Je veux des réponses

Après mon départ quelque peu précipité de la plage, j’avais envoyé quelques petits animaux pour me chercher des affaires. J’avais oublié le petit détail que j’étais encore en maillot de bain en arrivant dans la forêt. Et je ne comptais pas rester comme ça. Je ne pouvais pas non plus retourner moi-même au sanctuaire Tamarisc. Je n’étais pas prête. Je voulais rester seule pour réfléchir. Réfléchir à ce que j’avais vu. Réfléchir à mes relations qui s’étaient détériorées à cause de ces événements dans le restaurant.

Cela faisait quatre jours que nous étions revenus de l’île d’attraction. Quatre jours que j’avais fui une situation qui m’avait mise mal à l’aise. Chose que je ne faisais jamais. La fuite n’était pas une action qui me ressemblait. Pourtant, là, c’était ce que j’avais fait. J’avais dit au revoir à mon frère. Je lui avais demandé de ne pas me chercher. Que je reviendrai quand je me sentirai prête. J’avais besoin de rester seule. J’avais besoin de réfléchir. Apollon avait respecté mon choix. Pas Achille. Et il en avait payé les frais.

Tant de choses s’étaient passées depuis notre match de volley sur la plage de l’océan d’été. Nous avions été sur l’île, pensant qu’il s’agissait probablement d’un cadeau des professeurs pour nous permettre de nous détendre. Ile qui, finalement, s’était révélée être un piège, encore. Un lieu où beaucoup avaient disparu et avaient été envoutés. Dont moi. Un lieu où les amitiés avaient été mises à rude épreuve. Ce moment où mon amitié avec Arès avait été fragilisée. A cause d’un coup mal placé. Où je l’ai attaqué sans réfléchir parce qu’il avait blessé mon frère. Sans qu’une seule question ne vienne dans mon esprit. Ce moment où j’avais vrillé parce que je pensais que la vie d’Apollon était en danger. Alors qu’au fond, je savais qu’Arès ne blesserait jamais Apollon. Alors que moi, oui. Et je n’avais pas cherché à comprendre sa détresse. J’avais juste cherché à me venger. On s’était blessé mutuellement. Et notre amitié s’était brisée. A jamais ? Je n’en savais rien. Mais j’espérais que non. Mais qui fera le premier pas ? On avait autant de fierté l’un que l’autre. Et moi, j’étais toujours isolée dans ma forêt. Les animaux avaient bien tenté de me changer les idées, mais rien n’y faisait. Je ne faisais que penser à tout ce qu’il s’était passé.

Mon pétage de plomb à la disparition d’Apollon n’avait rien arrangé. Lui qui était tout pour moi avait disparu après que je me sois battue avec Arès. J’étais incapable de réfléchir correctement. Je voulais juste casser quelque chose, dans l’espoir vain que ça m’apaise. Et Arès qui ne réagissait plus. Il n’était plus lui-même, et ça n’avait fait qu’amplifier mon sentiment de colère. Et Achille qui s’était interposé alors que je voulais sortir. Invulnérable ou pas, plus rien ne comptait. Je n’avais eu aucun problème à m’en prendre à Arès. J’en avais eu encore moins à m’attaquer à Achille. Mais la colère m’empêchait de réfléchir et d’agir normalement. Et il avait réussi à me mettre à terre et à me blesser. La pauvre Acéso qui avait dû me soigner à deux reprises. Je m’en voulais terriblement. Je n’en avais rien à faire d’être blessée. J’avais l’habitude et la douleur ne me faisait pas peur. Mais mettre mon amie en danger parce que j’avais été incapable de me contrôler était quelque chose qui me faisait mal. Très mal.

Et Achille était venu hier pour me retrouver alors que j’avais clairement dit que je ne voulais voir personne. Mais buté comme il était, il ne m’avait pas écoutée. Nous nous sommes battus, longtemps. La forêt entière était contre lui. Mes amis ne supportaient pas le fait que ma volonté de solitude n’ait pas été respectée. Je lui ai laissé une chance de s’en aller. Mais il ne l’a pas saisie. Et il en avait payé le prix. Il n’avait pas vu ce sanglier qui lui avait foncé dessus sans ménagement et l’avait mis à terre. Pourquoi j’avais visé son pied ? Je ne savais pas. L’instinct certainement. J’avais percé sa botte. Et son pied. Lorsqu’il m’avait renvoyé ma flèche, énervé, et que j’avais vu le sang qui avait rougi la pointe de ma flèche, lorsqu’une goutte avait atterri sur ma joue alors que j’esquivais sans effort ma propre arme, j’avais compris. Compris que je venais encore de blesser l’un des miens. Que je venais de trouver le point faible de celui qui était réputé invulnérable. Compris que rien ne serait plus jamais comme avant. Est-ce que j’avais changé ? Est-ce que j’étais devenue totalement incapable de contrôler mes émotions au point que je ne faisais plus la différence entre ami et ennemi ?

Il fallait que cela cesse. Il fallait que je trouve le cœur du problème. Et j’étais la seule à pouvoir le faire. Car j’étais la seule à avoir déjà combattu une créature des terres désolées. La seule à avoir vu les ombres autour du corps de cette chimère. La seule à les avoir également remarquées sur le sphinx et à avoir commencé à faire le lien. Et donc la seule également à avoir fait le lien avec les ombres du requin. Tout cela était lié d’une manière ou d’une autre aux terres désolées. Et il fallait que cela cesse.

Je devais aussi me sortir mon illusion de la tête. Quatre jours qu’elle tournait en boucle dans mon esprit. Quatre jours que je cherchais une explication à la présence de Zeus dans ma vision. Ou au fait que rien que de savoir que je pouvais me transformer en anguille électrique, ça me faisait instantanément penser à lui. Quatre jours que je ne voulais pas admettre que j’étais plus qu’intriguée par le dieu du ciel. Pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? Ça n’avait aucun sens… Ou peut-être que si. Mais je ne l’avais pas encore compris. Ma vision… Zeus qui m’appelait. Moi qui étais attirée et qui allais l’embrasser sans aucun hésitation. Ce baiser… Je ne pouvais pas cacher que j’avais aimé l’embrasser. Avant de me rendre compte que tout ça était faux. Une illusion. A cause de ces putains de sirènes. Oh comme j’avais aimé ma vengeance une fois sortie du tunnel… Mais la vision, elles l’avaient créée à partir de mes propres sentiments et mes propres envies. Voir mon frère heureux avec mon… ami Tamarisc. Les voir heureux ensemble faisait partie des choses que je voulais voir. Devenir la référente et le mentor des Tamarisc aussi, j’imaginais. Je ne m’étais jamais vraiment posé la question. Et Zeus… Notre première rencontre avait été quelque peu mouvementée et j’en étais ressortie blessée. Puis, j’avais voulu apprendre à le connaitre sans me soucier de ce que les autres pensaient de lui. Et voilà que maintenant, mon esprit était hanté par ce baiser. Un baiser intense… Des émotions que je voulais revivre. Mais je n’étais pas prête à l’admettre. Et n’était-ce pas seulement un jeu pour lui, au final ? A partir du moment où j’avais croisé son regard sur la plage, j’avais fui. Je ne voulais pas être confrontée à lui. J’aurai été bien incapable de dire quoi que ce soit. Et avant d’éventuellement parler de quoi que ce soit, je devais m’occuper d’autres choses. Je devais réussir à mettre tout ça de côté. Je devais me concentrer sur le principal problème qui gravitait autour de ces ombres mystérieuses.

J’avais déjà combattu les sirènes à la cascade, je les avais fait souffrir pour avoir envouté mon frère… Une minute… Etait-ce par vengeance de mes actes qu’elles nous avaient attirés là-bas ? Etais-je responsable de tout ceci ? Mon cœur s’accéléra. C’était évident. C’était ma faute si mes camarades avaient été en danger. C’était donc à moi et moi seule de régler cette histoire.

J’avais beaucoup de questions sans réponse. Mais celles qui me préoccupaient le plus était : pourquoi y avait-il les mêmes ombres dans l’académie que dans les terres désolées ? Y avait-il une faille dont Tartare n’avait pas connaissance ? Je devais aller vérifier par moi-même. Je devais aller chercher des réponses. Seule. Je ne voulais pas mettre la vie des gens que j’aimais en danger. Je ne voulais pas qu’ils soient à nouveau blessés à cause de moi.

Je me levais, un œil vers le ciel. L’aube se levait. Si je voulais éviter de croiser du monde, je devais partir sur le champ. Un serpent s’enroula autour de mon bras alors que d’autres animaux se réunirent dans la clairière où j’étais. Finie la Artémis qui avait besoin d’être seule pour réfléchir. La combattante était de retour et prête à affronter le danger. Je n’avais pas peur. Ou si, j’avais peur. Mais pas pour moi. Pour les autres. Je regardais le serpent droit dans les yeux.

« En cas de problème, vous savez qui prévenir si je ne suis pas revenue. »

Puis, je m’adressais à toute la clairière.

« Je vous confie la forêt, je vous interdis de me suivre. C’est bien trop dangereux. Je ne veux pas vous perdre. »

D’un coup d’œil, les chauves-souris comprirent et partirent aussitôt en éclaireur pour vérifier que Tartare et Chaos n’étaient pas dans le coin. Quant à moi, je pris ma forme de louve. A leur retour, je partis en direction de la limite de l’académie la plus proche. Celle que j’avais déjà franchi auparavant. Personne à l’horizon encore. Je m’arrêtais à la limite, humant l’air. Il était temps.

J’avançais une patte, puis l’autre, avant de m’élancer dans les terres désolées. Truffe au vent, je cherchais des indices. Je ne savais pas ce que je cherchais mais je voulais des réponses. Et je ne repartirai pas sans. Les terres étaient désertes. Pas la moindre ombre ou créature à l’horizon. Comme si, ici aussi, tout le monde était endormi. Je grognais un coup. Je continuais ma route, déterminée. Je me ferais certainement bien engueuler en rentrant. Que ce soit par ma référente, les professeurs ou Apollon. Mais je reviendrai avec des réponses et peut-être même des solutions. Il le fallait.

Soudain, un battement d’ailes attira mon attention. Une créature arrivait. Je levais la tête pour la chercher, et ne pas me prendre un coup d’emblée. Il était hors de question que je perde ce combat. Elle se posa devant moi et j’eus tout le plaisir de voir qu’il s’agissait d’un griffon. Une créature à moitié aigle et à moitié lion. D’ordinaire, je la trouvais magnifique et j’avais adoré en apprendre plus sur elle. Mais maintenant qu’elle se trouvait devant moi, auréolée d’ombres et avec son regard menaçant, je savais très bien que nous n’allions pas faire la causette. Elle voulait se battre et certainement me tuer. Et là où me battre ne me dérangeait pas, j’espérais ne pas avoir à la tuer. Je repris ma forme de déesse. Je gardais mes formes animales pour plus tard. Il fallait d’abord affaiblir la bête. Mon arc apparut aussitôt et quand le griffon s’envola, je visais directement son aile droite. Il était gigantesque. Le cri perçant qu’il poussa fit remonter des frissons dans mon dos. Le combat commençait.

Il me fonça dessus, bec ouvert et j’esquivais en roulant sur le côté. A son atterrissage, il garda ses ailes ouvertes et j’en profitais pour tirer à nouveau dans la même aile. Il tenta de me donner un coup de patte et réussit à me griffer au niveau du bras. Un dixième de secondes d’inattention et voilà qu’il me saisissait pour me plaquer au sol. La compression violente de ma poitrine fit sortir instantanément tout l’air de mes poumons. Ça faisait un mal de chien. Mais j’avais toujours une flèche à la main. Alors, quand je vis sa tête s’approcher de moi pour probablement me découper en deux, je plantais cette flèche dans sa serre. Son cri me déchira les tympans. Mais il souleva sa patte, juste le temps que je roule sur le côté pour lui échapper. Je tirais une troisième et une quatrième flèches, en direction de sa patte arrière gauche cette fois.

Changement de stratégie, je pris ma forme de louve. J’allais attaquer les pattes, les unes après les autres. Des coups de crocs, des coups de pattes. Je reçus des coups de patte aussi, me blessant aux flancs. Mais je ne lâchais rien. Je sentais la fatigue arriver. Je ne savais pas depuis combien de temps on sa battait, mais ma forme et les coups que j’avais encaissés m’avaient pris pas mal d’énergie. Je repris ma forme de déesse, me protégeant de mes bras pour encaisser le coup d’aile qui m’envoya un peu plus loin. J’atterris plus lourdement que ce que j’avais prévu au sol mais je tins bon. Je devais tenir bon. Pour protéger tout le monde.

Je repris mon souffle quelques instants alors que le griffon me défiait du regard. Il était aussi affaibli, je le sentais. Mais il n’était pas non plus prêt à abandonner. Comme moi. L’un des deux tomberait à la fin de ce combat. Mais je ne permettrais pas que ce soit moi. Je ne devais pas perdre. Je ne pouvais pas perdre. Je devais rentrer, je devais leur fournir des réponses. C’était pour ça que j’étais là. Je ne faillirais pas à ma mission. Je repris mon arc et mes flèches. Au moment où j’allais tirer, le griffon utilisa sa patte pour m’envoyer de la poussière dans les yeux. Il réussit à m’aveugler et ma flèche partit. Elle le toucha, car je l’entendis crier, mais je ne savais pas où. Mais, moi aussi, j’avais crié. Mes yeux me brûlaient, je ne voyais plus rien. Un coup me frappa dans le ventre, me pliant en deux et je sentis un coup de griffes au niveau de mon visage. Un filet de sang s’écoula le long de ma joue. Je frottais rapidement mes yeux, me fiant à mon ouïe pour éviter le coup qui arrivait.

Je toussais un coup et vis du sang sur ma main. Merde, il avait réussi à bien m’amocher sur ce coup-là… Je devais tenir, je n’avais pas le choix. Je me relevais, me tenant les côtes mais n’ayant rien perdu de mon regard déterminé. J’étais blessée, mais je n’étais pas vaincue. Je n’abandonnerai pas. S’il voulait m’arrêter, il allait devoir me tuer. Une nouvelle transformation en louve et je lui sautais directement à la gorge. Il bougea dans tous les sens pour tenter de me décrocher. Avec un mouvement un peu plus violent que les autres, il réussit à m’envoyer au loin et j’atterris lourdement contre un énorme rocher. De quoi m’étourdir quelques instants. Du sang s'écoulait lentement de mes plaies et ma tête commençait sérieusement à bourdonner. Mais une belle plaie ornait à présent son cou et la créature commençait vraiment à se vider de son sang.

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Je veux des réponses

Cela faisait quatre jours que nous avions quitté la zone estivale. Quatre jours que les pouvoirs combinés de Zeus et Ouranos ont été nécessaires pour m’invoquer et me sortir de l’eau. Nous avons eu un jour de repos bien mérité, après une longue consultation chez Hestia et, le lendemain, c’était retour en cours pour tout le monde. Je pense, personnellement, m’en être mieux sortie que d’autres. Psychologiquement, je vais bien. Je n’ai pas vécu la fin du combat final et la transformation du requin. On me l’a simplement raconté. Quant à ma vision, elle n’était pas traumatisante. Plutôt, étonnante, je dirais.

La conséquence principale de toute cette histoire pour moi est une intense fatigue physique, dû au fait que je me suis transformé plusieurs fois d’affilé sans repos. Je n’ai pas l’habitude de changer de forme aussi rapidement, de façon aussi rapprochée.

Voilà pourquoi j’ai décidé de renforcer mon entraînement. J’espère de tout cœur qu’il n’y aura pas de prochaine fois mais, si c’est le cas, je veux être plus utile que je ne l’ai été. Si ma seule capacité dans un combat est d’esquiver les attaques pour protéger les autres, alors autant pouvoir le faire de façon illimitée. Au bout de la troisième fois, mon corps était tellement lourd que j’ai eu l’impression de couler.

L’aube est à peine levée et je vole déjà de nuages en nuages, travaillant à conserver ma forme nébuleuse le plus longtemps possible. Je chantonnais tranquillement entre deux rangées de stratus quand du mouvement a attiré mon attention vers le sol. Etrange, je suis presque au-dessus de la barrière. Il ne devrait y avoir personne dans le coin, surtout à cette heure.

Je descends donc un peu pour me rendre compte que le mouvement provient d’un loup qui vient de franchir la limite d’Olympus et d’entrer dans les Terres Désolées. Qu’est-ce qu’un loup viendrait faire ici ? Sauf si… ce n'est pas un loup ?

Je sais que la déesse de la chasse peut prendre cette apparence et mes informations récentes m’ont permises de savoir qu’elle n’était pas sortie de la forêt depuis notre retour de l’île. Donc il est fort probable que ce soit elle. Mais que va-t-elle donc faire là-haut ? C’est extrêmement dangereux !

Considérant que c’est la meilleure chose à faire, je vole à toute allure vers le sanctuaire Sollerys et ne m’arrête qu’une fois arrivée devant Héra, dans notre salle commune. Heureusement, je peux parler sous ma forme de nuage.

- Héra ! Je crois que je viens de voir Artémis passer la frontière des Terres Désolées sous sa forme de louve. Elle courrait d’un air vraiment déterminé.

Je suis certaine que ma référente saura quoi faire de cette information.

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Je veux des réponses

C'était un combat à mort. Je m'étais préparée à cette éventualité mais maintenant que je sentais mes forces m'abandonner petit à petit, j'avais peur. Je ne voulais pas tuer cette magnifique créature mais je savais aussi que je n'avais pas le choix. Sa vie ou la mienne. On nous disait immortel, mais était-ce le cas en dehors des barrières d'Olympus ? Peut-être qu'une fois dans les Terres Désolées, on perdait cette immortalité. Et dans ce cas, je pouvais... mourir.

Je faillis penser à ceux qui m'étaient chers, mais ce serait m'avouer vaincue. Or, je ne l'étais pas. Il m'avait assommée, il avait gagné une bataille mais moi aussi. Je sentais l'odeur du sang qui chatouillait mes narines. Probablement un mélange entre le sien et le mien. Je n'étais pas fière de ce que j'avais fait. Mais je n'avais pas eu le choix.

Après quelques instants, un cri me sortit de mon état second. La bête avait elle aussi repris ses esprits et se préparait probablement à une nouvelle attaque. Je repris encore une fois ma forme de déesse. Mais bien vite, je me rendis compte que l'arc ne serait d'aucune utilité. Le griffon fonçait directement sur moi. Après une roulade sur le côté pour l'éviter, je me transformai en faucon et m'envoler assez haut pour éviter son bec crochu. J'étais plus petite, et donc forcément plus rapide sous cette forme que lui. Mais la fatigue me ralentissait fortement.

Soudain, je vis une ouverture au niveau de son dos, entre ses ailes. Je fondis aussi vite que je le pouvais. Et, au dernier moment, je sortis mes serres que je plantai directement en haut de ses ailes. Il se releva sur ses pattes arrières, criant de douleur, et je me laissai glisser, ouvrant une plaie béante sur le dos de la créature. D'un coup d'arrière train, il m'envoya voltiger à nouveau et je repris ma forme de base avant d'atterrir lourdement sur le sol, laissant échapper à mon tour un cri de douleur. Je me relevai aussitôt, un peu désorientée. Le souffle court, je constatai les dégâts sur mon corps. Mes vêtements étaient déchirés et laissaient entrevoir du sang qui s'écoulait un peu partout.

Soudain, une forme sombre attira mon regard. On aurait dit... une ombre ! Je ne savais pas qu'elle pouvait se déplacer sans créature. Mais elle avançait vite. Et surtout, elle se dirigeait vers moi. Elle allait m'attaquer ? Est-ce qu'elle allait me faire subir la même chose qu'au requin ? Qu'est-ce qui allait m'arriver si elle m'atteignait ? Je ne pouvais pas prendre le temps de réfléchir à tout ça. Je pris une de mes flèches et visai avant de tirer aussi vite que j'en étais capable. La flèche traversa la zone. J'en tirai une autre. Pareil. Je ne savais pas si j'avais touché quelque chose.

Mon cœur battait la chamade. J'étais seule contre deux créatures. L'une d'elles était probablement mortellement blessée mais elle était encore debout. Il fallait que je m'en débarrasse avant de m'occuper de l'ombre. Mais est-ce que j'aurai le temps de la tuer avant que l'ombre nous rejoigne ? Et surtout, est-ce que j'aurai le courage d'achever le griffon ?

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Je veux des réponses

Le griffon et moi étions blessés. Du sang s'écoulait largement de nos plaies. Maisi ni l'un, ni l'autre n'était prêt à abandonner le combat. Sauf que j'étais seule ici. Alors qu'il y avait probablement des centaines de monstres qui se baladaient dans les Terres Désolées. Est-ce que mon idée de m'y rendre seule était idiote ? Oui, certainement. Est-ce que je regrettais de l'avoir prise ? Non. Car je préférais encore prendre tous les coups plutôt que de voir mes proches blessés. Ou pire. Mes choix, mes responsabilités. Et je savais aussi très bien que je n'aurai pas été totalement concentrée sur le combat si je savais que quelqu'un était en danger, encore plus par ma faute. Alors oui, je préférais être seule face au danger, qu'accompagnée mais avec des "distractions" autour.

Mais l'heure était bien plus grave. Un deuxième monstre venait d'arriver, entièrement fait d'ombres cette fois. Il fallait absolument que j'arrive à rapporter ça aux Primordiaux. C'était une information capitale ! Et surtout, j'étais incapable de le toucher avec mes flèches. Comment battre un ennemi qu'on ne pouvait pas toucher ?

Mais lorsque ma deuxième flèche traversa la zone d'ombre, elle se dissipa, laissant apparaitre... Hadès et Héra ?!

"STOP ! Ne tire pas Artémis, c’est nous !"

C'est nous quoi ? C'est eux les responsables de toutes ces ombres ? Je secouai la tête. Mais non, idiote, c'était juste pour te faire arrêter de tirer sur des alliés. Malheureusement, leur apparition, et la disparition de la zone d'ombre, attira le regard de la créature vers eux. Ah non ! Hors de question qu'ils soient blessés ! Une minute... Mais qu'est-ce qu'ils faisaient là ? Putain, ce n'était pas le moment de réfléchir à ça. Je repris encore une fois, je ne comptais même plus, ma forme lupine. Je puisai clairement dans mes dernières ressources. Je ne m'étais jamais autant transformée, couplé au combat et à ma perte de sang, je ressentais la fatigue qui tentait de s'insinuer en moi. Mais je ne devais pas faiblir. Je devais les protéger...

Je me mis entre le Griffon et les deux Dieux, et je vis le regard de la créature qui balançait entre eux et moi. Et qui finit par rester sur moi. J'aurai fait la même chose. Il vaut mieux s'en prendre à celui qui est blessé et fatigué plutôt qu'à deux combattants frais. Même si je doutais qu'Héra soit du genre à se battre, je n'en savais rien pour Hadès. Et le Griffon non plus. Donc il valait mieux s'en prendre à la chair abîmée plutôt qu'à la chair fraiche. Je courus pour faire en sorte qu'il fasse un demi tour sur lui-même. Il leur tournait le dos, parfait, il ne se préoccupait plus que de moi.

"Fuyez !"

Je le retenais, ils devaient en profiter. Je sautais en avant pour prendre sa patte avant gauche dans ma gueule et mordis de toutes mes forces. Qui étaient bien plus maigres qu'avant. Et les réflexes ne suivaient plus. D'un coup de patte, il me renvoya au loin et un cri de douleur bien plus puissant que les autres m'échappa. Je tentai de me relever, mais je n'y arrivai plus. Je repris ma forme de déesse et regardai mon épaule. Déboitée. Je me levai difficilement, en m'aidant de l'autre main. Je ne pouvais rien faire avec une épaule déboitée. Le regard perçant de la créature me transperça. Je devais agir. Vite. Ou j'allais mourir.

Un nouveau cri de douleur. Je venais de me remettre l'épaule en place. Ca ferait l'affaire le temps de le mettre hors d'état de nuire. Je fis apparaitre mon arc et plaça une flèche. C'était imperceptible, mais je le sentais. Je tremblais. Impossible de viser correctement comme ça. L'arc disparut, mais je gardai deux flèches en main. Pointe en avant, je me remis sur mes appuis.

"Viens... Je t'attends..."

J'attendrai qu'il s'approche, et je viserai ses points sensibles. Je n'avais plus le choix, ce ne sera plus qu'un combat au corps-à-corps. J'espérais que les deux dieux avaient filé, mais je ne pouvais pas me permettre de détourner le regard pour vérifier. La créature arrivait.

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