Eau salée pour un moment doux

C'est mon instinct... Oui, je pense qu'il a raison. J'ai agi totalement par instinct, sans vraiment réfléchir. Mon esprit a cru qu'il y avait un danger alors il a déclenché un réflexe de défense, c'est-à-dire mon pouvoir. Les pouvoirs peuvent être des dons autant que des malédictions et avoir des impacts directs sur nos relations. A cette instant, je me sens terriblement seule. Et même si c'est moi qui lui ai imposé cette distance, je me rends compte qu'elle est nécessaire pour nous deux. Pour notre bien. Etrangement, cela me rappelle cet accident qui a eu lieu à la garderie. Un problème de pouvoir, comme moi. Un éloignement et un sentiment de solitude. Comme maintenant. Et j'ai l'impression de comprendre certaines choses qui étaient restées flous jusqu'à maintenant...

Non, je ne dois pas penser à ça maintenant. Ce n'est pas le moment, je me fais plus de mal qu'autre chose. Je veux juste m'éloigner d'ici. M'éloigner de ces souvenirs douloureux qui m'oppressent et m'empêchent de réfléchir correctement. J'ai l'impression qu'on me serre la poitrine dans le but d'en expulser toute l'air qui s'y trouve. Et c'est terriblement douloureux.

Nous marchons en direction du pont. Moi, je reste silencieuse. Je suis concentrée sur mon objectif de partir de cette île. Lui ajoute qu'il me fait confiance. Je vais bien. Tout va bien. Je ne tomberai pas. Je suis forte, je suis capable de surmonter ça. Je m'arrête devant le pont et fixe la plage qui nous attend de l'autre côté. Il n'y a plus qu'à traverser le pont. J'espère vraiment que le traverser me permettra de me sentir libérée de l'emprise de ce manège sur mon état d'esprit.

Je me sens un peu plus calme que tout à l'heure. J'ai l'impression d'être proche de la fin. Que ce calvaire va bientôt se terminer. Je vais retrouver une vie paisible et oublier ce qu'il s'est passé. Peut-être que je devrais parler de tout ça à quelqu'un. Quelqu'un capable de comprendre la peur que j'ai d'utiliser ce pouvoir qui est le mien. La peur de blesser les personnes qui me sont proches parce que j'aurai été incapable de me contrôler.

Je prends une grande respiration en fermant les yeux. Puis, j'expire toute l'air qui vient d'emplir mes poumons. L'air frais du soir me fait du bien. J'ouvre à nouveau les yeux puis dépose doucement ma main dans la sienne.

"Oui, tout va bien se passer..."

Codage par Libella sur Graphiorum