Apollon, sans lui je ne serais définitivement pas devenue la chanteuse que je suis aujourd’hui. Lorsque les portes de la Dea Kademeia s’ouvrirent à moi, j’étais encore obnubilée par l’envie de devenir une véritable aventurière, une pirate. On peut dire que j’étais encore une enfant, bien que je ne me considère toujours pas comme une « adulte responsable ». La transition mit du temps à se faire, et c’est certainement l’une des choses qui me mena à changer de cycle. Il fut la voix de la raison, celui qui vit en moi, depuis la garderie, mon potentielle artistique.

J’avais beaucoup évolué, au point de me faire un nom d’artiste au sein de l’école. Et j’étais heureuse de partager tous ces moments avec le dieu de l’art. En plus de me transmettre son savoir, j’avais fait la connaissance des Muses, de Calliope et d’autres. Moi qui eus du mal à m’imaginer dans un autre Sanctuaire que celui des Tamarisc, j’avais finalement trouvé une nouvelle famille qui comblait une partie de moi. Cependant, je ne pouvais nier que l’appel de l’aventure était toujours présent, que l’envie de combat me hantait, disons que la liberté est une grande part de ma nature, et qu’il est probablement impossible de passer outre.

L’annonce des « Mélodies d’automne » était une bénédiction des Moires. Moi qui ne supportais plus cette chaleur, j’allais pouvoir m’amuser sans risquer de m’évaporer. Mais qui dit évènement, dit travail acharné. Nous devions proposer un concert de qualité aux étudiants pour représenter comme il se doit les couleurs des Ipomea. Cette fois-ci, j’allais avoir une scène pour moi toute seule, du moins, une grande partie de l’après-midi, car nous avions prévu un duo avec Apollon. J’étais enchantée !

La thématique de la chanson que j’avais proposé à Apollon était une chanson d’amour. Elle parlait d’un homme qui avait brisé le cœur à une fille, et qui hésitait à revenir, sachant qu’il avait blessé sa moitié, et qu’il était peut-être trop tard. Je lui fis écouter ma maquette, chantonnant ma partie.

— Eh bien ce n’était pas mal du tout ! J’ai quelques petites modifications à te proposer mais ce que tu as écris est une très belle base de travail. […] Dis-moi ce que tu en penses. Si ça te va, on pourra essayer de la chanter.

La sienne était plus légère bien que le thème abordé fût plutôt sensible. Un amour impossible, se moquer du regard des gens, de l’avis des autres. La partition promettait plus de dynamisme que la mienne, j’aimais beaucoup ! Et pour un évènement comme celui-ci, il valait mieux partir sur quelque chose de joyeux.

— Oh Apollon, je préfère définitivement ta proposition ! Je trouve qu’elle est plus dans le thème du festival, pétillante et avec un message fort !

Je me mis au piano, prenant la partition avec moi et commençai à jouer. Pendant que mes doigts glissaient sur les touches blanches et noires, je bougeai la tête, entrainée par le rythme de la mélodie, et commençai à fredonner les parties qui m’étaient destinées. Je répétai quelques notes, augmentant la tonalité pour qu’elle corresponde plus à ma voix sur mes passages. Je fis quelques fausses notes et grimaçai en les entendants.

— Je crois que je vais devoir chauffer un peu ma voix là, cette partie a du mal à passer à froid.