ouvrait entre moi et les ombres. Hermès ne me laisserait pas y aller.
Je me mis alors en route comme un automate sans vie. Il fallait suivre le chemin, c’était ainsi. Je ne voulais ralentir personne, je voulais juste en finir avec tout ça. Le silence se fit de plus en plus pesant. Mes larmes coulèrent à nouveau. Je revoyais tous ces visages méprisants tournés vers moi. Ces paroles blessantes qui m’étaient directement destinées. Pourquoi toute cette haine ? Qu’avais-je fait pour mériter ça ? J’étouffais un sanglot, ne voulant pas inquiéter les autres. Ils avaient mieux à faire que de s’inquiéter pour moi.
Un peu en retrait, je ne vis pas tout de suite la nouvelle zone qui nous attendait. Mais j’entendis. Ces voix, à travers le murmure du vent. Elles semblaient remplir la zone. Une féminine, et une masculine. Pleines de souffrance. Je relevai la tête, mains sur les oreilles pour tenter de les faire taire. Et je les vis. Les deux statues des disparus. Mon cœur se serra à nouveau. Ils avaient l’air de souffrir… Pourquoi ? Pourquoi c’était eux et pas moi ? Ils ne méritaient pas ça. Ils avaient un pouvoir pour combattre Argos et sauver tout le monde. Moi… Moi je ne servais à rien depuis le début. Je ne faisais qu’inquiéter les autres avec cette douleur qui se répandait dans tout mon être. Je voulais juste que ça cesse… Je me retournai, prêt à repartir en arrière. Je voulais fuir loin de tout ça. C’était ma faute. Si je m’étais sacrifié, l’un des deux serait encore là, à pouvoir avancer avec les autres. J’étais égoïste. Un mortel égoïste…
Je me sentis à nouveau étrange. J’avais encore traversé un portail.
« Laissez moi partir… »
Mais au lieu de ça, ma douleur s’intensifia. Je n’arrivai pas à retenir le gémissement de douleur qui sembla se répercuter sur le mur d’ombres. Certains se tournèrent vers moi mais je ne voyais pas grand chose. J’avais les yeux embués. Larmes de douleur et de tristesse, je ne savais plus. Des pas précipités non loin de moi me firent relever la tête. C’était Hermès. Je lisais l’inquiétude dans son regard.
« C’est rien… Ça va passer, t’inquiète pas… »
Je sentis ses bras se refermer autour de moi. Alors je m’accrochai à lui, me laissant aller dans ses bras. Mais au lieu de ressentir la chaleur habituelle et réconfortante d’un câlin de mon Voyageur, ce fut comme un froid mordant de la Taverne de l’Hiver qui s’empara de moi. Lorsque je rouvris les yeux, je vis mes pieds. Enfin, non, ce n’était pas mes pieds. Ils étaient un peu mâtes. Je semblais jouer avec le sable. L’eau de mer allait et venait sur mes orteils. C’était agréable. Le soleil commença à se coucher et mes yeux observèrent ce paysage. Mais, alors que le crépuscule descendait, que les couleurs habitaient les vagues, je me sentis différent. Mon cœur se serra. Ma respiration commençait à s'accélérer. Était-ce la mienne ? Je ne reconnaissais pas vraiment tout ça. Enfin… Si. Il me semblait que c’était la Garderie. Mais pourquoi j’étais de retour à la Garderie ? Et pourquoi ma peau était différente ? A moins que… ça ne soit pas moi ? Des tremblements, assez légers. Mais qui devinrent vite très intenses. Un bourdonnement dans ma tête commença. Je ne savais pas si ça venait de ma tête ou des vagues, du vent ... des sons extérieurs qui devenaient insupportables. C'était douloureux et ça se répandait dans mon corps. Je ressentis aussi une forte envie de courir. Une vraie envie de partir. De plonger dans l'eau. De rechercher où est-ce que le soleil se cachait et, plus clairement : d'atteindre la ligne d'horizon et d'aller plus loin encore. Je n’avais jamais ressenti ça. Mais qui ? Je tentais de me reconcentrer. Je me souvins où j’étais avant de basculer dans ce monde. Dans les bras d’Hermès. Alors… C’était son souvenir ? Je n’étais pas certain.
La forte envie de m’enfuir était toujours là. Ça aurait pu être la mienne. Celle que je ressentais avant qu’il ne me serre dans ses bras. Celle qui avait fait que j’avais voulu disparaitre dans les ombres. Partir loin de tout le monde. Mais j’avais disparu dans le creux de la chaleur du Voyageur. Ses bras rassurants qui s’étaient refermés sur moi, et qui, d’habitude, m’apaisaient. Mais après le rêve que j’avais fait, cette vision m’agitait d’autant plus. Et alors que ma jambe bougeait, une main m'arrêta et une voix dit simplement "Il faut qu'on rentre". Elle semblait impossible à reconnaître. J’avais entendu les mots. Mais il y avait comme ce gros bourdonnement dans ma tête, qui s'associait avec le rythme très rapide du palpitant. Et mon regard ne faisait que fixer l'horizon. Je voulais y aller. Je voulais partir. Je voulais partir. Partir…
Le décor changea. Je ressentis une intense douleur. Dans ma tête. Dans mes jambes. J’avançais assez rapidement dans un couloir qui me rappelait la Garderie. J’avais l’impression d’être en train de fuir quelque chose. En fait. J’avançais très rapidement. Mais pas par excitation. J’essayais d'éviter des silhouettes. Je regardais à peine les visages. Et les voix étaient insupportables. Vraiment insupportables. Ou plus que les voix, c’étaient les bourdonnements. J’avais l’impression que ça venait des voix, de l'écho de cet endroit. D’ailleurs, cet endroit me semblait petit. Est-ce qu’il se réduisait à mesure que j’avançais ? Et cette image qui me revenait en boucle. Le crépuscule était merveilleux. Merveilleux. Les étoiles qui apparaissaient. L'envie de les toucher. L'envie de les prendre dans mes bras, comme si chaque étoile était une personne, une entité à faire briller plus fort. Mais là, cette image, cette envie, s'accompagnait de ça. Ce battement de cœur intense, qui résonnait dans ma tête. Ça me faisait mal. Partout. Je finis par trouver une porte et la passer. Pourtant, ce n’était pas comme si je l'avais ouverte. J’avais l’impression de l’avoir presque traversé dans un mouvement que je n'avais pas totalement capté. D'ailleurs, à cet instant, pendant un court instant, je ressentis un sentiment agréable. Du plaisir. Mais très court. Derrière la porte, j’essayais de trouver un coin où me rouler. Nouvelle douleur. Je me mis à tenir ma tête. Je sentais ma tignasse sous mes doigts. Non, les cheveux d’Hermès. Car c’était bien sa vision. Qu’est-ce que je vivais actuellement ? Un souvenir ? Sa plus grande peur ? Je sentais la transpiration. La peur. L'angoisse. La terreur. Je tremblais encore plus. Mais maintenant que les voix n’étaient plus là ... c'était pire. Bien pire. Je croyais que ça venait des voix. Mais non. Ça venait de moi, de lui, ce bruit insupportable. Ce bruit assourdissant. Et pire. On pourrait croire que c'était un murmure parfois, qui n'avait pas vraiment de sens. Des sonorités qui finissaient par s'agglomérer.
Ce sentiment était encore plus présent maintenant que j’étais seul, dans cette salle. J’essayais d'appeler quelqu'un. Je voulais prononcer les prénoms d'Apollon et Télémaque. Mon prénom ? Mais en fait ma voix n'arrivait même pas à sortir, tant l'air avait besoin d'entrer rapidement à cause du rythme de cette respiration totalement brisée. Et ça me faisait encore plus mal. Une douleur insoutenable. Mais je n’arrivais pas à savoir si c’était physique. Car j’avais peur. Parce que j’étais seul. Et ce sentiment de solitude qui pesait sur mon cœur me faisait oublier tout le reste. Parler était la seule chose que je savais faire. Je sentais que j’avais besoin de quelqu'un mais qu'en m'isolant, j’avais tant accentué cette angoisse que je ne pouvais plus bouger. Et je commençais presque à la voir. Une ombre. Je ne savais pas. Si c'était vrai. Si c'était faux. Si c'était concret. Ou si c'était juste un délire. Je me sentais submergé. J’étais comme un gamin en pleine crise. Je vis cette ombre approcher. Par la gauche. Puis la droite. Mon regard était fixé sur cette ombre. J’avais l'impression que c'était une masse. Mais aussi de voir des chaînes qui pendaient à ses mains. J’étais obnubilé par cette ombre. L’impression qu’elle respirait, qu’elle puait. Qu’est-ce qui était vrai ? Qu’est-ce qui ne l’était pas ?
Elle s’était approchée. Elle était à présent entre moi et le mur contre lequel je m’étais réfugié. Je n’arrivais pas à comprendre. Je n’arrivais pas à savoir si c’était son imagination. La mienne. Une vision. Une angoisse. Je ne savais toujours pas si c'était vrai. Si c'était faux. Concret. Ou juste un délire. Mais, là encore. Ça m'angoissait. C'était là. Juste à côté. Si ça voulait toucher mes cheveux, ses cheveux, ça le ferait. Et j’avais même l’impression que ça le faisait. Non, ne le touche pas ! Mais j’étais impuissant. Je vivais cette vision à travers les yeux d’Hermès. Je ne pouvais rien faire. Alors ça explosa. Je rampai en criant. Puis, je me relevai. Tombai. Me relevai encore. Je me rendis à un endroit. Puis, je lançai quelque chose. Le verre se brisa. Et ça me réveilla presque. Pas d'un cauchemar. Mais plutôt. Comme si le bruit violent avait surpassé le bourdonnement. Le murmure. J’entendis une porte. Puis une voix forte qui m'appelait par son prénom "Hermès !". Qui l’appelait ? Et moi, ou plutôt lui, on se tenait le visage en regardant les débris du miroir que j’avais lancé. Qu’il avait lancé. Pendant un instant, je vis la chose noire dans le reflet. Puis mon reflet. Enfin, le visage d’Hermès. Terrorisé et angoissé. En larmes. Ses yeux ambrés redevenant argentés. Et je le sentais se dire qu’il ne voulait pas finir comme ça. Pas enchaîné. Pas enchaîné. Surtout pas enchaîné. Jamais enchaîné. Jamais.
Mes yeux s’ouvrirent et je reconnus la tignasse blanche d’Hermès. J’étais de retour dans ses bras. Un sanglot m’étouffa. J’avais ressenti ses émotions. Ce besoin d’être avec les autres, de ne pas être seul. Cette peur de se retrouver seul. Mais surtout cette volonté de partir loin. Loin de l’académie. Loin… de moi.
Je resserrai encore un peu plus mon étreinte, caressant son dos, mes larmes coulant encore sur mes joues.
« Hermès… Je suis là… Je ne partirai pas. Mais… J’ai besoin de toi… Si tu pars, je viendrai avec toi. »
Je m’éloignai légèrement pour le regarder dans les yeux.
« Qu’est-ce que… tu as vu ? »
Si j’avais vécu tout ça en étant dans ses bras, il avait sûrement vu quelque chose aussi.
J’ouvris alors mes yeux, que je clignais plusieurs fois, ébloui par la lumière qui y pénétrait. Où est-ce que j’étais ? Je remarquais alors tous les corps autour de moi. Ceux des personnes qui avaient pénétré dans les Terres Désolées comme moi. Je revis le visage de ceux qui étaient dans mon rêve et un frisson me parcourut. Puis, mon regard tomba sur l’endroit où l’un des nôtres était quelques minutes auparavant. Et à sa place, des ombres qui disparaissaient. Certainement avec lui. Pourquoi ? Pourquoi lui et pas moi ? J’avais demandé à me sacrifier ! C’était un Tamarisc qui n’arrêtait pas de dire qu’il voulait s’occuper d’Argos donc lui n’allait pas se proposer. Argos avait eu peur ?
« Non… Non… Ce n’était pas comme ça que ça devait se passer… »
A nouveau, les ombres s’écartèrent pour laisser place à un nouveau chemin. Je vis celles qui dansaient non loin de moi. Les larmes coulèrent lentement sur mes joues. Ce serait si simple de tendre le bras et de m’enfoncer parmi elles… Je me levai alors, absorbé par ce ballet terrifiant, entendant encore les murmures de mon rêve. Lorsque j’arrivai à proximité du mur de ténèbres, je tendis un bras vers lui. Mes doigts caressèrent les ombres qui les entourèrent et commencèrent à remonter vers ma main, puis mon poignet… Je fis un pas en avant, voulant accélérer le processus et me jeter directement dedans. Sauf que ce fut devant Hippolyte que j’arrivai.
« Que… »
Je me retournai et vis un portail disparaitre au même moment. Il n’y avait qu’une personne capable de faire ça. Mon regard chercha Hermès. Et je le vis qui venait dans ma direction. Mes yeux larmoyants s’accrochèrent un instant aux siens, souvent rassurants. Mais une autre vision se plaça dans ma tête. Celle du Hermès dans le miroir. Dur, froid et distant. Et ses paroles revinrent se glisser à mon oreille. « Apollon avait raison, tu ne sers à rien. » J’eus un mouvement de recul, ma tête se baissant automatiquement.
« Vous auriez dû me laisser me sacrifier… Comme ça, je n’aurai pas été un poids pour vous, et peut-être qu’Argos vous aurait laissé tranquille après ce chemin… »
Hippolyte posa une main sur mon épaule pour capter mon attention. Je relevais alors mon regard rougi vers elle.
« Télémaque je ne comprends pas ce que tu dis. Tu n'es pas un poids pour nous, tu ne l'as jamais été. D'où te vient cette idée ? Tu es utile et personne ne veut te voir partir. Et puis réfléchissons deux minutes, Argos ne nous laissera pas tranquille si tu te sacrifies. Alors ne refait plus ça. Ne te jette pas aux ombres. »
Au fur et à mesure qu'elle parlait, son visage arborait une tristesse que je ne lui avais jamais vu. Je savais bien qu’ils réagiraient à mes paroles. Elles étaient dures. Mais c’était ce que je ressentais. Je me tournais à nouveau vers les ombres, l’envie d’y plonger était forte. Partir loin de mes tourments. Mais je vis un portail qui s’ouvrait entre moi et les ombres. Hermès ne me laisserait pas y aller.
Je me mis alors en route comme un automate sans vie. Il fallait suivre le chemin, c’était ainsi. Je ne voulais ralentir personne, je voulais juste en finir avec tout ça. Le silence se fit de plus en plus pesant. Mes larmes coulèrent à nouveau. Je revoyais tous ces visages méprisants tournés vers moi. Ces paroles blessantes qui m’étaient directement destinées. Pourquoi toute cette haine ? Qu’avais-je fait pour mériter ça ? J’étouffais un sanglot, ne voulant pas inquiéter les autres. Ils avaient mieux à faire que de s’inquiéter pour moi.
Un peu en retrait, je ne vis pas tout de suite la nouvelle zone qui nous attendait. Mais j’entendis. Ces voix, à travers le murmure du vent. Elles semblaient remplir la zone. Une féminine, et une masculine. Pleines de souffrance. Je relevai la tête, mains sur les oreilles pour tenter de les faire taire. Et je les vis. Les deux statues des disparus. Mon cœur se serra à nouveau. Ils avaient l’air de souffrir… Pourquoi ? Pourquoi c’était eux et pas moi ? Ils ne méritaient pas ça. Ils avaient un pouvoir pour combattre Argos et sauver tout le monde. Moi… Moi je ne servais à rien depuis le début. Je ne faisais qu’inquiéter les autres avec cette douleur qui se répandait dans tout mon être. Je voulais juste que ça cesse… Je me retournai, prêt à repartir en arrière. Je voulais fuir loin de tout ça. C’était ma faute. Si je m’étais sacrifié, l’un des deux serait encore là, à pouvoir avancer avec les autres. J’étais égoïste. Un mortel égoïste…
Je me sentis à nouveau étrange. J’avais encore traversé un portail.
« Laissez moi partir… »
Mais au lieu de ça, ma douleur s’intensifia. Je n’arrivai pas à retenir le gémissement de douleur qui sembla se répercuter sur le mur d’ombres. Certains se tournèrent vers moi mais je ne voyais pas grand chose. J’avais les yeux embués. Larmes de douleur et de tristesse, je ne savais plus. Des pas précipités non loin de moi me firent relever la tête. C’était Hermès. Je lisais l’inquiétude dans son regard.
« C’est rien… Ça va passer, t’inquiète pas… »
Je sentis ses bras se refermer autour de moi. Alors je m’accrochai à lui, me laissant aller dans ses bras. Mais au lieu de ressentir la chaleur habituelle et réconfortante d’un câlin de mon Voyageur, ce fut comme un froid mordant de la Taverne de l’Hiver qui s’empara de moi. Lorsque je rouvris les yeux, je vis mes pieds. Enfin, non, ce n’était pas mes pieds. Ils étaient un peu mâtes. Je semblais jouer avec le sable. L’eau de mer allait et venait sur mes orteils. C’était agréable. Le soleil commença à se coucher et mes yeux observèrent ce paysage. Mais, alors que le crépuscule descendait, que les couleurs habitaient les vagues, je me sentis différent. Mon cœur se serra. Ma respiration commençait à s'accélérer. Était-ce la mienne ? Je ne reconnaissais pas vraiment tout ça. Enfin… Si. Il me semblait que c’était la Garderie. Mais pourquoi j’étais de retour à la Garderie ? Et pourquoi ma peau était différente ? A moins que… ça ne soit pas moi ? Des tremblements, assez légers. Mais qui devinrent vite très intenses. Un bourdonnement dans ma tête commença. Je ne savais pas si ça venait de ma tête ou des vagues, du vent ... des sons extérieurs qui devenaient insupportables. C'était douloureux et ça se répandait dans mon corps. Je ressentis aussi une forte envie de courir. Une vraie envie de partir. De plonger dans l'eau. De rechercher où est-ce que le soleil se cachait et, plus clairement : d'atteindre la ligne d'horizon et d'aller plus loin encore. Je n’avais jamais ressenti ça. Mais qui ? Je tentais de me reconcentrer. Je me souvins où j’étais avant de basculer dans ce monde. Dans les bras d’Hermès. Alors… C’était son souvenir ? Je n’étais pas certain.
La forte envie de m’enfuir était toujours là. Ça aurait pu être la mienne. Celle que je ressentais avant qu’il ne me serre dans ses bras. Celle qui avait fait que j’avais voulu disparaitre dans les ombres. Partir loin de tout le monde. Mais j’avais disparu dans le creux de la chaleur du Voyageur. Ses bras rassurants qui s’étaient refermés sur moi, et qui, d’habitude, m’apaisaient. Mais après le rêve que j’avais fait, cette vision m’agitait d’autant plus. Et alors que ma jambe bougeait, une main m'arrêta et une voix dit simplement "Il faut qu'on rentre". Elle semblait impossible à reconnaître. J’avais entendu les mots. Mais il y avait comme ce gros bourdonnement dans ma tête, qui s'associait avec le rythme très rapide du palpitant. Et mon regard ne faisait que fixer l'horizon. Je voulais y aller. Je voulais partir. Je voulais partir. Partir…
Le décor changea. Je ressentis une intense douleur. Dans ma tête. Dans mes jambes. J’avançais assez rapidement dans un couloir qui me rappelait la Garderie. J’avais l’impression d’être en train de fuir quelque chose. En fait. J’avançais très rapidement. Mais pas par excitation. J’essayais d'éviter des silhouettes. Je regardais à peine les visages. Et les voix étaient insupportables. Vraiment insupportables. Ou plus que les voix, c’étaient les bourdonnements. J’avais l’impression que ça venait des voix, de l'écho de cet endroit. D’ailleurs, cet endroit me semblait petit. Est-ce qu’il se réduisait à mesure que j’avançais ? Et cette image qui me revenait en boucle. Le crépuscule était merveilleux. Merveilleux. Les étoiles qui apparaissaient. L'envie de les toucher. L'envie de les prendre dans mes bras, comme si chaque étoile était une personne, une entité à faire briller plus fort. Mais là, cette image, cette envie, s'accompagnait de ça. Ce battement de cœur intense, qui résonnait dans ma tête. Ça me faisait mal. Partout. Je finis par trouver une porte et la passer. Pourtant, ce n’était pas comme si je l'avais ouverte. J’avais l’impression de l’avoir presque traversé dans un mouvement que je n'avais pas totalement capté. D'ailleurs, à cet instant, pendant un court instant, je ressentis un sentiment agréable. Du plaisir. Mais très court. Derrière la porte, j’essayais de trouver un coin où me rouler. Nouvelle douleur. Je me mis à tenir ma tête. Je sentais ma tignasse sous mes doigts. Non, les cheveux d’Hermès. Car c’était bien sa vision. Qu’est-ce que je vivais actuellement ? Un souvenir ? Sa plus grande peur ? Je sentais la transpiration. La peur. L'angoisse. La terreur. Je tremblais encore plus. Mais maintenant que les voix n’étaient plus là ... c'était pire. Bien pire. Je croyais que ça venait des voix. Mais non. Ça venait de moi, de lui, ce bruit insupportable. Ce bruit assourdissant. Et pire. On pourrait croire que c'était un murmure parfois, qui n'avait pas vraiment de sens. Des sonorités qui finissaient par s'agglomérer.
Ce sentiment était encore plus présent maintenant que j’étais seul, dans cette salle. J’essayais d'appeler quelqu'un. Je voulais prononcer les prénoms d'Apollon et Télémaque. Mon prénom ? Mais en fait ma voix n'arrivait même pas à sortir, tant l'air avait besoin d'entrer rapidement à cause du rythme de cette respiration totalement brisée. Et ça me faisait encore plus mal. Une douleur insoutenable. Mais je n’arrivais pas à savoir si c’était physique. Car j’avais peur. Parce que j’étais seul. Et ce sentiment de solitude qui pesait sur mon cœur me faisait oublier tout le reste. Parler était la seule chose que je savais faire. Je sentais que j’avais besoin de quelqu'un mais qu'en m'isolant, j’avais tant accentué cette angoisse que je ne pouvais plus bouger. Et je commençais presque à la voir. Une ombre. Je ne savais pas. Si c'était vrai. Si c'était faux. Si c'était concret. Ou si c'était juste un délire. Je me sentais submergé. J’étais comme un gamin en pleine crise. Je vis cette ombre approcher. Par la gauche. Puis la droite. Mon regard était fixé sur cette ombre. J’avais l'impression que c'était une masse. Mais aussi de voir des chaînes qui pendaient à ses mains. J’étais obnubilé par cette ombre. L’impression qu’elle respirait, qu’elle puait. Qu’est-ce qui était vrai ? Qu’est-ce qui ne l’était pas ?
Elle s’était approchée. Elle était à présent entre moi et le mur contre lequel je m’étais réfugié. Je n’arrivais pas à comprendre. Je n’arrivais pas à savoir si c’était son imagination. La mienne. Une vision. Une angoisse. Je ne savais toujours pas si c'était vrai. Si c'était faux. Concret. Ou juste un délire. Mais, là encore. Ça m'angoissait. C'était là. Juste à côté. Si ça voulait toucher mes cheveux, ses cheveux, ça le ferait. Et j’avais même l’impression que ça le faisait. Non, ne le touche pas ! Mais j’étais impuissant. Je vivais cette vision à travers les yeux d’Hermès. Je ne pouvais rien faire. Alors ça explosa. Je rampai en criant. Puis, je me relevai. Tombai. Me relevai encore. Je me rendis à un endroit. Puis, je lançai quelque chose. Le verre se brisa. Et ça me réveilla presque. Pas d'un cauchemar. Mais plutôt. Comme si le bruit violent avait surpassé le bourdonnement. Le murmure. J’entendis une porte. Puis une voix forte qui m'appelait par son prénom "Hermès !". Qui l’appelait ? Et moi, ou plutôt lui, on se tenait le visage en regardant les débris du miroir que j’avais lancé. Qu’il avait lancé. Pendant un instant, je vis la chose noire dans le reflet. Puis mon reflet. Enfin, le visage d’Hermès. Terrorisé et angoissé. En larmes. Ses yeux ambrés redevenant argentés. Et je le sentais se dire qu’il ne voulait pas finir comme ça. Pas enchaîné. Pas enchaîné. Surtout pas enchaîné. Jamais enchaîné. Jamais.
Mes yeux s’ouvrirent et je reconnus la tignasse blanche d’Hermès. J’étais de retour dans ses bras. Un sanglot m’étouffa. J’avais ressenti ses émotions. Ce besoin d’être avec les autres, de ne pas être seul. Cette peur de se retrouver seul. Mais surtout cette volonté de partir loin. Loin de l’académie. Loin… de moi.
Je resserrai encore un peu plus mon étreinte, caressant son dos, mes larmes coulant encore sur mes joues.
« Hermès… Je suis là… Je ne partirai pas. Mais… J’ai besoin de toi… Si tu pars, je viendrai avec toi. »
Je m’éloignai légèrement pour le regarder dans les yeux.
« Qu’est-ce que… tu as vu ? »
Si j’avais vécu tout ça en étant dans ses bras, il avait sûrement vu quelque chose aussi.
Codage par Libella sur Graphiorum
Déméter
Déesse de l'agriculture
Date d'arrivée : 29/07/2024
Nombre de récits : 182
Sexe : Pouvoir : Corne d'Abondance.
Cycle : 4e année. Référente Tamarisc.
Couleur(s) de parole : #99cc00
Double-comptes : Déméter / Ariane / Némésis / XXX
Nombre de récits : 182
Sexe : Pouvoir : Corne d'Abondance.
Cycle : 4e année. Référente Tamarisc.
Couleur(s) de parole : #99cc00
Double-comptes : Déméter / Ariane / Némésis / XXX
Re: Les Maux d'Argos Dim 15 Sep 2024 - 10:18
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Les maux d'Argos - Première partie
Evenement 2024
" Calme-toi mon amie, tu n'es absolument pas inutile. Je te le promets... Je n'accepterais jamais que tu sois mise de côté ... ''
Tout est encore noir, oppressant... J'ai refusé de me sacrifier mais j'ai l'impression, le sentiment que cette décision aurait été une meilleure option... Que faire d'une référente inutile qui ne sait que faire pousser des fruits et rendre l'eau potable ? Pourquoi je pense à cela...? Le sanctuaire, l'académie... Non... C'était un cauchemar. Un simple cauchemar... Il semblait si réel... Je sens encore l'odeur de brûlé... La sensation du sol stérile sous mes pieds... Ce n'est que quelques instants après que je vois une lumière aveuglante. Mes yeux s'ouvrent... Je pose mon avant bras devant eux, aveuglée par la lumière ...
Je me sens toute... Chamboulée... Que... Je suis de retour ? Athéna est en face de moi, elle dort... Je me redresse. Sur les bras. Scrutant par réflexe autour de moi... Athéna est là... Hécate, Hyppolite, Arès, Artémis, je suis soulagée... Un soupir de soulagement me gagne au fur et à mesure que je repère les silhouettes et visages de mes cadets. Mon regard se dirige aussi vers les autres pensionnaires, Apollon est avec Arès, j'ai été odieuse avec lui, il découvrait la maladie, un mal terrible chez le humains, et je lui ai mis la pression... Jusqu'où serais-je un tel monstre..? Alors qu'il est si gentil avec ma seconde et mon cadet. Je présenterais surement mes excuses après tout cela, je n'ai pas vu mes têtes solaires depuis un moment, j'étais trop focalisée sur mon devoir de référente, comme d'habitude, je les cherche du regard... Hébé est là, Hébé... J'espère qu'elle n'aura pas trop de séquelles de ce terrible voyage... Je dois aller la voir, m'assurer qu'elle va bien... Mais ils sont avec elle, ça ira... Je vois Hermès, heureuse de voir que ce maudit oiseau chanteur qui aime siffler ses blagues et ses piques est encore là... Momos, mon âme soeur, celui que j'aime, où est-il... Oh, mais il a... Oh, oui, j'avais oublié... Hébé a joué de son pouvoir, sa colère devait être trop compliquée à gérer, il ressemble à un petit chiot, même quand il dort... j'aurais dû les aider... Mais je me refuse de laisser Athéna aussi proie au désespoir... Mais ils sont là ... Je soupire à nouveau de soulagement, un sourire très léger se dessine sur mes lèvres, une larme perle et roule sur ma joue ... Ils vont bien, eux aussi...
Mes yeux parcours le terrain et je vois Pandore, Télémaque, Dionysos, Amphitrite, je ne vois pas Achille... Où est-il ...? Ma tête scrute le moindre recoin, il n'est pas là, où est-il ? Je commence à paniquer... Je me mets à genoux...
" Achille... Où es-..."
Je vois une trace... Non... Non, pitié, pas ça... Une voix résonne à nouveau... Elle transperce mes tempes...
Je me lève, et arrive au niveau de la tâche sombre, les ombres se dissipent. Je tombe à genoux devant la marque.
" N... Non... Achille, pas ça..."
Déjà Perséphone. Et maintenant... Achille ? Je n'ai pas réussi à lui empêcher ça ? N... Non... Je reste un bon moment à côté de la tâche où mon cadet, mon protégé a disparu... Laissant aller quelques larmes, non... Pleurant à chaudes larmes un long instant.
" Achille... Pardon... Mille pardons... Je suis vraiment désolée... "
Il me faut du temps pour me relever. Toute envie et motivation ayant complément disparu, je vois un chemin de dessiner. J'y avance, plus amorphe qu'à l'accoutumée... Je ne pense plus à rien sauf au sacrifice de mon ami... J'ai échoué ...
La chaleur laisse place à un air plus sec, la fatigue étant peu à peu dissipée, mes forces me reviennent... Mais la motivation, l'envie, elles, ont complètement disparues...
Mais je sens que ce n'est pas fini, un vent souffle dans un climat si étrange... Angoissant... Une sensation de malaise très puissant m'envahit... Je reste en arrière. Je les vois tous me doubler. Je ne veux plus me mêler à personne. Le désespoir envahit mes tripes, mon corps... j'entends les voix de Perséphone et d'Achille. Comme le vent qui passe, elles traverse mon esprit... Je me sens de plus en plus mal... Je lève les yeux et... C'est quand tout le monde s'arrête, je vois des visages choqués, je comprends... Ces statues...
" Perséphone... Achille ? "
J'avance, machinalement, courant, me ruant vers les statues. Elles sont dans une position et une expression si ... Déchirantes... Souffrance, douleur, je plaque ma main sur ma bouche quand j'arrive devant mon confrère et tombe à genoux avant... Ressentant une envie de vomir... Je me relève et me rue à sa statue, je ne me retiens plus. Je pleure toute les larmes que mon corps peut lâcher. C'est instinctivement que mon regard et mes mains se dirigent vers mon cadet. Même si voir Perséphone dans cet état me provoque une douleur indéfinissable...
" Je... Je te demande pardon... Je suis désolée ... J'aurais aimé prendre ta place..."
Je lève ma main gauche, posant ainsi cette dernière sur la représentation de son épaule...
C'est au moment que ma main entre en contact avec son épaule froide et figée que je me retrouve comme envoyée dans une... Un... Un souvenir ...? Qui suis-je... Je reconnais ce reflet. Achille ? Achille, je suis Achille ? Mais... Mais... Que se passe-t-il ?
------------------------------------------------------------------
Aumeguia... Oui... Je me souviens que c'était il y a quelques temps... Une ambiguïté naissait entre les deux... Pourquoi mon cœur se serre comme si il allait éclater à un moment ? La jeune femme me parle... Je sens mes forces me quitter... Elle ... Ils étaient donc..? Je vois... C'est ça, une rupture ? J'ai mal... Achille... Toi, l'invulnérable ...
Je regarde devant moi ... Il avance... Je vois une... C'est un enfant ? Il a l'air triste... Mais c'est... Ce n'est pas un véritable enfant, je vois... Est ce que c'est une illusion ? Il ressemble à mon cadet. Ses rêves étaient incarnés dans le corps d'un enfant, il est dévasté, comme Achille... Je lève la tête et voit ma seconde, Athéna. Elle a l'air d'avoir attendu Achille des heures...
Nous échangeons quelques mots, Athéna, dans sa grande bonté, me propose un de mes mets préférés... L'échange est bref. Rien ne saurait me sortir de ma détresse... Non... Ce n'est pas la mienne... C'est celle d'Achille. Et elle est bien plus forte que ce que je pensais être une passe, une amourette entre jeunes désinvoltes... Grands Dieux, Achille... Je suis désolée... Dans ton corps qui me sers de cage à l'heure actuelle, je ne peux qu'être spectatrice des terribles instants que tu as déjà vécu...
Tu avances, laissant Athéna affectée... C'est alors à ce moment là qu'elle est venue me voir. Tu arrives dans ta chambre, ton colocataire est là... Arès. Il n'a pas l'air bien non plus... Je crois situer les moments ... Notre sanctuaire était dans une ambiance délétère... Je me rappelle... Tu n'écoutes pas le monde autour de toi qui s'inquiète de ton état, ta seule préoccupation, c'est t'isoler, rester seul. Tu rentres dans ta tente.
Une fois installé, tu te lâches. Tu commences à pleurer, je le sens, c'est comme si je pleurais moi aussi ... — J'suis invincible... Alors pourquoi j'ai mal..?— Mon cœur se serre ... Je te sens au bord du gouffre... Achille... Une silhouette se matérialise... — Tu n'auras plus besoin de ça...— Cette chimère illusoire parvient à plonger sa main glaciale dans notre cœur et le brise en un instant. Notre souffle s'arrête, il est coupé, la douleur est forte. Très forte... Nous n'avons plus de souffle, j'ai mal... J'ai si mal... Un long moment passe avant que nous ne retrouvions nos esprits...
Je vois une pomme. Je sais à quoi ça sert. Je le sais. Tu n'as pas pu lui donner... Tes rêves ont été brisés avant que tu en aies l'occasion ... — Meg... Achille... Les sanglots qui s'échappent de nos yeux... Je les ressens... J'aurais du être là, je te demande pardon...
Notre estomac se tord... Je plonge dans l'obscurité et la lumière revient rapidement vers un autre lieu..? Non... Tu es toujours dans la tente... Je sens que le temps a passé, quelques jours, la même pomme est là. Tu n'as presque pas bougé... Tu ressens le besoin de sortir de ta tente, je te comprends, Achille, tu as besoin de respirer... Il fait nuit, tu ne respectes pas le couvre feu mais je ne pourrais jamais te blâmer pour cela... La solitude et le calme sont plus efficace quand le soleil est couché... N'est-ce pas..? Le petit garçon, l'illusion de ton bonheur maintenant disparu, semble avoir repris un peu d'entrain... Il insiste, il veut voir... Sa mère ? Tu lui réponds... Comme si une pointe de verre s'enfonçait lentement dans notre cœur à chacune des fois où il prononce le mot " Maman..." Il te lance des phrases de plus en plus blessantes, mais il ne sait pas... Il n'est qu'un enfant, l'innocence de l'enfant et de ces mots doux qui peuvent être aussi tranchant que la lame de l'épée la plus aiguisée... Tu es tellement résigné et détruit que tu lui réponds dans des soupirs et une profonde lassitude. Tu sais qu'il n'est qu'illusion, qu'il n'est que chimère, tu le sais... Mais nous lui parlons...
Tu arrives près d'un lac, tu te rappelles... Je n'arrive pas à voir ce souvenir... C'était un bon souvenir ? Achille, étais-tu heureux..? J'entends la voix de celle qui occupait notre cœur, non, ton cœur... Ce n'est pas elle, c'est comme si une entité avait pris sa forme, une entité maléfique... Mais... Je sens que cette illusion, c'est comme une chose que tu as vécu par le passé, un mal que tu as affronté... Est-ce cela... Achille ? Pendant que tu te défoules avec notre poing, nous entendons Artémis... Elle aussi, dans une humeur massacrante... Je me souviens de cette période... Pourquoi n'ai-je pas été présente pour eux ? Pourquoi je n'ai pensé qu'à faire respecter ce maudit règlement que tout le monde a oublié..? Protéger, c'est aussi aimer, écouter, aider... Pourquoi... Pardon, mes protégés... Mes cadets... Je suis... Tellement désolée...
Vos échanges se font de plus en plus tendus, violents, menaçant... Je me sens déchirée... Entre votre amitié qui se déchire, cette aura machiavélique qui sort des horreurs... Cet enfant onirique qui n'est rien d'autre qu'un enfant et qui assiste à toute ces horreurs... Je sens que tu n'en peux plus, que vous n'en pouvez plus... Vous commencez à combattre... Non... Leur combat est violent... ARRETEZ !! Personne ne m'entends, forcément... Le combat continue jusqu'à ce que vous échangiez quelques mots avant de vous quitter, l'adrénaline retombe... Je sens quelque chose... L'enfant nous appelle, notre pied...? Il saigne ? Achille a été blessé... Je me souviens... Oui... Tu as été blessé... Cette nouvelle t'a dévasté... L'invulnérable... Tu as peur, tu ne comprends pas... J'ai mal au cœur, à notre coeur, non, ton coeur .. Je retourne dans les ténèbres.
Je reviens... Je te vois... Tu luttes à marcher, les arbres te servent de soutien... Tu tombes souvent, tu ne te sens plus exister, tu souffres tellement... Ta blessure au pied gauche est présente, tu es choqué de cette nouvelle, mais ton mal le plus grand... C'est dans ton cœur qu'il est enfouit... Notre monologue avec le diable aux traits féminins revient et te tourmente, encore et encore... Il y a de quoi devenir fou... Tu reviens comme tu peux au sanctuaire, tu vois Hestia, elle est là... Bienveillante, inquiète, elle est là... Je me sens rassurée de savoir qu'elle est là... Je sens que je quitte ton esprit, Hestia fait bien plus pour vous que je ne l'aurais jamais fait... Quelle pitoyable référente... Achille... Je suis désolée... Je quitte ton corps et ton cœur sur ces derniers mots... Dis-moi, Achille... Est-ce que ça fait mal..?... Une voix grave entre dans mon esprit, vibrante terrifiante
------------------------------------------------------------------
Je suis de retour... D'un coup, comme si je me réveillais en sursaut d'un cauchemar... C'en était un... Mais il a existé... Je suis... Dans notre monde, la statue d'Achille... Je suis là, devant... Mes larmes coulent, sans s'arrêter... J'ai mal... Je sens ma gorge prise... Oh... Quelque chose remonte... Je me rue vers un endroit plus reculé... Je sens que mon corps rend quelque chose... Je suis en train de... Vomir ? C'est si... Affreux... Je rends tout ce que mon corps gardait depuis notre départ, ça, et les larmes... Ma respiration est accélérée... Je sens que j'angoisse... Mais beaucoup trop pour que ce soit de la simple crainte... Je suis effrayée... Je suis rongée, désespérée... Entre la culpabilité, la honte, le dégoût de moi-même, la faim, le désespoir... Que faire... Que faire...? Ici, à quatre pattes sur le sol, la pitoyable créature que je suis, vomissant ses tripes alors qu'elle est immortelle... J'ai blâmé Apollon pour ça. Mais c'est si... Désagréable... Je suis navrée Arès, pour ce que j'ai pu paraître aux yeux de celui qui t'es cher... Artémis... Je suis désolée, je n'ai pas vu ton malheur... Athéna... Je suis désolée... J'ai été inutile... Achille... Achille... J'aurais aimé être à ta place... Pour que tu n'aies pas à vivre tout ça... Hébé, Hermès, Momos... J'ai été une vrai... Plaie... Tout le monde...
Je suis désolée...
Je pleure, comme je n'ai jamais pleuré par le passé... Non... Pas ici... Ils ne doivent pas me voir... Non... Ne me regardez pas... Ne me regardez pas !!!
Tout est encore noir, oppressant... J'ai refusé de me sacrifier mais j'ai l'impression, le sentiment que cette décision aurait été une meilleure option... Que faire d'une référente inutile qui ne sait que faire pousser des fruits et rendre l'eau potable ? Pourquoi je pense à cela...? Le sanctuaire, l'académie... Non... C'était un cauchemar. Un simple cauchemar... Il semblait si réel... Je sens encore l'odeur de brûlé... La sensation du sol stérile sous mes pieds... Ce n'est que quelques instants après que je vois une lumière aveuglante. Mes yeux s'ouvrent... Je pose mon avant bras devant eux, aveuglée par la lumière ...
Je me sens toute... Chamboulée... Que... Je suis de retour ? Athéna est en face de moi, elle dort... Je me redresse. Sur les bras. Scrutant par réflexe autour de moi... Athéna est là... Hécate, Hyppolite, Arès, Artémis, je suis soulagée... Un soupir de soulagement me gagne au fur et à mesure que je repère les silhouettes et visages de mes cadets. Mon regard se dirige aussi vers les autres pensionnaires, Apollon est avec Arès, j'ai été odieuse avec lui, il découvrait la maladie, un mal terrible chez le humains, et je lui ai mis la pression... Jusqu'où serais-je un tel monstre..? Alors qu'il est si gentil avec ma seconde et mon cadet. Je présenterais surement mes excuses après tout cela, je n'ai pas vu mes têtes solaires depuis un moment, j'étais trop focalisée sur mon devoir de référente, comme d'habitude, je les cherche du regard... Hébé est là, Hébé... J'espère qu'elle n'aura pas trop de séquelles de ce terrible voyage... Je dois aller la voir, m'assurer qu'elle va bien... Mais ils sont avec elle, ça ira... Je vois Hermès, heureuse de voir que ce maudit oiseau chanteur qui aime siffler ses blagues et ses piques est encore là... Momos, mon âme soeur, celui que j'aime, où est-il... Oh, mais il a... Oh, oui, j'avais oublié... Hébé a joué de son pouvoir, sa colère devait être trop compliquée à gérer, il ressemble à un petit chiot, même quand il dort... j'aurais dû les aider... Mais je me refuse de laisser Athéna aussi proie au désespoir... Mais ils sont là ... Je soupire à nouveau de soulagement, un sourire très léger se dessine sur mes lèvres, une larme perle et roule sur ma joue ... Ils vont bien, eux aussi...
Mes yeux parcours le terrain et je vois Pandore, Télémaque, Dionysos, Amphitrite, je ne vois pas Achille... Où est-il ...? Ma tête scrute le moindre recoin, il n'est pas là, où est-il ? Je commence à paniquer... Je me mets à genoux...
" Achille... Où es-..."
Je vois une trace... Non... Non, pitié, pas ça... Une voix résonne à nouveau... Elle transperce mes tempes...
- Si peu de personnes prêtes à se sacrifier... Quel héroïsme.
Je me lève, et arrive au niveau de la tâche sombre, les ombres se dissipent. Je tombe à genoux devant la marque.
" N... Non... Achille, pas ça..."
Déjà Perséphone. Et maintenant... Achille ? Je n'ai pas réussi à lui empêcher ça ? N... Non... Je reste un bon moment à côté de la tâche où mon cadet, mon protégé a disparu... Laissant aller quelques larmes, non... Pleurant à chaudes larmes un long instant.
" Achille... Pardon... Mille pardons... Je suis vraiment désolée... "
Il me faut du temps pour me relever. Toute envie et motivation ayant complément disparu, je vois un chemin de dessiner. J'y avance, plus amorphe qu'à l'accoutumée... Je ne pense plus à rien sauf au sacrifice de mon ami... J'ai échoué ...
La chaleur laisse place à un air plus sec, la fatigue étant peu à peu dissipée, mes forces me reviennent... Mais la motivation, l'envie, elles, ont complètement disparues...
Mais je sens que ce n'est pas fini, un vent souffle dans un climat si étrange... Angoissant... Une sensation de malaise très puissant m'envahit... Je reste en arrière. Je les vois tous me doubler. Je ne veux plus me mêler à personne. Le désespoir envahit mes tripes, mon corps... j'entends les voix de Perséphone et d'Achille. Comme le vent qui passe, elles traverse mon esprit... Je me sens de plus en plus mal... Je lève les yeux et... C'est quand tout le monde s'arrête, je vois des visages choqués, je comprends... Ces statues...
" Perséphone... Achille ? "
J'avance, machinalement, courant, me ruant vers les statues. Elles sont dans une position et une expression si ... Déchirantes... Souffrance, douleur, je plaque ma main sur ma bouche quand j'arrive devant mon confrère et tombe à genoux avant... Ressentant une envie de vomir... Je me relève et me rue à sa statue, je ne me retiens plus. Je pleure toute les larmes que mon corps peut lâcher. C'est instinctivement que mon regard et mes mains se dirigent vers mon cadet. Même si voir Perséphone dans cet état me provoque une douleur indéfinissable...
" Je... Je te demande pardon... Je suis désolée ... J'aurais aimé prendre ta place..."
Je lève ma main gauche, posant ainsi cette dernière sur la représentation de son épaule...
C'est au moment que ma main entre en contact avec son épaule froide et figée que je me retrouve comme envoyée dans une... Un... Un souvenir ...? Qui suis-je... Je reconnais ce reflet. Achille ? Achille, je suis Achille ? Mais... Mais... Que se passe-t-il ?
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Aumeguia... Oui... Je me souviens que c'était il y a quelques temps... Une ambiguïté naissait entre les deux... Pourquoi mon cœur se serre comme si il allait éclater à un moment ? La jeune femme me parle... Je sens mes forces me quitter... Elle ... Ils étaient donc..? Je vois... C'est ça, une rupture ? J'ai mal... Achille... Toi, l'invulnérable ...
Je regarde devant moi ... Il avance... Je vois une... C'est un enfant ? Il a l'air triste... Mais c'est... Ce n'est pas un véritable enfant, je vois... Est ce que c'est une illusion ? Il ressemble à mon cadet. Ses rêves étaient incarnés dans le corps d'un enfant, il est dévasté, comme Achille... Je lève la tête et voit ma seconde, Athéna. Elle a l'air d'avoir attendu Achille des heures...
Nous échangeons quelques mots, Athéna, dans sa grande bonté, me propose un de mes mets préférés... L'échange est bref. Rien ne saurait me sortir de ma détresse... Non... Ce n'est pas la mienne... C'est celle d'Achille. Et elle est bien plus forte que ce que je pensais être une passe, une amourette entre jeunes désinvoltes... Grands Dieux, Achille... Je suis désolée... Dans ton corps qui me sers de cage à l'heure actuelle, je ne peux qu'être spectatrice des terribles instants que tu as déjà vécu...
Tu avances, laissant Athéna affectée... C'est alors à ce moment là qu'elle est venue me voir. Tu arrives dans ta chambre, ton colocataire est là... Arès. Il n'a pas l'air bien non plus... Je crois situer les moments ... Notre sanctuaire était dans une ambiance délétère... Je me rappelle... Tu n'écoutes pas le monde autour de toi qui s'inquiète de ton état, ta seule préoccupation, c'est t'isoler, rester seul. Tu rentres dans ta tente.
Une fois installé, tu te lâches. Tu commences à pleurer, je le sens, c'est comme si je pleurais moi aussi ... — J'suis invincible... Alors pourquoi j'ai mal..?— Mon cœur se serre ... Je te sens au bord du gouffre... Achille... Une silhouette se matérialise... — Tu n'auras plus besoin de ça...— Cette chimère illusoire parvient à plonger sa main glaciale dans notre cœur et le brise en un instant. Notre souffle s'arrête, il est coupé, la douleur est forte. Très forte... Nous n'avons plus de souffle, j'ai mal... J'ai si mal... Un long moment passe avant que nous ne retrouvions nos esprits...
Je vois une pomme. Je sais à quoi ça sert. Je le sais. Tu n'as pas pu lui donner... Tes rêves ont été brisés avant que tu en aies l'occasion ... — Meg... Achille... Les sanglots qui s'échappent de nos yeux... Je les ressens... J'aurais du être là, je te demande pardon...
Notre estomac se tord... Je plonge dans l'obscurité et la lumière revient rapidement vers un autre lieu..? Non... Tu es toujours dans la tente... Je sens que le temps a passé, quelques jours, la même pomme est là. Tu n'as presque pas bougé... Tu ressens le besoin de sortir de ta tente, je te comprends, Achille, tu as besoin de respirer... Il fait nuit, tu ne respectes pas le couvre feu mais je ne pourrais jamais te blâmer pour cela... La solitude et le calme sont plus efficace quand le soleil est couché... N'est-ce pas..? Le petit garçon, l'illusion de ton bonheur maintenant disparu, semble avoir repris un peu d'entrain... Il insiste, il veut voir... Sa mère ? Tu lui réponds... Comme si une pointe de verre s'enfonçait lentement dans notre cœur à chacune des fois où il prononce le mot " Maman..." Il te lance des phrases de plus en plus blessantes, mais il ne sait pas... Il n'est qu'un enfant, l'innocence de l'enfant et de ces mots doux qui peuvent être aussi tranchant que la lame de l'épée la plus aiguisée... Tu es tellement résigné et détruit que tu lui réponds dans des soupirs et une profonde lassitude. Tu sais qu'il n'est qu'illusion, qu'il n'est que chimère, tu le sais... Mais nous lui parlons...
Tu arrives près d'un lac, tu te rappelles... Je n'arrive pas à voir ce souvenir... C'était un bon souvenir ? Achille, étais-tu heureux..? J'entends la voix de celle qui occupait notre cœur, non, ton cœur... Ce n'est pas elle, c'est comme si une entité avait pris sa forme, une entité maléfique... Mais... Je sens que cette illusion, c'est comme une chose que tu as vécu par le passé, un mal que tu as affronté... Est-ce cela... Achille ? Pendant que tu te défoules avec notre poing, nous entendons Artémis... Elle aussi, dans une humeur massacrante... Je me souviens de cette période... Pourquoi n'ai-je pas été présente pour eux ? Pourquoi je n'ai pensé qu'à faire respecter ce maudit règlement que tout le monde a oublié..? Protéger, c'est aussi aimer, écouter, aider... Pourquoi... Pardon, mes protégés... Mes cadets... Je suis... Tellement désolée...
Vos échanges se font de plus en plus tendus, violents, menaçant... Je me sens déchirée... Entre votre amitié qui se déchire, cette aura machiavélique qui sort des horreurs... Cet enfant onirique qui n'est rien d'autre qu'un enfant et qui assiste à toute ces horreurs... Je sens que tu n'en peux plus, que vous n'en pouvez plus... Vous commencez à combattre... Non... Leur combat est violent... ARRETEZ !! Personne ne m'entends, forcément... Le combat continue jusqu'à ce que vous échangiez quelques mots avant de vous quitter, l'adrénaline retombe... Je sens quelque chose... L'enfant nous appelle, notre pied...? Il saigne ? Achille a été blessé... Je me souviens... Oui... Tu as été blessé... Cette nouvelle t'a dévasté... L'invulnérable... Tu as peur, tu ne comprends pas... J'ai mal au cœur, à notre coeur, non, ton coeur .. Je retourne dans les ténèbres.
Je reviens... Je te vois... Tu luttes à marcher, les arbres te servent de soutien... Tu tombes souvent, tu ne te sens plus exister, tu souffres tellement... Ta blessure au pied gauche est présente, tu es choqué de cette nouvelle, mais ton mal le plus grand... C'est dans ton cœur qu'il est enfouit... Notre monologue avec le diable aux traits féminins revient et te tourmente, encore et encore... Il y a de quoi devenir fou... Tu reviens comme tu peux au sanctuaire, tu vois Hestia, elle est là... Bienveillante, inquiète, elle est là... Je me sens rassurée de savoir qu'elle est là... Je sens que je quitte ton esprit, Hestia fait bien plus pour vous que je ne l'aurais jamais fait... Quelle pitoyable référente... Achille... Je suis désolée... Je quitte ton corps et ton cœur sur ces derniers mots... Dis-moi, Achille... Est-ce que ça fait mal..?... Une voix grave entre dans mon esprit, vibrante terrifiante
Dis-moi, Déméter... Est-ce que ça fait mal..?
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Je suis de retour... D'un coup, comme si je me réveillais en sursaut d'un cauchemar... C'en était un... Mais il a existé... Je suis... Dans notre monde, la statue d'Achille... Je suis là, devant... Mes larmes coulent, sans s'arrêter... J'ai mal... Je sens ma gorge prise... Oh... Quelque chose remonte... Je me rue vers un endroit plus reculé... Je sens que mon corps rend quelque chose... Je suis en train de... Vomir ? C'est si... Affreux... Je rends tout ce que mon corps gardait depuis notre départ, ça, et les larmes... Ma respiration est accélérée... Je sens que j'angoisse... Mais beaucoup trop pour que ce soit de la simple crainte... Je suis effrayée... Je suis rongée, désespérée... Entre la culpabilité, la honte, le dégoût de moi-même, la faim, le désespoir... Que faire... Que faire...? Ici, à quatre pattes sur le sol, la pitoyable créature que je suis, vomissant ses tripes alors qu'elle est immortelle... J'ai blâmé Apollon pour ça. Mais c'est si... Désagréable... Je suis navrée Arès, pour ce que j'ai pu paraître aux yeux de celui qui t'es cher... Artémis... Je suis désolée, je n'ai pas vu ton malheur... Athéna... Je suis désolée... J'ai été inutile... Achille... Achille... J'aurais aimé être à ta place... Pour que tu n'aies pas à vivre tout ça... Hébé, Hermès, Momos... J'ai été une vrai... Plaie... Tout le monde...
Je suis désolée...
Je pleure, comme je n'ai jamais pleuré par le passé... Non... Pas ici... Ils ne doivent pas me voir... Non... Ne me regardez pas... Ne me regardez pas !!!
Caprice/Martel - Dea Kademeia
Hermès
Dieu du voyage
Date d'arrivée : 31/07/2024
Nombre de récits : 72
Sexe : Pouvoir : True Journey
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #B768A2
Double-comptes : ///
Nombre de récits : 72
Sexe : Pouvoir : True Journey
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #B768A2
Double-comptes : ///
Re: Les Maux d'Argos Mar 17 Sep 2024 - 21:01
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Dark Impetus
Les yeux s'ouvrent doucement. La surprise de ne pas être dans le confort de sa chambre – ou de celle d'une autre personne – est absente. Non. Il se souvient bien. Et il se redresse d'ailleurs assez vivement. Il fait partie des premiers. À retrouver cette réalité. Cette conscience. Un instant. Les extrémités de ses doigts viennent se poser sur ses lèvres. C'est là. Ce sera toujours là hein … Sans doute est-ce cela le pire dans son rêve. Croire. Croire réellement que tout ceci était réel. Croire que ce hurlement de joie était réel. Et croire qu'elle n'était plus là. Cette chose qui rampe. Son propre reflet. Sa propre ombre. Ses craintes. Sa peur.
Un soupir traverse cette lèvre. La surprise d'être habitué, de ne plus ressentir ce dégoût. De sentir cette lassitude, cette acceptation … Cette surprise, elle aussi, est absente. Cela fait bien trop longtemps que ce jeu continue avec son esprit. Une fatalité qui s'est implantée dans son esprit. Mais il n'a guère le temps d'y penser – de toute façon, il n'a rien à dire sur ça. Car la douleur est là. Le tremblement est plus fort. Les vagues douloureuses plus rapprochées. Un mouvement. Main qui se pose sur la tête. Non. Réfléchis. Pense. C'est ta seule chance de trouver une quelconque solution … C'est ta seule chance de ne pas devenir fou. De ne pas succomber. Un esprit peut naître en gardant l'esprit actif. Celui de supporter, d'une manière ou d'une autre, la douleur.
Un coup d’œil en direction de la petite silhouette de Momos qui commence à bouger. Non. Ça ne va pas. Cette situation est déjà trop compliquée pour en plus avoir à gérer … ce genre de choses. D'ailleurs. Il a entendu cette phrase. Cette provocation, ce jugement, du détenteur de la Boîte des Maux. Argos s'amuse avec eux. Et si les règles de son jeu sont claires alors quelqu'un doit avoir disparu. Un sacrifice pour les ombres. Alors le Voyage se redresse – difficilement – et observe les personnes qui composent leur groupe. Certains dorment encore. D'autres se réveillent. D'autres, comme lui, viennent à peine de se lever. Il capte des visages. Mais il remarque l'absence. Et les traces d'ombres, là où devait se trouver Achille … La nouvelle victime d'une stratégie qui lui échappe, à l'heure actuelle. Normalement, il aurait sans doute déjà compris. Surtout avec des esprits comme Hippolyte, Athéna, Pandore, Momos, Télémaque ou encore le sien. Mais là … Chaque esprit est échaudé par le fléau qui s'est accroché à son corps ou à son esprit.
Le nombre se réduit. C'est un fait. Les maux s'intensifient. Cela aussi est un fait.
Les épreuves se basent sur des maux. Un troisième fait. L'objectif n'est pas clair. Le pire des quatre fait. L'ignorance. Et cela l'agace. Fortement. Tout en le fascinant. Ce n'est pas si étrange. Pour lui. C'est un jeu d'esprit. Une partie d'échec. Mais avec un joueur – leur groupe – désavantagé. Ils ne voient ni l'échiquier, ni les mouvements de leur adversaire, tandis que celui-ci est capable d'observer et prévoir chaque mouvement.
S'il n'était pas en train de succomber à cette douleur constante … il pourrait être fasciné par cette ruse, jouer avec pour l'améliorer. Et s'il n'avait pas volé un objet qu'il aurait aimé étudier dans son coin, aussi …
Mais qu'importe. Il approche de cet enfant. Il regarde son visage, qui peine à se réveiller. Il pense. À ce rêve. Il se souvient de chaque mots. Chaque voix. Pandore. Hippolyte. Athéna. Momos … Télémaque … Apollon. Les regards de ces peintures. Et sa propre détestation. Il le sait. Cela arrivera un jour. De la façon dont le rêve l'a montré ? Sans doute pas. La fatalité aime surprendre. Un autre paysage. Une autre situation. Il n'y a aucune peinture pour rendre cela symbolique, lointain. Non. Ce sera dur. Cruel. Concret. Réel. Car c'est ainsi qu'est la vérité. Un nouveau regard sur la petite silhouette. Il est son ami. Alors. Non. Il ne lui en voudra pas. Quand il partira. Un mouvement. Pour prendre délicatement l'Enfant Momos entre ses bras. « Eh … » Une discrète grimace. Mais ce que pourrait réellement voir la Raillerie sont ces cernes qui se sont installées et creusent peu à peu son visage. Fatigue qui s'est appliquée au rythme d'un sommeil qui n'a en rien été un repos essentiel au corps.
« Ça va aller P'tite Tête ? » Il commence à marcher, doucement. Le ton est calme. Même quand il reprend la parole. « Il est inutile que tu restes ainsi Momos. Nous allons chercher Hébé. » Le ton est toujours calme. Et il cache cette profonde fatigue. Les épaules sont plus basses que d'habitude. Le Roi des Voleurs ne prend même pas la peine de réajuster sa capuche ou sa veste. Un pas plus lent – pas apathique, mais plus lent. Cela le frustre. Tout est si lent. Trop lent. Même son cerveau, habituellement efficace et rapide, souffre de cette douleur. Cette souffrance … Qui l'empêche d'avancer comme il le souhaite … Physiquement comme intellectuellement. Une frustration, née par le fait que cet alanguissement lui donne l'impression d'avoir une nouvelle chaîne autour du cou.
Grâce à ce pas, il finit par atteindre, avec la Petite Raillerie dans ses bras, près de l'Éternelle Enfant. Une main se pose sur son épaule. Pour l'aider à se réveiller correctement. Un sourire doux. Alors qu'il pose les yeux sur son regard. « Hébé … Comment vas-tu Petite Lady ? » Il la laisse répondre. Puis reprend, après avoir lancé un regard dans la direction de Momos. « Je sais que la Petite Tête a été difficile. Mais … Momos fait partie de ceux qui ne sont pas affaiblis physiquement. Nous avons besoin qu'il soit en pleine possession de ses moyens et … pour ça … Il faudrait qu'il retrouve son état initial. Pourrais tu le faire, s'il te plaît ? » Il en profite pour regarder un peu autour de lui. Prendre conscience des autres personnes. Celles qui sont en difficultés psychologiques. Mais aussi. Celles qui souffrent, d'une façon ou d'une autre … Dont Télémaque, qui fait partie des premiers à être observé.
Une surprise sur le regard. « Hébé … Je te confie Momos. » Il dépose délicatement l'enfant. Puis se redresse. Il avance. Non. Non. Fais pas ça. Juste. Fais pas ça. Non. Non. Il aura pas le temps. Il le sait déjà. Il n'espérait pas. Non. Son calcul est déjà lancé. Il espère ne pas faire d'erreur. Un mouvement. Un portail qui se forme. Qui caresse la peau du jeune homme, avant que les ombres ne viennent les avaler. Cette lumière n'est pas pour vous. Le mouvement est rapide. Pour Télémaque, il est à nouveau près de l'Amazone. Et Hermès approche. « Non … Pas comme ça. Surtout pas … » Sa voix n'est pas énervée. Elle ne porte ni colère. Ni déception. Il le regarde. Juste. Et comprend qu'il évite son regard.
Mais il l'écoute. Il l'écoute avant de regarder Hippolyte. Puis hoche la tête, aux mots de la guerrière. « Elle a raison, P'tite Pomme. »
Un regard vers les ombres. « Nous ne savons pas comment fonctionnent ces ombres … le jeu a ses propres règles. » Nouveau regard. Vers lui. « Oui, c'est un jeu. Sordide. Mais un jeu qui … » Il s'arrête. Secoue la tête. Puis reprend. « Qui a ses règles. Je ne veux pas que tu brises le tabou, Télémaque. Car je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose … » Malgré ce regard qui le fuit, le Divin pose sa main sur son épaule.
« Tu ne dois pas croire que tu es un poids … ou quelqu'un d'inutile … Tu es Télémaque. Un Navigateur. Un être curieux, intelligent … Et j'ai besoin de toi pour réfléchir … Car je sais que tu souffres. Et tu sais que je souffre. Tout comme les autres ont leurs maux. Alors … Hippolyte a raison. Nous devons réfléchir. Et nous réfléchirons ensemble. D'accord … ? »
Et pour cela … Il a besoin d'elle. Un regard. Vers Hippolyte. « Je te le confie … Je reviendrais vers vous après … » Un dernier coup d’œil vers Télémaque. Avant de s'éloigner doucement. Pour rejoindre celle qui s'est fait voler cette Boîte. Son comportement est différent de d'habitude. Et à la première question, elle n'a pas répondu. Donc. Il faut réitérer. Le groupe avance de nouveau, maintenant que toutes et tous sont réveillés. Il avance. Doucement. Et la frustration revient. Car il en vient à se dire qu'il voudrait s'arrêter. Pour reprendre son souffle. Pour reposer ses membres. Non. Non. Connerie ! Foutue connerie !
Finalement, il arrive à son niveau. Comme un air de déjà-vu. « Pandore. » Le ton est plus neutre. Un regard en coin dans sa direction. « Je réitère mes questions … J'ai besoin de réponses. » Aucun commentaire, sur le fait qu'elle n'a pas répondu. Non. Il s'en fiche. Clairement. Il ne veut pas parler. Il veut comprendre. « Qu'est-ce qu'il y a à savoir sur cette boîte, son fonctionnement et … tout ce qui te passe par la tête. Je m'en fous que ce soit cohérent ou non. »
Et si elle ne veut pas répondre … ? Alors il faudra trouver autre chose. Mais il ne serait presque pas surpris qu'elle refuse de répondre – par orgueil, par jeu ou toute autre raison. Dans une situation normale, il l'aurait été. Mais là, il a bien remarqué. Ce détachement. Ce besoin d'alcool. Ce regard. Il reconnaît ça. « Tu ne veux pas défoncer ce petit malin à son propre jeu … ? » Une lueur brille dans ses yeux. Son sourire est inexistant. Mais cette lueur. Elle palpite. Malgré l'affaiblissement chronique dans lequel la douleur constante le plonge. Un Voyageur Rusé. Un mauvais côté connu par ses amis. Moins par d'autres. Quelque chose de sombre qui anime un esprit. Un Tourment qui n'attends qu'une seule chose, s'exprimer.
« Je sais. Je sais. La partie d'échec est truquée … Mais, à l'heure actuelle … Soit tu suis le chemin, soit tu t'enfonces dans les ombres – en suivant les règles ou non. » Ce qui l'agace. Cette illusion de choix. Lui. Dieu des Croisements. Mais son regard est toujours fixé sur elle. « Donc. Quitte à y aller. Je préfère me donner un moyen de tenter de renforcer ma défense … » Et agir. Au bon moment.
Une partie d'échec, oui. Il semble conscient des capacités de cette Boîte. Donc, ce qu'elle sait, il doit en avoir théoriquement connaissance. C'est une stratégie basée sur le pari – car s'il apprend une subtilité dont il n'était pas au courant, il pourrait très bien en profiter. Et Hermès est conscient de cela. Mais. Au moins il peut avoir une visibilité – incomplète – de l'échiquier.
Qu'importe la discussion que cette proposition met en avant, il tente. Il tente. Et échange. Jusqu'à ce que l'environnement change – et qu'il s'éloigne de Pandore avec l'information qu'elle aurait pu lui donner. Un regard. Voir si certains ne se sont pas égarés volontairement. Tout en cherchant l'origine précise de ces voix. De ces sanglots. Le son dansait dans le vent. Mais il semblait impossible de ne pas comprendre d'où venaient ces lamentations. Deux statues. Une de Perséphone. Une d'Achille. Le Printemps et l'Immortel. Figés dans la pierre.
Alors … C'est donc ce qui se produit …
Un craquement. Le bruit attire son regard. Une scène. Cette silhouette. Celle de Télémaque qui avance vers les ombres. Il avance. Cette fois, la lueur palpite brutalement dans son regard. Cette fois, le portail apparaît plus rapidement. Et fait réapparaître le jeune homme là où il était. Il avance. La douleur est violente. Et les gémissements de Télémaque rendent cette douleur plus intense.
« Pas comme ça. Les choses pourraient être plus … terribles. Bien plus. » Il le fixe. L'inquiétude est là. Et s'ajoute à la fatigue, puis à ses tremblements. Mais il continue de le regarder. Dans son regard, une certitude : les règles existent pour une certaine raison. Quitter le jeu sans connaître celles-ci pourrait avoir des conséquences encore plus dramatiques … Ce n'est pas de la confiance en Argos. Non … C'est autre chose. S'il avait été à la place de l'instigateur de cette mascarade, il aurait sans doute pu profiter de quelque chose particulier des ombres. Sans doute une forme d'influence … Les immortels ne peuvent mourir, mais ils peuvent sans doute devenir porteur d'un parasite ou d'une manifestation surnaturelle. Et cette réalité peut causer beaucoup de dégâts. Physiques, mais aussi psychiques.
Alors, le divin ne laisse pas le mortel finir sa phrase. Car il vient le prendre dans ses bras, le garder contre lui. Je comprends, mon ami. Il comprend cette douleur. Il ne peut pas gémir. Ne veut pas crier. Se laisser aller à cette douleur. Certains diraient que c'est son ego divin. Sans doute. Ils auraient raison. En partie. Mais comment réfléchir, si le corps se laisse aller à la douleur ? Comment penser, si le corps n'a plus cette barrière et décide de s'effondrer ?
Comment agir … si le corps vient à ne pouvoir que ramper ?
Il souhaite murmurer quelque chose. Mais il n'a pas cette occasion. Car, au moment où son ami s'accroche à lui, se laisser aller dans ses bras, un phénomène se produit. Un mouvement, qui n'en est pas un. Une distorsion de l'espace qui n'en est pas une. Et pourtant, il n'est plus au même endroit. Il a quitté cet environnement. Celui des plaines des Terres Désolées, pour autre chose …
Il est là. À entendre des rires. La douleur est absente … Ce sentiment … Il voudrait regarder sa main, mais, à cet instant, il ressent cette vérité … Il ne peut pas bouger. Ou plutôt, l'ordre n'atteint pas ce corps, ces sens, cette réalité. Et malgré tout, la première chose qu'il ressent est cette sérénité. Cette joie. Elle lui arrache un sourire … Et pourtant, sans véritablement le faire. Non. Ce sourire … Cette joie … Mais surtout, cette image. Cette voix qui résonne en l'appelant champion, en répétant qu'il est un champion. La sensation … Cette sensation …
***
Quelqu'un qui m'attrape … Qui pose ma tête contre la sienne en une accolade fraternelle, amicale. Je reconnais la garderie. Je reconnais l'une des cours, ce monde qui semble si imposant, si écrasant, quand mon corps n'était encore que celui d'un enfant. Mais j'oublie ce détail – non, je l'ignore. Car j'écoute. Les rires qui m'entourent, qui me sont destinés. Des amis. J'ai des amis. C'est tellement bon, de les ressentir près de soi. De leur faire plaisir. Je tourne la tête. Je sens ce sourire, sur mes lèvres. Je regarde l'objet que l'enfant me montre, qu'il me félicite de l'avoir retrouvé. Champion. Encore une fois, ce mot résonne. Parce qu'il rigole. Parce qu'il aime ce qu'il a vu. Et je comprends, au fil de ce que j'entends. Quand on me passe la main dans les cheveux. Quand on me demande de retrouver quelque chose d'autre. C'est ça. Oui. Je peux le faire. Je suis Télémaque – c'est vrai … Je suis Télémaque … ? Je suis … Télémaque …
Je sais qu'on est jeune, que je pourrais mieux plus tard. Mais là, je peux l'aider. Alors je sens le sourire étirer mes lèvres. J'entends cette voix … Ma voix … Ma voix … Ma voix qui accepte. Qui ne se pose même pas de questions. Non. Je ne me pose aucune question. Et pourtant je sais. Que je devrais le faire. Mais. Je suis Télémaque. Et la seule idée qui finit par occuper mon esprit, sans pour autant me chasser est celle-ci …
Leur faire plaisir est tout ce qui compte.
Leur sourire est agréable. Chaleureux. Et je m'amuse. N'est-ce vraiment pas tout ce qui compte ?
C'est ce que je ressens. Je suis Télémaque ... Mais je suis conscient ... De ne pas être lui. Je suis dans son cœur ... À fouiller un souvenir.
Mais. Je voudrais en même temps dire ce non. Je voudrais lui dire d'arrêter de me prendre pour ça. Juste un jouet. Juste une boussole. De me prendre pour … Me prendre … ? Non … Ce n'est pas moi. Non. Je ne sais pas. Champion ! Le mot résonne à nouveau, alors que je vois la boussole devant mes yeux. Alors … C'est ce que ça fait. Un pouvoir qui n'est pas le mien … Et pourtant qui, à l'heure actuelle … est le mien. Car je sens cette circulation de l'énergie. Sa pensée … Ma pensée … Qui vient chercher ce mysticisme et s'y accrocher. Pour le nourrir et l'animer. C'est ce que je suis … en partie … C'est ce que tu es, en partie … Mais … Non. Non.
Je sais. Ce piège. Je le comprends trop rapidement. Mais je ne peux rien faire. Car je ne suis pas là. Je ne suis que spectateur. Je ne suis que là pour voir ce que je connais, pour l'avoir déjà observé, à mon niveau. Je te regardais, avant, Télémaque. Mais là je crois comprendre … Alors que la brume commence à avaler cette scène et l'environnement de la garderie.
De nouveaux couloirs qui s'extirpent du néant. L'impression que le monde est moins imposant – ou plutôt, que je suis moins insignifiant physiquement. Que je peux habiter un espace plus grand. Des mannequins de coutures qui se dessinent. Des tableaux. J'entends la musique. Qui n'est pas constante. Rien ne l'est. Ce n'est pas qu'une image. C'est plutôt … Ah … Oui …
Je vois juste … les gens, qui vont et viennent. Les journées qui défilent. Dans mes mains, de la peinture, avec laquelle j'immortalise un visage, un sourire, perdu dans un paysage. Dans mes mains et face à mes yeux un instrument de musique et une partition, grâce auxquels je donne naissance à une mélodie qui vient entraîner mon esprit, le faire danser. Dans mes mains, du métal et des gemmes, une combinaison permettant de fabriquer collier qui pourrait habiller un magnifique cou. Entre mes mains, des instruments, des arts. Mais toujours, un vide. Pas une transcendance. Pas une création qui me plaît plus qu'une autre.
Et je me sens … moins heureux. Il y a quelque chose. Un regard qui se pose, mais pas vraiment de gens avec qui parler. J'aimerai arracher à nouveau un sourire à quelqu'un. Mais ils sont moins présents. Ils s'éloignent. Pas tous. Mais la solitude commence à se faire sentir, parfois. Non. Pas la solitude … ou plutôt, une forme plus viciée. Cette impression d'être vu, mais mis de côté. D'être là, mais ignoré. D'être présent, mais sans intérêt.
Et là. En sentant ça. J'ai mal. Cette douleur à la poitrine. Cette confiance qui se brise petit à petit, au fil des journées qui se succèdent. Je les vois avancer. Je les vois construire. Je les vois utiliser leurs compétences mystiques. Mais moi. Je n'avance pas. Ce que je touche n'est pas transcendant. Ce que je touche ne fais rien. Puis … Dans les mains, des accessoires. Devant mes yeux, un tissage, une tapisserie. Et les morceaux brisés brillent d'une nouvelle lumière. J'aime. J'aime ce que c'est. J'aime le geste. J'aime le sentiment de tranquillité. J'aime le mouvement des fils et la géométrie des formes. J'aime me projeter dans un environnement. J'aime me dire que je veux l'immortaliser, pas à travers la peinture. Mais à travers ces fils et ces tissages.
Je touche le fil, la forme. J'aime la sensation.
Peut-être est-ce ça … La transcendance que j'attendais ... Que ce cœur attendait ...
Que tu attendais, Télémaque.
Et pourtant, même avec ça. Les morceaux ne se recollent pas. Ils ne reforment pas cette confiance. Car je tremble, dès que j'ai l'idée de montrer une création. Je voudrais être un artiste. Mais ce sont les autres qui donnent cette dénomination, pas soi. Je voudrais que cela leur plaise. Juste. Qu'ils apprécient. Qu'ils me parlent longuement de ce que j'ai fais. Pour essayer d'en apprendre plus. Car je veux en parler. Je veux leur partager cet amour que je sens, dans chaque morceau de cette confiance brisée, dans chaque recoin de mon âme. Mais j'ai peur … J'ai peur qu'ils trouvent cet amour pathétique. Qu'ils trouvent mon travail misérable. J'ai peur … De leurs regards … De plus en plus … Ils sont grands. Ils sont meilleurs que moi … Ils sont eux. Moi … Je suis juste moi …
J'ai peur … Car il a peur …
J'ai mal … douleur qui se mêle à cette peur, à cette confiance qui s'étiole, au fur et à mesure.
J'ai peur … Je ne veux pas être seul … Je ne veux pas être seul …
La brume remonte. Elle avale le tissage. Les regards. L'intimidation. L'environnement. Jusqu'à ma propre conscience. Et cette peur s'efface … ou plutôt se cache. Là. Quelque part. Dans un angle tortueux de l'esprit. Je suis là. La boussole mystique aussi. Une autre personne. Je crois … Je crois qu'il s'agit de celui qui m'appelais champion, avant. Mais je ne suis pas certain. J'ai grandi, lui aussi. Et là, il semble juste attendre une chose. Que la boussole désigne le chemin de ce qu'il cherche. Un service à rendre. Une impression de confort. Pas le confort chaleureux. Mais plus ce confort d'une situation connue. D'une situation facile. D'une situation à laquelle je me suis habituée et que j'ai acceptée.
Je viens vers eux. Ils viennent vers moi. Une sociabilité construite sur une seule vérité, à mes yeux … les gens ont besoin de moi. Alors je le fais. Simplement. C'est tout ce qu'il y a à faire … Leur plaisir est tout ce qui compte … n'est-ce pas … ?
Il me remercie en m'appelant simple T. et en s'éloignant. Et à la voix, je le reconnais, oui. Il a changé. Il a juste besoin de moi … Mais … C'est pas grave, non ? Il me bouscule. Comme si cela n'avait pas d'importance. Je sens ma main sur mon épaule. Il ne m'a pas fait mal. Mais simplement … Ce geste … Cette sensation … Je ne sais plus à qui elle fait moi … Est-ce à moi ou à ce … moi qui n'est pas moi … ? Les vérités se brouillent. J'ai mal … De voir ça. De sentir ça. De sentir cette résignation peut-être inconsciente. D'une situation qui ne devrait pas exister. Mais je ne peux qu'observer. Que tomber dans ce nouveau piège …
Et je suis faible. Ou plutôt. Je me dis que je suis faible. J'entends les autres prononcer ces mots. Je me plonge dans cette vérité de la mortalité plus faible que la divinité. Je voudrais être plus fort, pourtant. Plus fort pour protéger ceux qui me sont proches. Ceux qui arrivent à tenir mon cœur morcelé. Mais ça fait rire. C'est risible. Car je ne suis pas assez grand. Pas assez musclé. Pas un dieu. Il y a toujours une raison … Toujours une raison de ne pas être assez fort. Et je crois … que les émotions sont d'accord avec ça. Ces émotions que je ressens … Mais il y a cette main. Cette chaleur. Ce sourire. Celui d'une Muse. D'un accès au ciel. D'un accès aux étoiles. Je me sens bien avec elle. Je me sens en confiance, avec elle. Tellement qu'elle sait. Qu'elle a vu. Qu'elle a été, littéralement … ma muse. Ma muse. La mienne …
La tienne … Télémaque … Ta muse …
Et je le ressens … Cette chose. Ce sentiment. Ce bonheur. De pouvoir l'immortaliser. De pouvoir l'appeler amie. Une main tendue. Cette main … à laquelle s'accrocher. Des bras dans lesquels se perdre. Mais ça n'efface rien. Car les mots sont là … Ils résonnent.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
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Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Et alors que la brume nous avale. Encore … Je sens ces morceaux de confiance se fissurer, encore, à l'écho de ces mots, qui résonnent. Qui se répètent, chaque journée. Des petites insultes. Des avis. Des pensées dites à voix haute … Non … Comment un mortel peut-il protéger une divinité … ? Comment un mortel peut-il devenir plus utile qu'une déité … ?
Ils lui répètent ça.
Et je l'entends. Au plus profond de ce cœur ... Comme s'il était le mien ...
N’oublions pas que Télémaque est un petit mortel fragile. Mais vous, vous êtes des Ipomea ; vous méritez ma compagnie.
Je reconnais la voix d'Apollon. Luciole. Des mots habituels. Mais qui se répètent dans cet esprit, dans ces émotions. Qui se notent dans chaque fragment de verre brisé. Pour éteindre leurs fissures. Dans ce cœur. De l'inquiétude qui se mêle à cette vérité, répétée. Encore. Toujours. Je suis sur ce lit. Je regarde Pandore et Apollon. Ils s'amusaient. Ils jouaient. Et cette phrase. Une habituelle phrase, oui. Et pourtant. Elle lui a fait mal. Elle me fait mal, car je suis Télémaque. Je suis ses émotions. Dans ce voyage … Dans ce piège … Les mots se répètent. Petit mortel fragile … Petit mortel fragile.
La vérité est dure à entendre. Mais quand cette vérité est faussée par un esprit à qui vous avez dit, chaque jour qu'il existe une différence entre une divinité et un mortel … Et que même certains mortels valent bien plus que d'autres. Nouvelle douleur. Nouvelle idée. D'être de côté. La solitude qui rampe. S'associe à elle. Je l'entends … Non. Même dans ce voyage … Elle est là …
Pas présente. Dans ce souvenir. Pas dans ce cœur que je regarde, comme s'il était un livre qu'Argos me forçait à lire.
Mais dans cet esprit. Mon esprit. Je la sens. Là. Je l'entends. Ramper.
« Télémaque. »
Je me surprend à m'entendre … Moi … ? Ce vrai moi. Qui commence à sentir cette solitude entrer en résonance avec la sienne. Cette obscurité qui vient attraper mon cœur. Tristesse. Abandon. Insécurité … Détestation. Je l'avais compris. J'ai toujours tenté d'entretenir cette lumière qui est dans son cœur. Si je pouvais dévorer ses ombres, je le ferai. Si je pouvais absorber ses craintes, je le ferai. Mais là. J'entends ma voix. Et je me connais. Et je connais ce piège … Et je sens. Mon esprit tremble. Il tremble. En partie parce qu'il est épuisé. Ou plutôt parce que je ressens cet épuisement mental. Le tien – devenu le mien, dans ce voyage … L'épuisement, le désespoir, nés de mots. Ceux d'Uranie. Ceux d'Apollon. Alors. Je n'ai pas besoin d'être un génie … Pour comprendre. Car je reconnais ce timbre de voix. Je reconnais les petits détails, que je suis le seul à voir. À ressentir.
Je me vois. Ce corps. C'est à ça que je ressemble.
Et je lui demande. Les mots sortent. Je cherche un truc et j'ai besoin de toi.
Non … Je ne ferai jamais … Je ne ferai jamais ça … Télémaque. Ne l'écoute pas ! Ce miroir … C'est … C'est un rêve. C'est juste un cauchemar. Je ne pourrai pas …
Je l'entends encore. Je m'entends encore. Expliquer. La Boîte de Pandore. Oui. Je la veux. Je veux la comprendre. Mais non … Je ne ferai jamais ça. Je voudrais le prendre dans mes bras … Mon ami …
Le désespoir de Télémaque … Il ne mérite pas ça. Il ne mérite pas d'être de côté. Il ne mérite pas d'être vu comme un jouet et jeté quand son utilité s'avère inexistante ou ennuyante. Il n'est pas qu'un amalgame de rouages, obéissant aux lois du magnétisme. Il est autre chose. Plus que ça …
Apollon avait raison … J'entends ces mots. Je le regarde. Je me regarde. Ce reflet dans ce miroir. J'ai mal. Je pourrai presque sentir mon cœur être arraché. Que chaque morceaux brisés de cette confiance soient arrachés et offert à ce qui existait avant même les Primordiaux. Je vois mes lèvres bouger. Je vois cette lueur. Dans mes yeux. Je sais … Non. Non … Non … Je me connais … Je le connais. Ce visage … Cette intonation … Si j'avais un quelconque corps, je pourrais sentir mes lèvres bouger. Car j'imagine. Non. Je devine. Ce que voit le reflet. Tous ces fils. Des informations. Sur lesquels tirer.
Tu ne sers à rien.
Et les larmes s'écoulent. L'espace est en mouvement. Je sens qu'il court. Je sens que je cours. J'ai mal. Car il souffre. Que je ressens cette souffrance. Mais je l'entends. Ce petit rire. Cet enfant qui m'est apparu en rêve. Cette respiration gutturale. Ce murmure.
Ça … tu pourrais le faire … Hermès … Tu le sais. Que tu frappes juste. Tourment Rusé. Tu frappes là où les choses sont douloureuses. Tu peux attraper un cœur. Tu peux le récupérer … Doucement. Presque tendrement. Tu peux embrasser. Pour mieux fermer ta poigne sur ce palpitant. Si tu veux faire mal. Tu sais le faire. Combien de temps ... avant que ça n'arrive avec lui ? Avec les autres ?
Alors … Dans cette combinaison de visions … D'émotions … Je me perds. Je ne sais même plus … Je voudrais lui dire … Que je ne lui dirai jamais cela. Mais je voudrais attraper ce reflet. Chacun de ces miroirs. Les briser. Et bouffer chaque éclat. Morceau par morceau. Chaque éclat d'ombre. Car il ne mérite pas d'entendre ça. C'est mon ami … Et mon image l'a fait souffrir … Ma voix l'a fait souffrir … Mes mots l'ont fait souffrir. Par les rêves, oui. Et pourtant … Cela me touche. Car c'est ce que je suis …
J'entends les mots de Pandore … sans vraiment les comprendre. Mais l'intensité devient plus grande. Je suis emporté, par chacune des émotions du mortel. Les mots sont durs. La réalité est violente … Oui, mais moi, j'ai du pouvoir. Un nouveau couperet qui tombe. Une nouvelle cassure. Un nouveau sentiment d'insécurité, d'inutilité. La solitude. Qui attrape l'âme. L'esprit. Qui dévore chaque chose. Je ne veux pas … Il ne devrait pas penser cela … Les couloirs défilent. La porte s'ouvre. Le miroir … Encore … Puis la question. Et enfin, cette réponse … Unique. Violent. Désespérée … Alors que les brumes se ferment sur moi … Que j'entends cette supplique. Cette prière …
Oui, mais pitié, faites que tout ça s'arrête ...
***
Le réveil est brutal … Bien plus qu'il ne devrait l'être. Il ne dit rien. Le Divin reconnaît cette tignasse, ces couleurs. Il reconnaît ce parfum … Il reconnaît … tant de choses. Mais il ne dit rien. Il sent cette caresse dans son dos. Et lui. Lui. Resserre un peu plus sa prise. Il ne veut pas le quitter. Il ne veut pas le laisser dans les ombres. Mais … il a si mal … Si mal … Pourquoi doit-il souffrir ainsi ? Pourquoi doit-il être celui qui est rejeté, abandonné. Mis de côté. Ses yeux se ferment. La voix de Télémaque est la première à résonner. Ces mots …
Ah … Alors tu as vu quelque chose … Toi aussi.
Une promesse. De partir avec lui, s'il part. Une main alors, qui attrape la sienne tandis qu'ils s'éloignent légèrement. Le tremblement est là. Visuellement … il ne semble pas pleurer. Pourtant, il est là. À le fixer. Pas parce qu'il parle. Mais parce qu'il sait. Qu'il a mal. Il garde cette main. Dans la sienne. Il la serre légèrement. Pour qu'il sache. Qu'il est réel. Qu'il est là. Le Navigateur sentira ce tremblement. Celui d'un corps qui est au bout, par cette douleur qui est revenue.
« Je suis là … moi aussi. Regarde moi … » Il le fixe. Plonge ses yeux dans les siens. « J'ai vu … ce que j'avais déjà pu voir. Et autres choses. Mais, Télémaque. N'oublie pas que … tu mérites de briller. Tu ne sers pas à rien. Crois-moi … Tu mérites d'être heureux. » Plus que ce que je suis … Car je ne mérite pas un ami comme toi. Puis. Ses yeux se baissent. Avant que les paupières ne se ferment. « Mais … Nous en parlerons plus tard … D'accord ? Ne t'inquiète pas … Je serai là. Même si nous sommes à l'extérieur des murs. Là. Aujourd'hui. Même si je venais à avoir la possibilité de partir. Je ferai le chemin du retour … » Et cela ne l'effraie pas. Non. Pas là. Car il doit être là pour lui. Pas parce qu'il est faible, non. Mais simplement parce que tout le monde a besoin de quelqu'un.
Il passe un instant sa main sur sa bouche. « Désolé … Je dois … » Il se redresse. S'éloigne un peu. Sans lancer un regard à d'autres. Il s'éloigne un peu des murmures, des mots. Ses mains tremblent. Ses jambes aussi. Son crâne. Son corps. Cette douleur, qui s'impose. Sa main vient se poser sur sa bouche. Il n'y arrive plus. Croyant être assez isolé, ce qui n'est finalement pas le cas dans ce paysage des ombres … il commence à vomir. Le corps qui ne supporte plus. Les céphalées. Les douleurs de la peau. L'épuisement chronique. La souillure tombe sur le sol. Une fois. Puis une deuxième. Avant qu'il ne passe sa manche sur ses lèvres, réprimant une toux de gêne.
Alors il se laisse tomber. Installé. Regardant les ombres. Il essuie ses lèvres, encore. Avant poser sa capuche sur sa tête. Discrètement, il remonte ses mains contre sa tête. Ses genoux vers lui. Il tremble. Alors qu'une première larme roule contre sa joue, légèrement dissimulée par le tissu. Combien de fois a-t-il pleuré, même silencieusement comme maintenant ... ? Combien de fois ... ? Si rare. Même lors de ses crises, il est plus dans la crise de l'angoisse, qui lui serre la poitrine. Là ... Il ne contrôle plus rien. Plus rien. Alors. Il baisse le visage. Espérant que la capuche suffira. Espérant qu'il est assez isolé.
Cette tristesse. Cette douleur.
Cette colère. Aussi. Obscurité qui dévore son cœur.
« Information and Knowledge.
Two currencies that have never gone out of style. »
Two currencies that have never gone out of style. »
Signature © Perséphone
Hébé
Déesse de la jeunesse
Date d'arrivée : 04/08/2024
Nombre de récits : 45
Sexe : Pouvoir : Retour en enfance
Cycle : 1
Double-comptes : Cassandre
Nombre de récits : 45
Sexe : Pouvoir : Retour en enfance
Cycle : 1
Double-comptes : Cassandre
Re: Les Maux d'Argos Mer 18 Sep 2024 - 19:39
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Les maux d’Argos
La jeune déesse ouvrit les yeux presqu’à l’instant où Hermès posait la main sur elle. Elle sentait de nouveau l’énergie de sa jeunesse affluer dans ses veines, s’il n’y avait cette faim dévorante qui lui tordait l’estomac on aurait presque pu dire qu’elle était en pleine forme. Et puis… on était limite sur le meilleur réveil de toute sa vie, si on occultait tout le reste autour évidemment… Quand ils auraient éclater la face d’Argos, il faudrait qu’elle lui glisse un remerciement à ce sujet… Son héros était penché au dessus d’elle, une main posée sur son épaule et il lui souriait. Il se souciait même de comment elle allait… L’espace d’un instant, Hébé craignit d’être toujours en train de rêver… Elle se pinça vigoureusement le bras puis, semblant trouver l’expérience concluante, adressa à son idole son sourire le plus éclatant.
« Ça va ! J’pourrais manger un éléphant, j’crois… mais sinon ça va ! On va lui faire bouffer ses dents à cet abruti ! »
« Je sais que la Petite Tête a été difficile. Mais … Momos fait partie de ceux qui ne sont pas affaiblis physiquement. Nous avons besoin qu'il soit en pleine possession de ses moyens et … pour ça … Il faudrait qu'il retrouve son état initial. Pourrais tu le faire, s'il te plaît ? »
« Oh oui, bien sûr ! Pas de problème ! C’est vrai qu’on va avoir besoin de lui pour lui faire mordre la poussière à l’autre ! » répondit-elle d’un ton dégagé comme si elle n’était absolument pas responsable de son état actuel.
« Hébé … Je te confie Momos. »
Elle hocha la tête en souriant et s’assit en tailleur devant Momos.
« Je vais te rendre ton âge P’tite tête, ça va pas être long t’en fais pas. Je suis désolée de t’avoir fait de la peine. Mais il faut que tu arrêtes de me traiter comme un bébé par contre…»
Son estomac se mit à grogner, elle grimaça en se serrant le ventre. Bon, autant couper court aux explications… en plus il était tout petit… et trop choupi… Elle ne voulait pas l’attrister à nouveau. Elle se ferma les yeux pour se concentrer, faire grandir la petite pousse… doucement…
Quand elle rouvrit les yeux, Momos avait repris sa taille initiale. Elle se releva et l’observa de haut en bas…
« Ça m’a l’air d’être bon… j’pense que j’ai rien oublié… hein mais ? Il se passe quoi ? L’air est empoisonné ou quoi ? »
Certains semblaient bizarres… blêmes, couverts de sueur… Elle avait du mal à donner un sens à leur paroles ouvertement angoissées… Demeter rendait ses tripes et Hermès venait de s’éloigner d’un pas titubant pour faire de même… Elle tournait la tête de l’un à l’autre, se mordant la lèvre, hésitante… Mais lorsqu’Hermès se laissa tomber sur le sol en tremblant, elle se précipita à ses côtés sans même réfléchir.
« Hermès ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » questionna la déesse d’une voix soucieuse en posant sa main sur son bras.
Autour d’elle, le monde se mit à tourner… Ou bien était-ce la faim qui lui donnait des vertiges ? Elle ferma les yeux un instant, attendant que la sensation se calme…
La jeune déesse ouvre les paupières… Elle voit ses pieds… De petits pieds d’enfant… son pouvoir lui aurait encore échappé ? Non, ils sont trop mats… Ils parlaient tous de voir des trucs… des idées ? Ou des souvenirs ? C’est parce qu’elle a touché Hermès ? Elle est dans sa mémoire ? C’est vraiment trop bizarre d’être directement dans sa tête… enfin dans son corps… les deux apparemment… Elle sent l’eau qui lui caresse les orteils et le sable humide sous pieds. Le jour commence à baisser, elle se sent relever la tête pour contempler l’horizon. Le soleil couchant pare l’océan de rose et d’orangé, c’est magnifique… et pourtant… son coeur se serre… L’horizon… Sa respiration s’accélère… Elle tremble… de plus en fort… Cette ligne inaccessible… Ses tempes se mettent à bourdonner, comme si les bruits extérieurs se répercutaient mille fois contre les parois de son crâne et s’amplifiaient à chaque rebond… Etait-ce juste son esprit ? Les vagues ? Le vent ? Elle sentait la douleur intense d’Hermès autant que sa confusion… et cette envie, ce besoin plutôt, profond, dévorant, de courir, de plonger… de répondre à l’appel de l’horizon et de le dépasser, d’aller plus loin, toujours plus loin !
Il va pour s’élancer mais une main se pose sur son épaule et le retient. « Il faut qu’on rentre » annonce une voix qu’elle ne parvient pas à identifier. Les mots parviennent à son esprit mais le bourdonnement enfle, comme un soufflé prêt à éclater, et rentre en résonance avec les battements furieux de son coeur. Ses prunelles ne lâchent pas l’horizon. Il veut y aller, elle veut y aller. Il veut partir, il DOIT partir ! Hébé est prise d’une furieuse envie de crier, de hurler, la sienne cette fois. Laissez le partir ! Il en a besoin ! Vous ne comprenez pas ? Ce besoin de bouger, de découvrir, d’explorer, de s’échapper de ce monde minuscule… elle le connaît déjà… pour elle aussi c’était devenu une nécessité mais… cette urgence… cette douleur… c’est des centaines, des millions de fois plus puissant chez Hermès ! Comment les primordiaux peuvent autoriser ça ? Il souffre tellement ! Vous le privez de son essence ! C’est comme… si on forçait un poisson à vivre sur terre, le laissant s’asphyxier à chaque instant, tout en s’assurant qu’il reste en vie… C’est un supplice…
Le monde tourne de nouveau. Le décor change. Un couloir… ça ressemble à la garderie. Elle avance… vite… très vite… comme pour fuir… Mais fuir quoi ? Elle esquive les gens, les visages… et surtout les voix… les voix insupportables… Non, c’est ce bourdonnement qui est insupportable… Mais le bourdonnement vient des voix, de leur écho qui rebondit sur les mur étriqués de cet endroit… Du moins, c’est l’impression qu’elle en a… ou bien celle d’Hermès ? Hébé voudrait pouvoir secouer la tête vigoureusement pour se remettre un peu les idées en place… Tout s’embrouille… c’est trop proche… trop familier… bien qu’infiniment plus intense… Elle ? Hermès ? Elle ne sait plus… Le souvenir du crépuscule l’obsède, refusant de quitter son esprit… Si magnifique ! Ces étoiles qui étincelaient une à une dans le firmament. L’envie de les rejoindre, de les enlacer chaleureusement, comme des amis… de les faire briller plus fort encore ! Mais toujours, ce martèlement l’accompagne, ce battement de coeur intense, écœurant, qui lui broie le crâne…
Elle arrive sur une porte et la passe… sans l’ouvrir… comment ? Elle l’avait traversée ? Elle n’en était pas trop sûre… mais c’était agréable… un trop bref instant… comme une petite flamme sitôt soufflée par le vent… Elle se blottit dans un coin, la tête entre les mains. Ses doigts se crispent dans sa tignasse poisseuse de sueur. Elle exsude la peur, l’angoisse, la terreur même. Son corps tout entier est secoué de tremblements de plus en plus violents… Les voix ont disparues, mais le bruit… Le bruit est toujours là, lui, plus assourdissant que jamais… Parce qu’il vient d’elle… Les voix l’atténuaient… maintenant qu’elles ne sont plus là, il emplit tout l’espace… immense, intolérable… Parfois comme un murmure, dénué de sens… une multitude de murmures, de sons qui s’assemblent, se fusionnent, s’amplifient les uns les autres…
Maintenant qu’elle est seule, c’est tellement plus fort ! Tellement plus douloureux ! Elle essaie d’appeler, Apollon, Télémaque, ou plutôt, il voudrait les appeler… mais sa voix est bloquée par les torrents d’air qu’il (elle ?) aspire de façon saccadée, accentuant encore son angoisse. Parler, c’est tout ce qu’il sait faire et… et il est tellement seul maintenant. C’était une erreur de s’isoler, il a besoin de quelqu’un, elle a besoin des autres ! Elle ou lui ? L’esprit d’Hébé n’arrive plus à faire le tri. La solitude l’écrase de tout son poids, l’empêchant de bouger, décuplant sa terreur, la rendant tellement immense qu’elle en paraît palpable… Elle croit la voir… une forme sombre… rampante… une ombre… Réelle ? Hallucination ? Elle sait juste qu’elle la terrifie… L’ombre s’avance, ou s’insinue plutôt … A gauche… A droite… Comme une masse informe, obscure, répugnante… Elle croit distinguer des chaînes qui pendent à des excroissances… Ça respire… Est-ce qu’elle l’imagine ? Est-ce que c’est elle ? Et ça pue aussi… ou bien ça vient d’elle ? Hébé voudrait se lever et s’enfuir mais elle est paralysée… La chose est juste derrière maintenant, entre elle et le mur… C’est si proche que ça pourrait toucher ses cheveux… Et justement… elle sent quelque chose lui effleurer la tête… La terreur explose… Elle rampe en hurlant, se relève, trébuche, se relève encore. Elle lance quelque chose, du verre éclate. Elle a l’impression d’être tiré d’une transe comme si le fracas avait éclipsé le bourdonnement. Le murmure.
Le bruit d’une porte suivi d’une voix forte : « Hermès ! ». Ses mains viennent enserrer son visage alors que son regard se pose sur les éclats du miroir qu’elle vient de briser… L’ignoble chose noire s’y reflète un instant avant de laisser place au visage ravagé de terreur d’Hermès… Hermès, pas elle… Face au reflet inondé de larmes, l’esprit de la jeune déesse essaie de retrouver sa propre identité. Tous les deux pleurent pourtant, et lorsque le regard ambré du garçon reprend sa teinte argenté, sa faim, à elle, de changement, de nouveauté se fait l’écho du besoin vital, inextinguible, fondamental, de liberté d’Hermès. Surtout pas enchaîné. Jamais.
La main de la jeune déesse s’était crispée sur le bras de son ami et s’agitait de spasmes nerveux. Elle tremblait de tous ses membres, un flot continu de larmes roulait sur ses joues alors que son regard violine se perdait au loin… comme absent… Sans lâcher le bras d’Hermès, elle se balançait doucement, d’avant en arrière…
« Reste… pas… tout… seul… » articula péniblement la jeune déesse d’une voix basse… brisée… Une voix que personne ne lui avait jamais entendu…
Codage par Libella sur Graphiorum
Momos
Dieu de la raillerie
Date d'arrivée : 31/08/2023
Nombre de récits : 136
Sexe : Pouvoir : Bourde et Rires
Cycle : 3
Couleur(s) de parole : #8A0808
Double-comptes : Narcisse - Astérios
Nombre de récits : 136
Sexe : Pouvoir : Bourde et Rires
Cycle : 3
Couleur(s) de parole : #8A0808
Double-comptes : Narcisse - Astérios
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"Charcutage en vue»
Quel courage ? Il pouvait aller se faire voir l’Argos, ou du moins son manipulateur. Il n’avait pas le culot de venir les voir pour les vaincre en combat réguliers, non, il préférait leur faire des épreuves. Bientôt il les ferait attendre comme des idiots sur des poteaux ou leur demander de manger des insectes vivants et en équipes plus est ! « diviser pour mieux régner »… Déjà qu’il n’était pas matinal, Momos rouvrit les yeux en fronçant les sourcils, les larmes aux yeux et avec l’envie de foutre des roustes à quiconque le toucherait. Dommage que les homicides n’étaient pas autorisés ; dommage qu’il était de petite taille ; dommage qu’il n’y avait pas l’ennemi devant eux pour le poignarder avec son couteau à sculpter. Non, il devait rester là, à être porté comme un bébé, à qui la faute ? D’une gamine qui n’arrivait pas à prendre un brin en maturité et comprendre que non, s’enivrer avant un combat était une bien mauvaise idée ! Parfois il comprenait pourquoi les Lobellus évitaient les autres : pour se tenir éloignés des conneries des gens ! Fronçant les sourcils, le dieu de la raillerie regarda Déméter en se demandant si elle avait fait un mauvais rêve et vu comment elle semblait chamboulée, il comprit aussitôt qu’elle avait souffert. Son visage passa au rouge et sa frustration fut encore plus grande. Sous sa forme initiale, il aurait pu se montrer un brin réconfortant, il aurait pu protéger tout le monde, mais non, il était là, à ne rien pouvoir faire. Ils souffraient par sa faute, elle souffrait par la sienne. Pauvre Déméter, et il lui souriait tous les jours, lui souhaitait son bonheur pour qu’un jour elle soit malheureuse. Il était vraiment inutile. Il ne méritait pas son bonheur. Il ne méritait pas d’être prêt d’elle. Il ne méritait même pas de pouvoir lui adresser la parole. Son regard se posa sur Hermès qui souffrait également, mais qui le prenait dans ses bras pour l’apporter à Hébé. Son regard se posa sur la petite déesse de la jeunesse qu’il toisa. Oh elle, il la retenait. Peut-être que c’était l’effet de la colère, mais il avait envie de l’enfermer dans un placard pour lui faire la morale et lui faire peut-être enfin comprendre la gravité de son acte.
« Ne va pas trop loin Hermès, on ne sait pas ce qu’elle peut faire… N’est-ce pas… Hébé ? »
Déjà qu’il était en colère, alors le mauvais rêve et le regard souffrant de ses proches empiraient le cas. Il regarda le dieu des voyages s’éloigner en plissant les yeux puis sa cadette en croisant les bras.
« Parle toujours, tant que tu continueras à agir en bébé alors je te traiterai en bébé. Je te protège comme je protège les autres premiers cycles. Tout simplement. »
Et il camperait sur sa position, surtout avec cette colère. Enfin il retrouva sa forme adulte et là, il attrapa sa cadette sous le bras en essayant de sourire pour lui frotter le crâne avec son poing, faisant attention à ne pas y aller trop fort.
« Toi, la prochaine fois, je te fais rire jusqu’à ne plus respirer, d’accord ? On en reparlera plus tard. »
Il aurait aimé le dire sur le ton de la plaisanterie, mais visiblement le mal qui le rongeait l’en empêchait. La plaisanterie ressemblait plutôt à une menace. Momos reposa sa camarade avant de sentir une odeur immonde. La colère entravant son esprit, Momos ne comprit pas ce qu’il fallait faire jusqu’à voir ses camarades sembler être choqués après avoir touchés par d’autres, dont Déméter. Cette dernière à quatre pattes, vomissant ses tripes et pleurant le mit en colère. Tant pis si les autres les voyaient ensemble, pour le moment cacher leur petit secret n’était pas sa priorité, il voulait juste aider la femme qui comptait le plus pour lui. Accourant pour lui apporter son soutien et se mettant à genou, il eut le malheur de la toucher.
« Déméter, ça v… ? »
Il était ailleurs. Il n’était plus lui. Il savait qu’il était quelqu’un d’autre. Il était plus jeune, il était Déméter, mais enfant. Il, non, « elle » était assise sous un arbre avec un livre en main. Mais c’était qu’elle aimait la lecture également, elle devrait enfermer elle aussi quelques Lobellus dans un placard pour avoir de bonnes références… En tout cas, « elle » voyait d’autres camarades, des personnes que Momos reconnaissait bien.
« Elle est sérieuse ? Elle se croit supérieure aux autres celle-ci ?
-Vous avez vu comment elle fait peur quand elle se met en colère ? Je plains ses futurs pensionnaires... La barbe...
- Hahaha, chut... Elle va t'entendre. »
Il n’y avait pas qu’elle qui les entendait, il y avait aussi un futur petit copain potentiel qui retenait les visages pour les retrouver plus tard et leur arracher les yeux pour les coller à ses pantins. Mais si lui est en colère, il sent que Déméter, elle, est triste. Elle tremble. Elle ne dit rien, se contente de froncer les sourcils et de lire encore son livre. Bon sang, elle aurait dû jeter ce bouquin sur ses camarades et les achever avec.
La scène changea ; elle était plus âgée. Sans doute c’était lorsqu’elle est devenue référente. Elle regardait ses camarades, plus crainte que respectée puisqu’elle régnait d’un gant de fer sur son sanctuaire. Personne osait dire quoique ce soit. Sa réputation ? Celle d’un tyran, et pourtant, s’ils savaient quelle fille sensible elle était… Le rang de référente, elle l’avait mérité après s’être acharnée au travail. Et pourtant, les jaloux chuchotaient ;
« Elle est lourde... La référente...'
- Grave... Elle peut pas nous foutre la paix, un peu...? »
Qui était lourde comme ça ? Avec un menton comme le sien qui pèse plus lourd que le cul des Moires réunies il aurait dû fermer son clapet. Mais Déméter allait dans son jardin, demeurant silencieuse. Il n’y avait pas encore ces merveilleux figuiers dans lesquels Momos avait caché quelques petits canards en bois ; il n’y avait pas cette mare et cet étang dans lesquels il avait trempé malgré lui. Tout ce que le jardin était aujourd’hui, c’était le fruit du travail de Déméter. Si déjà elle forçait le respect, alors le dieu de la raillerie ne pouvait qu’être encore plus fasciné par elle. Elle était plus incroyable qu’elle ne le pensait. Mais seulement elle pouvait le savoir, si seulement il pouvait influencer ce souvenir pour qu’elle se rappelle à quel point elle était fabuleuse.
« Ici, … je pourrais être seule… »
Pas pour longtemps ! Il ira la voir, il ira l’embêter tous les jours dans son jardin ! Il lui prendra sa petite tête d’écureuil dans ses larges mains pour lui rappeler sans cesse qu’elle était incroyable et qu’elle ne méritait en aucun cas sa solitude et encore moins sa mauvaise réputation. Il trouverait les gens qui avaient osés lui faire du mal et leur ferait comprendre pourquoi il était mauvais d’énerver la personnification de la Raillerie. Il allait les faire pleurer, apporter leurs têtes de chiens battus devant la Tamarisc, si cela pouvait lui donner le sourire. Et peut-être qu’elle se sentirait libérée, délivrée de ce mauvais sentiment.
Encore une fois changement de scène. Bon sang Argos, non seulement il faisait squatter des souvenirs mais en plus cet enfoiré il pensait que c’était une série de bouquins à suivre ?! Prochaine étape, Déméter au camping ? Non, Déméter qui serrait le poing et qui était prête à rejoindre Athéna. Mais ce sentiment était là ; celui d’être de trop, de potentiellement déranger sa camarade, d’être trop envahissante. Elle avançait vers Athéna avant de finalement reculer…
« Non... je ne dois pas trop la déranger... Ni l'encombrer davantage... »
Et il en fut de même pour Artémis. La pauvre, craignait-elle vraiment que la déesse de la guerre et celle qui croit sauver toute seule l’école en partant à l’aventure avec presque un sac à dos dans le dos avec son optimisme à la con la repoussaient ? Ils souffraient du même mal et cette fois ce chien d’Argos n’y était pour rien. Mais les autres, avec leurs paroles, leurs bouches… Ils la faisaient souffrir… Il voulait les tuer… Il voyait leur haine. Il voyait leur jalousie. Il entendait leurs discours médisants. Il leur briserait la nuque s’il le pouvait. Et une nouvelle fois, changement de scène.
La chambre de Déméter… un bosquet… C’était magnifique, jamais Momos aurait pensé visiter la première fois la chambre de la tamarisc de cette façon… et la tamarisc en question était à son bureau, la fenêtre ouverte, elle pouvait entendre les cris heureux et les rires radieux de ses camarades. La vue était floue ; elle pleurait. Des gouttes perlaient le long de sa joue et elle se les essuyait pour ne pas avoir à tremper ses rapports et autres papiers administratifs qui seraient qualifiés de « trop ennuyeux » pour un Helyantos normalement constitué. Elle craquait. Elle reposa son stylo, serra les poings puis vint plaquer ses mains contre ses yeux. Momos avait envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, de lui promettre monts et merveilles et tenter de la faire rire avec une marionnette, mais il était là, encore une fois impuissant devant la détresse d’une référente en pleurs.
« Tu ne dois pas montrer tes faiblesses... Tu dois garantir leur sécurité. À... N'importe quel prix. Tu as été choisie pour ça... »
Non, elle n’était pas choisie pour ça. Elle n’avait pas été prise comme référent pour finir seule. Elle protégeait, mais à quel prix ? Les gens comme eux, ceux qui sont au loin à veiller sur le bien des autres, étaient souvent les plus seuls… Et cela l’énervait. Il n’y avait pas de justice dans ce bas-monde. Lui, il méritait le malheur, son pouvoir était des plus agaçants, il en avait fait souffrir pour pouvoir être en troisième cycle, mais Déméter ne méritait pas un tel châtiment. Elle était comme un oignon ; quand on la voyait sans ses couches les plus dures elle semblait être difficile, mais quand on la connaissait sans celles-ci, on se rendait compte à quel point elle pleurait, faisait pleurer… et était délicieuse. Oui. C’était romantique selon le petit Momos car… il aimait les oignons. C’était essentiel dans la cuisine et c’était bon pour la santé.
« Déméter… je… désolé… »
Retour à la réalité : il avait vu les souvenirs de Déméter qui avait elle-même vu ceux d’un autre. Même si ça lui avait permis de connaître un peu mieux la jeune femme, il n’avait eu aucune envie de faire du voyeurisme. Il ne fallait pas aussi que quelqu’un le touche. Heureusement il avait vu les faiblesses de Déméter qu’il connaissait déjà, mais il n’avait aucune envie qu’on voie les siennes. Les insécurités de chacun. Voilà ce que Argos voulait découvrir. Pourtant il devait connaître les siennes vu comment il l’avait manipulé… Il avait envie de s’excuser auprès de Déméter pour tout le mal qu’il lui avait causé. Se jeter à ses genoux, lui prendre ses mains et les lui embrasser pour lui demander pardon, mais c’était impossible.
« Argoooooooos…. LA PUTAIN D’TA MOIRE ! A QUOI TU JOUES ?! »
La colère l’avait envahie. Les gens qu’ils aimaient souffraient. Ses camarades souffraient. Sa Déméter souffrait. Il avait envie de retrouver le ou les coupables de cette pure connerie pour lui ou leur arracher la peau.
« Si tu es un homme, viens carrément te battre plutôt que rester là caché à nous regarder souffrir ! »
Il attrapa la main de la référente pour la faire lever, manquant malheureusement de délicatesse faute de montée de colère. Il tremblait, il avait envie de frapper quelque chose ou quelqu’un. Le premier qui osait le contredire, le premier qui manquait de respect à lui ou un autre, il était prêt à le fumer.
« « Quel héroïsme » tu disais ? MON CUL ! T’es tellement parfait, tellement incroyable, tellement meilleur que nous que tu n’oses même pas nous affronter ! Oh et puis tu sais quoi ! »
Il se pencha pour porter Déméter sur une épaule en râlant.
« Je vais te montrer ce que c’est l’héroïsme… Ta mère la pâte à pita… »
Il se redressa avec sa première charge sur lui avant d’avancer vers Hermès. Il voulait rester seul ? BAH NON ! Lui aussi il allait être porté qu’il le veuille ou non, et s’il daignait de rouspéter il se prenait une mandale… ou une prise d’un sport de combat sorti de nulle part.
« ….Je vais venir te chercher… je vais t’enculer bien fort… Tu nous manipules...? Bah va te faire... »
Il chopa Hermès par le col pour le forcer à l’approcher de lui et ainsi le porta sur sa deuxième épaule. Oui, c’était un peu lourd tout ça, mais l’envie de commettre un homicide un peu trop volontaire lui donnait la force de supporter les charges. Il commença à avancer, fou de colère.
« …J’ARRIVE ARGOS ! J’ARRIVE ! Et vous là ! »
Il se tourna vivement vers leurs petits camarades.
« Le prochain qui OSE TAILLER Déméter, je lui refais le portrait ! »
Il voulut illustrer en donnant une tape sur le postérieur de la concernée, mais se trompa de charge... Il tourna des talons et reprit sa marche.
« Ne va pas trop loin Hermès, on ne sait pas ce qu’elle peut faire… N’est-ce pas… Hébé ? »
Déjà qu’il était en colère, alors le mauvais rêve et le regard souffrant de ses proches empiraient le cas. Il regarda le dieu des voyages s’éloigner en plissant les yeux puis sa cadette en croisant les bras.
« Parle toujours, tant que tu continueras à agir en bébé alors je te traiterai en bébé. Je te protège comme je protège les autres premiers cycles. Tout simplement. »
Et il camperait sur sa position, surtout avec cette colère. Enfin il retrouva sa forme adulte et là, il attrapa sa cadette sous le bras en essayant de sourire pour lui frotter le crâne avec son poing, faisant attention à ne pas y aller trop fort.
« Toi, la prochaine fois, je te fais rire jusqu’à ne plus respirer, d’accord ? On en reparlera plus tard. »
Il aurait aimé le dire sur le ton de la plaisanterie, mais visiblement le mal qui le rongeait l’en empêchait. La plaisanterie ressemblait plutôt à une menace. Momos reposa sa camarade avant de sentir une odeur immonde. La colère entravant son esprit, Momos ne comprit pas ce qu’il fallait faire jusqu’à voir ses camarades sembler être choqués après avoir touchés par d’autres, dont Déméter. Cette dernière à quatre pattes, vomissant ses tripes et pleurant le mit en colère. Tant pis si les autres les voyaient ensemble, pour le moment cacher leur petit secret n’était pas sa priorité, il voulait juste aider la femme qui comptait le plus pour lui. Accourant pour lui apporter son soutien et se mettant à genou, il eut le malheur de la toucher.
« Déméter, ça v… ? »
Il était ailleurs. Il n’était plus lui. Il savait qu’il était quelqu’un d’autre. Il était plus jeune, il était Déméter, mais enfant. Il, non, « elle » était assise sous un arbre avec un livre en main. Mais c’était qu’elle aimait la lecture également, elle devrait enfermer elle aussi quelques Lobellus dans un placard pour avoir de bonnes références… En tout cas, « elle » voyait d’autres camarades, des personnes que Momos reconnaissait bien.
« Elle est sérieuse ? Elle se croit supérieure aux autres celle-ci ?
-Vous avez vu comment elle fait peur quand elle se met en colère ? Je plains ses futurs pensionnaires... La barbe...
- Hahaha, chut... Elle va t'entendre. »
Il n’y avait pas qu’elle qui les entendait, il y avait aussi un futur petit copain potentiel qui retenait les visages pour les retrouver plus tard et leur arracher les yeux pour les coller à ses pantins. Mais si lui est en colère, il sent que Déméter, elle, est triste. Elle tremble. Elle ne dit rien, se contente de froncer les sourcils et de lire encore son livre. Bon sang, elle aurait dû jeter ce bouquin sur ses camarades et les achever avec.
La scène changea ; elle était plus âgée. Sans doute c’était lorsqu’elle est devenue référente. Elle regardait ses camarades, plus crainte que respectée puisqu’elle régnait d’un gant de fer sur son sanctuaire. Personne osait dire quoique ce soit. Sa réputation ? Celle d’un tyran, et pourtant, s’ils savaient quelle fille sensible elle était… Le rang de référente, elle l’avait mérité après s’être acharnée au travail. Et pourtant, les jaloux chuchotaient ;
« Elle est lourde... La référente...'
- Grave... Elle peut pas nous foutre la paix, un peu...? »
Qui était lourde comme ça ? Avec un menton comme le sien qui pèse plus lourd que le cul des Moires réunies il aurait dû fermer son clapet. Mais Déméter allait dans son jardin, demeurant silencieuse. Il n’y avait pas encore ces merveilleux figuiers dans lesquels Momos avait caché quelques petits canards en bois ; il n’y avait pas cette mare et cet étang dans lesquels il avait trempé malgré lui. Tout ce que le jardin était aujourd’hui, c’était le fruit du travail de Déméter. Si déjà elle forçait le respect, alors le dieu de la raillerie ne pouvait qu’être encore plus fasciné par elle. Elle était plus incroyable qu’elle ne le pensait. Mais seulement elle pouvait le savoir, si seulement il pouvait influencer ce souvenir pour qu’elle se rappelle à quel point elle était fabuleuse.
« Ici, … je pourrais être seule… »
Pas pour longtemps ! Il ira la voir, il ira l’embêter tous les jours dans son jardin ! Il lui prendra sa petite tête d’écureuil dans ses larges mains pour lui rappeler sans cesse qu’elle était incroyable et qu’elle ne méritait en aucun cas sa solitude et encore moins sa mauvaise réputation. Il trouverait les gens qui avaient osés lui faire du mal et leur ferait comprendre pourquoi il était mauvais d’énerver la personnification de la Raillerie. Il allait les faire pleurer, apporter leurs têtes de chiens battus devant la Tamarisc, si cela pouvait lui donner le sourire. Et peut-être qu’elle se sentirait libérée, délivrée de ce mauvais sentiment.
Encore une fois changement de scène. Bon sang Argos, non seulement il faisait squatter des souvenirs mais en plus cet enfoiré il pensait que c’était une série de bouquins à suivre ?! Prochaine étape, Déméter au camping ? Non, Déméter qui serrait le poing et qui était prête à rejoindre Athéna. Mais ce sentiment était là ; celui d’être de trop, de potentiellement déranger sa camarade, d’être trop envahissante. Elle avançait vers Athéna avant de finalement reculer…
« Non... je ne dois pas trop la déranger... Ni l'encombrer davantage... »
Et il en fut de même pour Artémis. La pauvre, craignait-elle vraiment que la déesse de la guerre et celle qui croit sauver toute seule l’école en partant à l’aventure avec presque un sac à dos dans le dos avec son optimisme à la con la repoussaient ? Ils souffraient du même mal et cette fois ce chien d’Argos n’y était pour rien. Mais les autres, avec leurs paroles, leurs bouches… Ils la faisaient souffrir… Il voulait les tuer… Il voyait leur haine. Il voyait leur jalousie. Il entendait leurs discours médisants. Il leur briserait la nuque s’il le pouvait. Et une nouvelle fois, changement de scène.
La chambre de Déméter… un bosquet… C’était magnifique, jamais Momos aurait pensé visiter la première fois la chambre de la tamarisc de cette façon… et la tamarisc en question était à son bureau, la fenêtre ouverte, elle pouvait entendre les cris heureux et les rires radieux de ses camarades. La vue était floue ; elle pleurait. Des gouttes perlaient le long de sa joue et elle se les essuyait pour ne pas avoir à tremper ses rapports et autres papiers administratifs qui seraient qualifiés de « trop ennuyeux » pour un Helyantos normalement constitué. Elle craquait. Elle reposa son stylo, serra les poings puis vint plaquer ses mains contre ses yeux. Momos avait envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, de lui promettre monts et merveilles et tenter de la faire rire avec une marionnette, mais il était là, encore une fois impuissant devant la détresse d’une référente en pleurs.
« Tu ne dois pas montrer tes faiblesses... Tu dois garantir leur sécurité. À... N'importe quel prix. Tu as été choisie pour ça... »
Non, elle n’était pas choisie pour ça. Elle n’avait pas été prise comme référent pour finir seule. Elle protégeait, mais à quel prix ? Les gens comme eux, ceux qui sont au loin à veiller sur le bien des autres, étaient souvent les plus seuls… Et cela l’énervait. Il n’y avait pas de justice dans ce bas-monde. Lui, il méritait le malheur, son pouvoir était des plus agaçants, il en avait fait souffrir pour pouvoir être en troisième cycle, mais Déméter ne méritait pas un tel châtiment. Elle était comme un oignon ; quand on la voyait sans ses couches les plus dures elle semblait être difficile, mais quand on la connaissait sans celles-ci, on se rendait compte à quel point elle pleurait, faisait pleurer… et était délicieuse. Oui. C’était romantique selon le petit Momos car… il aimait les oignons. C’était essentiel dans la cuisine et c’était bon pour la santé.
« Déméter… je… désolé… »
Retour à la réalité : il avait vu les souvenirs de Déméter qui avait elle-même vu ceux d’un autre. Même si ça lui avait permis de connaître un peu mieux la jeune femme, il n’avait eu aucune envie de faire du voyeurisme. Il ne fallait pas aussi que quelqu’un le touche. Heureusement il avait vu les faiblesses de Déméter qu’il connaissait déjà, mais il n’avait aucune envie qu’on voie les siennes. Les insécurités de chacun. Voilà ce que Argos voulait découvrir. Pourtant il devait connaître les siennes vu comment il l’avait manipulé… Il avait envie de s’excuser auprès de Déméter pour tout le mal qu’il lui avait causé. Se jeter à ses genoux, lui prendre ses mains et les lui embrasser pour lui demander pardon, mais c’était impossible.
« Argoooooooos…. LA PUTAIN D’TA MOIRE ! A QUOI TU JOUES ?! »
La colère l’avait envahie. Les gens qu’ils aimaient souffraient. Ses camarades souffraient. Sa Déméter souffrait. Il avait envie de retrouver le ou les coupables de cette pure connerie pour lui ou leur arracher la peau.
« Si tu es un homme, viens carrément te battre plutôt que rester là caché à nous regarder souffrir ! »
Il attrapa la main de la référente pour la faire lever, manquant malheureusement de délicatesse faute de montée de colère. Il tremblait, il avait envie de frapper quelque chose ou quelqu’un. Le premier qui osait le contredire, le premier qui manquait de respect à lui ou un autre, il était prêt à le fumer.
« « Quel héroïsme » tu disais ? MON CUL ! T’es tellement parfait, tellement incroyable, tellement meilleur que nous que tu n’oses même pas nous affronter ! Oh et puis tu sais quoi ! »
Il se pencha pour porter Déméter sur une épaule en râlant.
« Je vais te montrer ce que c’est l’héroïsme… Ta mère la pâte à pita… »
Il se redressa avec sa première charge sur lui avant d’avancer vers Hermès. Il voulait rester seul ? BAH NON ! Lui aussi il allait être porté qu’il le veuille ou non, et s’il daignait de rouspéter il se prenait une mandale… ou une prise d’un sport de combat sorti de nulle part.
« ….Je vais venir te chercher… je vais t’enculer bien fort… Tu nous manipules...? Bah va te faire... »
Il chopa Hermès par le col pour le forcer à l’approcher de lui et ainsi le porta sur sa deuxième épaule. Oui, c’était un peu lourd tout ça, mais l’envie de commettre un homicide un peu trop volontaire lui donnait la force de supporter les charges. Il commença à avancer, fou de colère.
« …J’ARRIVE ARGOS ! J’ARRIVE ! Et vous là ! »
Il se tourna vivement vers leurs petits camarades.
« Le prochain qui OSE TAILLER Déméter, je lui refais le portrait ! »
Il voulut illustrer en donnant une tape sur le postérieur de la concernée, mais se trompa de charge... Il tourna des talons et reprit sa marche.
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