La déesse fit claquer ses talons contre le sol du couloir de son sanctuaire. Entre les parfums de fleurs et le marbre des colonnes, la magicienne se mouvait avec une aisance rare. On aurait dit que le sanctuaire des Sollerys lui appartenait dans son ensemble aussi simplement qu’une reine posséderait son trône. Se faire exclure de sa colocation n’entachait en rien l’orgueil de la déesse qui estimait que ses trois camarades ne méritaient de toute façon pas sa présence pour illuminer leur chambre. Tant pis pour elles, l’aura de la magicienne profiterait à d’autres. En leur souhaitant d’être un peu plus à même de mériter ses attentions.
Le menton relevé en signe de suffisante et la démarche chaloupée, la jolie brune se dirigeait vers sa nouvelle colocation avec détermination. Parfois, lorsque des imprudents barraient sa route, Circé ne ralentissait pas et activait son aura pour faire gonfler sa présence. D’un geste de main, elle intimait que le malheureux s’écarte de son passage pour qu’elle puisse continuer sa route sans essuyer la moindre petite déviation.

Plus tôt dans la journée, la déesse avait passé un petit moment en compagnie d’Héra. Elles avaient bien entendu discuté de ce changement de chambre qui avait été vivement réclamé par l’une de ces anciennes colocataire pour cause d’expérimentation non consentie. Circé avait simplement haussé les épaules, affirmant que ses petites expériences étaient parfaitement maîtrisées et sans risques. Sa référentes l’avait un peu réprimandée et la petite effrontée qu’était la maîtresse des sortilèges avait accueilli ses petite remontrances par un sourire amusé. Après tout, elle savait bien que dans le fond, la reine des Sollerys ne lui en tenait pas véritablement rigueur. Elle la connaissait, sa favorite. Elle pouvait être vicieuse et capricieuse mais ne mettait tout de même pas ses camarades en danger s’il s’agissait de simples expériences. Rien n’était moins sûr, cependant, lorsqu’elle décidait volontairement d’abattre son courroux sur un imbécile incapable de saisir ce qu’un « non » signifiait. Héra était obligée, pour la forme, de lui souligner son écart mais dans les faits, Circé ne se restreindrait pas plus qu’avant. Elle avait entendu dire que sa nouvelle chambre était investie par trois petites premières cycles. De nouvelles arrivantes n’auraient pas leur mots à dire sur une déesse de cycle trois.

C’est dans un mouvement fluide et confiant que la maîtresse des sorts ouvrit la porte de sa nouvelle chambre. La brune portait des vêtements légers dont le tissu suivait le moindre ses ses gestes. Des bijoux d’or ornaient son front ainsi que ses mains, donnant à sa peau un aspect scintillant sous la lumière. Elle ne portait rien de plus, laissant libre court à la magie du dortoir de remodeler son nouveau coin de chambre à son image et de réorganiser chacune de ses affaires. La déesse arbora un sourire malicieux alors qu’elle pénétrait la pièce avec une certaine insolence. On aurait dit que les lieux lui appartenaient déjà alors même qu’elle n’y avait mit les pieds que depuis quelques secondes.

- Bonjour, mesdemoiselles, s’annonça-t-elle d’une voix assurée.

La déesse ajusta les deux longues mèches qui encadraient son visage et qui n’étaient volontairement pas prises dans sa queue de cheval. Son regard d’émeraude balaya rapidement les lieux pour repérer les visages de ses nouvelles colocataires. Elle reconnaissait la petite Acéso, qu’elle avait déjà vu courir un peu partout à la garderie. La blonde, dont elle ne se souvenait pas le nom, était certainement une créature liée à l’air ou aux nuages. Et la dernière… Elle l’avait déjà aperçu mais elle avait peu de souvenir d’elle.

La maîtresse des sortilèges s’avança dans la chambre, arborant toujours son petit sourire suffisant sur son visage.

- Je sais que ma réputation me précède donc avant que vous vous demandiez, oui, on m’a envoyé dans votre chambre suite à une plainte concernant mes petites expériences. Et non, contrairement à ce qu’on peut vous dire, elles sont sans danger.

Circé alla jusqu’à une petite commode au hasard pour s’y adosser. Elle croisa sa jambe devant sa cheville, appuyée contre le meuble et enroula un bras sous sa poitrine. Elle reposa son autre coude sur le dos de sa main. Ses doigts s’agitèrent légèrement à côté de son visage.

- Des questions ?