Les Maux d'Argos

Bien évidemment que j’étais au courant des festivités dans la forêt d’automne. Tyché me l’a rappelé suffisamment de fois. Elle était si enjouée à l’idée de pouvoir parcourir les différents stands et de découvrir le fruit des efforts et les passions des étudiants de la Dea Kademeia. Et c’est tout naturellement qu’elle m’a emmené le jour j dans la forêt, moi qui pensais y passer initialement en coup de vent. Mais je ne dirais jamais non à une invitation de Tyché. La voir heureuse et profiter de cette journée m’emplit de bonheur. Et il faut bien quelqu’un pour superviser l’Helyantos au cas où.

La journée commençait de la meilleure des manières. On visitait un peu tous les stands, Tyché mangeait toutes les spécialités des stands de nourritures et ne se privait pas de m’en donner quelques bouchées. En somme, une très bonne journée en perspective.

Mais lorsque l’après-midi démarre, je ressens un léger mal de ventre. Vraiment minime. C’est peut-être dû à une accumulation de sucreries que j’ai mangé dans la journée. Mais au fur et à mesure que le temps s’écoule, la douleur s'éclaircit. Et je dois bien admettre qu’il s’agit de la faim. Pourtant, j’ai mangé comme d’ordinaire, si ce n’est plus à cause des festivités. Alors je ne sais vraiment pas d’où il pouvait venir.

J’observe Tyché déguster sa barbe à papa copieusement et je dois me rendre à l’évidence. Cela ne vient pas de la nourriture car la petite déesse allait parfaitement bien. Si elle avait eu une quelconque douleur, elle me l’aurait très vite signalé. Ou alors elle fait fi de son mal être pour pouvoir manger encore des tonnes de barbe à papa. Venant d’elle, c’était une option envisageable. Mais je me sens rassurée si ce mal de ventre ne vient que de moi. Et puis, c’est juste un léger mal de ventre, rien de quoi s’inquiéter. Même si j’ai un mauvais pressentiment. Et mes ressentis ne me trompent généralement pas.

Soudain, une voix s’élève. La voix d’un élève. Mon expérience au sein de l’académie me permet de reconnaître celle d’Argos mais je ne sais absolument pas ce qu’il veut nous dire. Est-il une sorte de surprise dans cet événement ? Mais il n’en était rien. Ce qu’il avait a annoncer était bien plus grave et alarmant. Tyché, très certainement paniquée par la situation, agrippe ma manche et je me rapproche davantage d’elle pour la protéger. Avec la boîte de Pandore dans les mains d’un être malfaisant, la situation peut très vite prendre une tournure catastrophique.

La question de la petite déesse me fait tiquer. La boîte doit être la cause de ma faim. Oui, ce serait tout à fait logique. Mais le plus bizarre c’est que Tyché n’a pas l’air d’aller mal. Mais je ne pense pas qu’elle a été épargnée, ce n’est pas possible. Il doit s’agir d’un mal plus complexe que la faim. Je vais devoir la surveiller davantage.

- Ça n'a pas l’air d’être une blague. Fais attention à toi.

J’hésite à la mettre au courant concernant mon mal de ventre. Je ne veux pas qu’elle s’inquiète. Mais je doute que cela reste un gentil petit mal de ventre. Alors l'honnêteté est certainement la meilleure situation.

- Pour l’instant je n’ai qu’un léger mal de ventre, rien de quoi s’inquiéter. Mais je doute que ça reste comme ça. Et toi, ça va ?

Plusieurs personnes se dirigent vers les terres désolées à leurs manières comme leur a conseillé Argos. Ils s’enfoncent droit vers le danger et l’inconnu et c’est exactement ce qu’il veut. Mais pour autant, est-ce qu’il y a d’autres solutions ? Attendre patiemment ici que les choses passent n’est pas une option pour moi. Je pourrais très bien essayer de trouver les professeurs ou nos référents mais je n’ai aucune idée d’où ils peuvent se trouver. Et ça prendrait trop de temps. Ca serait peut-être trop tard.

Je regarde Tyché dans les yeux et lui sourit pour dédramatiser la situation. Mais étrangement, elle n’a pas l’air d’avoir si peur que ça. Est-ce de l’inconscience ou tout autre chose ?

- Écoute, nous n’avons pas d’autres choix que de faire comme les autres et de nous diriger vers les terres désolées mais promets moi de ne pas t’écarter de moi d’accord ? Nous ne connaissons rien des dangers qu’on peut encourir.

Je me sens suffisamment coupable de l’emmener avec moi. Si nous devons nous battre pour je ne sais quelle raison, elle pourra très difficilement se défendre et je ne pourrais pas forcément assurer ses arrières. Mais c’est mieux que de la laisser seule. Enfin, je l’espère.

J’attrape la main de Tyché et nous traversons la forêt d’automne pour nous retrouver dans les terres désolées.

Codage par Libella sur Graphiorum

Les Maux d'Argos

Je ne suis pas le seul à avoir emprunté le portail de mon ami. À ma suite apparaissent Télémaque et, de façon un peu plus surprenante, Momos. Je ne connais pas très bien l’Helyantos mais nous nous sommes déjà parlé au travers des nombreuses soirées organisées dans son sanctuaire et auxquelles je participe très régulièrement.

— Ils peuvent arriver de partout, on peut commencer à chercher à proximité de la faille. On est atteint par un mal de la boite de Pandore. Me concernant, c'est physique. Comme un picotement qui pourrait se transformer en douleur. Et vous ?

Je constate sans surprise que Télémaque est sur la même longueur d’onde que moi. Face à un ennemi dont nous ne savons rien, mis à part qu’il possède la dangereuse boite de Pandore, il vaut mieux nous regrouper. Certes, nous jouons au jeu du voleur en nous rendant dans les terres désolées mais, au moins, faisons en sorte de ne pas être des cibles faciles. Au vu de ce qui nous entoure, nous regrouper ne devrait pas être si difficile.

— Les terres désolées ne sont que d’immenses plaines sans rien à l’horizon. Nous ne devrions pas avoir de mal à nous repérer les uns les autres. D’autant plus qu’il ne doit pas y avoir beaucoup de failles. Du moins je l’espère pour l’intégrité professionnelle de Tartare.

Je baisse la tête vers mon ventre pour répondre à la question de mon ami. Une douleur physique hein ? C’est un peu ça que je ressens aussi mais c’est… différent.

— Mon mal est physique également mais je ne saurai pas trop l’expliquer. J’ai l’impression que c’est plus… interne.

Alors que nous discutons de la situation, la faille derrière nous vibre par intermittence et d’autres élèves nous rejoignent. Hébé puis Circé et Acéso et, enfin, Tyché et Hippolyte. Cette dernière étant la seule que je ne connais pas vraiment mais, étant dans le même sanctuaire qu’Arès et Artémis, j’ai déjà entendu parler d’elle. Je prends alors le temps de répondre à la question de la déesse de la jeunesse.

— Je pense qu’il serait plus sûr de tous nous regrouper ici avant d’entreprendre quoi que ce soit. Il serait trop dangereux de laisser quelqu’un s’aventurer seul dans les terres désolées.

Je ne me permet pas de juger de la présence de qui que ce soit ici. De mon point de vu, pour tout un chacun, venir dans les terres désolées est une folie. Alors, même si certains d'entre nous ne sont pas des combattants, je ne pense pas pour autant qu'un Tamarisc a plus sa place ici qu'un autre. D'autant plus que nous ne savons pas ce qui nous attend.

À ce moment-là, j’aperçois une silhouette se rapprocher du groupe. Il me faut un petit temps pour pouvoir la reconnaître mais je finis par faire de grands gestes avec mes bras pour lui signaler notre présence.

— Pandore, on est là !

La présence de notre amie mortelle tombe bien. Elle pourra surement nous éclairer un peu sur la situation. C’est à ce moment-là que la voix du voleur retentit à nouveau dans l’air.

— Artémis, je te conseille de te diriger vers ta gauche si tu veux retrouver tes proches.

Ma sœur est donc bel et bien dans le coin. Voilà qui ne m’étonne guère.

— Artémis, pas par là. Tu t’éloignes des autres.

Voilà qui ne m’étonne pas non plus, malheureusement… Ma sœur n’est pas du genre à écouter les ordres, encore moins ceux d’un inconnu qui s’amuse avec nous comme avec des pions. Mais je n’aime pas la savoir seule. Certes, elle est forte mais, la dernière fois qu’elle a tenté ce genre d’expédition elle s’est retrouvée blessée à l’infirmerie. Et encore, si Hadès et Héra n’étaient pas intervenus, la situation aurait sans doute été encore plus grave.

Elle ne va pas apprécier mais je n’ai pas le choix. Aujourd’hui plus que jamais, elle ne peut pas se permettre de se montrer trop téméraire. Je me tourne alors vers Hermès qui, comme nous tous, a également entendu la voix du voleur et a pu en tirer ses conclusions.

— Dis, Hermès, tu crois que tu pourrais ramener Artémis par ici avec un portail ? Je n’aime pas la savoir seule face à un ennemi inconnu.

Je m’empresse d’ajouter un détail qui, aura sans aucun doute son importance.

— Si possible, il faudrait que le portail soit sous ses pieds. Qu’elle n’ait pas possibilité de l’éviter. Sinon elle le fera, soit en sûr. Et à part l’énerver, nous n’obtiendrons rien d’elle.

Malheureusement, je connais Artémis par cœur et elle sera énervée dans tous les cas. Mais je préfère qu’elle s’énerve contre moi alors qu’elle n’est pas seule dans les terres désolées avec un mal inconnu.

Les Maux d'Argos

Je regardais droit devant moi. Les Terres Désolées s'étendaient à perte de vue. Un vent se leva, balayant mes cheveux et je pris une grande inspiration. Aujourd'hui était un autre jour. Aujourd'hui était le jour où j'allais comprendre tout ce qui se tramait depuis quelques temps. Aujourd'hui, les Primordiaux n'auraient d'autres choix que d'écouter ce que j'avais à dire et comprendre que j'étais indispensable pour résoudre tout ça. J'allais leur prouver que je n'étais plus la petite Artémis impulsive incapable de maitriser ses émotions. Peu importait s'il considérait que les risques que je prenais venait d'une décision irréfléchie. A moins d'une émotion forte, je réfléchissais toujours avant d'agir. Qui pourrait me reprocher de vouloir protéger mon frère des coups du Dieu de la Guerre ? Qui pourrait me reprocher de m'isoler pour établir une stratégie ? Qui pourrait me reprocher de vouloir chercher des réponses pour sauver l'académie ? Vous voulez une réponse ? Tout le monde, ou presque. Parce que les gens ne voyaient tout simplement pas plus loin que le bout de leur nez, trop concentré sur leur nombril pour certains. Ils ne voyaient que la surface et ce que j'avais fait sans comprendre pourquoi je l'avais fait.

"Artémis, je te conseille de te diriger vers ta gauche si tu veux retrouver tes proches."

La voix me tira de mes réflexions et je fronçais les sourcils. Un rire dédaigneux s'échappa de ma bouche. Je tournais la tête vers ma gauche, vérifiant tout de même ses dires et vis au loin un petit groupe sans vraiment distinguer tout le monde. Je reconnaissais des chevelures et des carrures mais je ne m'y attardais pas.

"Mais qui a dit que je voulais les retrouver ? Et à quel moment tu as cru que tu pouvais me donner des ordres toi ?!"

Argos se croyait surpuissant parce qu'il avait voler la boite de Pandore. Mais je ne doutais pas de mes compagnons. Je ne savais pas qui était entré dans les Terres Désolées. Mais si mes proches y étaient comme il le disait si bien, j'étais certaine qu'ils étaient capables de régler tout ça sans moi, j'avais totale confiance en eux. D'un pas décidé, je commençais à marcher droit devant moi pour m'enfoncer dans les Terres.

"Artémis, pas par là. Tu t’éloignes des autres."

Je levais les yeux au ciel. Non ? Sans blague ? Qu'est-ce qu'il n'avait pas compris ? Je n'étais pas le genre de personne à qui on donnait des ordres comme ça. J'avais du respect pour certaines personnes, assez pour les écouter, au moins de temps en temps. Mais je n'en avais aucun pour lui. Alors quoi ? Il s'imaginait que parce qu'il avait une boite avec des maux inconnus dedans, j'allais me plier à ses quatre volontés ? Mais j'allais très bien moi !

Bref. Concentration. J'avais autre chose à faire que d'écouter ce prétentieux. Hmm, peut-être que je pourrais le semer en prenant une autre forme ? Mais laquelle... La louve me semble plus appropriée. Même si le faucon aurait été un choix intéressant aussi, rien que pour survoler la zone. Je le prendrais après, quand je serais plus loin de la faille. En attendant... Je sentis mon corps changer de forme. Et tomber. Wow, comment ça tomber ?! C'était quoi ce délire ! Un cri m'échappa alors que j'étais comme aspirée par le sol. J'arrivai dans un endroit étrange. Des routes, des chemins dans tous les sens. J'avais l'impression d'être à l'envers. Où était-ce les chemins qui l'étaient ? Je bougeai mes pattes, en vain. Je tombai dans un autre... portail ? Et j'atterris sur mes quatre pattes. Devant tout un groupe de personnes. Certainement celui que j'avais vu quelques minutes auparavant. La première chose que je vis, c'était un geste de la main de la part d'Hermès.

"Vous vous foutez de moi ?!
- Avant tout commentaire. Non. Je ne me suis pas loupé.
- C'est toi qui as fait ça ?!"

Un grognement m'échappa alors que je lui fonçais dedans. Ma tête frappa en plein dans son ventre. Mais avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit d'autre, j'entendis la voix d'Apollon derrière moi.

"C'est moi qui lui ai demandé."

Je fis volte face. Même traitement. Pas un regard pour Arès qui était juste à côté de lui.

"J'étais sur une piste ! Je vais découvrir quelque chose, je le sens ! T'as tout gâché."

Si ça n'avait pas été lui, j'aurai été plus loin. Là, je me contentai simplement de reprendre ma forme de Déesse, le fusillant du regard. Puis, je balayais l'assemblée de mon regard rubis.

"Allez retrouver ce prétentieux si ça vous chante. Moi, j'ai autre chose à faire."

Je me retournai dans le but de rejoindre l'endroit où j'étais quelques minutes auparavant. Mais je sentis une main qui saisissait mon poignet.

"Attends !"

L'inquiétude pointait dans sa voix. Je serrai les dents. Mais pourquoi tout le monde voulait m'empêcher de sauver l'académie ! Je dégageai ma main. Mon regard croisa celui d'Acéso et il s'adoucit un instant. Elle avait déjà bien assez souffert à cause de moi sur l'île. Je ne voulais pas lui infliger ça. Je me contentai de m'écarter un peu du groupe et croisai les bras sous ma poitrine. De toute façon, j'avais bien compris que si je partais, Hermès serait capable de me faire revenir indéfiniment. Ce serait une perte de temps et d'énergie pour nous deux. Et dans mes souvenirs, il était aussi du genre à aimer sortir. J'étais certaine de réussir à le rallier à ma cause un peu plus tard.

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Les Maux d'Argos

Il y avait un monde où ça aurait pu se finir sans trop de vagues. Mais pas celui là apparemment. On me téléportait contre mon gré alors que je n'avais rien demandé à personne et que les solutions étaient non loin. Et voilà à présent qu'un Helyantos s'en mêlait pour défendre Hermès. Ça va, il était juste tombé. Je plaignais plus Télémaque qui était juste derrière et s'était fait écraser à cause de la chute. Faudrait que je pense à lui demander si ça allait. Je ne voulais pas lui faire mal. Et en soit, aux deux autres non plus. Je voulais juste leur faire comprendre que j'étais en colère. Sinon j'aurai pu faire pire. Tellement pire. Bon, j'avais remarqué les grimaces qu'ils avaient tiré quand ma tête était entrée en collision avec leur ventre. Mais je savais que ce n'était pas ma faute. Car j'avais maîtrisé ma force. Sûrement le problème avec la boite de Pandore.

Bref, je levai un sourcil alors qu'il m'insultait de morveuse. Il était sérieux là ? Un sourire en coin étira mon visage. Croyez moi, c'est parfois pire que quand je suis en colère.

"Agresser ? Je lui ai mis un coup de tête dans le ventre, et pas du tout à pleine puissance. Crois moi, si j'avais voulu lui faire mal, il n'aurait pas atterri sur les fesses."

En revanche, quand je vis sa main s'approcher de mon visage, je l'attrapai au passage, fronçant les sourcils. Ne lève pas la main sur moi. J'ai été gentille, je le serais moins si tu prends trop la confiance. Un rire m'échappa. J'entendais des murmures autour de nous. J'étais certaine qu'ils croyaient que j'allais lui sauter à la gorge. Et j'aurai pu. Mais contre tout attente, j'arrivais à maitriser ma colère. Contrairement à lui.

"Oh, je crois reconnaitre la colère. Une colère incontrôlée. Merci Argos, j'imagine. Je vois que tu n'as rien compris. Mise à part une chose censée, tu es bien le seul à vouloir me laisser partir seule. Je te remercie."

Un grand sourire étira mes lèvres, sa main toujours dans la mienne. Je serrais légèrement.

"En revanche, quand on y connait rien, on se tait. Que les autres m'apprécient, j'en ai rien à foutre. Je n'ai rien à prouver à personne. Mais moi, j'essaie de sauver l'école. Sauf que personne ne semble vraiment se soucier du fait que nous soyons en danger."

Mon ongles s'enfoncèrent légèrement dans le dos de sa main.

"Pour ce qui est d'Hermès, tant qu'il ne se mettra pas dans l'idée de réouvrir un portail contre mon gré, il ne risque rien. Toi en revanche, ne t'avise plus de me toucher. J'ai été gentille jusque là parce qu'il parait qu'il faut vous débarrasser d'un mal qui vous ronge et que je me soucie de sauver les gens ici. Mets toi en tête de m'emmerder et tu sauras de quoi est capable la Déesse de la Chasse."

Je relâchais sa main avant de regarder tour à tour Apollon et Hermès.

"Le mal que vous ressentez n'est pas de mon fait. J'ai fait en sorte de vous pousser, pas de vous faire mal. Il est grand temps qu'on retrouve Argos pour lui faire payer ce qu'il vous a fait à tous ici. Est-ce qu'on attend encore quelqu'un ?"

Je balayais l'assemblée du regard. Il y avait déjà un beau monde. Je ne savais pas pourquoi j'étais si calme. Mais ils semblaient presque tous atteints par quelque chose. Et si on ne se dépêchait pas, ils allaient vraiment finir par souffrir. Donc il fallait bien prendre les commandes pour les guider dans un endroit qu'ils ne connaissaient pas. Je fixais alors mon regard sur Hermès, faisant abstraction de Momos qui était devant lui.

"Ça va ton ventre ? Si je ne m'abuse, tu es un habitué comme moi de cet endroit. Donc je pense qu'il faut qu'on ouvre la marche."

Je tournais ma tête ensuite vers mon frère, échangeant un simple regard avec lui pour savoir s'il allait bien. Nous n'avions généralement pas besoin de mots pour nous comprendre.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Les Maux d'Argos

Aujourd’hui avait super bien commencé. Et oui, une fête de la musique a été organisée, et dans “fête de la musique”, il y a - je vous le donne en mille - le mot “fête” ! Bien sûr, je fais des soirées ou des fêtes quasiment tous les jours, mais là, c’était spécial. Comme pour le carnaval de printemps, ce genre d’événements réunit des personnes qui n’ont pas forcément l’habitude de faire la fête, voire certaines qui la découvrent. Et c’est peut-être ça la plus belle chose que peut proposer ces événements : réunir, et faire découvrir les plaisirs de la fête. Je ne me souviens même plus ce que j’avais ressenti lors de ma première soirée par exemple, et pourtant je sais que s’il y avait une chose que j’aimerai revivre, c’est bien cela.

Enfin, de mon côté, je n’ai pas beaucoup changé de mes habitudes. Je tiens un stand de boissons, abreuvant les connaisseurs et faisant découvrir aux curieux mes meilleurs cocktails. J’ai évidemment vu pas mal d’Helyantos, mais également des élèves de tous les autres Panthéons. Certains n’avaient jamais goûté à l’alcool, alors j’étais très content de leur faire découvrir les joies de ces boissons.

J’ai pris quelques pauses, notamment pour assister à certains concerts, mais je dois dire que mon stand était assez bien situé, donc je n’ai pas eu à m’en éloigner trop souvent. J’ai par exemple pu assister à l’incroyable course de bébés organisée par Hébé, et je suis très content de l’emplacement de mon stand, car il a permis à certains spectateurs d’autres attractions de boire un verre tout en se divertissant.

Néanmoins, plus la journée avançait, et plus je me surprenais à.. charger mes cocktails. Rien de bien fou, mais je me retrouvais plusieurs fois à servir des verres plus alcoolisés qu’ils ne devraient l’être. Toutefois, c’est uniquement lorsque l’idée de ruiner l’une de mes boissons pour un prank me traversa l’esprit que je me rendis compte que quelque chose n’allait pas. J’étais sur le point de rajouter du piment à une boisson qui n’en avait absolument pas besoin, simplement pour m’amuser. Vous vous rendez compte ? Moi, détruire un cocktail pour du divertissement ? Comment cette idée a même pu me traverser l’esprit ? Quelque chose n’allait pas.. était-ce de la fatigue ? Ou.. autre chose ?

Alors que je réfléchissais à tout ça, une voix résonna. Il me semble que c’est celle d’Argos, mais puisque je ne connais pas bien les Lobellus, je n’y mettrais pas ma main à couper. Enfin, peu importe qui c’était, son discours laissa un froid. Se sentir bizarre ? Est-ce que ça a un lien avec ce qui s’est passé plus tôt ? Compliqué de l’assurer, mais ce qui est sûr, c’est que je compte bien sortir. Déjà pour en avoir le cœur net, et aussi parce que j’ai toujours voulu franchir les barrières d’Olympus. Mon instinct d’Helyantos n’a jamais aimé respecté les règles après tout.

Ainsi, après avoir pris soin d’emporter le strict nécessaire - de l’alcool et quelques verres -, je laissa mon stand de côté et partis en direction de la bordure d’Olympus. Au fur et à mesure que j’avançais, je commençais à entendre des cris, comme des gens qui se disputaient. Je pressai la marche ; principalement pour arriver avant la fin de la dispute. Oh pas pour la régler hein. Pour regarder. Ainsi, en suivant mon ouïe, je finis d’arriver au niveau d’un groupe formé de pas mal de gens que je reconnaissais : Apollon, Arès, Momos, Hermès, et j’en passe. Il y avait d’ailleurs Pandore, qui pourrait nous aider en vue du problème que l’on doit affronter. Et je remarquai également Perséphone, légèrement en retrait. J’avais l’impression qu’une voix dans ma tête me poussait à profiter du “spectacle” qu’était la petite dispute qui avait pris place, mais je combattis cette voix en me disant que ce n’était pas le plus important. Je n’avais pas vu Perséphone de la journée, et puisque tout le monde est probablement atteint par un mal ou quoique ce soit de ce genre, je m’empressai de me diriger vers elle.

"Perséphone.. si tu es là aussi, c’est que tu as entendu Argos n’est-ce pas ? Tu te sens.. bizarre ?"

J’étais suffisamment proche d’elle pour qu’elle seule ne m’entende, surtout avec les grosses voix qui se disputaient à côté. J’essayais d’avoir une voix rassurante, mais malgré ma réelle inquiétude, j’avais beaucoup plus de mal que d’habitude. Bizarrement, être gentil et réconfortant paraissaient plus dur qu’avant. Qu’est-ce qui se passait..?

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Les Maux d'Argos

Alors qu’Hermès réfléchit à ma demande, se demandant certainement si cela est possible, la barrière vibre à nouveau. Je tourne la tête vers elle pour constater avec joie l’arrivée d’Arès. Je le regarde se diriger vers moi en souriant et ne dit rien quand il vient prendre ma main dans la sienne.

— Ça va ?
— J’ai un peu mal au ventre et je m’inquiète pour Artémis mais, en comparaison de ce qu’on a déjà vécu, je dirai que je vais plutôt bien.

De son côté, Arès ne semble pas souffrir particulièrement mais je lui demanderai des détails plus tard. Pour le moment Hermès accepte de faire revenir Artémis, je vais donc me concentrer là-dessus.

En échange d’un payement bien entendu. Ça ne m’étonne pas particulièrement et, je le connais bien, je sais que son prix est très loin de ceux qu’il utilise habituellement. C’est ce qu’on appelle un prix d’ami, j’imagine. C’est gentil de sa part étant donné que je pense que ce que je lui demande ne sera pas si simple.

Mon ami ferme alors les yeux. Quelques instants plus tard, un portail apparaît sur le sol devant notre petit groupe et Artémis en sort, sous forme de louve. Je ne sais pas vraiment si c’est une bonne chose ou pas. En tout cas elle est là et en un seul morceau.

En un seul morceau très énervé. Le premier réflexe de ma sœur après son arrivée parmi nous étant de mettre un coup de tête dans le ventre de mon meilleur ami, qui souffre déjà à cause de son mal, je plaide immédiatement coupable.

— C'est moi qui lui ai demandé.

Un nouveau coup de tête plus tard, cette fois dans mon abdomen. Artémis exprime sa colère. Heureusement pour moi, Arès était suffisamment près de moi pour me retenir et m’empêcher de m’étaler au sol devant tout le monde à l’instar de mon ami, qui a même amené Télémaque dans sa chute. Je m’excuse silencieusement au nom de ma sœur pour eux. Elle est un peu brut comme fille. Il faut apprendre à la connaître pour savoir l’apprécier.

Mais je n’ai pas le temps de faire un discours à mes camarades sur le caractère de ma sœur qu’elle reprend forme humaine et nous tourne le dos, prête à reprendre ses pérégrinations solitaires.

— Attends !

Je l’attrape par le poignet par réflexe. Il est hors de question qu’elle reparte, c’est beaucoup trop dangereux. Je refuse de la savoir seule dans les terres désolées avec un fou furieux qui traine dans les parages. Sans parler des monstres qui ne la laisseront peut-être pas en sortir indemne cette fois-ci.

Heureusement, elle finit par entendre raison, se dégage de ma main et part bouder un peu plus loin les bras croisés. Mais elle n’est pas la seule à être en colère dans notre petit groupe. Et, en ce qui concerne Momos, j’ai beau peu le connaitre, cette colère ne me semble pas naturelle.

La scène qui se déroule sous mes yeux peut sembler violente mais elle ne l’est pas tant que ça. Je connais ma sœur, si elle le voulait vraiment elle serait déjà en train de planter ses crocs dans le dieu de la raillerie. En l’occurrence ce n'est pas le cas, je n'ai donc pas besoin d'intervenir.

— Le mal que vous ressentez n'est pas de mon fait. J'ai fait en sorte de vous pousser, pas de vous faire mal. Il est grand temps qu'on retrouve Argos pour lui faire payer ce qu'il vous a fait à tous ici. Est-ce qu'on attend encore quelqu'un ?
— Disons qu’on ne s’est pas vraiment donné rendez-vous donc je n’en sais rien. Mais j’imagine qu’Argos nous donnera de nouvelles consignes quand il considèrera que nous sommes assez nombreux.

Je laisse ma sœur discuter avec Hermès et lui retourne son regard. Je sais bien que la douleur que j’ai ressentie n’était pas vraiment de son fait, je ne lui en veux pas. Par contre, j’aimerais qu’on règle cette histoire de maux vite fait, bien fait.

Une nouvelle vibration de la barrière. Cette fois-ci c’est Hécate, une autre Tamarisc, qui nous rejoint, la hache sur l’épaule. Au moins, elle semble déterminée à en découdre. Je crois l’avoir aperçue dans le public de mon concert tout à l’heure. Forcément, elle a mis plus de temps à arriver à pied que nous avec le portail d’Hermès.

Un nouveau mal de ventre. Différent celui-ci. Je ressens quelque chose de très désagréable. Comme si mon repas remontait dans ma gorge. Ça me fait penser à quelque chose que j’ai lu dans un livre de médecin de l’ancien temps. En tout cas c’est… écœurant.

— Il y avait quoi, dans cette boîte à la con ? Qu'on sache au moins à quoi s'attendre.

J’essaie de mettre de la pression dans ma main qui tient celle d’Arès pour le calmer mais mon geste a peu de conviction. Entre tout ce qui se passe et les cris qui résonnent, je dois utiliser une grande partie de ma concentration pour empêcher mon repas de sortir définitivement par ma bouche. Je crois que cela s’appelle des nausées. J’espère grandement ne pas avoir à connaître l’étape suivante du processus.

Mais Arès n’a pas l’air d’aller très bien non plus. Je n’ai pas l’impression qu’il souffre mais on dirait qu’il a moins d’énergie que d’habitude. Je me demande quel mal l’a touché…

— Ce n'est pas une "boîte à la con".

On dirait que Pandore n’a pas prévu de laisser cette insulte passer à la trappe. Dommage pour moi et mon désir de calme. Voilà que j’ai mal à la tête maintenant. Arrêtez de crier, je vous en prie. Elle est vraiment obligée de laver notre linge sale en public ? Non mais franchement, ce n’est vraiment pas le moment…

— À part ceux qui sont assez en colère pour affronter le panthéon Tamarisc en combat singulier, vous ressentez quoi ? Je connais bien le contenu de la boîte, je peux vous aider à les identifier.
— Actuellement j’ai l’impression que ma tête va exploser et que mon dernier repas va sortir de là par où il est entré donc si vous pouviez arrêtez de tous crier ça m’arrangerait. On doit pouvoir régler cette situation dans le calme.

Je lance un regard à Pandore. Je ne veux pas me disputer avec elle et serait très heureux si elle pouvait me dire ce que j’ai même si je commence à un avoir une petite idée. C’est alors que la barrière vibre à nouveau, laissant Perséphone entrer. Je lui fais un signe de main pour la saluer, en espérant qu’elle ne souffre pas trop, de son côté. Je la vois discuter avec Dionysos. Tiens, il était là ? Je ne l'ai pas vu arriver, il a dû se montrer bien discret. Nous commençons à être nombreux. J'espère que tout va bien se passer.