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Désespoir - sacrifice
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Artémis
Artémis
Déesse de la chasse
Artémis
Date d'arrivée : 16/02/2023
Nombre de récits : 370
Sexe : Féminin Pouvoir : Nature sauvage
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #660099
Double-comptes : Mégara - Télémaque

Déesse de la chasse
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Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Ven 13 Sep 2024 - 19:46
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Les Maux d'Argos
J'étais sûre de moi en répondant à la question du miroir. Tout devint alors noir et je me demandais si j'allais rester dans l'obscurité. Ça m'aurait moins dérangé que la lumière éclatante quand nous étions coincés avec Apollon sur l'île avec cette espèce de labyrinthe. Mais finalement, je pus rouvrir les yeux. J'avais encore l'esprit embrumé mais je compris bien vite où je me trouvais. J'étais encore dans les Terres, et quelqu'un venait de disparaitre. En balayant l'assemblée du regard, je me rendis compte qu'il s'agissait d'Achille. Je levais les yeux au ciel en entendant la remarque d'Argos. Il s'attendait à quoi ? Je comptais bien aller jusqu'au bout personnellement. Ce n'était peut-être pas le cas de tout le monde... Mon regard s'accrocha un instant sur Télémaque, le colocataire de mon frère. Il semblait aller mal. Je ne savais pas ce qu'il avait vu mais ça n'avait pas dû être une partie de plaisir.

Je fis partie des premières à reprendre la route, je ne voulais pas m'attarder ici. Mon rêve me perturbait. Mais je n'avais pas de temps à lui accorder, j'y réfléchirai plus tard. Pour l'instant, il fallait reprendre le chemin lumineux. Le silence se fit peu à peu, ma gorge se serra mais je ne savais pas pourquoi. Le vent murmurait des choses mais je tentais de rester concentrée sur ma progression et celle des autres.

Nous arrivâmes alors dans une nouvelle zone. Et Perséphone et Achille étaient là. Leurs expressions semblaient figées sur une douleur intense. Mon regard se porta aussitôt sur Déméter. Elle allait être dévastée en voyant ça. J'étais prête à amorcer à un geste vers elle, pour la rassurer, lui dire que j'étais là. Mais je la vis se précipiter vers le Héros disparu. Athéna n'étant pas loin, je préférais m'occuper de surveiller les autres.

Soudain, je vis Pandore. Elle connaissait tout ça. Elle pourrait peut-être m'apporter des réponses. J'avais vu Arès et Apollon ensemble, je préférais les laisser tranquille. Arès n'aimait pas qu'on le voit dans un moment de faiblesse, je lui épargnerai ma présence pour le moment. Je m'approchais donc de la détentrice de la fameuse boite qui nous faisait souffrir.

"Pandore. Il faut que..."

En posant ma main sur son épaule, ma voix s'étrangla dans ma gorge. J'étais dans une chambre que je ne connaissais pas. Et je me sentais étrangement mal. Je ressentais de la panique. D'avoir perdu quelque chose... Est-ce que... J'étais dans la tête de Pandore ? Je ne contrôlais rien, j'avais l'impression de subir cette vision. C'était à propos de la boite. Je finis par comprendre que quelqu'un l'avait ouverte. Oh bon sang... Ce n'était donc pas la première fois que ça arrivait...

Mais je pouvais peut-être avoir un indice sur comment résoudre le problème d'aujourd'hui ! Mais pourquoi Pandore n'aurait pas tout simplement fait ça pour nous aider ? Non... Il devait y avoir quelque chose qui l'empêchait d'agir comme d'habitude. Je fus transportée dans la salle commune des Ipomea. La main de la mortelle s'approcha à quelqu'un, le toucha. Une intense douleur s'empara de moi. J'essayais de crier, mais ma voix n'émettait aucun son. Mon corps me faisait mal dans son entièreté. Et la personne en face semblait au contraire aller beaucoup mieux. Pourquoi j'avais autant mal ? Pandore finit par se redresser et continua son chemin en sortant du sanctuaire, non sans boiter légèrement.

Dans la cour, elle toucha une nouvelle personne. Et je sentis mon ventre se tordre. J'entendis le sien grogner, de faim probablement. Elle mangea quelque chose, mais la faim était toujours bien présente. Elle mangea, encore et encore, sans aucun effet sur sa faim. Cette dernière finit par passer, et la route reprit.

Elle arriva devant le sanctuaire des Sollerys. Une jeune femme nous regarda avec mépris. Mais Pandore réussit à la toucher. Je ressentis un effet étrange. Je me sentais... puissante. Bien plus puissante que d'habitude. J'avais aussi très envie d'en mettre une à la Rose qui se trouvait face à nous. J'avais l'impression de pouvoir déplacer des montagnes. Pourtant, je ne sus comment, la mortelle réussit à se retenir et se contenta, au bout de quelques temps, à se remettre encore une fois en route.

Nous voilà devant un sanctuaire que je connaissais bien. Le mien. Les Tamarisc. Elle avait peur, je le sentais. Quoi de plus normal quand on voyait ce qui se dressait devant elle. Un colosse dont l'expression ne laissait rien présager de bon. Elle s'élança pour le toucher et s'en éloigner tout aussi rapidement. A ce moment, je ressentis une intense colère. Elle s'insinua dans tous les pores de mon corps. L'envie de frapper quelque chose était forte. J'avais envie de taper. Quelque chose ou même quelqu'un. Peu m'importait, je voulais juste me défouler. Mais je finis par sentir la colère descendre. Doucement. Je pris une grande inspiration. Et je me sentis à nouveau calme. Ou presque. J'avais l'impression de garder un échantillon de chaque mal qui avait été repris. Léger, mais bien présent.

Elle reprit son chemin et tomba sur une jeune femme en train de pleurer, près d'une fontaine. Sa main se posa à nouveau, sur son épaule. Ma gorge se serra. J'avais l'impression que le monde autour de moi avait perdu sa couleur. Un poids s'était ajouté sur mes épaules et je luttais pour ne pas tomber à genoux. Ou peut-être que c'était ce que ressentait Pandore ? Je ne savais plus trop. Le personne en face de nous sembla retrouver un calme olympien. Ses yeux étaient encore rougis mais elle ne pleurait plus. L'Ipomea essuya à son tour ses yeux, respirant bruyamment. Mon cœur s'était serré. Mais je ne savais pas pourquoi. Encore une fois, après un certain temps, que je ne saurai qualifié, mon cœur s'allégea.

Pandore continua sa route et s'arrêta cette fois devant l'infirmerie. Oh non, qu'est-ce qui nous attendait là-bas... Elle entra et je vis un jeune homme penché au-dessus d'une bassine. Il était en train de vomir. Comme Apollon tout à l'heure. Et quand la détentrice de la boite le toucha, je me sentis à mon tour nauséeuse. Mon ventre se tordait, mais différemment de quand j'avais faim. Je me sentais mal, proche de l'évanouissement. C'était affreux. Elle porta une main à son ventre, l'autre à sa tête. Pourquoi ça tapait comme ça ? J'avais l'impression d'avoir quelqu'un à l'intérieur qui me tapait avec un marteau. J'étais essoufflée, mais ma respiration commença à s'apaiser. Pandore sortit et je sentis l'air frais qui venait caresser mon visage. Ça me faisait du bien.

Elle avança, une fois certaine qu'elle n'allait pas tomber. Puis, elle se retrouva face au Sanctuaire de Zeus. Un jeune homme était endormi contre une colonne. C'était... étrange. Comme s'il n'avait pas choisi l'endroit où il allait s'endormir. Comme nous tout à l'heure. Pandore s'approcha et posa une main sur sa tête. Mes paupières devinrent lourdes. Non... Je devais lutter. On n'avait pas fini de tout récupérer. On ne pouvait pas... Elle s'assit sur les marches, se frottant activement les yeux, tentant même de se mettre quelques claques pour se garder éveillée. A côté de nous, le Jaune se réveillait doucement et nous regardait sans comprendre ce qu'on faisait là. Enfin, au bout d'un temps qui me parut affreusement long, la fatigue se dissipa, ne laissant que quelques courbatures.

Il y avait un sanctuaire où nous n'étions pas allées. Les Lobellus. Le Sanctuaire d'Hadès. Celui où j'aurai potentiellement pu me retrouver. Je redoutais ce que nous allions trouver là-bas. Enfin, elle redoutait. Il y avait pire que ce que nous avions déjà traversé ? Elle entra d'un pas assuré, et toucha la première personne qui passa. Je me sentis à nouveau sûre de moi. Mais cette fois, une mauvaise pensée s'insinua en moi. J'avais envie de faire du mal, de manipuler les gens, de les envoyer au mauvais endroit et de juste regarder ce qui allait se passer. Je sentis que Pandore luttait à nouveau. L'envie était très forte, mais elle réussit à résister, encore une fois.

Enfin, elle se dirigea vers les salles de classe et entra dans la première qu'elle trouva ouverte. Quelqu'un était assis et travaillait. Elle s'approcha et, une dernière fois, le toucha. Et je sentis la même chose que je sentais en ce moment dans les Terres Désolées. L'espoir donc. Celui de croire que tout pouvait nous sourire. Qu'on allait réussir tout ce qu'on allait entreprendre. C'était donc pour ça que je me sentais invincible et que je pensais que j'allais trouver des réponses aujourd'hui. C'était donc.. une illusion. Encore une fois.

Pandore retourna dans son sanctuaire, puis dans sa chambre. Elle s'assit à son bureau et je sentais qu'elle réfléchissait à un plan. Et, au fur et à mesure que le temps passait, je vis son plan prendre en forme. Et je compris. La boite n'avait pas toujours eu cette forme. C'était elle qui l'avait rendue complexe. Pour ne pas qu'elle soit à nouveau ouverte aussi facilement. Un casse tête. De quoi dissuader les plus têtus.

Je revins à moi et retirai ma main, de peur de basculer à nouveau dans cette vision. Mon regard se posa sur Pandore. Il était admiratif. Elle avait dû subir tout ça pour récupérer les maux de sa boite. Et aujourd'hui, elle n'avait pas pu. Quelque chose l'en empêchait.

"Wow... J'espère que tu n'auras pas à subir tout ça à nouveau..."

Je regardais les gens autour de nous. Certains étaient bloqués dans des visions, d'autres venaient d'en sortir et s'en remettaient. Je faisais partie de la deuxième catégorie. Bon sang.
Codage par Libella sur Graphiorum


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Apollon
Apollon
Dieu des arts
Apollon
Date d'arrivée : 16/02/2023
Nombre de récits : 441
Sexe : Masculin Pouvoir : Accord Parfait
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #ff6600
Double-comptes : Néphia

Dieu des arts
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Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Ven 13 Sep 2024 - 20:06
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Les Maux d'Argos

L’impression de se réveiller d’un sommeil de plomb. Comme si j’avais dormi pendant des jours. Peut-être que c’est le cas, finalement, je n’en sais rien. En tout cas, le retour à la réalité est brusque et violent. Mais cette réalité est bien plus attrayante que ne l’était celle de mon rêve. Nous sommes peut-être dans les terres désolées mais au moins, ici, Artémis et Arès sont toujours en vie. Et ça compte plus que n’importe quelle attaque des ombres.

— Si peu de personnes prêtes à se sacrifier... Quel héroïsme.

J’essai de me relever, alors que la voix d’Argos raisonne à nouveau dans l’air autour de nous, mais la main qui se cramponne à la mienne ne me le permet pas. J’aimerais regarder comment vont les autres, si personne d’autre n’a disparu, mais me préoccuper de l’état de mon petit-ami est bien plus important. Il semble au plus mal. Je ne sais pas de quoi il a rêvé ni quel mal de la boite l’habite, mais je commence à me dire que la maladie n’est pas si grave, finalement.

Je ne résiste pas quand Arès me tire contre lui et le serre dans mes bras. Ses sanglots me fendent le cœur. Argos n’a qu’à bien se tenir. Celui qui fait pleurer mon dieu de la guerre ne s’en sortira pas en un seul morceau. Je tente de chanter une chanson douce, insufflant un soupçon de mon pouvoir, pour l’apaiser mais l’effet ne doit pas être très efficace étant donné que j’ai le plus grand mal à émettre le moindre son. Ma gorge me fait mal, elle me gratte encore plus qu’avant que nous ne nous endormions, et elle semble gonflée. J’espère qu’elle va vite revenir à son état normal, je me sens terriblement diminué sans ma voix. C’est finalement bien pire que de vomir.

Arès a finalement réussi à se calmer, et nous avons repris notre marche derrière les autres. Alors que ma main est serrée dans la sienne, mon regard se balade entre nous tous pour constater la terrible vérité, quelqu’un manque à l’appel. Achille a disparu. Je me sens mal pour lui mais, en même temps, savoir que mes proches vont bien me rempli également de joie. Artémis et Hermès sont forts, ils s’en sortiront, je n’ai aucun doute là-dessus. Mais concernant Télémaque et Pandore, ou encore Acéso, rien n’est moins sûr. Mais je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir à la question. À peine sommes-nous arrivés dans la nouvelle zone, que je sens mon esprit être transporté ailleurs.

Je me retrouve dans un lieu familier, une cuisine que j’ai vu lors d’un autre été comme celui-ci. La cuisine du restaurant de l’île d’attraction. Devant moi, mon propre visage, en train de me crier dessus. Je reconnais la scène et les paroles que j’ai dîtes à Arès, après la disparition de Perséphone et son combat avec Artémis et, même si tout cela semble dingue, je pense que je suis en train de revivre la scène du point de vue d'Arès. Enfin, dingue. Plus rien de l’est vraiment dans cette école.

Figé, je ne peux ni bouger, ni prononcer le moindre mot alors que l’Apollon de la vision me dit mes quatre vérités. Puis je baisse les yeux, incapable de soutenir le regard d’Apollon plus longtemps et, quand je les relève, il a disparu. C’est donc comme ça que ça s’est passé. Ma disparition. Et cette douleur. Je suis assis contre un mur avant de me rendre compte que j’ai bougé. La douleur est si intense que je ne peux pas réfléchir ou dire quoi que ce soit. Et dire qu’Arès a autant souffert de ma disparition. À ce moment-là, je n’avais aucune idée de l’affection qu’il me portait et, à la réflexion, je suis heureux d’avoir disparu avant lui et ma sœur. Heureux de ne pas avoir vécu cette souffrance. C’est quand Artémis entre dans la cuisine et commence à crier sur Arès que l’image se brouille et que je change de scène. Ou plutôt, on dirait que je vois la suite de la scène en avance rapide. Artémis crie puis quitte la pièce et je me retrouve à nouveau seul, comme si personne n’existait autour.

Les mots d’Apollon raisonnent encore et encore dans mon esprit, au point que je sois obligé de m’accroupir, mains serrées sur la tête. La douleur d’Arès est toujours trop forte, trop ardente pour moi. J’ai mal à la tête, au ventre, au cœur. Comment a-t-il pu ressentir une telle souffrance sans en parler à personne ?

Puis la voix d’Aphrodite retentit. Un doux murmure que je ressens comme une lame tranchante. Chacun de ses mots se plante dans mon cœur comme un poignard. Je ne sais pas ce que la voix de la déesse fait ici étant donné qu’elle n’était pas avec nous sur l’île mais l’effet est violent sur la psyché d’Arès. Je commence à me dire que cet « échange » peut être source de bien des soucis qu’il a eu plus tard.

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite. La scène se brouille à nouveau et je me retrouve, cette fois-ci, dans une sorte de pièce vide dont les murs sont faits… d’eau ? La bulle d’eau dans laquelle j’ai retrouvé Arès. Mais bien loin d’être simplement en train d’attendre qu'Apollon vienne courageusement le libérer, il est en train de revivre sa vision des sirènes. Ou plutôt, ses visions. Mais combien en a-t-il eu ? Ça n’en fini jamais. Et qu’est-ce que… Il a vraiment vu tout ça ? Lui au lit avec moi, visiblement en couple et heureux, Perséphone en danger et se lamentant de la mort de Dionysos. La guerre contre Deimos et Poséidon. Achille qui attaque Artémis. Et Apollon qui me… poignarde. Encore et encore.

Les mains sur la tête, je hurle de douleur. Comment a—t-il pu voir tout ça sans devenir fou ? Et surtout, comment ce fait-il qu’il ait vécu autant de boucles ? Je l’ai pourtant poignardé dans le dos à plusieurs reprises. Comment a-t-il fait pour ne pas se rendre compte que ce n’était pas réel ?

— Laissez-moi sortir ! Bande de salopes, je vais vous apprendre à jouer avec ma tête !

Arès semble s’être posé les mêmes questions.

La scène se brouille à nouveau. Quand l’image redevient nette, je suis dans l’eau, sous la forme d’une sirène parfaitement baraquée. Oh j’avais oublié à quel point Arès était beau comme ça.

La douleur vient presque immédiatement. Une douleur atroce. La sensation de brûler sous l’eau alors que je me souviens avec horreur de cette scène. Celui qui vient de tirer une flèche incandescente sur Arès n’est nul autre que… moi. J’étais, certes, contrôlé mais ça ne rend pas le moment plus plaisant. Et, si j’ai horreur de me rappeler de cette scène, Arès ne l’a pas mieux vécu. Sa vision tourne à nouveau dans ma tête. Apollon derrière lui, le poignardant entre les omoplates. Savoir qu’il a vécu cela me fait peut-être encore plus mal que la douleur d’Arès en elle-même. Si seulement j’avais su résister à l’envoutement de Meg, il n’aurait pas tant souffert. Tout est de ma faute.

Un nouveau brouillard. Une nouvelle scène. Tout aussi familière. Pourquoi faut-il que toutes les scènes les plus traumatisantes de la vie d’Arès aient eu lieu en ma présence ? Est-ce que finalement, ce serait moi le problème dans toute cette histoire ? Cet évènement, je l’ai vécu avec énormément de douleur moi aussi, mais de l’autre côté de cette porte. Arès se pose vraiment beaucoup de questions. Je le savais mais je ne pensais pas que c’était à ce point. Mon baiser semble lui avoir fait plus de mal et le questionner bien plus que toutes ses visions et le combat contre le requin réunit.

— Arès ? C'est moi. Je peux entrer ? J'aimerai te parler.
— Non. Dégage.

J’ai tout juste le temps de plonger mon visage dans l’oreiller, des millions de questions et de ruminements se mélangeant dans ma tête, avant que la scène ne se brouille à nouveau. Une seule pensée reste présente, plus forte que les autres : « Laisse-moi tranquille. Laisse-moi penser à autre chose. »

La scène suivante n’est pas bien différente. Toujours dans la chambre d’Arès, allongé sur son lit, l’oreiller usé à force d’être trituré dans tous les sens. Les pensées du dieu de la guerre sont d’un chaos fatiguant. Trop de questions sans réponses. Trop de réflexions qui n’ont pas lieu d’être. Mais c’est aussi la première fois que j’entend ses pensées, ses doutes aussi clairement. Parce que le dieu de la guerre n’est pas connu pour ses longs discours.

Embrasse-moi, reste avec moi, ne disparais plus jamais.
Je ne veux pas te voir. Je ne veux pas penser à toi. Reviens quand je n'aurais plus envie de te toucher.


Ce dilemme est tellement vif dans son esprit qu’il en est douloureux. Et sa réaction quand Apollon arrive à sa porte pour lui proposer à manger est sans équivoque. Je ne suis pas le seul qui a souffert pendant le mois qu’à duré notre périple pour réussir à nous mettre en couple. On peut dire ce qu’on veut sur les Tamarisc mais il se passe beaucoup de choses dans leur tête. Beaucoup de choses pas très agréables.

Je reviens à moi comme si je n’étais jamais partie. La main serrée dans celle d’Arès, toute notion du temps totalement anéantie. Le seul point positif est que ma gorge semble avoir un peu dégonflée. Alors que mon crâne commence à être douloureux.

Arès arrache sa main de la mienne sans crier gare et je me tourne alors soudainement vers lui. Au vu de sa réaction, il a dû également voir des choses. Certainement des choses tout aussi douloureuses que celles que j’ai vu. Ce ne serait pas drôle sinon.

— Qu'est-ce que tu as vu... ?

Il semble inquiet. Est-ce qu’il a peur de ce que j’aurai pu voir ? J’imagine que s’il ne m’a jamais parlé de sa vision des sirènes c’est qu’il ne voulait pas que je sois au courant.

— Que tu as couché avec moi un certain nombre de fois avant même que je ne te dise que je t’aime. C’est franchement pas juste. Je n’ai même pas réussi à aller jusque-là dans ma vision.

J’essai de réagir avec humour mais sans lui mentir. Je lui fais donc comprendre que j’ai vu sa vision sous l’océan d’été. Je lui reprends la main, en douceur, même si le désespoir ambiant et ma maladie pèsent sur ma bonne humeur habituelle.

— On en reparlera plus tard, d’accord ? Je te raconterai tout ce que j’ai vu.

Je resserre ma main dans la sienne pour lui rappeler un fait inébranlable. Peu importe ce que j’ai pu voir, ça ne change en rien mes sentiments pour lui. Tout en lui souriant, le plus sincèrement possible étant donné la situation, je regarde quand même un peu partout pour voir en en sont les autres. J’espère que tout le monde va bien.
Codage par Libella sur Graphiorum


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Télémaque
Télémaque
Disciple insatiable
Télémaque
Date d'arrivée : 07/09/2023
Nombre de récits : 90
Sexe : Masculin Pouvoir : Je te retrouverai
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #00cc00
Double-comptes : Artémis - Mégara

Disciple insatiable
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Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Sam 14 Sep 2024 - 22:37
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Les Maux d'Argos
Tout devint noir. Comme les ombres. Ça y est ? C’était fini ? J’allais enfin pouvoir être libéré de ce poids qui pesait sur mes épaules ? Je soufflai un coup, me laissant tomber à genoux sur le sol. Les ombres allaient venir me récupérer et je serai loin de tous les autres. Je ne poserai plus de problème à personne. Je ne serai plus un poids et je pourrais enfin trouver la paix.

J’ouvris alors mes yeux, que je clignais plusieurs fois, ébloui par la lumière qui y pénétrait. Où est-ce que j’étais ? Je remarquais alors tous les corps autour de moi. Ceux des personnes qui avaient pénétré dans les Terres Désolées comme moi. Je revis le visage de ceux qui étaient dans mon rêve et un frisson me parcourut. Puis, mon regard tomba sur l’endroit où l’un des nôtres était quelques minutes auparavant. Et à sa place, des ombres qui disparaissaient. Certainement avec lui. Pourquoi ? Pourquoi lui et pas moi ? J’avais demandé à me sacrifier ! C’était un Tamarisc qui n’arrêtait pas de dire qu’il voulait s’occuper d’Argos donc lui n’allait pas se proposer. Argos avait eu peur ?

« Non… Non… Ce n’était pas comme ça que ça devait se passer… »

A nouveau, les ombres s’écartèrent pour laisser place à un nouveau chemin. Je vis celles qui dansaient non loin de moi. Les larmes coulèrent lentement sur mes joues. Ce serait si simple de tendre le bras et de m’enfoncer parmi elles… Je me levai alors, absorbé par ce ballet terrifiant, entendant encore les murmures de mon rêve. Lorsque j’arrivai à proximité du mur de ténèbres, je tendis un bras vers lui. Mes doigts caressèrent les ombres qui les entourèrent et commencèrent à remonter vers ma main, puis mon poignet… Je fis un pas en avant, voulant accélérer le processus et me jeter directement dedans. Sauf que ce fut devant Hippolyte que j’arrivai.

« Que… »

Je me retournai et vis un portail disparaitre au même moment. Il n’y avait qu’une personne capable de faire ça. Mon regard chercha Hermès. Et je le vis qui venait dans ma direction. Mes yeux larmoyants s’accrochèrent un instant aux siens, souvent rassurants. Mais une autre vision se plaça dans ma tête. Celle du Hermès dans le miroir. Dur, froid et distant. Et ses paroles revinrent se glisser à mon oreille. « Apollon avait raison, tu ne sers à rien. » J’eus un mouvement de recul, ma tête se baissant automatiquement.

« Vous auriez dû me laisser me sacrifier… Comme ça, je n’aurai pas été un poids pour vous, et peut-être qu’Argos vous aurait laissé tranquille après ce chemin… »

Hippolyte posa une main sur mon épaule pour capter mon attention. Je relevais alors mon regard rougi vers elle.

« Télémaque je ne comprends pas ce que tu dis. Tu n'es pas un poids pour nous, tu ne l'as jamais été. D'où te vient cette idée ? Tu es utile et personne ne veut te voir partir. Et puis réfléchissons deux minutes, Argos ne nous laissera pas tranquille si tu te sacrifies. Alors ne refait plus ça. Ne te jette pas aux ombres. »

Au fur et à mesure qu'elle parlait, son visage arborait une tristesse que je ne lui avais jamais vu. Je savais bien qu’ils réagiraient à mes paroles. Elles étaient dures. Mais c’était ce que je ressentais. Je me tournais à nouveau vers les ombres, l’envie d’y plonger était forte. Partir loin de mes tourments. Mais je vis un portail qui s’ouvrait entre moi et les ombres. Hermès ne me laisserait pas y aller.

Je me mis alors en route comme un automate sans vie. Il fallait suivre le chemin, c’était ainsi. Je ne voulais ralentir personne, je voulais juste en finir avec tout ça. Le silence se fit de plus en plus pesant. Mes larmes coulèrent à nouveau. Je revoyais tous ces visages méprisants tournés vers moi. Ces paroles blessantes qui m’étaient directement destinées. Pourquoi toute cette haine ? Qu’avais-je fait pour mériter ça ? J’étouffais un sanglot, ne voulant pas inquiéter les autres. Ils avaient mieux à faire que de s’inquiéter pour moi.

Un peu en retrait, je ne vis pas tout de suite la nouvelle zone qui nous attendait. Mais j’entendis. Ces voix, à travers le murmure du vent. Elles semblaient remplir la zone. Une féminine, et une masculine. Pleines de souffrance. Je relevai la tête, mains sur les oreilles pour tenter de les faire taire. Et je les vis. Les deux statues des disparus. Mon cœur se serra à nouveau. Ils avaient l’air de souffrir… Pourquoi ? Pourquoi c’était eux et pas moi ? Ils ne méritaient pas ça. Ils avaient un pouvoir pour combattre Argos et sauver tout le monde. Moi… Moi je ne servais à rien depuis le début. Je ne faisais qu’inquiéter les autres avec cette douleur qui se répandait dans tout mon être. Je voulais juste que ça cesse… Je me retournai, prêt à repartir en arrière. Je voulais fuir loin de tout ça. C’était ma faute. Si je m’étais sacrifié, l’un des deux serait encore là, à pouvoir avancer avec les autres. J’étais égoïste. Un mortel égoïste…

Je me sentis à nouveau étrange. J’avais encore traversé un portail.

« Laissez moi partir… »

Mais au lieu de ça, ma douleur s’intensifia. Je n’arrivai pas à retenir le gémissement de douleur qui sembla se répercuter sur le mur d’ombres. Certains se tournèrent vers moi mais je ne voyais pas grand chose. J’avais les yeux embués. Larmes de douleur et de tristesse, je ne savais plus. Des pas précipités non loin de moi me firent relever la tête. C’était Hermès. Je lisais l’inquiétude dans son regard.

« C’est rien… Ça va passer, t’inquiète pas… »

Je sentis ses bras se refermer autour de moi. Alors je m’accrochai à lui, me laissant aller dans ses bras. Mais au lieu de ressentir la chaleur habituelle et réconfortante d’un câlin de mon Voyageur, ce fut comme un froid mordant de la Taverne de l’Hiver qui s’empara de moi. Lorsque je rouvris les yeux, je vis mes pieds. Enfin, non, ce n’était pas mes pieds. Ils étaient un peu mâtes. Je semblais jouer avec le sable. L’eau de mer allait et venait sur mes orteils. C’était agréable. Le soleil commença à se coucher et mes yeux observèrent ce paysage. Mais, alors que le crépuscule descendait, que les couleurs habitaient les vagues, je me sentis différent. Mon cœur se serra. Ma respiration commençait à s'accélérer. Était-ce la mienne ? Je ne reconnaissais pas vraiment tout ça. Enfin… Si. Il me semblait que c’était la Garderie. Mais pourquoi j’étais de retour à la Garderie ? Et pourquoi ma peau était différente ? A moins que… ça ne soit pas moi ? Des tremblements, assez légers. Mais qui devinrent vite très intenses. Un bourdonnement dans ma tête commença. Je ne savais pas si ça venait de ma tête ou des vagues, du vent ... des sons extérieurs qui devenaient insupportables. C'était douloureux et ça se répandait dans mon corps. Je ressentis aussi une forte envie de courir. Une vraie envie de partir. De plonger dans l'eau. De rechercher où est-ce que le soleil se cachait et, plus clairement : d'atteindre la ligne d'horizon et d'aller plus loin encore. Je n’avais jamais ressenti ça. Mais qui ? Je tentais de me reconcentrer. Je me souvins où j’étais avant de basculer dans ce monde. Dans les bras d’Hermès. Alors… C’était son souvenir ? Je n’étais pas certain.

La forte envie de m’enfuir était toujours là. Ça aurait pu être la mienne. Celle que je ressentais avant qu’il ne me serre dans ses bras. Celle qui avait fait que j’avais voulu disparaitre dans les ombres. Partir loin de tout le monde. Mais j’avais disparu dans le creux de la chaleur du Voyageur. Ses bras rassurants qui s’étaient refermés sur moi, et qui, d’habitude, m’apaisaient. Mais après le rêve que j’avais fait, cette vision m’agitait d’autant plus. Et alors que ma jambe bougeait, une main m'arrêta et une voix dit simplement "Il faut qu'on rentre". Elle semblait impossible à reconnaître. J’avais entendu les mots. Mais il y avait comme ce gros bourdonnement dans ma tête, qui s'associait avec le rythme très rapide du palpitant. Et mon regard ne faisait que fixer l'horizon. Je voulais y aller. Je voulais partir. Je voulais partir. Partir…

Le décor changea. Je ressentis une intense douleur. Dans ma tête. Dans mes jambes. J’avançais assez rapidement dans un couloir qui me rappelait la Garderie. J’avais l’impression d’être en train de fuir quelque chose. En fait. J’avançais très rapidement. Mais pas par excitation. J’essayais d'éviter des silhouettes. Je regardais à peine les visages. Et les voix étaient insupportables. Vraiment insupportables. Ou plus que les voix, c’étaient les bourdonnements. J’avais l’impression que ça venait des voix, de l'écho de cet endroit. D’ailleurs, cet endroit me semblait petit. Est-ce qu’il se réduisait à mesure que j’avançais ? Et cette image qui me revenait en boucle. Le crépuscule était merveilleux. Merveilleux. Les étoiles qui apparaissaient. L'envie de les toucher. L'envie de les prendre dans mes bras, comme si chaque étoile était une personne, une entité à faire briller plus fort. Mais là, cette image, cette envie, s'accompagnait de ça. Ce battement de cœur intense, qui résonnait dans ma tête. Ça me faisait mal. Partout. Je finis par trouver une porte et la passer. Pourtant, ce n’était pas comme si je l'avais ouverte. J’avais l’impression de l’avoir presque traversé dans un mouvement que je n'avais pas totalement capté. D'ailleurs, à cet instant, pendant un court instant, je ressentis un sentiment agréable. Du plaisir. Mais très court. Derrière la porte, j’essayais de trouver un coin où me rouler. Nouvelle douleur. Je me mis à tenir ma tête. Je sentais ma tignasse sous mes doigts. Non, les cheveux d’Hermès. Car c’était bien sa vision. Qu’est-ce que je vivais actuellement ? Un souvenir ? Sa plus grande peur ? Je sentais la transpiration. La peur. L'angoisse. La terreur. Je tremblais encore plus. Mais maintenant que les voix n’étaient plus là ... c'était pire. Bien pire. Je croyais que ça venait des voix. Mais non. Ça venait de moi, de lui, ce bruit insupportable. Ce bruit assourdissant. Et pire. On pourrait croire que c'était un murmure parfois, qui n'avait pas vraiment de sens. Des sonorités qui finissaient par s'agglomérer.

Ce sentiment était encore plus présent maintenant que j’étais seul, dans cette salle. J’essayais d'appeler quelqu'un. Je voulais prononcer les prénoms d'Apollon et Télémaque. Mon prénom ? Mais en fait ma voix n'arrivait même pas à sortir, tant l'air avait besoin d'entrer rapidement à cause du rythme de cette respiration totalement brisée. Et ça me faisait encore plus mal. Une douleur insoutenable. Mais je n’arrivais pas à savoir si c’était physique. Car j’avais peur. Parce que j’étais seul. Et ce sentiment de solitude qui pesait sur mon cœur me faisait oublier tout le reste. Parler était la seule chose que je savais faire. Je sentais que j’avais besoin de quelqu'un mais qu'en m'isolant, j’avais tant accentué cette angoisse que je ne pouvais plus bouger. Et je commençais presque à la voir. Une ombre. Je ne savais pas. Si c'était vrai. Si c'était faux. Si c'était concret. Ou si c'était juste un délire. Je me sentais submergé. J’étais comme un gamin en pleine crise. Je vis cette ombre approcher. Par la gauche. Puis la droite. Mon regard était fixé sur cette ombre. J’avais l'impression que c'était une masse. Mais aussi de voir des chaînes qui pendaient à ses mains. J’étais obnubilé par cette ombre. L’impression qu’elle respirait, qu’elle puait. Qu’est-ce qui était vrai ? Qu’est-ce qui ne l’était pas ?

Elle s’était approchée. Elle était à présent entre moi et le mur contre lequel je m’étais réfugié. Je n’arrivais pas à comprendre. Je n’arrivais pas à savoir si c’était son imagination. La mienne. Une vision. Une angoisse. Je ne savais toujours pas si c'était vrai. Si c'était faux. Concret. Ou juste un délire. Mais, là encore. Ça m'angoissait. C'était là. Juste à côté. Si ça voulait toucher mes cheveux, ses cheveux, ça le ferait. Et j’avais même l’impression que ça le faisait. Non, ne le touche pas ! Mais j’étais impuissant. Je vivais cette vision à travers les yeux d’Hermès. Je ne pouvais rien faire. Alors ça explosa. Je rampai en criant. Puis, je me relevai. Tombai. Me relevai encore. Je me rendis à un endroit. Puis, je lançai quelque chose. Le verre se brisa. Et ça me réveilla presque. Pas d'un cauchemar. Mais plutôt. Comme si le bruit violent avait surpassé le bourdonnement. Le murmure. J’entendis une porte. Puis une voix forte qui m'appelait par son prénom "Hermès !". Qui l’appelait ? Et moi, ou plutôt lui, on se tenait le visage en regardant les débris du miroir que j’avais lancé. Qu’il avait lancé. Pendant un instant, je vis la chose noire dans le reflet. Puis mon reflet. Enfin, le visage d’Hermès. Terrorisé et angoissé. En larmes. Ses yeux ambrés redevenant argentés. Et je le sentais se dire qu’il ne voulait pas finir comme ça. Pas enchaîné. Pas enchaîné. Surtout pas enchaîné. Jamais enchaîné. Jamais.

Mes yeux s’ouvrirent et je reconnus la tignasse blanche d’Hermès. J’étais de retour dans ses bras. Un sanglot m’étouffa. J’avais ressenti ses émotions. Ce besoin d’être avec les autres, de ne pas être seul. Cette peur de se retrouver seul. Mais surtout cette volonté de partir loin. Loin de l’académie. Loin… de moi.

Je resserrai encore un peu plus mon étreinte, caressant son dos, mes larmes coulant encore sur mes joues.

« Hermès… Je suis là… Je ne partirai pas. Mais… J’ai besoin de toi… Si tu pars, je viendrai avec toi. »

Je m’éloignai légèrement pour le regarder dans les yeux.

« Qu’est-ce que… tu as vu ? »

Si j’avais vécu tout ça en étant dans ses bras, il avait sûrement vu quelque chose aussi.


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Déméter
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Déesse de l'agriculture
Déméter
Date d'arrivée : 29/07/2024
Nombre de récits : 61
Sexe : Féminin Pouvoir : Corne d'Abondance.
Cycle : 4e année. Référente Tamarisc.
Couleur(s) de parole : #99cc00
Double-comptes : Non.

Déesse de l'agriculture
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Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Dim 15 Sep 2024 - 10:18
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Les maux d'Argos - Première partie

Evenement 2024

" Calme-toi mon amie, tu n'es absolument pas inutile. Je te le promets... Je n'accepterais jamais que tu sois mise de côté ... ''
Tout est encore noir, oppressant... J'ai refusé de me sacrifier mais j'ai l'impression, le sentiment que cette décision aurait été une meilleure option... Que faire d'une référente inutile qui ne sait que faire pousser des fruits et rendre l'eau potable ? Pourquoi je pense à cela...? Le sanctuaire, l'académie... Non... C'était un cauchemar. Un simple cauchemar... Il semblait si réel... Je sens encore l'odeur de brûlé... La sensation du sol stérile sous mes pieds... Ce n'est que quelques instants après que je vois une lumière aveuglante. Mes yeux s'ouvrent... Je pose mon avant bras devant eux, aveuglée par la lumière ...

Je me sens toute... Chamboulée... Que... Je suis de retour ? Athéna est en face de moi, elle dort... Je me  redresse. Sur les bras. Scrutant par réflexe autour de moi... Athéna est là... Hécate, Hyppolite, Arès, Artémis, je suis soulagée... Un soupir de soulagement me gagne au fur et à mesure que je repère les silhouettes et visages de mes cadets. Mon regard se dirige aussi vers les autres pensionnaires, Apollon est avec Arès, j'ai été odieuse avec lui, il découvrait la maladie, un mal terrible chez le humains, et je lui ai mis la pression... Jusqu'où serais-je un tel monstre..? Alors qu'il est si gentil avec ma seconde et mon cadet. Je présenterais surement mes excuses après tout cela, je n'ai pas vu mes têtes solaires depuis un moment, j'étais trop focalisée sur mon devoir de référente, comme d'habitude, je les cherche du regard... Hébé est là, Hébé... J'espère qu'elle n'aura pas trop de séquelles de ce terrible voyage... Je dois aller la voir, m'assurer qu'elle va bien... Mais ils sont avec elle, ça ira... Je vois Hermès, heureuse de voir que ce maudit oiseau chanteur qui aime siffler ses blagues et ses piques est encore là... Momos, mon âme soeur, celui que j'aime, où est-il... Oh, mais il a... Oh, oui, j'avais oublié... Hébé a joué de son pouvoir, sa colère devait être trop compliquée à gérer, il ressemble à un petit chiot, même quand il dort... j'aurais dû les aider... Mais je me refuse de laisser Athéna aussi proie au désespoir... Mais ils sont là ... Je soupire à nouveau de soulagement, un sourire très léger se dessine sur mes lèvres, une larme perle et roule sur ma joue ... Ils vont bien, eux aussi...

Mes yeux parcours le terrain et je vois Pandore, Télémaque, Dionysos, Amphitrite, je ne vois pas Achille... Où est-il ...? Ma tête scrute le moindre recoin, il n'est pas là, où est-il ? Je commence à paniquer... Je me mets à genoux...

" Achille... Où es-..."

Je vois une trace... Non... Non, pitié, pas ça... Une voix résonne à nouveau... Elle transperce mes tempes...


- Si peu de personnes prêtes à se sacrifier... Quel héroïsme.


Je me lève, et arrive au niveau de la tâche sombre, les ombres se dissipent. Je tombe à genoux devant la marque.

" N... Non... Achille, pas ça..."

Déjà Perséphone. Et maintenant... Achille ? Je n'ai pas réussi à lui empêcher ça ? N... Non... Je reste un bon moment à côté de la tâche où mon cadet, mon protégé a disparu... Laissant aller quelques larmes, non... Pleurant à chaudes larmes un long instant.

" Achille... Pardon... Mille pardons... Je suis vraiment désolée... "

Il me faut du temps pour me relever. Toute envie et motivation ayant complément disparu, je vois un chemin de dessiner. J'y avance, plus amorphe qu'à l'accoutumée... Je ne pense plus à rien sauf au sacrifice de mon ami... J'ai échoué ...

La chaleur laisse place à un air plus sec, la fatigue étant peu à peu dissipée, mes forces me reviennent... Mais la motivation, l'envie, elles, ont complètement disparues...

Mais je sens que ce n'est pas fini, un vent souffle dans un climat si étrange... Angoissant... Une sensation de malaise très puissant m'envahit... Je reste en arrière. Je les vois tous me doubler. Je ne veux plus me mêler à personne. Le désespoir envahit mes tripes, mon corps... j'entends les voix de Perséphone et d'Achille. Comme le vent qui passe, elles traverse mon esprit... Je me sens de plus en plus mal... Je lève les yeux et... C'est quand tout le monde s'arrête,  je vois des visages choqués, je comprends... Ces statues...

" Perséphone... Achille ? "

J'avance, machinalement, courant, me ruant vers les statues. Elles sont dans une position et une expression si ... Déchirantes... Souffrance, douleur, je plaque ma main sur ma bouche quand j'arrive devant mon confrère et tombe à genoux avant... Ressentant une envie de vomir... Je me relève et me rue à sa statue, je ne me retiens plus. Je pleure toute les larmes que mon corps peut lâcher. C'est instinctivement que mon regard et mes mains se dirigent vers mon cadet. Même si voir Perséphone dans cet état me provoque une douleur indéfinissable...

" Je... Je te demande pardon... Je suis désolée ... J'aurais aimé prendre ta place..."

Je lève ma main gauche, posant ainsi cette dernière sur la représentation de son épaule...

C'est au moment que ma main entre en contact avec son épaule froide et figée que je me retrouve comme envoyée dans une... Un... Un souvenir ...? Qui suis-je... Je reconnais ce reflet. Achille ? Achille, je suis Achille ? Mais... Mais... Que se passe-t-il ?

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Aumeguia... Oui... Je me souviens que c'était il y a quelques temps... Une ambiguïté naissait entre les deux... Pourquoi mon cœur se serre comme si il allait éclater à un moment ? La jeune femme me parle... Je sens mes forces me quitter... Elle ... Ils étaient donc..? Je vois... C'est ça, une rupture ? J'ai mal... Achille... Toi, l'invulnérable ...

Je regarde devant moi ... Il avance... Je vois une... C'est un enfant ? Il a l'air triste... Mais c'est... Ce n'est pas un véritable enfant, je vois... Est ce que c'est une illusion ? Il ressemble à mon cadet. Ses rêves étaient incarnés dans le corps d'un enfant, il est dévasté, comme Achille... Je lève la tête et voit ma seconde, Athéna. Elle a l'air d'avoir attendu Achille des heures...

Nous échangeons quelques mots, Athéna, dans sa grande bonté, me propose un de mes mets préférés...  L'échange est bref. Rien ne saurait me sortir de ma détresse... Non... Ce n'est pas la mienne... C'est celle d'Achille. Et elle est bien plus forte que ce que je pensais être une passe, une amourette entre jeunes désinvoltes... Grands Dieux, Achille... Je suis désolée... Dans ton corps qui me sers de cage à l'heure actuelle, je ne peux qu'être spectatrice des terribles instants que tu as déjà  vécu...

Tu avances, laissant Athéna affectée... C'est alors à ce moment là qu'elle est venue me voir. Tu arrives dans ta chambre, ton colocataire est là... Arès. Il n'a pas l'air bien non plus... Je crois situer les moments ... Notre sanctuaire était dans une ambiance délétère... Je me rappelle... Tu n'écoutes pas le monde autour de toi qui s'inquiète de ton état, ta seule préoccupation, c'est t'isoler, rester seul. Tu rentres dans ta tente.

Une fois installé, tu te lâches. Tu commences à pleurer, je le sens, c'est comme si je pleurais moi aussi ...   J'suis invincible... Alors pourquoi j'ai mal..?— Mon cœur se serre ... Je te sens au bord du gouffre... Achille... Une silhouette se matérialise... Tu n'auras plus besoin de ça...— Cette chimère illusoire parvient à plonger sa main glaciale dans notre cœur et le brise en un instant. Notre souffle s'arrête, il est coupé, la douleur est forte. Très forte... Nous n'avons plus de souffle, j'ai mal... J'ai si mal... Un long moment passe avant que nous ne retrouvions nos esprits...

Je vois une pomme. Je sais à quoi ça sert. Je le sais. Tu n'as pas pu lui donner... Tes rêves ont été brisés avant que tu en aies l'occasion ...   Meg... Achille... Les sanglots qui s'échappent de nos yeux... Je les ressens... J'aurais du être là, je te demande pardon...

Notre estomac se tord... Je plonge dans l'obscurité et la lumière revient rapidement vers un autre lieu..? Non... Tu es toujours dans la tente... Je sens que le temps a passé, quelques jours, la même pomme est là. Tu n'as presque pas bougé... Tu ressens le besoin de sortir de ta tente, je te comprends, Achille, tu as besoin de respirer... Il fait nuit, tu ne respectes pas le couvre feu mais je ne pourrais jamais te blâmer pour cela... La solitude et le calme sont plus efficace quand le soleil est couché... N'est-ce pas..? Le petit garçon, l'illusion de ton bonheur maintenant disparu, semble avoir repris un peu d'entrain... Il insiste, il veut voir... Sa mère ? Tu lui réponds... Comme si une pointe de verre s'enfonçait lentement dans notre cœur à chacune des fois où il prononce le mot " Maman..." Il te lance des phrases de plus en plus blessantes, mais il ne sait pas... Il n'est qu'un enfant, l'innocence de l'enfant et de ces mots doux qui peuvent être aussi tranchant que la lame de l'épée la plus aiguisée... Tu es tellement résigné et détruit que tu lui réponds dans des soupirs et une profonde lassitude. Tu sais qu'il n'est qu'illusion, qu'il n'est que chimère, tu le sais... Mais nous lui parlons...  

Tu arrives près d'un lac, tu te rappelles... Je n'arrive pas à voir ce souvenir... C'était un bon souvenir ? Achille, étais-tu heureux..? J'entends la voix de celle qui occupait notre cœur, non, ton cœur... Ce n'est pas elle, c'est comme si une entité avait pris sa forme, une entité maléfique... Mais... Je sens que cette illusion, c'est comme une chose que tu as vécu par le passé, un mal que tu as affronté... Est-ce cela... Achille ? Pendant que tu te défoules avec notre poing, nous entendons Artémis... Elle aussi, dans une humeur massacrante... Je me souviens de cette période... Pourquoi n'ai-je pas été présente pour eux ? Pourquoi je n'ai pensé qu'à faire respecter ce maudit règlement que tout le monde a oublié..? Protéger, c'est aussi aimer, écouter, aider... Pourquoi... Pardon, mes protégés... Mes cadets... Je suis... Tellement désolée...

Vos échanges se font de plus en plus tendus, violents, menaçant... Je me sens déchirée... Entre votre amitié qui se déchire, cette aura machiavélique qui sort des horreurs... Cet enfant onirique qui n'est rien d'autre qu'un enfant et qui assiste à toute ces horreurs... Je sens que tu n'en peux plus, que vous n'en pouvez plus... Vous commencez à combattre... Non... Leur combat est violent...   ARRETEZ !! Personne ne m'entends, forcément... Le combat continue jusqu'à ce que vous échangiez quelques mots avant de vous quitter, l'adrénaline retombe... Je sens quelque chose... L'enfant nous appelle, notre pied...? Il saigne ? Achille a été blessé... Je me souviens... Oui... Tu as été blessé... Cette nouvelle t'a dévasté... L'invulnérable... Tu as peur, tu ne comprends pas... J'ai mal au cœur, à notre coeur, non, ton coeur .. Je retourne dans les ténèbres.

Je reviens... Je te vois... Tu luttes à marcher, les arbres te servent de soutien... Tu tombes souvent, tu ne te sens plus exister, tu souffres tellement... Ta blessure au pied gauche est présente, tu es choqué de cette nouvelle, mais ton mal le plus grand... C'est dans ton cœur qu'il est enfouit... Notre monologue avec le diable aux traits féminins revient et te tourmente, encore et encore... Il y a de quoi devenir fou... Tu reviens comme tu peux au sanctuaire, tu vois Hestia, elle est là... Bienveillante, inquiète, elle est là... Je me sens rassurée de savoir qu'elle est là... Je sens que je quitte ton esprit, Hestia fait bien plus pour vous que je ne l'aurais jamais fait... Quelle pitoyable référente... Achille... Je suis désolée... Je quitte ton corps et ton cœur sur ces derniers mots... Dis-moi, Achille... Est-ce que ça fait mal..?
... Une voix grave entre dans mon esprit, vibrante terrifiante

Dis-moi, Déméter... Est-ce que ça fait mal..?

------------------------------------------------------------------

Je suis de retour... D'un coup, comme si je me réveillais en sursaut d'un cauchemar... C'en était un... Mais il a existé... Je suis... Dans notre monde, la statue d'Achille... Je suis là, devant... Mes larmes coulent, sans s'arrêter... J'ai mal... Je sens ma gorge prise... Oh... Quelque chose remonte... Je me rue vers un endroit plus reculé... Je sens que mon corps rend quelque chose... Je suis en train de... Vomir ? C'est si... Affreux... Je rends tout ce que mon corps gardait depuis notre départ, ça, et les larmes... Ma respiration est accélérée... Je sens que j'angoisse... Mais beaucoup trop pour que ce soit de la simple crainte... Je suis effrayée... Je suis rongée, désespérée... Entre la culpabilité, la honte, le dégoût de moi-même, la faim, le désespoir... Que faire... Que faire...? Ici, à quatre pattes sur le sol, la pitoyable créature que je suis, vomissant ses tripes alors qu'elle est immortelle... J'ai blâmé Apollon pour ça. Mais c'est si... Désagréable... Je suis navrée Arès, pour ce que j'ai pu paraître aux yeux de celui qui t'es cher... Artémis... Je suis désolée, je n'ai pas vu ton malheur... Athéna... Je suis désolée... J'ai été inutile... Achille... Achille... J'aurais aimé être à ta place... Pour que tu n'aies pas à vivre tout ça... Hébé, Hermès, Momos... J'ai été une vrai... Plaie... Tout le monde...

Je suis désolée...

Je pleure, comme je n'ai jamais pleuré par le passé... Non... Pas ici... Ils ne doivent pas me voir... Non... Ne me regardez pas... Ne me regardez pas !!!

Les Maux d'Argos - Page 6 346bf91b9fc17803c62b2310c2e7ba301d46b271r1-500-281_hq
Caprice/Martel - Dea Kademeia

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Hermès
Hermès
Dieu du voyage
Hermès
Date d'arrivée : 31/07/2024
Nombre de récits : 30
Sexe : Masculin Pouvoir : True Journey
Cycle : 2
Couleur(s) de parole : #B768A2
Double-comptes : ///

Dieu du voyage
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Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Mar 17 Sep 2024 - 21:01
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Dark Impetus
Encore ce rêve …

Les yeux s'ouvrent doucement. La surprise de ne pas être dans le confort de sa chambre – ou de celle d'une autre personne – est absente. Non. Il se souvient bien. Et il se redresse d'ailleurs assez vivement. Il fait partie des premiers. À retrouver cette réalité. Cette conscience. Un instant. Les extrémités de ses doigts viennent se poser sur ses lèvres. C'est là. Ce sera toujours là hein … Sans doute est-ce cela le pire dans son rêve. Croire. Croire réellement que tout ceci était réel. Croire que ce hurlement de joie était réel. Et croire qu'elle n'était plus là. Cette chose qui rampe. Son propre reflet. Sa propre ombre. Ses craintes. Sa peur.
Un soupir traverse cette lèvre. La surprise d'être habitué, de ne plus ressentir ce dégoût. De sentir cette lassitude, cette acceptation … Cette surprise, elle aussi, est absente. Cela fait bien trop longtemps que ce jeu continue avec son esprit. Une fatalité qui s'est implantée dans son esprit. Mais il n'a guère le temps d'y penser – de toute façon, il n'a rien à dire sur ça. Car la douleur est là. Le tremblement est plus fort. Les vagues douloureuses plus rapprochées. Un mouvement. Main qui se pose sur la tête. Non. Réfléchis. Pense. C'est ta seule chance de trouver une quelconque solution … C'est ta seule chance de ne pas devenir fou. De ne pas succomber. Un esprit peut naître en gardant l'esprit actif. Celui de supporter, d'une manière ou d'une autre, la douleur.

Un coup d’œil en direction de la petite silhouette de Momos qui commence à bouger. Non. Ça ne va pas. Cette situation est déjà trop compliquée pour en plus avoir à gérer … ce genre de choses. D'ailleurs. Il a entendu cette phrase. Cette provocation, ce jugement, du détenteur de la Boîte des Maux. Argos s'amuse avec eux. Et si les règles de son jeu sont claires alors quelqu'un doit avoir disparu. Un sacrifice pour les ombres. Alors le Voyage se redresse – difficilement – et observe les personnes qui composent leur groupe. Certains dorment encore. D'autres se réveillent. D'autres, comme lui, viennent à peine de se lever. Il capte des visages. Mais il remarque l'absence. Et les traces d'ombres, là où devait se trouver Achille … La nouvelle victime d'une stratégie qui lui échappe, à l'heure actuelle. Normalement, il aurait sans doute déjà compris. Surtout avec des esprits comme Hippolyte, Athéna, Pandore, Momos, Télémaque ou encore le sien. Mais là … Chaque esprit est échaudé par le fléau qui s'est accroché à son corps ou à son esprit.

Le nombre se réduit. C'est un fait. Les maux s'intensifient. Cela aussi est un fait.
Les épreuves se basent sur des maux. Un troisième fait. L'objectif n'est pas clair. Le pire des quatre fait. L'ignorance. Et cela l'agace. Fortement. Tout en le fascinant. Ce n'est pas si étrange. Pour lui. C'est un jeu d'esprit. Une partie d'échec. Mais avec un joueur – leur groupe – désavantagé. Ils ne voient ni l'échiquier, ni les mouvements de leur adversaire, tandis que celui-ci est capable d'observer et prévoir chaque mouvement.
S'il n'était pas en train de succomber à cette douleur constante … il pourrait être fasciné par cette ruse, jouer avec pour l'améliorer. Et s'il n'avait pas volé un objet qu'il aurait aimé étudier dans son coin, aussi …

Mais qu'importe. Il approche de cet enfant. Il regarde son visage, qui peine à se réveiller. Il pense. À ce rêve. Il se souvient de chaque mots. Chaque voix. Pandore. Hippolyte. Athéna. Momos … Télémaque … Apollon. Les regards de ces peintures. Et sa propre détestation. Il le sait. Cela arrivera un jour. De la façon dont le rêve l'a montré ? Sans doute pas. La fatalité aime surprendre. Un autre paysage. Une autre situation. Il n'y a aucune peinture pour rendre cela symbolique, lointain. Non. Ce sera dur. Cruel. Concret. Réel. Car c'est ainsi qu'est la vérité. Un nouveau regard sur la petite silhouette. Il est son ami. Alors. Non. Il ne lui en voudra pas. Quand il partira. Un mouvement. Pour prendre délicatement l'Enfant Momos entre ses bras. « Eh … » Une discrète grimace. Mais ce que pourrait réellement voir la Raillerie sont ces cernes qui se sont installées et creusent peu à peu son visage. Fatigue qui s'est appliquée au rythme d'un sommeil qui n'a en rien été un repos essentiel au corps.

« Ça va aller P'tite Tête ? » Il commence à marcher, doucement. Le ton est calme. Même quand il reprend la parole. « Il est inutile que tu restes ainsi Momos. Nous allons chercher Hébé. » Le ton est toujours calme. Et il cache cette profonde fatigue. Les épaules sont plus basses que d'habitude. Le Roi des Voleurs ne prend même pas la peine de réajuster sa capuche ou sa veste. Un pas plus lent – pas apathique, mais plus lent. Cela le frustre. Tout est si lent. Trop lent. Même son cerveau, habituellement efficace et rapide, souffre de cette douleur. Cette souffrance … Qui l'empêche d'avancer comme il le souhaite … Physiquement comme intellectuellement. Une frustration, née par le fait que cet alanguissement lui donne l'impression d'avoir une nouvelle chaîne autour du cou.

Grâce à ce pas, il finit par atteindre, avec la Petite Raillerie dans ses bras, près de l'Éternelle Enfant. Une main se pose sur son épaule. Pour l'aider à se réveiller correctement. Un sourire doux. Alors qu'il pose les yeux sur son regard. « Hébé … Comment vas-tu Petite Lady ? » Il la laisse répondre. Puis reprend, après avoir lancé un regard dans la direction de Momos. « Je sais que la Petite Tête a été difficile. Mais … Momos fait partie de ceux qui ne sont pas affaiblis physiquement. Nous avons besoin qu'il soit en pleine possession de ses moyens et … pour ça … Il faudrait qu'il retrouve son état initial. Pourrais tu le faire, s'il te plaît ? » Il en profite pour regarder un peu autour de lui. Prendre conscience des autres personnes. Celles qui sont en difficultés psychologiques. Mais aussi. Celles qui souffrent, d'une façon ou d'une autre … Dont Télémaque, qui fait partie des premiers à être observé.

Une surprise sur le regard. « Hébé … Je te confie Momos. » Il dépose délicatement l'enfant. Puis se redresse. Il avance. Non. Non. Fais pas ça. Juste. Fais pas ça. Non. Non. Il aura pas le temps. Il le sait déjà. Il n'espérait pas. Non. Son calcul est déjà lancé. Il espère ne pas faire d'erreur. Un mouvement. Un portail qui se forme. Qui caresse la peau du jeune homme, avant que les ombres ne viennent les avaler. Cette lumière n'est pas pour vous. Le mouvement est rapide. Pour Télémaque, il est à nouveau près de l'Amazone. Et Hermès approche. « Non … Pas comme ça. Surtout pas … » Sa voix n'est pas énervée. Elle ne porte ni colère. Ni déception. Il le regarde. Juste. Et comprend qu'il évite son regard.

Mais il l'écoute. Il l'écoute avant de regarder Hippolyte. Puis hoche la tête, aux mots de la guerrière. « Elle a raison, P'tite Pomme. »
Un regard vers les ombres. « Nous ne savons pas comment fonctionnent ces ombres … le jeu a ses propres règles. » Nouveau regard. Vers lui. « Oui, c'est un jeu. Sordide. Mais un jeu qui … » Il s'arrête. Secoue la tête. Puis reprend. « Qui a ses règles. Je ne veux pas que tu brises le tabou, Télémaque. Car je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose … » Malgré ce regard qui le fuit, le Divin pose sa main sur son épaule.

« Tu ne dois pas croire que tu es un poids … ou quelqu'un d'inutile … Tu es Télémaque. Un Navigateur. Un être curieux, intelligent … Et j'ai besoin de toi pour réfléchir … Car je sais que tu souffres. Et tu sais que je souffre. Tout comme les autres ont leurs maux. Alors … Hippolyte a raison. Nous devons réfléchir. Et nous réfléchirons ensemble. D'accord … ? »

Et pour cela … Il a besoin d'elle. Un regard. Vers Hippolyte. « Je te le confie … Je reviendrais vers vous après … » Un dernier coup d’œil vers Télémaque. Avant de s'éloigner doucement. Pour rejoindre celle qui s'est fait voler cette Boîte. Son comportement est différent de d'habitude. Et à la première question, elle n'a pas répondu. Donc. Il faut réitérer. Le groupe avance de nouveau, maintenant que toutes et tous sont réveillés. Il avance. Doucement. Et la frustration revient. Car il en vient à se dire qu'il voudrait s'arrêter. Pour reprendre son souffle. Pour reposer ses membres. Non. Non. Connerie ! Foutue connerie !

Finalement, il arrive à son niveau. Comme un air de déjà-vu. « Pandore. » Le ton est plus neutre. Un regard en coin dans sa direction. « Je réitère mes questions … J'ai besoin de réponses. » Aucun commentaire, sur le fait qu'elle n'a pas répondu. Non. Il s'en fiche. Clairement. Il ne veut pas parler. Il veut comprendre. « Qu'est-ce qu'il y a à savoir sur cette boîte, son fonctionnement et … tout ce qui te passe par la tête. Je m'en fous que ce soit cohérent ou non. »

Et si elle ne veut pas répondre … ? Alors il faudra trouver autre chose. Mais il ne serait presque pas surpris qu'elle refuse de répondre – par orgueil, par jeu ou toute autre raison. Dans une situation normale, il l'aurait été. Mais là, il a bien remarqué. Ce détachement. Ce besoin d'alcool. Ce regard. Il reconnaît ça. « Tu ne veux pas défoncer ce petit malin à son propre jeu … ? » Une lueur brille dans ses yeux. Son sourire est inexistant. Mais cette lueur. Elle palpite. Malgré l'affaiblissement chronique dans lequel la douleur constante le plonge. Un Voyageur Rusé. Un mauvais côté connu par ses amis. Moins par d'autres. Quelque chose de sombre qui anime un esprit. Un Tourment qui n'attends qu'une seule chose, s'exprimer.

« Je sais. Je sais. La partie d'échec est truquée … Mais, à l'heure actuelle … Soit tu suis le chemin, soit tu t'enfonces dans les ombres – en suivant les règles ou non. » Ce qui l'agace. Cette illusion de choix. Lui. Dieu des Croisements. Mais son regard est toujours fixé sur elle. « Donc. Quitte à y aller. Je préfère me donner un moyen de tenter de renforcer ma défense … » Et agir. Au bon moment.
Une partie d'échec, oui. Il semble conscient des capacités de cette Boîte. Donc, ce qu'elle sait, il doit en avoir théoriquement connaissance. C'est une stratégie basée sur le pari – car s'il apprend une subtilité dont il n'était pas au courant, il pourrait très bien en profiter. Et Hermès est conscient de cela. Mais. Au moins il peut avoir une visibilité – incomplète – de l'échiquier.

Qu'importe la discussion que cette proposition met en avant, il tente. Il tente. Et échange. Jusqu'à ce que l'environnement change – et qu'il s'éloigne de Pandore avec l'information qu'elle aurait pu lui donner. Un regard. Voir si certains ne se sont pas égarés volontairement. Tout en cherchant l'origine précise de ces voix. De ces sanglots. Le son dansait dans le vent. Mais il semblait impossible de ne pas comprendre d'où venaient ces lamentations. Deux statues. Une de Perséphone. Une d'Achille. Le Printemps et l'Immortel. Figés dans la pierre.

Alors … C'est donc ce qui se produit …

Un craquement. Le bruit attire son regard. Une scène. Cette silhouette. Celle de Télémaque qui avance vers les ombres. Il avance. Cette fois, la lueur palpite brutalement dans son regard. Cette fois, le portail apparaît plus rapidement. Et fait réapparaître le jeune homme là où il était. Il avance. La douleur est violente. Et les gémissements de Télémaque rendent cette douleur plus intense.

« Pas comme ça. Les choses pourraient être plus … terribles. Bien plus. » Il le fixe. L'inquiétude est là. Et s'ajoute à la fatigue, puis à ses tremblements. Mais il continue de le regarder. Dans son regard, une certitude : les règles existent pour une certaine raison. Quitter le jeu sans connaître celles-ci pourrait avoir des conséquences encore plus dramatiques … Ce n'est pas de la confiance en Argos. Non … C'est autre chose. S'il avait été à la place de l'instigateur de cette mascarade, il aurait sans doute pu profiter de quelque chose particulier des ombres. Sans doute une forme d'influence … Les immortels ne peuvent mourir, mais ils peuvent sans doute devenir porteur d'un parasite ou d'une manifestation surnaturelle. Et cette réalité peut causer beaucoup de dégâts. Physiques, mais aussi psychiques.
Alors, le divin ne laisse pas le mortel finir sa phrase. Car il vient le prendre dans ses bras, le garder contre lui. Je comprends, mon ami. Il comprend cette douleur. Il ne peut pas gémir. Ne veut pas crier. Se laisser aller à cette douleur. Certains diraient que c'est son ego divin. Sans doute. Ils auraient raison. En partie. Mais comment réfléchir, si le corps se laisse aller à la douleur ? Comment penser, si le corps n'a plus cette barrière et décide de s'effondrer ?

Comment agir … si le corps vient à ne pouvoir que ramper ?

Il souhaite murmurer quelque chose. Mais il n'a pas cette occasion. Car, au moment où son ami s'accroche à lui, se laisser aller dans ses bras, un phénomène se produit. Un mouvement, qui n'en est pas un. Une distorsion de l'espace qui n'en est pas une. Et pourtant, il n'est plus au même endroit. Il a quitté cet environnement. Celui des plaines des Terres Désolées, pour autre chose …

Il est là. À entendre des rires. La douleur est absente … Ce sentiment … Il voudrait regarder sa main, mais, à cet instant, il ressent cette vérité … Il ne peut pas bouger. Ou plutôt, l'ordre n'atteint pas ce corps, ces sens, cette réalité. Et malgré tout, la première chose qu'il ressent est cette sérénité. Cette joie. Elle lui arrache un sourire … Et pourtant, sans véritablement le faire. Non. Ce sourire … Cette joie … Mais surtout, cette image. Cette voix qui résonne en l'appelant champion, en répétant qu'il est un champion. La sensation … Cette sensation …

***



Quelqu'un qui m'attrape … Qui pose ma tête contre la sienne en une accolade fraternelle, amicale. Je reconnais la garderie. Je reconnais l'une des cours, ce monde qui semble si imposant, si écrasant, quand mon corps n'était encore que celui d'un enfant. Mais j'oublie ce détail – non, je l'ignore. Car j'écoute. Les rires qui m'entourent, qui me sont destinés. Des amis. J'ai des amis. C'est tellement bon, de les ressentir près de soi. De leur faire plaisir. Je tourne la tête. Je sens ce sourire, sur mes lèvres. Je regarde l'objet que l'enfant me montre, qu'il me félicite de l'avoir retrouvé. Champion. Encore une fois, ce mot résonne. Parce qu'il rigole. Parce qu'il aime ce qu'il a vu. Et je comprends, au fil de ce que j'entends. Quand on me passe la main dans les cheveux. Quand on me demande de retrouver quelque chose d'autre. C'est ça. Oui. Je peux le faire. Je suis Télémaque – c'est vrai … Je suis Télémaque … ? Je suis … Télémaque …
Je sais qu'on est jeune, que je pourrais mieux plus tard. Mais là, je peux l'aider. Alors je sens le sourire étirer mes lèvres. J'entends cette voix … Ma voix … Ma voix … Ma voix qui accepte. Qui ne se pose même pas de questions. Non. Je ne me pose aucune question. Et pourtant je sais. Que je devrais le faire. Mais. Je suis Télémaque. Et la seule idée qui finit par occuper mon esprit, sans pour autant me chasser est celle-ci …

Leur faire plaisir est tout ce qui compte.
Leur sourire est agréable. Chaleureux. Et je m'amuse. N'est-ce vraiment pas tout ce qui compte ?
C'est ce que je ressens. Je suis Télémaque ... Mais je suis conscient ... De ne pas être lui. Je suis dans son cœur ... À fouiller un souvenir.

Mais. Je voudrais en même temps dire ce non. Je voudrais lui dire d'arrêter de me prendre pour ça. Juste un jouet. Juste une boussole. De me prendre pour … Me prendre … ? Non … Ce n'est pas moi. Non. Je ne sais pas. Champion ! Le mot résonne à nouveau, alors que je vois la boussole devant mes yeux. Alors … C'est ce que ça fait. Un pouvoir qui n'est pas le mien  … Et pourtant qui, à l'heure actuelle … est le mien. Car je sens cette circulation de l'énergie. Sa pensée … Ma pensée … Qui vient chercher ce mysticisme et s'y accrocher. Pour le nourrir et l'animer. C'est ce que je suis … en partie … C'est ce que tu es, en partie … Mais … Non. Non.

Je sais. Ce piège. Je le comprends trop rapidement. Mais je ne peux rien faire. Car je ne suis pas là. Je ne suis que spectateur. Je ne suis que là pour voir ce que je connais, pour l'avoir déjà observé, à mon niveau. Je te regardais, avant, Télémaque. Mais là je crois comprendre … Alors que la brume commence à avaler cette scène et l'environnement de la garderie.
De nouveaux couloirs qui s'extirpent du néant. L'impression que le monde est moins imposant – ou plutôt, que je suis moins insignifiant physiquement. Que je peux habiter un espace plus grand. Des mannequins de coutures qui se dessinent. Des tableaux. J'entends la musique. Qui n'est pas constante. Rien ne l'est. Ce n'est pas qu'une image. C'est plutôt … Ah … Oui …

Je vois juste … les gens, qui vont et viennent. Les journées qui défilent. Dans mes mains, de la peinture, avec laquelle j'immortalise un visage, un sourire, perdu dans un paysage. Dans mes mains et face à mes yeux un instrument de musique et une partition, grâce auxquels je donne naissance à une mélodie qui vient entraîner mon esprit, le faire danser. Dans mes mains, du métal et des gemmes, une combinaison permettant de fabriquer collier qui pourrait habiller un magnifique cou. Entre mes mains, des instruments, des arts. Mais toujours, un vide. Pas une transcendance. Pas une création qui me plaît plus qu'une autre.
Et je me sens … moins heureux. Il y a quelque chose. Un regard qui se pose, mais pas vraiment de gens avec qui parler. J'aimerai arracher à nouveau un sourire à quelqu'un. Mais ils sont moins présents. Ils s'éloignent. Pas tous. Mais la solitude commence à se faire sentir, parfois. Non. Pas la solitude … ou plutôt, une forme plus viciée. Cette impression d'être vu, mais mis de côté. D'être là, mais ignoré. D'être présent, mais sans intérêt.

Et là. En sentant ça. J'ai mal. Cette douleur à la poitrine. Cette confiance qui se brise petit à petit, au fil des journées qui se succèdent. Je les vois avancer. Je les vois construire. Je les vois utiliser leurs compétences mystiques. Mais moi. Je n'avance pas. Ce que je touche n'est pas transcendant. Ce que je touche ne fais rien. Puis … Dans les mains, des accessoires. Devant mes yeux, un tissage, une tapisserie. Et les morceaux brisés brillent d'une nouvelle lumière. J'aime. J'aime ce que c'est. J'aime le geste. J'aime le sentiment de tranquillité. J'aime le mouvement des fils et la géométrie des formes. J'aime me projeter dans un environnement. J'aime me dire que je veux l'immortaliser, pas à travers la peinture. Mais à travers ces fils et ces tissages.

Je touche le fil, la forme. J'aime la sensation.
Peut-être est-ce ça … La transcendance que j'attendais ... Que ce cœur attendait ...
Que tu attendais, Télémaque.

Et pourtant, même avec ça. Les morceaux ne se recollent pas. Ils ne reforment pas cette confiance. Car je tremble, dès que j'ai l'idée de montrer une création. Je voudrais être un artiste. Mais ce sont les autres qui donnent cette dénomination, pas soi. Je voudrais que cela leur plaise. Juste. Qu'ils apprécient. Qu'ils me parlent longuement de ce que j'ai fais. Pour essayer d'en apprendre plus. Car je veux en parler. Je veux leur partager cet amour que je sens, dans chaque morceau de cette confiance brisée, dans chaque recoin de mon âme. Mais j'ai peur … J'ai peur qu'ils trouvent cet amour pathétique. Qu'ils trouvent mon travail misérable. J'ai peur … De leurs regards … De plus en plus … Ils sont grands. Ils sont meilleurs que moi … Ils sont eux. Moi … Je suis juste moi …

J'ai peur … Car il a peur …
J'ai mal … douleur qui se mêle à cette peur, à cette confiance qui s'étiole, au fur et à mesure.
J'ai peur … Je ne veux pas être seul … Je ne veux pas être seul …

La brume remonte. Elle avale le tissage. Les regards. L'intimidation. L'environnement. Jusqu'à ma propre conscience. Et cette peur s'efface … ou plutôt se cache. Là. Quelque part. Dans un angle tortueux de l'esprit. Je suis là. La boussole mystique aussi. Une autre personne. Je crois … Je crois qu'il s'agit de celui qui m'appelais champion, avant. Mais je ne suis pas certain. J'ai grandi, lui aussi. Et là, il semble juste attendre une chose. Que la boussole désigne le chemin de ce qu'il cherche. Un service à rendre. Une impression de confort. Pas le confort chaleureux. Mais plus ce confort d'une situation connue. D'une situation facile. D'une situation à laquelle je me suis habituée et que j'ai acceptée.

Je viens vers eux. Ils viennent vers moi. Une sociabilité construite sur une seule vérité, à mes yeux … les gens ont besoin de moi. Alors je le fais. Simplement. C'est tout ce qu'il y a à faire … Leur plaisir est tout ce qui compte … n'est-ce pas … ?
Il me remercie en m'appelant simple T. et en s'éloignant. Et à la voix, je le reconnais, oui. Il a changé. Il a juste besoin de moi … Mais … C'est pas grave, non ? Il me bouscule. Comme si cela n'avait pas d'importance. Je sens ma main sur mon épaule. Il ne m'a pas fait mal. Mais simplement … Ce geste … Cette sensation … Je ne sais plus à qui elle fait moi … Est-ce à moi ou à ce … moi qui n'est pas moi … ? Les vérités se brouillent. J'ai mal … De voir ça. De sentir ça. De sentir cette résignation peut-être inconsciente. D'une situation qui ne devrait pas exister. Mais je ne peux qu'observer. Que tomber dans ce nouveau piège …

Et je suis faible. Ou plutôt. Je me dis que je suis faible. J'entends les autres prononcer ces mots. Je me plonge dans cette vérité de la mortalité plus faible que la divinité. Je voudrais être plus fort, pourtant. Plus fort pour protéger ceux qui me sont proches. Ceux qui arrivent à tenir mon cœur morcelé. Mais ça fait rire. C'est risible. Car je ne suis pas assez grand. Pas assez musclé. Pas un dieu. Il y a toujours une raison … Toujours une raison de ne pas être assez fort. Et je crois … que les émotions sont d'accord avec ça. Ces émotions que je ressens … Mais il y a cette main. Cette chaleur. Ce sourire. Celui d'une Muse. D'un accès au ciel. D'un accès aux étoiles. Je me sens bien avec elle. Je me sens en confiance, avec elle. Tellement qu'elle sait. Qu'elle a vu. Qu'elle a été, littéralement … ma muse. Ma muse. La mienne …

La tienne … Télémaque … Ta muse …
Et je le ressens … Cette chose. Ce sentiment. Ce bonheur. De pouvoir l'immortaliser. De pouvoir l'appeler amie. Une main tendue. Cette main … à laquelle s'accrocher. Des bras dans lesquels se perdre. Mais ça n'efface rien. Car les mots sont là … Ils résonnent.

Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.
Mortel. Boussole. Vulnérable. Avorton. Impuissance. Inutile. Peur. Faiblesse. Risible. Objet. Dépendant. Défaillant. Cherche. Lâche. Dépendant.


Et alors que la brume nous avale. Encore … Je sens ces morceaux de confiance se fissurer, encore, à l'écho de ces mots, qui résonnent. Qui se répètent, chaque journée. Des petites insultes. Des avis. Des pensées dites à voix haute … Non … Comment un mortel peut-il protéger une divinité … ? Comment un mortel peut-il devenir plus utile qu'une déité … ?

Ils lui répètent ça.
Et je l'entends. Au plus profond de ce cœur ... Comme s'il était le mien ...

N’oublions pas que Télémaque est un petit mortel fragile. Mais vous, vous êtes des Ipomea ; vous méritez ma compagnie.


Je reconnais la voix d'Apollon. Luciole. Des mots habituels. Mais qui se répètent dans cet esprit, dans ces émotions. Qui se notent dans chaque fragment de verre brisé. Pour éteindre leurs fissures. Dans ce cœur. De l'inquiétude qui se mêle à cette vérité, répétée. Encore. Toujours. Je suis sur ce lit. Je regarde Pandore et Apollon. Ils s'amusaient. Ils jouaient. Et cette phrase. Une habituelle phrase, oui. Et pourtant. Elle lui a fait mal. Elle me fait mal, car je suis Télémaque. Je suis ses émotions. Dans ce voyage … Dans ce piège … Les mots se répètent. Petit mortel fragile … Petit mortel fragile.
La vérité est dure à entendre. Mais quand cette vérité est faussée par un esprit à qui vous avez dit, chaque jour qu'il existe une différence entre une divinité et un mortel … Et que même certains mortels valent bien plus que d'autres. Nouvelle douleur. Nouvelle idée. D'être de côté. La solitude qui rampe. S'associe à elle. Je l'entends … Non. Même dans ce voyage … Elle est là …

Pas présente. Dans ce souvenir. Pas dans ce cœur que je regarde, comme s'il était un livre qu'Argos me forçait à lire.
Mais dans cet esprit. Mon esprit. Je la sens. Là. Je l'entends. Ramper.

« Télémaque. »

Je me surprend à m'entendre … Moi … ? Ce vrai moi. Qui commence à sentir cette solitude entrer en résonance avec la sienne. Cette obscurité qui vient attraper mon cœur. Tristesse. Abandon. Insécurité … Détestation. Je l'avais compris. J'ai toujours tenté d'entretenir cette lumière qui est dans son cœur. Si je pouvais dévorer ses ombres, je le ferai. Si je pouvais absorber ses craintes, je le ferai. Mais là. J'entends ma voix. Et je me connais. Et je connais ce piège … Et je sens. Mon esprit tremble. Il tremble. En partie parce qu'il est épuisé. Ou plutôt parce que je ressens cet épuisement mental. Le tien – devenu le mien, dans ce voyage … L'épuisement, le désespoir, nés de mots. Ceux d'Uranie. Ceux d'Apollon. Alors. Je n'ai pas besoin d'être un génie … Pour comprendre. Car je reconnais ce timbre de voix. Je reconnais les petits détails, que je suis le seul à voir. À ressentir.

Je me vois. Ce corps. C'est à ça que je ressemble.
Et je lui demande. Les mots sortent. Je cherche un truc et j'ai besoin de toi.

Non … Je ne ferai jamais … Je ne ferai jamais ça … Télémaque. Ne l'écoute pas ! Ce miroir … C'est … C'est un rêve. C'est juste un cauchemar. Je ne pourrai pas …

Je l'entends encore. Je m'entends encore. Expliquer. La Boîte de Pandore. Oui. Je la veux. Je veux la comprendre. Mais non … Je ne ferai jamais ça. Je voudrais le prendre dans mes bras … Mon ami …
Le désespoir de Télémaque … Il ne mérite pas ça. Il ne mérite pas d'être de côté. Il ne mérite pas d'être vu comme un jouet et jeté quand son utilité s'avère inexistante ou ennuyante. Il n'est pas qu'un amalgame de rouages, obéissant aux lois du magnétisme. Il est autre chose. Plus que ça …

Apollon avait raison … J'entends ces mots. Je le regarde. Je me regarde. Ce reflet dans ce miroir. J'ai mal. Je pourrai presque sentir mon cœur être arraché. Que chaque morceaux brisés de cette confiance soient arrachés et offert à ce qui existait avant même les Primordiaux. Je vois mes lèvres bouger. Je vois cette lueur. Dans mes yeux. Je sais … Non. Non … Non … Je me connais … Je le connais. Ce visage … Cette intonation … Si j'avais un quelconque corps, je pourrais sentir mes lèvres bouger. Car j'imagine. Non. Je devine. Ce que voit le reflet. Tous ces fils. Des informations. Sur lesquels tirer.

Tu ne sers à rien.


Et les larmes s'écoulent. L'espace est en mouvement. Je sens qu'il court. Je sens que je cours. J'ai mal. Car il souffre. Que je ressens cette souffrance. Mais je l'entends. Ce petit rire. Cet enfant qui m'est apparu en rêve. Cette respiration gutturale. Ce murmure.

Ça … tu pourrais le faire … Hermès … Tu le sais. Que tu frappes juste. Tourment Rusé. Tu frappes là où les choses sont douloureuses. Tu peux attraper un cœur. Tu peux le récupérer … Doucement. Presque tendrement. Tu peux embrasser. Pour mieux fermer ta poigne sur ce palpitant. Si tu veux faire mal. Tu sais le faire. Combien de temps ... avant que ça n'arrive avec lui ?  Avec les autres ?

Alors … Dans cette combinaison de visions … D'émotions … Je me perds. Je ne sais même plus … Je voudrais lui dire … Que je ne lui dirai jamais cela. Mais je voudrais attraper ce reflet. Chacun de ces miroirs. Les briser. Et bouffer chaque éclat. Morceau par morceau. Chaque éclat d'ombre. Car il ne mérite pas d'entendre ça. C'est mon ami … Et mon image l'a fait souffrir … Ma voix l'a fait souffrir … Mes mots l'ont fait souffrir. Par les rêves, oui. Et pourtant … Cela me touche. Car c'est ce que je suis …

J'entends les mots de Pandore … sans vraiment les comprendre. Mais l'intensité devient plus grande. Je suis emporté, par chacune des émotions du mortel. Les mots sont durs. La réalité est violente … Oui, mais moi, j'ai du pouvoir. Un nouveau couperet qui tombe. Une nouvelle cassure. Un nouveau sentiment d'insécurité, d'inutilité. La solitude. Qui attrape l'âme. L'esprit. Qui dévore chaque chose. Je ne veux pas … Il ne devrait pas penser cela … Les couloirs défilent. La porte s'ouvre. Le miroir … Encore … Puis la question. Et enfin, cette réponse … Unique. Violent. Désespérée … Alors que les brumes se ferment sur moi … Que j'entends cette supplique. Cette prière …

Oui, mais pitié, faites que tout ça s'arrête ...


***


Le réveil est brutal … Bien plus qu'il ne devrait l'être. Il ne dit rien. Le Divin reconnaît cette tignasse, ces couleurs. Il reconnaît ce parfum … Il reconnaît … tant de choses. Mais il ne dit rien. Il sent cette caresse dans son dos. Et lui. Lui. Resserre un peu plus sa prise. Il ne veut pas le quitter. Il ne veut pas le laisser dans les ombres. Mais … il a si mal … Si mal … Pourquoi doit-il souffrir ainsi ? Pourquoi doit-il être celui qui est rejeté, abandonné. Mis de côté. Ses yeux se ferment. La voix de Télémaque est la première à résonner. Ces mots …

Ah … Alors tu as vu quelque chose … Toi aussi.

Une promesse. De partir avec lui, s'il part. Une main alors, qui attrape la sienne tandis qu'ils s'éloignent légèrement. Le tremblement est là. Visuellement … il ne semble pas pleurer. Pourtant, il est là. À le fixer. Pas parce qu'il parle. Mais parce qu'il sait. Qu'il a mal. Il garde cette main. Dans la sienne. Il la serre légèrement. Pour qu'il sache. Qu'il est réel. Qu'il est là. Le Navigateur sentira ce tremblement. Celui d'un corps qui est au bout, par cette douleur qui est revenue.

« Je suis là … moi aussi. Regarde moi … » Il le fixe. Plonge ses yeux dans les siens. « J'ai vu … ce que j'avais déjà pu voir. Et autres choses. Mais, Télémaque. N'oublie pas que … tu mérites de briller. Tu ne sers pas à rien. Crois-moi … Tu mérites d'être heureux. » Plus que ce que je suis … Car je ne mérite pas un ami comme toi. Puis. Ses yeux se baissent. Avant que les paupières ne se ferment. « Mais … Nous en parlerons plus tard … D'accord ? Ne t'inquiète pas … Je serai là. Même si nous sommes à l'extérieur des murs. Là. Aujourd'hui. Même si je venais à avoir la possibilité de partir. Je ferai le chemin du retour … » Et cela ne l'effraie pas. Non. Pas là. Car il doit être là pour lui. Pas parce qu'il est faible, non. Mais simplement parce que tout le monde a besoin de quelqu'un.

Il passe un instant sa main sur sa bouche. « Désolé … Je dois … » Il se redresse. S'éloigne un peu. Sans lancer un regard à d'autres. Il s'éloigne un peu des murmures, des mots. Ses mains tremblent. Ses jambes aussi. Son crâne. Son corps. Cette douleur, qui s'impose. Sa main vient se poser sur sa bouche. Il n'y arrive plus. Croyant être assez isolé, ce qui n'est finalement pas le cas dans ce paysage des ombres … il commence à vomir. Le corps qui ne supporte plus. Les céphalées. Les douleurs de la peau. L'épuisement chronique. La souillure tombe sur le sol. Une fois. Puis une deuxième. Avant qu'il ne passe sa manche sur ses lèvres, réprimant une toux de gêne.

Alors il se laisse tomber. Installé. Regardant les ombres. Il essuie ses lèvres, encore. Avant poser sa capuche sur sa tête. Discrètement, il remonte ses mains contre sa tête. Ses genoux vers lui. Il tremble. Alors qu'une première larme roule contre sa joue, légèrement dissimulée par le tissu. Combien de fois a-t-il pleuré, même silencieusement comme maintenant ... ? Combien de fois ... ? Si rare. Même lors de ses crises, il est plus dans la crise de l'angoisse, qui lui serre la poitrine. Là ... Il ne contrôle plus rien. Plus rien. Alors. Il baisse le visage. Espérant que la capuche suffira. Espérant qu'il est assez isolé.

Cette tristesse. Cette douleur.
Cette colère. Aussi. Obscurité qui dévore son cœur.
(c) 2981 12289 0


« Information and Knowledge.
Two currencies that have never gone out of style. »


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Hébé
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Déesse de la jeunesse
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Date d'arrivée : 04/08/2024
Nombre de récits : 23
Sexe : Féminin Pouvoir : Retour en enfance
Cycle : 1

Déesse de la jeunesse
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Les maux d’Argos


La jeune déesse ouvrit les yeux presqu’à l’instant où Hermès posait la main sur elle. Elle sentait de nouveau l’énergie de sa jeunesse affluer dans ses veines, s’il n’y avait cette faim dévorante qui lui tordait l’estomac on aurait presque pu dire qu’elle était en pleine forme. Et puis… on était limite sur le meilleur réveil de toute sa vie, si on occultait tout le reste autour évidemment… Quand ils auraient éclater la face d’Argos, il faudrait qu’elle lui glisse un remerciement à ce sujet… Son héros était penché au dessus d’elle, une main posée sur son épaule et il lui souriait. Il se souciait même de comment elle allait… L’espace d’un instant, Hébé craignit d’être toujours en train de rêver… Elle se pinça vigoureusement le bras puis, semblant trouver l’expérience concluante, adressa à son idole son sourire le plus éclatant.

« Ça va ! J’pourrais manger un éléphant, j’crois… mais sinon ça va ! On va lui faire bouffer ses dents à cet abruti ! »

« Je sais que la Petite Tête a été difficile. Mais … Momos fait partie de ceux qui ne sont pas affaiblis physiquement. Nous avons besoin qu'il soit en pleine possession de ses moyens et … pour ça … Il faudrait qu'il retrouve son état initial. Pourrais tu le faire, s'il te plaît ? »

« Oh oui, bien sûr ! Pas de problème ! C’est vrai qu’on va avoir besoin de lui pour lui faire mordre la poussière à l’autre ! » répondit-elle d’un ton dégagé comme si elle n’était absolument pas responsable de son état actuel.

« Hébé … Je te confie Momos. »

Elle hocha la tête en souriant et s’assit en tailleur devant Momos.

«  Je vais te rendre ton âge P’tite tête, ça va pas être long t’en fais pas. Je suis désolée de t’avoir fait de la peine. Mais il faut que tu arrêtes de me traiter comme un bébé par contre…»

Son estomac se mit à grogner, elle grimaça en se serrant le ventre. Bon, autant couper court aux explications… en plus il était tout petit… et trop choupi… Elle ne voulait pas l’attrister à nouveau. Elle se ferma les yeux pour se concentrer, faire grandir la petite pousse… doucement…

Quand elle rouvrit les yeux, Momos avait repris sa taille initiale. Elle se releva et l’observa de haut en bas…

« Ça m’a l’air d’être bon… j’pense que j’ai rien oublié… hein mais ? Il se passe quoi ? L’air est empoisonné ou quoi ? »

Certains semblaient bizarres… blêmes, couverts de sueur… Elle avait du mal à donner un sens à leur paroles ouvertement angoissées… Demeter rendait ses tripes et Hermès venait de s’éloigner d’un pas titubant pour faire de même… Elle tournait la tête de l’un à l’autre, se mordant la lèvre, hésitante… Mais lorsqu’Hermès se laissa tomber sur le sol en tremblant, elle se précipita à ses côtés sans même réfléchir.

« Hermès ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » questionna la déesse d’une voix soucieuse en posant sa main sur son bras.


Autour d’elle, le monde se mit à  tourner… Ou bien était-ce la faim qui lui donnait des vertiges ? Elle ferma les yeux un instant, attendant que la sensation se calme…

La jeune déesse ouvre les paupières… Elle voit ses pieds…     De petits pieds d’enfant… son pouvoir lui aurait encore échappé ? Non, ils sont trop mats… Ils parlaient tous de voir des trucs… des idées ? Ou des souvenirs ? C’est parce qu’elle a touché Hermès ? Elle est dans sa mémoire ?  C’est vraiment trop bizarre d’être directement dans sa tête… enfin dans son corps… les deux apparemment… Elle sent l’eau qui lui caresse les orteils et le sable humide sous pieds. Le jour commence à baisser, elle se sent relever la tête pour contempler l’horizon. Le soleil couchant pare l’océan de rose et d’orangé, c’est magnifique… et pourtant… son coeur se serre… L’horizon… Sa respiration s’accélère… Elle tremble… de plus en fort… Cette ligne inaccessible… Ses tempes se mettent à bourdonner, comme si les bruits extérieurs se répercutaient mille fois contre les parois de son crâne et s’amplifiaient à chaque rebond… Etait-ce juste son esprit ? Les vagues ? Le vent ? Elle sentait la douleur intense d’Hermès autant que sa confusion… et cette envie, ce besoin plutôt, profond, dévorant, de courir, de plonger… de répondre à l’appel de l’horizon et de le dépasser, d’aller plus loin, toujours plus loin !

Il va pour s’élancer mais une main se pose sur son épaule et le retient. « Il faut qu’on rentre » annonce une voix qu’elle ne parvient pas à  identifier. Les mots parviennent à son esprit mais le bourdonnement enfle, comme un soufflé prêt à éclater, et rentre en résonance avec les battements furieux de son coeur. Ses prunelles ne lâchent pas l’horizon. Il veut y aller, elle veut y aller. Il veut partir, il DOIT partir ! Hébé est prise d’une furieuse envie de crier, de hurler, la sienne cette fois. Laissez le partir ! Il en a besoin ! Vous ne comprenez pas ? Ce besoin de bouger, de découvrir, d’explorer, de s’échapper de ce monde minuscule… elle le connaît déjà… pour elle aussi c’était devenu une nécessité mais… cette urgence… cette douleur… c’est des centaines, des millions de fois plus puissant chez Hermès ! Comment les primordiaux peuvent autoriser ça ? Il souffre tellement ! Vous le privez de son essence ! C’est comme… si on forçait un poisson à vivre sur terre, le laissant s’asphyxier à chaque instant, tout en s’assurant qu’il reste en vie… C’est un supplice…

Le monde tourne de nouveau. Le décor change. Un couloir… ça ressemble à la garderie. Elle avance… vite… très vite… comme pour fuir… Mais fuir quoi ? Elle esquive les gens, les visages… et surtout les voix… les voix insupportables… Non, c’est ce bourdonnement qui est insupportable… Mais le bourdonnement vient des voix, de leur écho qui rebondit sur les mur étriqués de cet endroit… Du moins, c’est l’impression qu’elle en a… ou bien celle d’Hermès ? Hébé voudrait pouvoir secouer la tête vigoureusement pour se remettre un peu les idées en place… Tout s’embrouille… c’est trop proche… trop familier… bien qu’infiniment plus intense… Elle ? Hermès ? Elle ne sait plus… Le souvenir du crépuscule l’obsède, refusant de quitter son esprit… Si magnifique !  Ces étoiles qui étincelaient une à une dans le firmament. L’envie de les rejoindre, de les enlacer chaleureusement, comme des amis… de les faire briller plus fort encore ! Mais toujours, ce martèlement l’accompagne, ce battement de coeur intense, écœurant, qui lui broie le crâne…

Elle arrive sur une porte et la passe… sans l’ouvrir… comment ? Elle l’avait traversée ? Elle n’en était pas trop sûre… mais c’était agréable… un trop bref instant… comme une petite flamme sitôt soufflée par le vent… Elle se blottit dans un coin, la tête entre les mains. Ses doigts se crispent dans sa tignasse poisseuse de sueur. Elle exsude la peur, l’angoisse, la terreur même. Son corps tout entier est secoué de tremblements de plus en plus violents… Les voix ont disparues, mais le bruit… Le bruit est toujours là, lui, plus assourdissant que jamais… Parce qu’il vient d’elle… Les voix l’atténuaient… maintenant qu’elles ne sont plus là, il emplit tout l’espace… immense, intolérable… Parfois comme un murmure, dénué de sens… une multitude de murmures, de sons qui s’assemblent, se fusionnent, s’amplifient les uns les autres…

Maintenant qu’elle est seule, c’est tellement plus fort ! Tellement plus douloureux ! Elle essaie d’appeler, Apollon, Télémaque, ou plutôt, il voudrait les appeler… mais sa voix est bloquée par les torrents d’air qu’il (elle ?) aspire de façon saccadée, accentuant encore son angoisse. Parler, c’est tout ce qu’il sait faire et… et il est tellement seul maintenant. C’était une erreur de s’isoler, il a besoin de quelqu’un, elle a besoin des autres ! Elle ou lui ? L’esprit d’Hébé n’arrive plus à faire le tri. La solitude l’écrase de tout son poids,  l’empêchant de bouger, décuplant sa terreur, la rendant tellement immense qu’elle en paraît palpable…  Elle croit la voir… une forme sombre… rampante… une ombre… Réelle ? Hallucination ? Elle sait juste qu’elle la terrifie… L’ombre s’avance, ou s’insinue plutôt … A gauche… A droite… Comme une masse informe, obscure, répugnante… Elle croit distinguer des chaînes qui pendent à des excroissances… Ça respire… Est-ce qu’elle l’imagine ? Est-ce que c’est elle ? Et ça pue aussi… ou bien ça vient d’elle ? Hébé voudrait se lever et s’enfuir mais elle est paralysée… La chose est juste derrière maintenant, entre elle et le mur… C’est si proche que ça pourrait toucher ses cheveux… Et justement… elle sent quelque chose lui effleurer la tête… La terreur explose… Elle rampe en hurlant, se relève, trébuche, se relève encore. Elle lance quelque chose, du verre éclate. Elle a l’impression d’être tiré d’une transe comme si le fracas avait éclipsé le bourdonnement. Le murmure.

Le bruit d’une porte suivi d’une voix forte : « Hermès ! ». Ses mains viennent enserrer son visage alors que son regard se pose sur les éclats du miroir qu’elle vient de briser… L’ignoble chose noire s’y reflète un instant avant de laisser place au visage ravagé de terreur d’Hermès… Hermès, pas elle… Face au reflet inondé de larmes, l’esprit de la jeune déesse essaie de retrouver sa propre identité. Tous les deux pleurent pourtant, et lorsque le regard ambré du garçon reprend sa teinte argenté, sa faim, à elle, de changement, de nouveauté se fait l’écho du besoin vital, inextinguible, fondamental, de liberté d’Hermès. Surtout pas enchaîné. Jamais.


La main de la jeune déesse s’était crispée sur le bras de son ami et s’agitait de spasmes nerveux. Elle tremblait de tous ses membres, un flot continu de larmes roulait sur ses joues alors que son regard violine se perdait au loin… comme absent… Sans lâcher le bras d’Hermès, elle se balançait doucement, d’avant en arrière…

« Reste… pas… tout… seul… » articula péniblement la jeune déesse d’une voix basse… brisée… Une voix que personne ne lui avait jamais entendu…


Codage par Libella sur Graphiorum

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Momos
Momos
Dieu de la raillerie
Momos
Date d'arrivée : 31/08/2023
Nombre de récits : 70
Sexe : Masculin Pouvoir : Bourde et Rires
Cycle : 3
Couleur(s) de parole : #8A0808

Dieu de la raillerie
https://dea-kademeia.forumactif.com/t235-on-supporte-facilement-la-reprimande-morale-mais-jamais-la-moquerie-momos
Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Mer 18 Sep 2024 - 23:31
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"Charcutage en vue»








Quel courage ? Il pouvait aller se faire voir l’Argos, ou du moins son manipulateur. Il n’avait pas le culot de venir les voir pour les vaincre en combat réguliers, non, il préférait leur faire des épreuves. Bientôt il les ferait attendre comme des idiots sur des poteaux ou leur demander de manger des insectes vivants et en équipes plus est ! « diviser pour mieux régner »… Déjà qu’il n’était pas matinal, Momos rouvrit les yeux en fronçant les sourcils, les larmes aux yeux et avec l’envie de foutre des roustes à quiconque le toucherait. Dommage que les homicides n’étaient pas autorisés ; dommage qu’il était de petite taille ; dommage qu’il n’y avait pas l’ennemi devant eux pour le poignarder avec son couteau à sculpter. Non, il devait rester là, à être porté comme un bébé, à qui la faute ? D’une gamine qui n’arrivait pas à prendre un brin en maturité et comprendre que non, s’enivrer avant un combat était une bien mauvaise idée ! Parfois il comprenait pourquoi les Lobellus évitaient les autres : pour se tenir éloignés des conneries des gens ! Fronçant les sourcils, le dieu de la raillerie regarda Déméter en se demandant si elle avait fait un mauvais rêve et vu comment elle semblait chamboulée, il comprit aussitôt qu’elle avait souffert. Son visage passa au rouge et sa frustration fut encore plus grande. Sous sa forme initiale, il aurait pu se montrer un brin réconfortant, il aurait pu protéger tout le monde, mais non, il était là, à ne rien pouvoir faire. Ils souffraient par sa faute, elle souffrait par la sienne. Pauvre Déméter, et il lui souriait tous les jours, lui souhaitait son bonheur pour qu’un jour elle soit malheureuse. Il était vraiment inutile. Il ne méritait pas son bonheur. Il ne méritait pas d’être prêt d’elle. Il ne méritait même pas de pouvoir lui adresser la parole. Son regard se posa sur Hermès qui souffrait également, mais qui le prenait dans ses bras pour l’apporter à Hébé. Son regard se posa sur la petite déesse de la jeunesse qu’il toisa. Oh elle, il la retenait. Peut-être que c’était l’effet de la colère, mais il avait envie de l’enfermer dans un placard pour lui faire la morale et lui faire peut-être enfin comprendre la gravité de son acte.

« Ne va pas trop loin Hermès, on ne sait pas ce qu’elle peut faire… N’est-ce pas… Hébé ? »

Déjà qu’il était en colère, alors le mauvais rêve et le regard souffrant de ses proches empiraient le cas. Il regarda le dieu des voyages s’éloigner en plissant les yeux puis sa cadette en croisant les bras.

« Parle toujours, tant que tu continueras à agir en bébé alors je te traiterai en bébé. Je te protège comme je protège les autres premiers cycles. Tout simplement. »

Et il camperait sur sa position, surtout avec cette colère. Enfin il retrouva sa forme adulte et là, il attrapa sa cadette sous le bras en essayant de sourire pour lui frotter le crâne avec son poing, faisant attention à ne pas y aller trop fort.

« Toi, la prochaine fois, je te fais rire jusqu’à ne plus respirer, d’accord ? On en reparlera plus tard. »

Il aurait aimé le dire sur le ton de la plaisanterie, mais visiblement le mal qui le rongeait l’en empêchait. La plaisanterie ressemblait plutôt à une menace. Momos reposa sa camarade avant de sentir une odeur immonde. La colère entravant son esprit, Momos ne comprit pas ce qu’il fallait faire jusqu’à voir ses camarades sembler être choqués après avoir touchés par d’autres, dont Déméter. Cette dernière à quatre pattes, vomissant ses tripes et pleurant le mit en colère. Tant pis si les autres les voyaient ensemble, pour le moment cacher leur petit secret n’était pas sa priorité, il voulait juste aider la femme qui comptait le plus pour lui. Accourant pour lui apporter son soutien et se mettant à genou, il eut le malheur de la toucher.

« Déméter, ça v… ? »

Il était ailleurs. Il n’était plus lui. Il savait qu’il était quelqu’un d’autre. Il était plus jeune, il était Déméter, mais enfant. Il, non, « elle » était assise sous un arbre avec un livre en main. Mais c’était qu’elle aimait la lecture également, elle devrait enfermer elle aussi quelques Lobellus dans un placard pour avoir de bonnes références… En tout cas, « elle » voyait d’autres camarades, des personnes que Momos reconnaissait bien.

«  Elle est sérieuse ? Elle se croit supérieure aux autres celle-ci ?
-Vous avez vu comment elle fait peur quand elle se met en colère ? Je plains ses futurs pensionnaires... La barbe...
- Hahaha, chut... Elle va t'entendre. »


Il n’y avait pas qu’elle qui les entendait, il y avait aussi un futur petit copain potentiel qui retenait les visages pour les retrouver plus tard et leur arracher les yeux pour les coller à ses pantins. Mais si lui est en colère, il sent que Déméter, elle, est triste. Elle tremble. Elle ne dit rien, se contente de froncer les sourcils et de lire encore son livre. Bon sang, elle aurait dû jeter ce bouquin sur ses camarades et les achever avec.
La scène changea ; elle était plus âgée. Sans doute c’était lorsqu’elle est devenue référente. Elle regardait ses camarades, plus crainte que respectée puisqu’elle régnait d’un gant de fer sur son sanctuaire. Personne osait dire quoique ce soit. Sa réputation ? Celle d’un tyran, et pourtant, s’ils savaient quelle fille sensible elle était… Le rang de référente, elle l’avait mérité après s’être acharnée au travail. Et pourtant, les jaloux chuchotaient ;

« Elle est lourde... La référente...'
- Grave... Elle peut pas nous foutre la paix, un peu...? »


Qui était lourde comme ça ? Avec un menton comme le sien qui pèse plus lourd que le cul des Moires réunies il aurait dû fermer son clapet. Mais Déméter allait dans son jardin, demeurant silencieuse. Il n’y avait pas encore ces merveilleux figuiers dans lesquels Momos avait caché quelques petits canards en bois ; il n’y avait pas cette mare et cet étang dans lesquels il avait trempé malgré lui. Tout ce que le jardin était aujourd’hui, c’était le fruit du travail de Déméter. Si déjà elle forçait le respect, alors le dieu de la raillerie ne pouvait qu’être encore plus fasciné par elle. Elle était plus incroyable qu’elle ne le pensait. Mais seulement elle pouvait le savoir, si seulement il pouvait influencer ce souvenir pour qu’elle se rappelle à quel point elle était fabuleuse.

« Ici, … je pourrais être seule… »

Pas pour longtemps ! Il ira la voir, il ira l’embêter tous les jours dans son jardin ! Il lui prendra sa petite tête d’écureuil dans ses larges mains pour lui rappeler sans cesse qu’elle était incroyable et qu’elle ne méritait en aucun cas sa solitude et encore moins sa mauvaise réputation. Il trouverait les gens qui avaient osés lui faire du mal et leur ferait comprendre pourquoi il était mauvais d’énerver la personnification de la Raillerie. Il allait les faire pleurer, apporter leurs têtes de chiens battus devant la Tamarisc, si cela pouvait lui donner le sourire. Et peut-être qu’elle se sentirait libérée, délivrée de ce mauvais sentiment.

Encore une fois changement de scène. Bon sang Argos, non seulement il faisait squatter des souvenirs mais en plus cet enfoiré il pensait que c’était une série de bouquins à suivre ?! Prochaine étape, Déméter au camping ? Non, Déméter qui serrait le poing et qui était prête à rejoindre Athéna. Mais ce sentiment était là ; celui d’être de trop, de potentiellement déranger sa camarade, d’être trop envahissante. Elle avançait vers Athéna avant de finalement reculer…

« Non... je ne dois pas trop la déranger... Ni l'encombrer davantage... »

Et il en fut de même pour Artémis. La pauvre, craignait-elle vraiment que la déesse de la guerre et celle qui croit sauver toute seule l’école en partant à l’aventure avec presque un sac à dos dans le dos avec son optimisme à la con la repoussaient ? Ils souffraient du même mal et cette fois ce chien d’Argos n’y était pour rien. Mais les autres, avec leurs paroles, leurs bouches… Ils la faisaient souffrir… Il voulait les tuer… Il voyait leur haine. Il voyait leur jalousie. Il entendait leurs discours médisants. Il leur briserait la nuque s’il le pouvait. Et une nouvelle fois, changement de scène.

La chambre de Déméter… un bosquet… C’était magnifique, jamais Momos aurait pensé visiter la première fois la chambre de la tamarisc de cette façon… et la tamarisc en question était à son bureau, la fenêtre ouverte, elle pouvait entendre les cris heureux et les rires radieux de ses camarades. La vue était floue ; elle pleurait. Des gouttes perlaient le long de sa joue et elle se les essuyait pour ne pas avoir à tremper ses rapports et autres papiers administratifs qui seraient qualifiés de « trop ennuyeux » pour un Helyantos normalement constitué. Elle craquait. Elle reposa son stylo, serra les poings puis vint plaquer ses mains contre ses yeux. Momos avait envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, de lui promettre monts et merveilles et tenter de la faire rire avec une marionnette, mais il était là, encore une fois impuissant devant la détresse d’une référente en pleurs.

« Tu ne dois pas montrer tes faiblesses... Tu dois garantir leur sécurité. À... N'importe quel prix. Tu as été choisie pour ça... »

Non, elle n’était pas choisie pour ça. Elle n’avait pas été prise comme référent pour finir seule. Elle protégeait, mais à quel prix ? Les gens comme eux, ceux qui sont au loin à veiller sur le bien des autres, étaient souvent les plus seuls… Et cela l’énervait. Il n’y avait pas de justice dans ce bas-monde. Lui, il méritait le malheur, son pouvoir était des plus agaçants, il en avait fait souffrir pour pouvoir être en troisième cycle, mais Déméter ne méritait pas un tel châtiment. Elle était comme un oignon ; quand on la voyait sans ses couches les plus dures elle semblait être difficile, mais quand on la connaissait sans celles-ci, on se rendait compte à quel point elle pleurait, faisait pleurer… et était délicieuse. Oui. C’était romantique selon le petit Momos car… il aimait les oignons. C’était essentiel dans la cuisine et c’était bon pour la santé.

« Déméter… je… désolé… »

Retour à la réalité : il avait vu les souvenirs de Déméter qui avait elle-même vu ceux d’un autre. Même si ça lui avait permis de connaître un peu mieux la jeune femme, il n’avait eu aucune envie de faire du voyeurisme. Il ne fallait pas aussi que quelqu’un le touche. Heureusement il avait vu les faiblesses de Déméter qu’il connaissait déjà, mais il n’avait aucune envie qu’on voie les siennes. Les insécurités de chacun. Voilà ce que Argos voulait découvrir. Pourtant il devait connaître les siennes vu comment il l’avait manipulé… Il avait envie de s’excuser auprès de Déméter pour tout le mal qu’il lui avait causé. Se jeter à ses genoux, lui prendre ses mains et les lui embrasser pour lui demander pardon, mais c’était impossible.

« Argoooooooos…. LA PUTAIN D’TA MOIRE ! A QUOI TU JOUES ?! »

La colère l’avait envahie. Les gens qu’ils aimaient souffraient. Ses camarades souffraient. Sa Déméter souffrait. Il avait envie de retrouver le ou les coupables de cette pure connerie pour lui ou leur arracher la peau.

« Si tu es un homme, viens carrément te battre plutôt que rester là caché à nous regarder souffrir ! »

Il attrapa la main de la référente pour la faire lever, manquant malheureusement de délicatesse faute de montée de colère. Il tremblait, il avait envie de frapper quelque chose ou quelqu’un. Le premier qui osait le contredire, le premier qui manquait de respect à lui ou un autre, il était prêt à le fumer.

« « Quel héroïsme » tu disais ? MON CUL ! T’es tellement parfait, tellement incroyable, tellement meilleur que nous que tu n’oses même pas nous affronter !  Oh et puis tu sais quoi ! »

Il se pencha pour porter Déméter sur une épaule en râlant.

« Je vais te montrer ce que c’est l’héroïsme… Ta mère la pâte à pita… »

Il se redressa avec sa première charge sur lui avant d’avancer vers Hermès. Il voulait rester seul ? BAH NON ! Lui aussi il allait être porté qu’il le veuille ou non, et s’il daignait de rouspéter il se prenait une mandale… ou une prise d’un sport de combat sorti de nulle part.

« ….Je vais venir te chercher… je vais t’enculer bien fort… Tu nous manipules...? Bah va te faire... »

Il chopa Hermès par le col pour le forcer à l’approcher de lui et ainsi le porta sur sa deuxième épaule. Oui, c’était un peu lourd tout ça, mais l’envie de commettre un homicide un peu trop volontaire lui donnait la force de supporter les charges. Il commença à avancer, fou de colère.

« …J’ARRIVE ARGOS ! J’ARRIVE ! Et vous là ! »


Il se tourna vivement vers leurs petits camarades.

« Le prochain qui OSE TAILLER Déméter, je lui refais le portrait ! »


Il voulut illustrer en donnant une tape sur le postérieur de la concernée, mais se trompa de charge... Il tourna des talons et reprit sa marche.


♥️♥️♥️  THEME DE MOMOS ICI ♥️♥️♥️

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Déméter
Déméter
Déesse de l'agriculture
Déméter
Date d'arrivée : 29/07/2024
Nombre de récits : 61
Sexe : Féminin Pouvoir : Corne d'Abondance.
Cycle : 4e année. Référente Tamarisc.
Couleur(s) de parole : #99cc00
Double-comptes : Non.

Déesse de l'agriculture
https://dea-kademeia.forumactif.com/t499-demeter#4458 https://dea-kademeia.forumactif.com/t511-le-jardin-de-demeter
Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Jeu 19 Sep 2024 - 12:46
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Les maux d'Argos

Evenement 2024

" Calme-toi mon amie, tu n'es absolument pas inutile. Je te le promets... Je n'accepterais jamais que tu sois mise de côté ... ''
Je me sens aussi pitoyable qu'inutile, le désespoir me ronge jusqu'au fond de mes entrailles... J'entends quelqu'un accourir vers moi... Je tourne la tête, faible, et vois Momos arriver... Non... Ne me touche p...

Trop tard... Je le vois quelques secondes complètement perdu... Mais Une ou deux pas plus... Je sais... Je sais ce qu'il va voir... Ma plus grande souffrance... Il le sait... Il sait ce que je ressens, mais je ne lui ai pas parlé de mes souvenirs ... Je ne veux pas qu'il sache que je suis si pitoyable que ça... Mais non... Non, Momos... N'en apprends pas plus... Ne regarde pas à quel point j'ai été pitoyable depuis la garderie...  Il parait choqué l'espace d'un instant, avant d'hurler de rage... Je suis surprise... Je le regarde se relever et de crier à plein poumons...

« Argoooooooos…. LA PUTAIN D’TA MOIRE ! A QUOI TU JOUES ?! »

Je ne l'ai jamais vu ainsi, je sais qu'il est prit par le mal de la colère, je le sais. Quel souvenir a-t-il vu... Oh non... En a-t-il vu plusieurs..? J'ai honte... J'ai la tête qui tourne...

« Si tu es un homme, viens carrément te battre plutôt que rester là caché à nous regarder souffrir ! »

Il prend ma main avec maladresse, un peu de force, la colère menant un peu la barque de cette dernière. Je le sens trembler, Momos...Ne tremble pas... J'aimerais tant t'aider à te calmer... Mais je suis si faible... Si inutile... je ne saurais rien faire pour t'aider... Momos, pardonne-moi, je suis une bien piètre petite amie... Je sens que notre étreinte en choque plus d'un, en même temps... Qui l'eut cru..? Que vont-ils croire ? Il sera embêté si le monde sait que l'on se fréquente, que l'on s'aime ..? Non, je ne veux pas qu'il soit mal ...

« « Quel héroïsme » tu disais ? MON CUL ! T’es tellement parfait, tellement incroyable, tellement meilleur que nous que tu n’oses même pas nous affronter !  Oh et puis tu sais quoi ! »

"  Mom... "

Je n'ai pas le temps de réagir que ce dernier me porte et me retrouve sur son épaule, comme un gigantesque sac de tubercules... Le ventre contre son épaule. Heureusement que la nausée est passée... Je me sens encore faible, sans force...

« Je vais te montrer ce que c’est l’héroïsme… Ta mère la pâte à pita… »

Il est tellement en colère... Il serait méconnaissable... Mais je le sens, ce petit chiot à la fraise, mon petit chiot à la fraise... Celui avec qui nos petits moments secrets sont comme notre source d'évasion, de plénitude... J'essaie de me redresser, mais je tremble et tombe de fatigue quand j'essaie... J'ai faim... J'ai si faim... Elle me fait mal... Mon estomac est aussi bruyant que celui qui me porte...

« ….Je vais venir te chercher… je vais t’enculer bien fort… Tu nous manipules...? Bah va te faire... »

Il se mets à porter Hermès... Hébé est dans un sale état aussi... Mes deux amis... Je dois... Leur faire à manger... Leur créer des remèdes pour la douleur...

« …J’ARRIVE ARGOS ! J’ARRIVE ! Et vous là ! »

Il se retourne, je vois mes cadets, Athéna, Artémis, Arès, Hécate, Hippolyte, Télémaque, Apollon, tous... J'ai la vue qui est encore trouble... Complètement affaiblie...

« Le prochain qui OSE TAILLER Déméter, je lui refais le portrait ! »

Je me fige, mon coeur vient de me sauter à la gorge si vite et fort que j'ai eu comme une sensation de coup... Il vient de... Je l'entends ensuite donner je ne sais quel coup à Hermès, qui est de l'autre coté;;;

Il tourne les talons... Nous avançons... Je me sens mal... Pourquoi s'est-il risqué à montrer qu'il me porte un quelconque intérêt ? Il va se faire embêter...

" Mo... Momos... S... S'il te plaît... "

Il voit tellement rouge qu'il continue à marcher, je sens sa tension, son coeur bat la chamade, il tremble de rage, je ne le vois pas... Il me porte de sorte à ce que mon visage soit au niveau de son dos... Je tente de me débattre comme je peux, c'est à dire pas beaucoup... Les visages vers moi... je n'aime pas, les regards qu'ils me lancent... Jugement, dédain, choc, indifférence, moquerie ? Qu'ils me soient destinée, j'encaisserais... Mais ne vous moquez pas de Momos... Je vous en prie... Je commence à sentir que je recommence à pleurer, pourquoi suis-je aussi faible..?

" Re... Reposes-moi... Tu vas te faire juger... Je... Je ne veux pas que tu sois la cible de moqueries... "

Je bouge dans une nouille pour descendre...

" Je préfère souffrir mille fois que de te voir souffrir... Momos... "

Nul doute quant à mes sentiments, je sais que je l'aime, qu'il m'aime aussi ... Mais alors ...Pourquoi ? Pourquoi j'ai mal ? Alors que je prends conscience de mon inutilité ? Hors de question de lui faire subir quoique ce soit... Non... Je le protègerait... De tous... Y compris de moi... Surtout de moi...  

"  Petit chiot à la fraise... Je suis désolée... Pardonne moi... "

Que je puisse disparaître de toute vos vies... De ta vie... Tu m'as offert ce que mon cœur espérait depuis qu'il a commencé à battre, merci... Merci du fond du cœur, Momos... Maintenant... Tu n'as plus à te soucier de moi... J'ai goûté au bonheur le temps de notre idylle amoureuse... Je dois maintenant quitter la vie de ceux qui se sont encombrés de ma personne...

C'est la première fois que je succombe aux nausées... Au désespoir... Tous m'ont vu... La référente est faible... Elle se fait croire utile alors qu'elle est elle-même encore plus faible qu'un insecte proie... Athéna ou Artémis seront de bien meilleures référentes que je ne le serais jamais... Je...

" Je dois disparaître...  "

Les Maux d'Argos - Page 6 346bf91b9fc17803c62b2310c2e7ba301d46b271r1-500-281_hq
Caprice/Martel - Dea Kademeia

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Pandore
Pandore
Gardienne de la boîte
Pandore
Date d'arrivée : 21/08/2023
Nombre de récits : 34
Sexe : Féminin Pouvoir : Boîte à malice
Cycle : 3
Couleur(s) de parole : #33617B
Double-comptes : Arès, Écho

Gardienne de la boîte
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Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Jeu 19 Sep 2024 - 23:19
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Les Maux d'Argos



 
 
Le réveil fut... étrange. La fatigue la quitta rapidement, et elle observa les gens autour d'elle. Arès pleurait. Télémaque avait tenté de se jeter dans les ombres. Quelqu'un avait disparu. Qui ? Achille ? Oui, il était avec eux. Peut-être. Elle n'avait pas assez d'intérêt marqué pour les gens autour d'elle pour s'en rappeler, ce qui n'était pas bon signe. Normalement, elle accordait bien plus d'attention à ceux qui l'entouraient et elle ne laissait jamais de côté la présence de qui que ce soit dans un groupe. Là, à part les gens qu'elle pouvait narguer, elle se fichait d'un peu tout le monde. Arès, Apollon, Artémis et, comme il ne tarde pas à lui donner une nouvelle raison de le faire, Hermès. Elle eut un petit sourire en coin.

- Allons, Hermès. Tout l'intérêt de la curiosité, c'est de pouvoir répondre aux questions en faisant tes propres recherches. Si je te donnais toutes les réponses, ça n'aurait pas d'intérêt.


Elle haussa simplement les épaules avant de s'écarter - au cas où il lui prendrait l'envie de la téléporter dans les ombres, même si la distance n'y changerait a priori pas grand-chose. En tout cas, elle n'avait pas l'intention de tout lui expliquer. Ça aurait cassé tout le fun, de ne pas le voir se casser la tête pour chercher la solution. De toute façon, qui avait le temps de se lancer dans une dissertation sur les pouvoirs de la boîte et comment les utiliser ? Pas elle. Ils n'avaient qu'à se débrouiller, ça serait divertissant, au moins.

Désinvolte, Pandore avança le long du chemin lumineux. Tout le monde était vraiment en sale état, mais c'était drôle à regarder. Voir Arès pleurer - enfin, façon de parler, vu qu'il s'était planqué - après ce qu'avait subi Apollon pour réussir à lui avouer ses sentiments était étrangement cathartique. Savoir qu'Hermès allait se prendre la tête allait refaire sa journée. Les chamailleries de Momos et Hébé l'amusaient. Bref, elle était probablement l'une des seules à être encore de bonne humeur et le désespoir eut plus de mal à s'accrocher. Et quand il s'accrocha, il s'imprégna du vice qui la rongeait déjà. Une vague de mépris remonta dans son coeur et elle fit la moue. L'idée de se coltiner ces boulets pendants encore une éternité la soûlait d'avance. Est-ce qu'elle ne pouvait pas juste en laisser un ou deux tomber dans les ombres ? Un rire emprunt de sarcasme franchit ses lèbres quand elle vit les deux statues apparaître à l'horizon. C'était un plan, ça. Transformer tout le monde en statue. Elle se demandait bien ce que ça pourrait donner...

Elle sentit une main sur son épaule, mais la phrase se coupa brusquement. Quelques secondes - longues secondes - pendant lesquelles Pandore observa Artémis avec un haussement de sourcil. Puis la déesse retira sa main, visiblement secouée. Pandore ne comprit pas sa remarque.

- De quoi tu parles...?


Hermès passa près d'elles en titubant et Pandore l'aurait ignoré si Hébé n'était pas arrivée pour essayer de le soutenir. Encore cette espèce de temps de latence, chez la jeune déesse. Pandore fronça les sourcils, encore plus en voyant la petite Helyantos s'agripper à lui, brisée, comme si elle sortait d'un cauchemar.

- Non mais qu'est-ce que vous avez, tous ?


À ce moment, Hébé vacilla un peu et Pandore tendit le bras par réflexe, pour l'empêcher de lui tomber dessus. Un son lui vrilla le crâne. Une musique. Non, une chanson. Elle n'avait jamais vécu ça, mais on lui avait raconté. Apollon lui avait raconté... quelque chose. Son esprit se brouilla, mélange de présent et de passé, jusqu'à ce que le monde s'obscurcisse.

Elle ouvrit les yeux. L'air frais autour d'elle faisait régner une paix inédite dans son coeur. Grand sourire aux lèvres, elle sauta de son hamac pour gambader dans sa maison, perchée dans un arbre. Immense, parfaitement équipée. Ascenseurs, murs d'escalade, toboggans, tout un tas de choses qui la faisait jubiler tandis que l'air chariait une odeur de petit déjeuner. Ravie, elle bondit dans le toboggan et, de vrilles en looping, finit par atterrir sur un lit de mousse, avant de courir vers la table où tout le monde l'attendait. C'était trop joyeux, trop utopique. Un instant plus tôt, elle n'avait même pas la force de mettre des émotions dans sa voix et maintenant, elle se sentait heureuse. Non, pas elle. Ce n'était pas sa joie, elle n'avait jamais ressenti ça. C'était celle de... quelqu'un d'autre ? L'illusion se prolongea. Attractions en tout genre, environnement parfait, toujours en mouvement. À chaque pas, il lui sembla que le temps passait plus vite, comme si son esprit voulait vite occulter la joie pour passer à autre chose. Cerf-volant, déltaplane, vol libre, bataille de boule de neige, plongée, accrobranche, château de sable. Elle s'effondra, épuisée après cette journée.

Se réveille. Retour au point de départ. Le temps passait de plus en plus vite, comme un flash qui essaye d'afficher le plus d'images possibles en quelques secondes. La vision de rejouait mais s'altérait. Déltaplane en panne, nourriture face, viellissement de ses camarades, décor ressemblant à un dessin mal fait sur papier. Plus ça allait, plus le paradis qu'elle avait vu devenait... fade. Et même si tous lui semblait accéléré, elle ressentait l'étrangeté, à chaque secondes, comme si une vague de souvenirs lui revenait d'un coup. Le temps reprit son rythme si violemment qu'elle eut l'impression qu'on lui perçait le crâne.

Elle ouvrit les yeux. L'air était moite autour d'elle. Tout était gris, terne. Elle descendit les escaliers avec un soupir de lassitude, croisa ses vieux camarades au réfectoire. Au crépuscule de leur vie, ils ne faisaient attention ni à ses blagues, ni à quoi que ce soit. Elle n'existait plus... ou bien ils n'avaient plus conscience de quoi que ce soit d'autre que la bouillie infame qu'ils avalaient. Elle se força à manger, elle aussi. C'était écoeurant. Impossible d'avaler plus d'une bouchée de cette chose immonde. Il lui fallait de l'air. Elle ressentit ce besoin impérieux de s'évader, de fuir. Pourtant, l'extérieur ne lui apporta rien de tout ça. Le décor ressemblait aux terres désolée. Plat, vide, sans intérêt, sans bruit autre que les chaises qui se balançaient au loin. Son coeur s'alourdit. Comment le monde était-il devenu ainsi ? Elle s'approcha d'Hermès, vieux et chauve, ratatiné par le temps, et lui prit la main. La lueur de motivation qui s'alluma dans son coeur s'éteignit aussitôt, soufflée comme une bougie par un vent glacial.
Allez Hermès faut bouger ! Tu ne peux pas rester là, tu es le dieu des voyages, tu te souviens ? Tu ne peux pas rester là comme ça, sans réagir… Allez, bouge ! Téléporte toi ! Fait quelque chose au moins…
Une tritesse inommable l'envahit tout entière quand il l'ignora, le regard vague, comme s'il était déjà mort. Les chaises continuaient de grincer tandis qu'elle courait d'un dieux à l'autre. Momos, Déméter, Athéna. Chaque fois, la même absence de réponse ; chaque fois, la même pique de douleur dans son coeur. Il n'y avait rien ici. Rien que la vieillesse, la mort et le désespoir. Sa poitrine se comprima. L'air lui manquait, lui aussi. Ou bien était-ce simplement la douleur de sentir ainsi disparaître tous ceux qu'elle avait aimés ? Écrasée par la peine, elle se recroquevilla dans un coin, observant le monde qui évoluait lentement autour d'elle sans rien à faire. Elle se balançait au rythme des grincements des chaises. Le monde était vidé de toute substance. De tout sens, de toute vie. Sauf elle. Seule étincelle de vie dans cet endroit.
Puis elle entendit une voix. Une voix que celle par qui elle voyait la scène de reconnut pas mais que Pandore, elle, connaissait très bien.
Poséidon.
Hébé ! Hébé, réveille-toi !
La décor se brisa comme un miroir. Une sensation d'étouffement remonta dans sa gorge alors que le retour des souvenirs la secouait, de vision en vision, de boucle en boucle. Combien de boucles ? Aucune idée. Seule comptait l'eau dans sa poitrine. Elle se noyait.

Pandore sentit son esprit s'arracher à la vision et revenir à la réalité. Elle plaqua ses mains sur sa poitrine comme si elle était véritablement en train d'asphyxier. Mais ce n'était pas elle. Elle avait vu... les souvenirs d'Hébé ? Les illusions des sirènes dont Apollon lui avait parlé. Lui qui n'avait vécu qu'une seule boucle, subi qu'une simple petite blessure. Il était si loin de comprendre ce qu'avait enduré les autres. Elle reprit son souffle et déglutit. Il leur avait raconté, à Télémaque et elle, qu'il avait récupéré des gens dans les tunnels sous-marins avant d'affronter Akheilos. Visiblement, Hébé n'en faisait pas partie. Elle avait été sauvée par Poséidon. Plus tard.
Beaucoup plus tard.
Assez tard pour enchaîner les visions et se perdre dans les horreurs que pouvaient créer les sirènes.

Le choc s'estompa, mais les souvenirs restèrent. Pas ses souvenirs, pas ses émotions, mais gravés dans sa tête. Puis elle réalisa autre chose. Elle n'avait rien vu en touchant Artémis, ce qui voulait dire... qu'il fallait que ce soit sa main qui la touche. Ce qui voulait dire qu'Artémis avait vu un de ses souvenirs. Lequel ? Elle n'aimait pas qu'on fouille dans sa tête. Et si elle était sûre d'une chose, là, tout de suite, c'est qu'elle détestait aussi fouiller dans celle des autres. C'était absolument horrible.

- Il faut qu'on se barre de cette zone... On peut passer les états d'âme et balancer quelqu'un dans les ombres pour l'autre ?


Elle n'avait pas envie de s'attarder ici, et elle n'était pas en état de ménager les esprits. Qu'ils balancent donc le moins susceptible d'avancer vite, pour pouvoir se casser d'ici le plus rapidement possible.

#33617B#33617B#33617BⒸ Pandore 



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Tyché
Tyché
Déesse de la chance
Tyché
Date d'arrivée : 13/09/2023
Nombre de récits : 52
Sexe : Féminin Pouvoir : Lucky Star
Cycle : 1
Couleur(s) de parole : 6633ff
Double-comptes : /

Déesse de la chance
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Les Maux d'Argos - Page 6 Empty Re: Les Maux d'Argos Hier à 17:57
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Tyché s’était finalement réveillée. Elle mit quelques secondes à reprendre ses esprits, avant de se redresser vivement et de se tourner vers Hippolyte, encore secouée par la dernière vision du miroir qui s’effondrait, emportant le reflet de l’Amazone avec lui. Son aînée se trouvait cependant, à quelques pas d’elle, encore endormie. Progressivement, tous les autres dieux et déesses se réveillèrent, sauf un. Un nouvel absent, emporté dans les ombres. La panique de la petite déesse s’estompa cependant rapidement, amoindrie par l’Espoir qui ne cessait de l’influencer. Hippolyte était toujours avec elle, donc tout allait bien se passer. Argos se contentait de leur jouer un vilain tour. Une fois qu’il serait fini, ils le gronderaient, l’ignoreraient quelques jours et ils repenseraient à cette aventure dans le futur avec amusement. Mais même cet optimiste restait fragile, trop peu naturel, et mettait Tyché de plus en plus mal à l’aise. Elle n’arrivait pas à réaliser pleinement ce qui n’allait pas chez elle, que son comportement était influencé, mais sentait bien qu’il y avait quelque chose qui clochait dans sa jolie petite tête. Un grand frisson la saisit toutefois lorsqu’en cherchant un de ses derniers bonbons, elle se piqua le bout du doigt sur un fragment de verre. Un morceau du miroir brisé dont elle avait rêvé ? Etait-ce un signe? Allait-elle vraiment perdre Hippolyte ? Est-ce que tout était vraiment de sa faute ? Pâlissant un peu, Tyché tâcha de se convaincre que tout allait bien. L’Espoir l’aidant à rester optimiste et convaincue que tout irait bien, elle se releva doucement. Tyché se rapprocha enfin d’Hippolyte, elle n’allait plus la quitter des yeux !

Le groupe reprit encore la route, quel défi Argos leur réservait cette fois ? L'atmosphère devenait de plus en plus lourde, tendue, pleine de tension. Même Tyché n’osait piper mot, quand ils firent enfin face à deux statues, elle regarda les autres dieux s’avancer, chanceler, tressaillir, comme pris d’un soudain cauchemar. Instinctivement, Tyché voulut s’écarter, s’éloigner, mais quand Hippolyte s’approcha d’Hermès pour aider ce dernier, elle tendit immédiatement la main pour la retenir. Elles devaient s’éloigner, quel que soit le mal qui affectait tous les autres, il ne fallait pas que l’Amazone en soit victime ! Mais aussitôt, Tyché fut emportée dans les souvenirs de l’Amazone. Elle qui pensait bien connaître son aînée, qui avait passé le plus clair de son temps avec la Tamarisc ne s’attendait pas à ce qui allait suivre. A découvrir une facette de l’Amazone qu’elle ne connaissait pas, que cette dernière lui avait toujours cachée, pour qu’elle garde cette innocence enfantine qui faisait de Tyché la boule de bonne humeur qu’elle était d’ordinaire.

A choisir, Tyché aurait été la victime idéale. Sa vie avait été confortable. Elle avait toujours été chouchoutée à la garderie, à s’entourer d’amis. Mis à part quelques bobos lorsqu’elle tombait à force de courir partout, elle n’avait jamais eu de véritable souci de santé. Sa foulure à la cheville avait probablement été la plus douloureuse expérience physique qu’elle ait vécue, mais l’épisode était vite passé, et elle avait été guérie immédiatement. Non. Son souvenir le plus douloureux était certainement sa séparation avec Hippolyte. Même si l’épisode avait été bénéfique pour Tyché, l’avait poussée à grandir, elle ne se souvenait que trop bien à quel point elle avait refusé, nié même l’annonce du départ de l’Amazone. De cette trop longue nuit, passée blottie dans son lit à sangloter, avec son petit coeur en miette, à s’imaginer ne plus jamais revoir son aînée. C’était un épisode triste, mais pas traumatisant. Tyché n’avait jamais été victime de violence gratuite… Mais cela allait changer...
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Le souvenir d’Hippolyte la renvoya à la Garderie. Tyché se rendait compte qu’elle n’était pas dans son corps, mais avec ce même détachement que vous ressentez parfois lorsque vous réalisez que vous rêvez, sans parvenir à tout à fait vous réveiller. Dans le corps de cette dernière, elle s’amusait dans le parc avec ses amies avec cette même insouciance qu’elle abordait tous les jours. Elle aimait sa vie ici. Tyché trouvait étrange de ressentir les émotions de Hippolyte, mais elle était aussi curieuse. Allait-elle se voir ? Que ressentirait-elle face à son reflet ?

En jouant à cache cache avec d’autres mythos, Hippolyte entendit des pleurs non loin de sa cachette. Alors sans réfléchir, elle courut dans la direction du bruit. Que fût sa surprise quand elle vit une petite fille recroquevillée sur elle-même, le visage bordant de larmes. Elle ne pouvait décidément pas la laisser comme ça ! Elle devait l’aider ! Intérieurement, Tyché hocha vivement la tête. C’était son Hippolyte cela ! Une héroïne qui voulait aider tout le monde, son exemple ! Hippolyte s’approcha donc doucement de la fille et posa ses genoux à terre pour être à sa hauteur. Elle hésita à toucher son visage alors elle effleura sa peau avec l’un de ses doigts. La petite fille releva la tête et se cramponna à la veste de Hippolyte. Cette dernière essaya de rassurer tant bien que mal la petite fille en lui susurrant des mots doux. Au bout d’un moment, elle réussit à savoir ce qui faisait tant pleurer la fille.

"-Des.. des vilains garçons m’ont tapé et insulté à cause de ma cicatrice…"

La petite fille écarta une mèche de ses cheveux pour dévoiler la fameuse cicatrice. Hippolyte se demandait comment elle s’était faite cette méchante blessure mais surtout comment des enfants pouvaient être aussi horribles avec la pauvre fille. Elle aussi était une enfant et pourtant l’idée de faire du mal à une fille ne lui était jamais parvenu à l’esprit.

Soudain, elle entendit des voix et des bruits de feuilles écrasés sur le passage de chaussures. Sortant d’un buisson, des enfants apparurent, un air féroce accroché au visage. La petite fille se raidit aussitôt et trembla. Hippolyte compris qu’il s’agissait des méchants enfants qui avaient plutôt embêté la fille. Ils commencèrent à lancer des insultes même si Hippolyte ne comprenait que la moitié et la poussèrent comme si elle n’était qu’un vulgaire moustique sur leurs passages. Hippolyte s’écrasa contre le sol et son genou est éraflé.
Tyché hoqueta de son côté face à la douleur soudaine, mais s’enflamma également ! Comment osaient-ils s’en prendre à Hippolyte et à cette autre fille ? C’étaient des brutes ! Des vilains ! Si cela avait été elle, elle aurait hésité, ils étaient nombreux, grands et bien plus forts qu’elle. Mais Hippolyte s’en fichait. Le plus important était que les enfants donnaient des coups de bâton à la pauvre fille qui ne pouvait rien faire d’autre que de se recroqueviller de nouveau.

Hippolyte avait peur. Que dis-je, terrorisée par la scène qu’elle voyait sous ses yeux. Tyché avait envie de lui donner un câlin pour la réconforter, de botter le derrière de tout le groupe, et partageait cette peur inédite face à cette violence gratuite. Les petits poings d’Hippolyte tremblaient de peur et de rage. Elle voulait s’enfuir pour demander de l’aide mais elle savait que quand elle reviendrait, ce serait trop tard. Alors elle s’immobilisa. Entendant les coups, les injures et les pleurs. Hippolyte s’autorisa à fermer les yeux pour arrêter de voir cette scène. Sauf qu’elle entendit la petite fille l’appeler à l’aide. Crier qu’elle voulait rentrer à la maison et que Hippolyte seule pouvait lui venir en aide.

Alors elle rouvrit les yeux et découvrit le visage larmoyant de la petite fille tourné dans sa direction suppliant de l’aider. Alors elle ne réfléchit pas plus - elle avait déjà assez réfléchi -, se leva et courut en direction des agresseurs. Dans sa course, elle en fit tomber un et les autres l’attaquèrent.
Tyché ferma les yeux en sentant les premiers coups tomber, comme pour espérer pouvoir se réveiller. Elle n’était pas une Tamarisc, elle ne s’entraînait pas au combat. Elle était même tout l’inverse : elle détestait l’effort physique et arrêtait vite à la première difficulté. Mais ce qui lui déchirait le plus le coeur c’était de savoir que Hippolyte avait vécu tout cela, et qu’elle souffrait également.

“-Arrêtez ! Vous êtes méchants ! Laissez Hippo tranquille !” cria-t’elle dans le vide, sans que sa protestation silencieuse parvienne à changer quoi que ce soit. Seul réconfort pour Hippolyte : la petite fille avait pu s’enfuir et c’était ça qui lui importait le plus. Elle donna des coups aux enfants et elle en reçut à son tour. Tyché grimaça en sentant ses poings heurter la chair, lui faire mal face à la résistance des os contre lesquels ils se fracassaient, pleura en sentant encore plus de coups s’abattre sur elle. Elle se demandait quand les garçons aller arrêter. Intérieurement, elles les implora même d’arrêter, là où Hippolyte encaissait, Tyché subissait. Quand elle crut que cela n’allait pas prendre fin, en un coup, elle se réveilla. Son corps ne lui fit plus mal, comme si tout n’avait été qu’un rêve. Une illusion, mais le souvenir n’était que trop réel. Secouant sa tête, elle agrippa Hippolyte pour la serrer contre elle, comme pour la réconforter si tardivement de ce qui lui était arrivé, tremblant doucement.

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