Île d'Attraction - Phase finale

— Dis-moi comment on sort de ce rêve. MAINTENANT !!

Le Faux-Moi se fissure d'un coup après m'avoir entendu crier, dans un grand fracas. La maison aussi se fissure comme si j'avais frappé dans un miroir et tout finit par se briser petit à petit. Je me retrouve dans une pièce bizarre avec les murs qui ont l'air d'être faits d'eau. Un coup d’œil à la pièce rapide plus tard, je vois qu'aucun ennemi s'y trouve. Je fais quelques pas dans cette pièce, observant mon bras. La trace rouge a disparu. J'ai retrouvé mon bras. Mon corps. Je me sens plus fort, maintenant. Merci, Meg... Qu'est-ce que je ferais sans toi.. ? Je tends la main vers un des murs et il s'effondre quand je le touche avec la paume.

— Qu'est-ce que.. ?

Je me retrouve dans l'eau, complètement immergé. Mais c'est en me regardant et en constatant que j'arrive à respirer que mon corps a encore changé, pour s'adapter. J'ai une longue queue de poisson à la place des jambes et elle est d'un rouge profond. Je serre les poings et déploie mes muscles fraîchement retrouvés. Même si c'est pas parfait, j'ai l'impression de m'être retrouvé et mon sourire en coin revient. Je suis pas rassuré pour autant quand je vois au loin qu'un énorme requin est en train de se battre contre des gens qui ont des queues de poisson comme moi... Je commence à nager vers la lumière et le combat, là où je pourrai être utile. Avec de la chance, je le serai...

Sur le chemin, je croise celui de quelqu'un qui a disparu alors qu'on était sur l'île d'attraction. Et c'est pas sur n'importe qui que je suis tombé...

— Perséphone ? Toi aussi, t'as vu le combat au loin.. ? Vite. Ils ont besoin de nous...

Bizarrement, j'arrive à être un peu serein avec quelqu'un que je connais à côté de moi. C'est peut-être une amie d'Arès, mais c'est pas une inconnue. Je suis pas vraiment proche de la plupart des Sollerys, mais la question de savoir de quel sanctuaire elle est est pas ma plus grosse priorité pour l'instant. Ce serait plutôt de retrouver... Les autres.. ? Qui sont justement ceux qui affrontent le requin. Je fronce les yeux en désignant du doigt la scène.

— Regarde, ils sont là ! C'est Artémis et Arès ! On fonce !

J'accélère d'un coup. J'ai reconnu Artémis, Arès et Deimos. Des camarades avec qui j'ai l'habitude de combattre. Avec deux d'entre eux, on a pu vivre ce qui s'est passé dans la grotte de la cascade... Si ça se trouve, la bestiole qu'ils sont en train d'affronter est du même genre que le sphinx. Dionysos est là aussi. Je vois Apollon. Puis Aceso. Les voilà, les disparus ! A toute vitesse, je fonce vers eux, reconnaissant les visages les uns après les autres. Perséphone arrive à me suivre alors que j'accélère encore une fois jusqu'à approcher le groupe.

— La cavalerie est arrivée.

Je jette un œil aux alentours. Des sirènes sont autour de nous. Je savais qu'il y avait des sirènes derrière tout ça. Ça avait l'air si vrai... La première que j'approche, c'est Artémis à qui je tends le poing. Elle avait pas menti. Elle avait simplement disparu...

— J'suis désolé d'avoir cru que tu t'étais barrée, Artémis. Vraiment désolé... J'aurais pas dû douter d'toi.

Dans le feu de l'action, j'ai pas vraiment réfléchi. Une fois le coup de poing échangé, je lance un sourire à Apollon. Au moins, elle l'a retrouvé, c'est déjà ça. Mes yeux croisent ceux du dieu de la guerre et celui de la terreur. Ça m'étonne de les voir combattre côte à côte.

— Ça doit être un gros morceau pour mettre de côté votre bagarre permanente... J'viens vous donner un coup de main, les gars.

Ils ont jamais pu se blairer, ces deux là. S'ils sont alliés, c'est qu'ils ont pas le choix. S'ils ont pas le choix, c'est qu'ils ont besoin d'un sacré coup de main... Puis plus loin, elle est là. Je m'approche d'elle, pas sûr de ce que j'ai vu. Puis quand on est assez proches, je la regarde dans les yeux. Pas plus bas... Pas plus bas... Pas après ce que j'ai vu dans ma tête.

— Mégara... C'est toi.. ? Enfin t'es là...

Au bout de plusieurs secondes, je m'approche encore d'elle, la prenant dans mes bras. Je la serre contre moi, heureux de la revoir. C'est bien son étreinte. Elle aussi a sûrement eu le doute. Qu'est-ce qu'elle a vu, elle.. ? Il faudra qu'on en parle. Vraiment. Entre ça et d'autres choses... Après un baiser entre sa joue et ses lèvres, je la regarde dans les yeux une fois avoir desserré mes bras.

— J'suis peut-être un héros... Mais aujourd'hui, c'est toi qui m'a sauvé, ma guerrière... Je... Je t...

Tout ce rêve si beau revient dans ma tête, entrecoupé des nombreuses boucles de cauchemar qui l'ont terni petit à petit jusqu'à le rendre invivable. J'aurais retourné le monde pour retrouver Meg et c'est maintenant fait. C'est grâce à elle si j'ai réussi à me sauver, ça, j'en suis sûr... Mais c'est pas le moment de lui dire... Je lui fais un sourire doux et sincère, que je veux rassurant. Bien que, si elle a traversé le même genre de cauchemar que moi, elle peut tout traverser. C'est pas ça qui viendra à bout de la Maîtresse des Mots et je vais m'en assurer.

— Je tiens à toi, Meg. Et quoi qu'on doive affronter pour s'en sortir, cette fois, on l'affrontera ensemble... Tous ensemble !

Je permettrai pas à des ombres de la faire disparaître cette fois. Ni elle, ni personne. Je me tourne vers le requin géant, poings serrés que je fais craquer. Après l'attaque de Dionysos, je me lance à l'assaut, un poing en avant, l'autre armé, prêt à frapper de toutes mes forces. Je provoque un peu le gros poisson, alors que mon coup est prêt à partir. Plus que quelques mètres et je l'aurai à ma portée...

— Viens par là, la poiscaille, j'ai un cadeau pour toi ! Tu veux voir un truc cool ?!

Je frappe d'un coup sec dans les branchies, avec toute mon énergie combative. Je peux pas perdre. Je peux pas échouer. Je dois réussir, gagner, le battre. Parce qu'aujourd'hui, j'ai des gens à protéger. Après le premier coup de poing, je lui en donne plusieurs autres avec tout autant d'énergie et d'élan. Deux, trois ou quatre fois, j'ai perdu le compte, mais ça sera pas de trop. C'est qu'il est coriace, ce poisson...

Île d'Attraction - Phase finale

Les mots d'Artémis me rassurent. Après une phrase décochée aussi vite qu'une de ses flèches, tout à l'air de s'être calmé entre nous pour le moment. On en parlera peut-être quand on aura transformé le requin en rillettes. Vocabulaire simple. "On oublie, et on défonce". Simple et rapide. Avec mon sourire fier en coin, je réponds avant de continuer ma route.

— Là, on s'comprend bien, Artémis...

Deimos et moi, on se regarde. J'ai bien compris son message. Une manière Tamarisc de se motiver avant un combat compliqué. Tant mieux. Ce serait ennuyeux si c'était simple ! Mais là où il marque un point, c'est dans le fait que j'ai pris mon temps pour arriver. Ah, Deimos, si tu savais...

— J'ai été... Retenu ailleurs. Mais maintenant, j'suis là.

J'aurais tué pour arriver plus tôt. D'ailleurs, je crois que je l'ai fait, je suis plus très sûr. Meg a bien douté, en tout cas, me demandant si j'étais bien "le vrai". Elle a sûrement vu le même genre de rêve que moi. J'étais dans sa vision autant qu'elle était dans la mienne, probablement. Ce serait logique vu le temps qu'on passe ensemble et ce que j'y ai vu. Est-ce qu'elle a vu la même chose ? On en parlera quand on sera pas tous en danger au fond de l'océan et qu'on aura retrouvé nos jambes. Tout ce que je peux faire, c'est essayer de la rassurer avec des mots. Avec mon sourire en coin habituel, je lui brode quelques phrases.

— Oui, Mégara. Quoi que t'aies vu dans tes illusions, c'était pas moi. Mais là, c'est bien moi, j'peux te l'promettre. Tu sais bien, j'te mentirais jamais, pas à toi. La confiance, c'est sacré.

Pendant que je martèle de coups le requin, Deimos fait ce qu'il a à faire de son côté, se débarrassant d'une sirène. Il est bien pratique, ce pouvoir... Bien joué. Perséphone utilise son pouvoir à son tour pour paralyser nos adversaires. On arrive à faire de notre mieux pour coopérer tous ensemble. Les profs seraient fiers de nous ! Enfin, de ce que j'en sais... Apollon a pas de chance de se prendre une attaque du requin, mais je crois que ce foutu poisson en a encore moins puisqu'il est paralysé par les algues de Perséphone et que... Mégara le regarde dans les yeux et lui parle. Je connais le ton qu'elle utilise. Trop bien, même... Elle se sert de son pouvoir sur lui ! Elle a pris de gros risques, mais sa stratégie a payé. Ça, c'est ma guerrière !

— Bien joué, Meg !

Je vois Arès commencer à bouillir de colère. Ça y est, on va passer aux choses sérieuses. Comme s'ils s'étaient donné le mot, Artémis change de forme, prenant la forme d'un requin elle aussi, en hurlant quelque chose que je l'ai déjà entendu crier à la cascade aux énigmes. On change pas une phrase d'accroche qui percute bien... Acéso quant à elle soigne Apollon qui a été blessé par le requin. Tant mieux, on va pouvoir continuer à compter sur lui, quoi qu'il puisse faire, il a sûrement un atout à sortir, surtout avec Artémis dans les parages.

Mais les ombres finissent par s'enrouler autour de notre camarade dieu de la terreur. J'ai déjà vu ça quelque part. Encore une fois. Il finit par envelopper entièrement notre allié qui s'évanouit sans laisser de traces. Il a disparu. Comme Mégara dans la grotte...

— Deimos !

Pas question que ça arrive une nouvelle fois à Meg. Cette fois, j'arriverai à temps pour l'aider. Je me mets à foncer vers elle alors qu'une sirène m'arrête et essaie de rentrer dans ma tête. La disparition de Deimos. Mes camarades et Meg en danger. Oh que non, tu mises sur le mauvais cheval... Je sens la colère monter en moi, les muscles de mon visage commençant à se crisper, sortant d'un coup un cri que j'ai sorti du plus profond de mes entrailles, lui hurlant dessus, tentant d'y donner un coup du tranchant de la main.

— FOUS LE CAMP, SALOPERIE !!

Raté, petite sirène. Tu es peut-être faite d'eau et tu as peut-être évité mon coup, mais tu m'auras pas comme tes copines de tout à l'heure. Je reprends ma route, prêt à rejoindre Meg quand le requin, pas loin d'elle, me mord le bras. Ou alors, c'est moi qui lui ai mis un coup au moment précis où il a ouvert sa grande gueule pour essayer de bouffer Meg ou moi, ça dépend comment on le présente. Rien. Je sens rien du tout. Quoique, ça chatouille peut-être un peu, si je fais l'effort d'y réfléchir. Sans perdre mon sourire en coin, bien qu'un peu moins rassurant que tout à l'heure, je parle au poisson qui va passer un sale quart d'heure.

— Heh ! Y t'en faudra plus pour me bouffer le bras, saleté d'poiscaille, tu sais pas sur qui t'es tombé ! Vas-y, pète toi les crocs là-d'ssus, tu blesseras plus personne !

Il va plus faire le malin longtemps avec sept ou huit crocs en moins, ce requin. Je bouge un peu le bras à l'intérieur de sa gueule. J'ai pas de force, pas d'élan avec ce bras, mais si comme ça, les autres peuvent lui matraquer la tronche sans risquer de se faire bouffer, je prends !