L'île d'attraction

Nous arrivons plus ou moins tous indemne sur la barque – à part Acéso et Néphia qui ont disparu bien évidemment – et notre embarcation de fortune dérive je ne sais où à travers l’île. L’orage et les éclaires fusent toujours autant et j’ai bien peur qu’à plusieurs reprises on ne finit englouti dans les vagues à cause des éléments qui se déchainent.

Je m’accroche à la veste d’Athéna comme si ma vie en dépendait tandis qu’un éclair nous frôle. Il n’y a pas à dire, je préférais les engueulades des Tamarisc. J’ai peur. Je ne sais pas comment on va se sortir de là. Et même si Athéna me susurre des mots doux pour me calmer je n’arrive pas à cesser mes tremblements. Pitié, je veux rentrer chez moi.

Puis l’eau commence à s’agiter de façon très étrange. Pas que l’eau n’était pas déchainée jusque-là mais elle a l’air à présent comme… vivante ? Et le cauchemar continu quand l’eau se matérialise et prend une forme humanoïde. Elles s’approchent de nous et nous attaquent. Nous sommes fichus. Elles sont sur leur terrain, on ne peut par conséquent pas gagner contre elles. L’une d’elle s’avance vers moi et par panique je fais la chose qui me paraît être le mieux : utiliser mon pouvoir. Je chérirais toujours ce bon vieux réflexe car le monstre qui m’attaque se gèle automatiquement.

Mais tout le monde n’a pas eu la même chance que moi. Mes autres compagnons tombent les uns après les autres dans les tréfonds de l’océan. Et quand j’aperçois Athéna tomber à l’eau sans aucune résistance, je me précipite au bord de la barque pour lui tendre ma main mais il est trop tard. Elle a disparu. Je cris de toute mes forces son nom mais je sais qu’elle ne peut plus m’entendre. J’aimerais la sauver mais je ne peux pas. Elle est déjà loin. A présent je ne peux que pleurer sa disparition. Ce que je redoutais le plus est arrivé. Pourquoi me l’a-t-on enlevé ? Pourquoi ? Comment je vais bien pouvoir faire pour survivre à tout ça sans elle ?

Après quelques minutes j’arrête un peu de pleurer pour regarder autour de moi. Il ne reste plus que trois survivants. Œdipe, la fée et moi. Tout les autres ont disparu. Pendant un instant, je pense à me jeter également dans l’eau pour peut-être avoir l’espoir de rejoindre les autres. De rejoindre Athéna. Foutu pour foutu comme on dit. Mais je sais que ce n’est pas la bonne décision. A contre-cœur, je m’éloigne du bord de la barque et arrête de regarder l’eau en pensant naïvement qu’Athéna va réapparaitre.

J’ai dit tout à l’heure que je voudrais être aussi courageuse qu’Acéso et aussi sage qu’Athéna mais la vérité c’est que je n’en suis pas capable. Je ne suis pas elles. Je ne suis que Chioné, une demi-déesse pleurnicharde. Je ne sais pas comment on va s’en sortir, je n’en ai aucune idée. Mais je sais que dans mon état actuel je ne serais qu’aucune utilité mais après tout je suis inutile depuis le départ, je n’ai pas pu empêcher que mes proches disparaissent.

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Je sentais qu’Achille était toujours énervé contre moi. Je ne perdis pas de temps en lui donnant quelconque réponse étant donné qu’Athéna le fit très bien pour moi. Peu importe sa soudaine haine envers ma personne, ce n’est pas une raison pour dire ce qu’il a dit. Et puis dans tous les cas, ce n’est pas sur ça que l’on devrait se concentrer pour le moment.

Puis on commença à aborder la blague que j’avais faite avec Hermès plus tôt. J’avoue être fier que l’on me crédite enfin pour mes actions mais je ne pensais pas vraiment que cela se ferait dans ces conditions. Surtout que c’est la meilleure raison pour qu’Achille en remette sur la table. Je préférai ne pas relever tout ça pour le moment, me contentant de répondre à la déesse de la sagesse.

"A vrai dire, je pense qu’Hermès s’est déjà enfui depuis un certain temps, et pas sûr qu’il ne revienne. Surtout que l’on ne sait même pas si d’autres personnes sont au courant de la situation sur l’île."

Vraiment dommage que le dieu des voyageurs ne puisse pas nous aider non plus. Enfin, ce n’est pas de sa faute, je serai sûrement parti le plus vite possible aussi si j’avais son pouvoir. En parlant de pouvoir, je devrais peut-être utiliser le mien pour résoudre le mystère de “où est-ce qu’on va ?”.

Au bout de quelques minutes, je fus averti d’un problème ; des visiteurs non-invités voulaient jouer les trouble-fêtes.. et ils n’avaient pas l’air très sympathique. Je sentis alors mon pouls accélérer. C’était la première fois de la soirée où la peur me prenait à ce point. Je me réfugiai dans un coin de la barque que je savais pour sûr en prévision de par où les créatures allaient provenir. Puis, quelques secondes avant leur arrivée, je tentai de crier à tout le monde la solution au mystère que j’avais résolu dans mon esprit.

Néanmoins ils ne m’écoutèrent pas. La plupart d’entre eux était trop tendue par les vagues qui se faisaient de plus en plus forte, et n’avaient pas l’attention suffisante pour comprendre ce que je disais. Puis ça y est. Ils arrivèrent.

Je restais “caché”, les yeux fermés. L’attente qu’ils ne partent me parut extrêmement long. Au moment où je sentis les flots se calmer, je me demandais si j’étais même encore sur la barque, ou bien transporté très loin d’ici. Puis je rouvris les yeux, remarquant que si, j’étais bien toujours au même endroit. Mais nous n’étions plus que trois. Phellée, Chioné, et moi-même.

Je me relevai alors. C’est pas tout ça, mais en vu de la sur-joie de vivre de la fée et de la sur-peur de l’avatar de l’hiver, il va falloir canaliser tout ça. Et j’imagine que c’est à moi de le faire..

"Bon, vous deux. Nous sommes les derniers encore ici. Je ne connais pas la logique des disparitions, pourtant ce qui est sûr c’est que c’est grâce à vous, et seulement vous que vous ne vous êtes pas fait attraper par ces créatures étranges. C’est pourquoi vous devez garder confiance en vous, vous reconcentrez, et on réussira à s’en sortir. Et à retrouver les disparus par la même occasion."

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Après avoir prononcé ces mots, je remarquai qu’on pouvait apercevoir la côte à nouveau. Et d’après ce que je voyais, ça avait tout l’air d’être la plage de l’océan d’été qui accueillait les festivités hier. On dirait que la chance est vraiment de notre côté. En plus d’avoir échappé aux disparitions, les vagues nous ont emporté vers le bon endroit.

Phellée également semblait également avoir vu la terre. D’ailleurs, en parlant d’elle, en y réfléchissant un peu elle pourrait pas s’envoler pour la rejoindre ? Je veux dire je pense pas que c’est son énorme compassion pour nous qui la pousse à rester. Après je n’ai jamais eu d’ailes, peut-être que c’est super épuisant de voler en fait. Même si les papillons ça peut voler des kilomètres.. Enfin, c’est pas comme si je voulais qu’elle parte. Plus on est et plus on a de chances de rejoindre la côte.

Par contre, les vagues se sont franchement calmées, et bien que ça puisse paraître comme une bonne chose, ça va être galère de rejoindre la rive sur une mer calme. A ce rythme là, qui sait si on ne se déshydratera pas avant d’arriver sur la terre ferme. Et puis même, si on ne se dépêche pas, qui sait ce qui pourrait advenir des disparus ? Non, il faut trouver un moyen d’avancer plus vite. Allez Œdipe, réfléchis, ça devrait pas être compliqué..

Attends, si je me souviens bien c’était cette Chioné qui avait gelé l’eau tout à l’heure non ? Je ne sais pas si elle est capable de faire des formes plus élaborées, mais qui ne tente rien n’a rien.

"Dis, Chioné. Tu serais capable de nous fabriquer des pagaies de glace ?"

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Tout va bien se passer, c’est ce que je dois me dire. Ce n’est pas parce que tout les autres à part nous trois ont disparus que forcément on est dans la panade… si ? J’essaie tant bien que mal de rester positive face à la situation mais ça me requiert beaucoup d’effort. Je ne sais pas où sont les autres et nous voguons de façon tout à fait aléatoire dans l’immensité de l’océan. Sans compter que les sirènes peuvent à tout moment réapparaître.

Apparemment je suis bien la seule à être désespérée ici. Ce qui est plutôt un avantage, trois personnes déprimantes comme moi ne serons pas d’une grande utilité pour sortir de ce cauchemar. La fée a l’air toujours aussi heureuse comme si les disparitions ne lui faisait ni chaud ni froid – ce qui est peut-être le cas d’ailleurs mais cette option est bien trop cruelle pour que j’y pense – et Œdipe doit certainement trouver une solution comme il a l’habitude de faire selon certain. Malgré qu’il soit dans mon sanctuaire je ne le connais pas vraiment, j’ai entendu des rumeurs sur lui qui lui donne assez préjudice. Je vais donc continuer de rester muette, ce qui n’est selon toute vraisemblance pas le cas du Maître des énigmes.

- Bon, vous deux. Nous sommes les derniers encore ici. Je ne connais pas la logique des disparitions, pourtant ce qui est sûr c’est que c’est grâce à vous, et seulement vous que vous ne vous êtes pas fait attraper par ces créatures étranges. C’est pourquoi vous devez garder confiance en vous, vous reconcentrez, et on réussira à s’en sortir. Et à retrouver les disparus par la même occasion.

Je ne sais pas si c’est dû à la situation d’urgence mais je ne vois pas dans ses paroles le côté vil et manipulateur qu’on m’a décrite chez lui. Mais une chose est sûr, si il a bien une personne ici qui peut nous aider à sortir de là c’est bien lui alors je vais lui faire confiance en tout cas aujourd’hui. Je fais donc un signe de la tête en direction de Œdipe pour approuver ce qu’il vient de dire.

- Wahou ! Terre en vue !

Je regarde droit devant nous et effectivement on peut apercevoir en tout petit la plage de l’océan d’été. Nous ne sommes donc pas perdu et ce constat me réchauffe le cœur. Il faut juste s’assurer que nous arrivons jusque là sans embûche parce que le chemin à parcourir est encore long. Œdipe, pensant certainement lui aussi à une idée pour nous sortir de là se tourne vers moi.

- Dis, Chioné. Tu serais capable de nous fabriquer des pagaies de glace ?

Des pagaies mais bien-sûr ! Comme reconstruire le pont avec ma glace a été un échec cuisant je n’y ai pas repensé mais je suis tout à fait en capacité de nous sortir de là. Pourquoi je n’y ai pas pensé plutôt ?

- Oui je peux faire ça.

Si il y a bien un avantage à l’épisode de la cascade c’est que j’arrive à présent à être beaucoup plus méticuleuse donc six pagaies ça doit être largement dans mes cordes. Et puis ce n’est pas comme si nous n’étions pas entouré d’eau.

Je me concentre, fermes les yeux et l’eau entoure de nous se lève et se matérialise en dans la glace que j’arrive assez bien à transformer en une pagaie. J’effectue le geste six fois et voilà donc six pagaies prête à l’utilisation. Je tends deux pagaies à Œdipe et j’en pose deux à côtés de la fée car elle n'a pas l'air susceptible de nous aider.

- Attention à ne pas trop forcer dessus, elles restent tout de même fragile.

Je commence à pagayer en direction de la plage que nous voyons. Je n’ai jamais autant espéré que nous nous en sortons que maintenant. Notre liberté est proche.

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Après ma demande, Chioné me répondit positivement à propos des pagaies. J’avoue qu’une petite partie de moi avait peur qu’elle ne me dise non parce que je suis la personne qui les lui demande, mais je me doutais quand même qu’elle saurait faire fi de ce petit différend en vu de la situation actuelle. Je pris immédiatement les deux pagaies qu’elle me tendit, quant à Phellée.. bon disons que ça risque d’être de l’eau changée en glace pour rien.

"Attention à ne pas trop forcer dessus, elles restent tout de même fragile."

Je hochai la tête. Je m’en doutais un peu, ça reste de la glace, mais c’est déjà ça et ça risque de nous faire bien avancer. Et puis, vu le numéro de la limniade, on a encore deux pagaies de rechange en cas de casse.

"Wahou... je crois... que j'ai... le mal de mer..."

Bon. On va faire comme si on la croyait hein ? Ce n’est pas le moment pour créer des tensions, et si on est déjà deux à pagayer ça reste bien. Et puis si ça peut lui faire plaisir..

"Ah vraiment ? Mince alors, c’est vraiment bête. Bon tu es dispensée de pagayage dans ce cas."

Oui bon je n’ai jamais été très bon pour feinter la naïveté. Et puis je ne sais même pas si le mot “pagayage” existe. Mais c’est l’intention qui compte on va dire. De mon côté, je rejoignis Chioné dans le travail physique qu’était l’avancée de notre bateau de fortune. J’y mettais un maximum d’efforts, gardant en tête l’objectif second : sauver les disparus au plus vite. Oui parce que l’objectif premier c’est d’arriver sur la plage en vie.

Par contre, il est hors de question de laisser Phellée s’en tirer aussi bien. C’est pourquoi j’ai une autre tâche à lui donner.

"D’ailleurs Phellée, c’est mieux pour toi de ne pas pagayer, car tu devrais garder des forces pour la mission trèès spéciale que je voudrais te confier. Il faudrait que tu regardes la plage, et dès que tu vois suffisamment bien pour apercevoir des gens dessus, tu prends de la hauteur et lances ta poussière, style appel de détresse. Je sais que c’est beaucoup demander, surtout en vu de ton mal de mer, mais tu serais quand même capable de faire ça pour moi ? Tu sauverais ce navire."

Ça parait rien comme ça, mais ça reste important.. et fallait bien que je trouve quelque chose. Au moins comme ça si des personnes connaissant Phellée se trouvent sur la plage, ils seront en mesure de comprendre qui on est et.. qu’on va avoir besoin d’aide.

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Œdipe prend les pagaies que j’ai fabriqué sans broncher ce qui n’est évidemment pas le cas de la limniade. Elle les regarde comme si ils portaient sur eux toutes les maladies du monde. Mais je ne lui en veux pas, depuis l’arrivée de la tempête elle est resté somnolente pendant un bon de temps et c’est transformation ne doivent pas être de tout repos. Ça ira un peu moins vite à deux au lieu de trois mais je veux privilégier sa santé.

- Wahou... je crois... que j'ai... le mal de mer…

Oh non déjà qu’elle ne devait pas aller bien et en plus elle le mal de mer, elle n’a vraiment pas beaucoup de chance la pauvre. Je lui lance un petit sourire qui j’espère lui remontera le morale et Œdipe est d’accord pour qu’elle se repose, c’est parfait.

Je me positionne de façon à pouvoir utiliser convenablement les pagaies et avec Œdipe nous commencerons à ramer. Une chose est sûr, j’ai sous-estimé le temps qu’on prendrait à aller jusqu’à la rive. J’ai mal au bras et nous n’avons même pas parcouru le quart du trajet. Il faut que je tienne bon, on ne va jamais y arriver si je lâche l’affaire aussi rapidement. Mais pour autant le trajet s’effectue sans accros et c’est déjà très bien. Nous ne parlons pas, concentrés sur nos mouvements et notre synchronisation mais au bout d’un moment le Maître des énigmes brise le silence en s’adressant à la fée assise à l’arrière.

- D’ailleurs Phellée, c’est mieux pour toi de ne pas pagayer, car tu devrais garder des forces pour la mission trèès spéciale que je voudrais te confier. Il faudrait que tu regardes la plage, et dès que tu vois suffisamment bien pour apercevoir des gens dessus, tu prends de la hauteur et lances ta poussière, style appel de détresse. Je sais que c’est beaucoup demander, surtout en vu de ton mal de mer, mais tu serais quand même capable de faire ça pour moi ? Tu sauverais ce navire.

C’est vrai c’est important de prévenir les autres de notre présence et la limniade se sentira utilise dans notre périple ça doit la rendre heureuse. En tout cas pour ma part je suis heureuse d’avoir une utilité et de ne pas simplement être figurante. On arrivera sur la plage grâce à notre aide à tout les trois.

Au bout de la moitié du parcours mes bras me font horriblement mal et je n’ai plus la moindre force dans mes muscles. Et ce qui devait arriver arriva, je laisse par mégarde tomber une pagaie dans l’eau. J’ai encore les deux de la fée et je peux en créer à volonté mais la synchronisation de la barque vient de disparaître et notre embarcation s’arrête un peu. Je me tourne vers mes compagnons.

- Je suis vraiment désolée je n’ai pas fait exprès. Pouvons nous faire une petite pause s’il vous plaît ? Je n’arrive plus à ramer.

Je me sens coupable de les ralentir par ma faute mais je ne peux vraiment plus faire avancer la barque et je me doute qu’Œdipe aura du mal à le faire tout seul, il doit aussi être fatigué.

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Après avoir proposé la mission à Phellée, je fus soulagé de voir qu’elle accepta directement, en complimentant mon idée. Au moins comme ça tout le monde a une utilité d’une certaine manière. Bien que Chioné et moi en aient une un peu plus.. éprouvante.

D’ailleurs, au bout d’un certain temps je remarquai que Chioné avait laissé tombé sa pagaie, par mégarde. Ses muscles semblaient tétanisés, la pauvre a vraiment l’air de ne plus avoir de force. Ce qui est compréhensible, ce n’est pas comme si on avait fait que quelque dizaines de mètres non plus.

"Je suis vraiment désolée je n’ai pas fait exprès. Pouvons nous faire une petite pause s’il vous plaît ? Je n’arrive plus à ramer."

Phellée répondit par la positive, et je hochai la tête d’approbation. Après tout, je ne peux pas nier le fait que je suis terriblement fatigué également. Je déposai donc délicatement les pagaies sur le bateau, avant de m’assoir. Puis, je vis la Limniade se rapprocher de moi en me chuchotant à l’oreille.

"Tu sais, sans la givrée pour nous ralentir, maintenant que nous avons ses pagaies glacées, la barque serait plus légère et on irait beaucoup plus vite ! Personne n'en saura rien..."

Je manquai d’éclater de rire. A la place, un simple sourire se dessina sur mes lèvres. Je ne sais pas si le fait qu’elle puisse penser à ça dans ce moment est censé faire rire ou peur, mais personnellement je ne peux m’empêcher de trouver ça drôle. Enfin, je répondis tout de même à Phellée, en gardant ce sourire sur mon visage.

"Même moi je n’oserai pas le faire, ce n’est pas trop les conditions pour ce genre de.. blague, je dois t’avouer."

Puis, je m’approchai de son oreille en lui chuchotant à mon tour.

"Par contre, tout ce qui se passe sur ce bateau restera entre nous, alors si tu veux jeter quelqu’un à mer.. je ne répéterai rien."

Je souris de plus belle. Ah, si elle le fait vraiment je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la tête de Chioné, la pauvre. Bon je ne sais pas si Phellée a les capacités physiques de jeter l’Avatar de l’Hiver par-dessus bord, mais si vraiment cela devait arriver j’irai bien sûr la repêcher. Je suis bien d’avis que ce n’est pas trop les conditions pour cette blague, mais je ne peux pas me permettre de refuser totalement non plus, je reste le co-auteur de la farce des colorations, une bonne blague ne fait jamais de mal..

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Œdipe et Phellée ont l’air de ne pas être contre l’idée de souffler un petit instant pour reprendre des forces. Surtout Phellée d’ailleurs qui me rassure en disant qu’il n’y a rien de grave même si je décèle dans le sourire qu’elle m’offre quelque chose d’étrange. Comme si son sourire sonnait faux. Pendant une seconde j’ai l’impression qu’elle se fiche de moi depuis le début mais je me rappelle très vite qu’elle a le mal de mer. C’est ça, le mal de mer. Elle préfère que l’on s’arrête un peu pour que son estomac ne dégurgite pas tout son déjeuner. Mais elle a quand même l’air de s’être vite remise sur pied au vu de sa tête toute enjaillé. En tout cas, si elle a repris du poile de la bête tant mieux pour elle, elle a déjà eu assez de malchance comme ça en s’évanouissent à l’arrivée de la tempête.

Je pose ma pagaie sur la barque et regarde l’horizon. J’aperçois le rivage au loin, ça veut dire que ce cauchemar va enfin bientôt se terminer. J’espère que l’on retrouvera les autres en un seul morceaux. Athéna me manque…

J’arrête mes réflexions sur nos camarades quand j’entends le bruit de messes-basses me distraire. Phellée et Œdipe rient tout en discutant mais étrangement je ne me sens pas vraiment rassuré par leurs paroles. On parle tout de même d’une Helyantos et d’un Lobellus dont je ne fais pas confiance et qui pourrait très bien être un Helyantos si il n’était pas aussi intelligent. Mais je fais confiance à Phellée donc je déguerpie vite cette idée de ma tête et leur adresse un sourire.

- J’ai suffisamment de force pour résister jusqu’à la fin du trajet je pense, vous voulez continuer ?

Je prends une des pagaies de Phellée car je suis certaine qu’elle ne voudra pas nous aider dans cette tâche surtout sachant qu’Œdipe lui a déjà attribué une mission. De retour à mon poste avec deux pagaies j’attends que la réponse du maitre des énigmes pour commencer ce trajet.

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