What the hell is that ?!

Ca avait été un combat difficile. Non. Difficile était un mot faible. Mais j'avais tenu jusqu'à la dernière seconde. Jusqu'à sa mort. Qui entraina la chute de mes forces, et la mienne par la même occasion. Peu importait qu'il ait voulu me tuer. Il restait une créature mythique que j'aurai préféré épargner. Je ne l'avais pas tué car Hadès s'en était chargé à ma place. Mais les blessures qui ornaient son corps montraient à quel point ce combat avait été éprouvant. Pour l'un comme pour l'autre. Et malgré celles qui recouvraient mon corps, je pris le temps de lui fermer les yeux et de lancer un genre de prière à qui voulait bien l'entendre pour que cette magnifique créature puisse reposer en paix.

Puis, le sol se rapprocha dangereusement de ma tête. J'étais tombée à ses côtés. Mais je sentais encore les plumes sous ma main et sa chaleur qui se diffusait jusqu'à moi. Ma vue était trouble, les sons me paraissaient loin mais je n'étais pas encore totalement déconnectée de la réalité. Je sentis mon corps se soulever puis reposer à nouveau sur quelque chose. Mais ce n'était plus sur le sol dur. J'étais sur quelqu'un. La voix d'Hadès était étouffée mais j'entendais mon prénom et son ton trahissait son inquiétude. C'était lui qui me tenait. Je sentis une main prendre la mienne et je m'efforçais de la serrer avec le peu de forces qu'il me restait. J'étais toujours là. Pour combien de temps, je ne savais pas. Mais pour le moment, j'étais encore avec eux.

Une autre voix me parvint alors. Une voix que je connaissais bien. Tartare était arrivé et il n'était pas content. En même temps, c'était la deuxième fois que je franchissais la barrière qui nous séparait des Terres Désolées. La première fois, j'avais été transformée en Orthos avec Foteini. Mais il ne serait pas aussi clément cette fois, je le savais. Je me sentis à nouveau soulevée. Mais j'étais comme une poupée de chiffon, impossible de bouger. Il me déposa sur ce qui semblait être son épaule. Un léger gémissement de douleur m'échappa. J'étais une poupée de chiffon, mais si on pouvait éviter de me traiter comme telle...

"J'ai... infor... mations..."

Ma voix était si faible que je n'étais pas certaine qu'il m'avait entendue. Il fallait pourtant que je leur dise ce que j'avais appris, ce que j'avais vu, ce qui avait tourné dans ma tête ces derniers jours pour me pousser à faire ça. Mais je savais que, malgré toutes les explications du monde, personne ne comprendrait mon choix. Je me fichais bien d'être sanctionnée. Je voulais juste être écoutée. Mais à l'heure actuelle des choses, c'était impossible. Je sentis qu'il se mettait en mouvement. Puis, plus rien. Ce fut le trou noir.

Je me réveillai dans un sursaut, avec une grande inspiration, comme si je venais de sortir de l'eau après un temps trop long sans oxygène. Ma respiration était haletante alors que je regardais absolument partout pour comprendre où je me trouvais. J'étais assise sur un lit et un rideau blanc était tiré. J'étais à l'infirmerie. Mes souvenirs revinrent peu à peu. Mes réflexions, mon escapade seule dans les Terres Désolées, ma rencontre et mon combat avec le Griffon, l'intervention d'Hadès et Héra puis l'apparition de Tartare. J'observai mon corps, recouvert de bandages. Je sentais la douleur mais ça ne me faisait rien. Ma tenue avait également changé. Mes autres vêtements devaient être dans un sale état.

Un sifflement me fit tourner la tête vers la fenêtre et un sourire étira mes lèvres. Qu'est-ce qu'ils m'avaient manqué... Sans plus de cérémonie, je me levais de mon lit, manquant de me ramasser au sol quand mon corps me rappela que j'avais mené un combat quelques heures auparavant. J'arrivais finalement à la fenêtre.

"Bonjour toi, tu es venu prendre des nouvelles pour tout le monde ?"

Alors que je m'attendais à entendre sa petite voix, comme d'habitude, comme depuis toujours, ce fut un sifflement qui me répondit.

"Pourquoi... Pourquoi tu ne parles plus ? Je n'arrive pas à comprendre ce que tu me dis...  Ce n'est pas possible, je suis dans un cauchemar, je vais me réveiller...

"Non, tu ne rêves pas."

Je me retournai en entendant la voix d'Hestia. Elle continua, après avoir vu mon regard empreint d'incompréhension et de désespoir.

"Le collier que tu portes autour du cou est ta punition. Tu es privée de tes pouvoirs pendant une semaine."

La phrase sonna comme un gong dans ma tête. Ma main remonta à mon cou où se trouvait un collier qui serrait mon cou. Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à maintenant, et pourtant, il était bien là. A présent, je le sentais. Il était serré. Ou peut-être que c'était ma gorge qui l'était. Je me fichais bien de perdre ma capacité de précision, j'avais suffisamment d'entrainement pour m'en sortir sans, ou mes transformations. Mais perdre toute possibilité de communication avec les animaux... Je me laissais glisser contre le mur alors qu'Hestia se retirait silencieusement. Les larmes coulèrent le long de mes joues alors que j'étouffais un sanglot. Le petit oiseau, qui avait assisté à toute la scène, vint se poser sur moi.

"Je... Je ne sais pas si tu peux me comprendre mais... va prévenir les autres. Va leur dire que je serais incapable de vous comprendre pendant une semaine. Je ne sais pas... si j'aurai le courage de venir vous voir si je ne peux pas vous comprendre..."

L'animal resta encore un instant et, après avoir fait glisser sa petite tête contre ma joue, s'envola par la fenêtre. J'espérais que, même si j'avais perdu la capacité de les comprendre, l'inverse était toujours possible. Ramenant mes genoux contre ma poitrine, je les entourai de mes bras avant d'enfouir ma tête dedans et de laisser échapper les sanglots qui étaient restés bloqués dans ma gorge.

Après un certain temps, j'essuyai mes yeux, rougis par mes larmes et me levai. Je tanguai légèrement mais je continuai de marcher en direction de la porte. J'étais déterminée à sortir de là. Il fallait que je parle aux Primordiaux. Mais quand j'essayais d'ouvrir la porte, la poignée s'abaissait dans le vide. Elle était fermée à clé. J'entendis alors la voix de l'infirmière juste derrière.

"Non, jeune fille, tu n'iras nulle part. Tu dois te reposer et je serai intransigeante là-dessus. Va te coucher."

J'étais enfermée ?! C'était une blague !

"Je dois parler aux Primordiaux ! J'ai des choses à leur dire !

- Plus tard. Ca peut attendre que tu sois rétablie. La discussion est close, va te reposer."

Un cri de rage m'échappa alors que mon poing s'abattait sur la porte. Mais seul le silence me répondit. Je m'approchai de la fenêtre et me penchai légèrement. J'entendis presque la voix d'Hestia me dire "N'y pense même pas". Mais je n'étais pas stupide. J'avais toute l'envie du monde de sortir de cet endroit mais ce serait débile de sauter par la fenêtre. Mon corps était épuisé et blessé, je ne réussirai pas à me rattraper sans m'infliger une nouvelle blessure.

A contrecœur et encore passablement énervée, je retournai à mon lit pour m'allonger. Je fixai le plafond blanc en essayant de me calmer. Ils me recevraient plus tard et à ce moment là, je leur dirai ce que j'ai vu. Je leur expliquerai tout. A moins qu'ils ne veuillent pas m'écouter... Pour eux, je n'étais peut-être qu'une étudiante impulsive qui... Qui quoi ? Qui avaient voulu montrer qu'elle était douée en combat ? Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien penser de moi et de tout ça ? De toute façon, quoi qu'ils pensent, ils étaient certainement à des kilomètres de la vérité. Mais me laisseront ils m'expliquer ? Je trouverai le moyen de me faire entendre, peu importera la manière. Mais en attendant, Hestia avait raison, je devais me reposer. Et quand j'aurai récupéré, je pourrais tout leur expliquer en détails.

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What the hell is that ?

Des allers-retours dans la salle d’attente de l’infirmerie. C’est tout ce que j’ai le droit de faire. Attendre, patienter et rester calme. C’est ce que m’a demandé Hestia. Comme si c’était possible. J’étais en train de ranger des bandages dans les stocks de l’infirmerie quand Tartare est arrivé en trombe, déposant Artémis. Je savais qu’elle était partie. Je savais également que Hadès et Héra ont franchi la frontière des Terres Désolées pour aller la chercher. Mais je ne savais pas à quel point la situation était grave.

Les deux référents ont été pris en charge rapidement mais ne sont pas restés très longtemps, leurs blessures étant assez minimes. Ma sœur en revanche… Malgré mes demandes, l’infirmière a décidé de s’occuper d’elle seule. Je sais que j’aurai pu lui être utile mais elle a sans doute considéré que mon affection pour elle risquerait de me faire commettre des erreurs. Je ne sais pas si ce serait véritablement arrivé mais elle ne voulait pas prendre ce risque. J’étais bien d’accord avec ça même si ça me frustrait au plus haut point.

Au bout de plusieurs horribles et interminables heures d’attente, Hestia est finalement venue me voir.

– Tu peux aller lui parler. Je te dirai bien de ne pas la brusquer mais je te laisse juger de ce que tu peux lui dire en fonction de son état. Veille seulement à ce qu’elle reste au lit. Elle a encore besoin de repos.

Je hoche la tête et remercie l’infirmière pour son autorisation avant de me diriger à grandes enjambées vers la chambre de ma sœur. Hestia m’a confié la clef. Elle ne peut pas gérer les aller et venue dans la chambre. Elle a encore du travail à faire. Peut-être même une réunion avec les Primordiaux.

Je toque rapidement avant de glisser la clef dans la serrure et d’entrer. « Coucou sœurette, comment ça va ? ». C’est ce que j’ai envie de lui dire mais je n’y arrive pas. Parce que ça ne serait pas naturel. Pendant tout mon temps d’attente, l’inquiétude était majoritaire mais maintenant… c’est la colère qui prend le relais. Je ne vais pas lui crier dessus parce que ce n’est pas mon genre. Du moins pas d’emblée. Mais le fait que je reste appuyé contre la porte, refermée derrière moi, sans dire un mot est suffisant. Quelqu’un qui me connait aussi bien qu’Artémis sait que je ne suis pas du genre à rester dans le mutisme.

– Tu ne t’es pas ratée hein ? J’espère qu’au moins tu as obtenu ce que tu cherchais. Que le jeu en valait la chandelle.

J’espère ne pas avoir été mort d’inquiétude pour rien. J’espère que celle que je considère comme ma sœur jumelle a, comme à son habitude, bien calculé son coup. En temps normal, je n’aurais eu aucun doute à ce sujet. Mais dans l’état dans lequel elle est, je ne peux m’empêcher de me dire qu’elle a peut-être visé un peu trop haut, cette fois-ci.

Ma voix est monocorde, bien moins enjouée qu’à l’accoutumée et, surtout, je ne bouge pas de ma position. Les bras croisés, adossé contre la porte. Je sens que si je me laisse aller, je risque de vraiment me mettre en colère.

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What the hell is that ?!

Quelques minutes après mon retour dans mon lit, je m'étais endormie. J'étais de retour dans les Terres Désolées, face au Griffon. Mais je n'étais pas seule. Sauf que tout ceux que j'aimais étaient soit à terre, blessé à mort, soit encore dans les griffes de la créature mais dans un état pitoyable. Et je n'arrivais pas à bouger. Je voulais aller les aider, faire payer au Griffon ses actes. Mais tout ça m'était impossible. J'étais impuissante face à la détresse de mes proches. Mon pire cauchemar.

Les coups contre la porte et l'insertion de la clé dans la serrure me réveillèrent. Encore dans le feu de l'action de mon songe, je me levais aussitôt sur mon lit sans prendre garde à mes blessures. Je fis les mêmes gestes qu'habituellement pour faire apparaitre mon arc. Mais rien ne se passa. Je me rappelai ma conversation avec Hestia sur le collier. Je vis dans le même temps la tête de mon frère qui passait la porte, alors que mes mains étaient autour de mon cou à essayer d'enlever ce fichu collier. Je me laissai tomber sur le lit quand je vis que ça me faisait plus de mal qu'autre chose.

Assise en tailleur, je fixais Apollon qui était resté appuyé contre la porte. On se regardait en chien de faïence. Je le connaissais bien assez pour savoir qu'il était en colère contre moi. Et inquiet. Il ne parlait pas, il se contentait de me fixer. Sauf que là où il espérait peut-être me faire réagir, ça ne me fit rien. Je me contentais de le fixer en retour, fronçant les sourcils.

"Tu t'attendais à quoi ? J'ai été dans les Terres Désolées, pas à la Garderie. Si tu t'attends à des excuses, tu peux repartir, tu n'en auras pas."

Sa voix était moins enjouée que d'habitude, la mienne beaucoup plus dure, surtout pour lui. Je ne m'adressais jamais à lui comme ça. Mais j'étais sur les nerfs. J'avais eu des réponses oui. Mais pas assez à mon goût. Et personne ne voulait m'écouter. En tout cas, parmi ceux à qui je voulais raconter tout ça. Et lui voulait jouer aux grands frères moralisateurs ? Je n'étais plus une gamine. Et je n'avais certainement pas fait ça sur un coup de tête. Mais personne ne voudrait comprendre que j'avais fait ça pour les protéger. Non. J'étais en cycle 2 donc j'avais juste fait de la merde à leurs yeux et je devais assumer les conséquences de mes actes. Je le ferais, mais quand eux auront fait l'effort d'écouter ce que j'avais à leur dire.

Je n'avais pas baissé les yeux. Je campais sur mes positions et je ne flancherai pas. Mais au moins, j'étais assise et pas debout. Je sentais les douleurs qui parcouraient encore mon corps après ce que j'avais fait en me réveillant. Me lever si vite et me mettre en position de combat n'était vraiment pas une bonne idée. Mais je ne cillais pas. Déjà qu'il avait sûrement dû se faire un sang d'encre. Je n'allais pas lui donner une nouvelle occasion de me reprocher quelque chose.

"Je vais bien. J'ai fait ce que j'avais à faire."

Et je l'ai fait pour te protéger, espère d'idiot.

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What the hell is that ?

Artémis ne détourne pas les yeux. Son regard reste fixé dans le mien et ce que j’y vois ne m’étonne absolument pas. De la colère, de la fatigue, de l’exaspération et, surtout, de la détermination. Je sens que cette conversation va être longue.

– Tu t'attendais à quoi ? J'ai été dans les Terres Désolées, pas à la Garderie. Si tu t'attends à des excuses, tu peux repartir, tu n'en auras pas.

Ouai, longue et compliquée…

Ça ne m’étonne pas de la part de ma sœur. Il n’empêche que l’entendre me parler de manière aussi dure me serre le cœur. Moi qui me suis inquiété comme un fou pour elle, sans nouvelles depuis que nous avons quitté l’Océan d’été, la première chose qu’elle fait c’est me rabrouer.

Ce ne sont pas des excuses que je veux, ce sont des explications. Même si j’avoue que j’aimerai bien qu’elle comprenne ce que ses actes ont eu pour conséquences pour moi.

– Je vais bien. J'ai fait ce que j'avais à faire.

Mon regard quitte le sien pour l’observer de bas en haut. Ses bandages et le fait qu’Hestia a insisté pour s’occuper seule de son cas ne me laissent pas vraiment croire qu’elle va « bien » comme elle le dit.

Je soupire et me décolle de la porte pour faire un pas dans sa direction.

– Je ne sais pas si « bien » est le terme que j’aurai employé. Tu es blessée et affaiblie. Sans parler de la punition qu’ils t’ont imposé.

Je jette un coup d’œil au collier. Accessoire qui pourrait être étonnant pour la déesse de la chasse si l’on ne sait pas qu’il s’agit d’un objet magique imposé par les Primordiaux.

– Et pour répondre à ta première question. Je m’attendais à ce que tu viennes me parler de ton plan, voilà ce à quoi je m’attendais.

Je parle encore d’un ton calme mais je sens que la colère afflue un peu plus à chaque mot prononcé.

– Après ce que tu m’as dit sur la plage, je t’ai écouté. Je t’ai laissé tranquille, alors que j’avais terriblement besoin de ta présence.

Mon ventre se serre au souvenir de la terrible solitude qui m’a pris après le départ d’Artémis et le rejet d’Arès. J’aurais eu besoin d’elle à ce moment-là. Mais j’ai respecté sa décision. Je l’ai laissée seule.

– Tout ça pour te retrouver évanouie dans les bras de Tartare quelques jours plus tard !

Ça y est, les vannes sont ouvertes.

– Je sais que tu crois que tu dois protéger tout Olympus. Qu’il y a des choses que toi seule peux faire. Mais c’est faux ! Je n’arrive pas à croire que tu ais si peu confiance en moi. En mes capacités. J’aurai mille fois préféré être blessé en t’accompagnant que de souffrir en ne sachant pas ce qu’il t’es arrivé. Tu te rends compte que les seules informations que j’avais c’est que deux référents sont partis te chercher ? Deux !

Je m’arrête après ma petite tirade, respirant un peu plus fort que d’habitude. Je n’aime pas lui crier dessus mais c’est plus fort que moi. Il fallait que ça sorte.

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What the hell is that ?!

J'étais sur les nerfs. On m'avait enfermée comme une enfant que l'on punit et voilà que j'allais me retrouver avec les remontrances de celui que je considérais comme mon frère. Je pouvais entendre qu'il se soit inquiété pour moi, surtout en me voyant revenir dans cet état. Mais je voulais qu'il comprenne que j'avais fait ça pour le protéger. Ca méritait certainement des explications mais je n'étais juste pas d'humeur à ça. Le temps que l'on perdait à me garder enfermée ici sans que je puisse parler aux Primordiaux, c'était du temps gagné pour les monstres. Il fallait qu'on trouve la faille qui leur permettait d'entrer et vite. Sinon nous serions tous en danger.

Je savais bien qu'il ne me croirait pas si je lui disais que j'allais bien. C'était Apollon, il me connaissait mieux que personne. Mais c'était une réalité. En dehors de l'aspect psychologique d'avoir perdu mes pouvoirs, je me sentais bien mieux qu'à mon arrivée. Enfin, c'était pas compliqué non plus vu l'état dans lequel Hestia m'avait récupérée.

"Hestia m'a soignée, j'ai juste besoin de repos. Repos que j'aurai très bien pu prendre dans ma chambre ou ma forêt. Pour ce qui est de la punition, elle est méritée. Même si je ne regrette rien, j'ai enfreint les règles."

Ma main était remontée machinalement au collier qui serrait mon cou. Il devait certainement y avoir des marques rouges du fait que j'avais tenté de l'enlever auparavant. Mais perdre ma capacité à communiquer avec les animaux me faisait bien plus souffrir que mes blessures.

Je ne lui répondis plus pour le moment, me contentant de le regarder. Je lisais la colère qu'il contenait. Il avait envie d'exploser. Non, il en avait besoin. Il avait besoin de m'engueuler parce qu'il s'était inquiété. Il avait besoin de tout laisser sortir parce que ce n'était pas un sentiment qu'il avait l'habitude de ressentir donc il ne le contrôlait pas bien. Je ne détournai pas le regard mais mon cœur se serra quand il me dit qu'il avait eu besoin de moi alors que j'étais partie. J'avais eu envie de le revoir, mais ce n'était jamais le bon moment. Je n'étais pas prête. Et lui, contrairement à Achille, avait respecté ma décision là où le Héros l'avait payé bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Bien plus que je ne l'aurai imaginé. Mais je ne parlerai pas de ce qu'il s'était passé à Apollon car je tenais toujours ma parole.

Ca y est, il avait explosé. Il avait sorti tout ce qu'il avait sur le cœur. Il était toujours debout au milieu de l'infirmerie et moi assise. Je faisais tout ce que je pouvais pour tenter de garder mon calme. Mais l'envie de crier à mon tour était forte. Il ne comprenait pas. Comment le pourrait-il ? Personne ne comprenait ce que je ressentais. Personne ne pouvait savoir ce qui m'était réellement passé par la tête et personne ne voulait croire que je faisais ça pour le bien de tous. Et ce qu'il venait de dire me mettait aussi en colère. Je m'étais levée d'un coup de mon lit.

"C'est vraiment ce que tu penses ?! Que je n'ai pas confiance en toi et en tes capacités ?! Putain ! Mais comment tu peux seulement imaginer ça ? Oui c'est mon rôle de vous protéger et je devais le faire seule car il y a des choses que vous ne savez pas ! Des choses que j'ai compris pendant mon isolement. Je devais agir vite ! Et moi je préfère te savoir en sécurité ici à veiller sur les autres plutôt que de prendre le risque que tu sois blessé. Car si ça avait été le cas, ça aurait été entièrement ma faute !"

J'avais crié les deux derniers mots, encore plus fort que le reste. C'était la seule raison pour laquelle je ne l'avais pas prévenu. Je ne voulais pas qu'il soit blessé à cause de mon intuition. Alors oui, j'avais un putain d'instinct mais il n'empêchait que je ne voulais pas mettre la vie des autres en danger à cause de mes choix. Je me laissai retomber sur le lit, une main sur la poitrine. Il fallait que je me calme, je respirai trop fort. Mais je ne pouvais croire qu'il avait osé dire que je doutais de lui.

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What the hell is that ?

J’ai à peine eu le temps de terminer ma petite tirade qu’Artémis s’est soudainement mise debout sur le lit d’infirmerie. Le geste m’a surpris autant qu’il m’a effrayé. Bien évidemment, je n’ai pas eu peur d’elle mais bien pour elle. Peur que ses blessures se rouvrent. Peur qu’elle ne se fasse mal. Mais ses blessures ont l’air bien plus psychologiques que physiques.

J’écoute attentivement ses mots, ses reproches, ses craintes. Et, plutôt que de renforcer ma colère, ils ont plutôt l’effet de me calmer. Artémis… Comment peux-tu être si forte et si faible à la fois ?

Elle finit par se rassoir dans son lit, comme exténuée par les mots qu’elle vient de prononcer. Je soupire alors et me rapproche doucement, pour finalement m’assoir à côté d’elle, le buste tourné dans sa direction, mes yeux dorés cherchant les siens.

– Vouloir protéger les autres est tout à ton honneur, tu sais. Mais, si je t’avais suivi, ça aurait été en toute connaissance de cause. Rien de ce qui aurait pu se passer n’aurait été ta faute.

J’attrape doucement son bras gauche pour tenter de lui transférer un peu de douceur. Je ne suis plus énervé mais je m’inquiète toujours pour elle. Ce besoin qu’elle a de tout vouloir prendre sur ses épaules l’a blessé aujourd’hui. Qui sait ce qu’il pourrait advenir dans le futur si elle continue dans cette voie.

– Je suis désolé d’avoir dis que tu n’avais pas confiance en moi. Je sais que c’est faux. Mais je ne peux que m’inquiéter si je sais si peu de choses. Il faut que tu m’expliques. Je pourrais t’aider ensuite.

Pas « peut-être », non. Quoi qu’il arrive à l’avenir, je veux pouvoir être là pour elle. Au combat ou simplement pour parler avec un professeur, je peux lui être utile. Si nous jouons globalement à jeu égal en terme de puissance, j’ai toujours été meilleur qu’elle avec les mots.

– Pourquoi veux-tu tant sortir de l’infirmerie ? Qu’as-tu besoin de faire ? Ou à qui as-tu besoin de parler ?

Je ne sais pas ce qu’il se passe ou ce qu’elle a découvert mais si c’est suffisamment important pour qu’elle soit entrée dans les Terres Désolées en toute connaissance de cause alors, je dois savoir de quoi il retourne.

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What the hell is that ?!

La colère avait pris possession de moi et mon corps avait réagi à ses paroles et aux miennes. Je m'étais levée et j'avais parlé, ou même crié, sans m'arrêter. Mon impétuosité me perdra mais ses paroles m'avaient blessée. Et là où j'avais peur qu'il enchaine, mes paroles eurent plutôt l'effet inverse. Je m'attendais à ce qu'il s'énerve. Qu'il réagisse à son tour à ce que je disais. Il faut dire que je n'avais pas été tendre depuis le début de notre discussion. Mais à la place, il retrouva son calme presque habituel, comme s'il comprenait certaines choses à présent.

Il s'assit à côté de moi mais je fixai le sol pour le moment. Je ne voulais pas affronter son regard. Non pas par peur, mais parce que le mien n'exprimait pour le moment que de la colère. Je m'étais déjà assez énervée contre lui, je ne voulais pas en rajouter une couche alors qu'il essayait de m'aider. Quand son bras toucha le mien, je relevai la tête vers lui. Je pris une grande inspiration avant de lui répondre.

"Tu sais que ce n'est pas si simple... J'ai l'impression que c'est mon devoir de veiller sur vous. Et si quelque chose devait arriver, ce serait parce que je n'aurai pas été assez vigilante. Et je ne pourrais pas me pardonner s'il t'arrivait quelque chose. Je tiens trop à toi, je ne veux pas te perdre."

Ces derniers mots étaient sortis tout seuls. Je n'avais pas l'habitude d'exprimer mes émotions comme ça. J'avais l'impression d'être vulnérable mais j'acceptais de l'être devant lui.

"Je sais bien, je suis désolée. Je voulais agir vite mais j'aurai dû... J'aurai dû prévenir quelqu'un. Mais si je l'avais fait, on ne m'aurait pas laisser faire et je ne pourrais pas accepter d'être écartée alors que j'ai appris pleins de choses."

C'était de la fierté. Mais j'avais découvert ces choses et je voulais suivre cette histoire. Elle m'inquiétait énormément et je voulais pouvoir aider et protéger.

"Il faut que je parle aux Primordiaux. Pendant mon isolement, j'ai compris des choses. Tu te souviens la première fois que je me suis retrouvée dans les Terres pour rattraper Foteini ? Nous avons combattu un monstre auréolé d'ombres. Les mêmes ombres qu'on a vu sur le Sphinx et plus récemment sur le requin. Il y a forcément un lien. J'ai voulu aller dans les Terres pour en apprendre plus, voir s'il y avait une faille ou quelque chose. Mais ces monstres ne rentrent pas par hasard."

S'il y avait bien une personne en qui j'avais confiance pour parler de ça, c'était mon frère. Je savais qu'il n'essaierait pas de me dissuader ou de me dire que je n'aurai pas dû. Il essayait avant tout de comprendre pourquoi j'avais agi et je savais qu'il m'aiderait. Que ce soit pour parler avec les Primordiaux ou pour enquêter.

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What the hell is that ?

Artémis a toujours été comme ça. Déterminée et fière. Elle est persuadée qu’étant une combattante Tamarisc, elle a le devoir de protéger tout le monde. D’autant plus qu’elle a un sens de la justice très développé. Elle ne supporte pas qu’il arrive malheur à des innocents ou à ceux qu’elle aime. J’ai toujours trouvé que c’était une de ses grandes qualités. Cependant, je ne peux pas m’empêcher d’être inquiet quand cette qualité l’entraîne dans ce genre d’entreprise risquée.

Je lui souris d’autant plus et lâche son bras pour poser ma main sur son épaule gauche et la serrer légèrement. Moi non plus je ne veux pas la perdre. C’est bien le problème.

– Je sais bien, je suis désolée. Je voulais agir vite mais j'aurai dû... J'aurai dû prévenir quelqu'un. Mais si je l'avais fait, on ne m'aurait pas laisser faire et je ne pourrais pas accepter d'être écartée alors que j'ai appris pleins de choses.
– Il est fort probable que les profs ne t’auraient pas laissé sortir, en effet. Ils y seraient allé eux-mêmes ou, à la rigueur, auraient envoyé les cycle 4. Ils veulent nous protéger eux-aussi.

Si nous ne savons toujours pas exactement ce qu’il s’est passé pour entraîner le reboot, nous savons que cette école a pour objectif de faire de nous des dieux capables de sauver la situation. Chose que nous ne pourrons pas faire si nous tombons dans le coma au préalable. Ou pire.

– Il faut que je parle aux Primordiaux. Pendant mon isolement, j'ai compris des choses. Tu te souviens la première fois que je me suis retrouvée dans les Terres pour rattraper Foteini ? Nous avons combattu un monstre auréolé d'ombres. Les mêmes ombres qu'on a vu sur le Sphinx et plus récemment sur le requin. Il y a forcément un lien. J'ai voulu aller dans les Terres pour en apprendre plus, voir s'il y avait une faille ou quelque chose. Mais ces monstres ne rentrent pas par hasard.
– Les ombres oui, ça ne peut pas être un hasard. Surtout après ce qu’on a vu sous l’eau.

Si les ombres qui nous ont attaquées dans la grotte et sous l’Océan d’été viennent des Terres Désolées il y a effectivement de quoi nous inquiéter. La barrière de Tartare n’est-elle pas sensée nous protéger des monstres en attendant que nous soyons prêts à les affronter ?

– Bien !

Je me lève soudainement du lit et me tourne vers ma sœur, un sourire déterminé aux lèvres.

– Toi tu ne peux pas bouger d’ici, tu dois te reposer.

Malgré ce que je m’apprête à dire, ce point n’est pas négociable. J’ai vu l’état dans lequel elle est arrivé. Sans parler du fait qu’elle ne possède plus ses pouvoirs. Elle n'est pas en état de négocier quoi que ce soit.

– Moi, je vais aller demander un rendez-vous avec les Primordiaux. Le professeur Héméra m’écoutera. Je la ramènerai ici. Ça te convient ?

Je n’ai pas vraiment d’autre choix à lui proposer. Nous pourrions attendre qu’elle se remette et aller leur parler tous les deux pour augmenter notre poids mais je n’ai pas l’impression qu’attendre soit dans les plans de ma sœur.

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What the hell is that ?!

Je savais comment il était quand j'étais en danger. J'avais beau faire ma fière et être une combattante plutôt douée, je n'étais pas non plus invincible. Et la relation privilégiée que j'avais avec Apollon faisait que je veillais sur lui plus que sur n'importe qui. Je l'avais toujours fait, et je le ferai toujours. Même si nous étions plus âgés et qu'il était capable de se défendre tout seul, pour moi, je devais le protéger. Et même s'il connaissait mon niveau en combat, je savais qu'il s'inquièterait quoi qu'il arrive. D'autant plus quand je revenais dans cet état.

Je le laissai faire quand il me serra un peu plus contre lui. S'il y avait bien une personne avec qui j'acceptais d'avoir des contacts physiques c'était lui. Et les contacts physiques, il adorait ça, alors je ne l'en priverai pas. Je grimaçai tout de même un peu quand une douleur se réveilla. J'espérai me rétablir vite.

Je grognai légèrement quand il me rejoignit sur le fait que les professeurs m'auraient demandé de rester à l'académie si je les avais mis au courant. Enfin, il était certain que je ne les aurai pas écouté. Et ça aurait été au final, le même résultat. Ils voulaient nous protéger. Ouais, tu parles. Ils arrivaient toujours après quand nous étions en danger et ils nous laissaient dans l'ignorance sur pas mal de choses. J'étais certaine qu'ils nous cachaient des choses. Comment voulaient ils qu'on se défende si on ne savait pas à quoi s'attendre ? Alors j'avais préféré découvrir les choses par moi même, forcément.

Je lui racontai ensuite pourquoi je m'étais rendue dans les Terres Désolées. Le lien que j'avais fait entre les ombres du Sphinx et du requin et celles que j'avais croisé pendant ma punition. Ce qui expliquai pourquoi j'avais voulu y retourner. Ca ne l'excusai certainement pas, mais ça le justifiai. Il se leva d'un coup et je me retins de lever les yeux au ciel à sa remarque.

"Merci de me le rappeler."

Entre mon repos forcé et ma privation de pouvoir, j'avais de quoi ruminer dans cette chambre d'infirmerie. Toujours assise sur le lit, je levai mon regard un peu douteux vers lui.

"Tu m'as l'air bien sûr de toi. Vu que nous avons affaire à des ombres, j'aurai dit que Nyx était la plus judicieuse à prévenir. Mais j'imagine qu'elle et Héméra sont en lien donc peut-être qu'elle viendra avec si elle sait de quoi je veux parler. C'est gentil de m'aider mon frère, j'espère vraiment qu'elle t'écoutera."

Ma voix s'était légèrement affaiblie sur la fin de ma phrase. Autant à cause du fait que j'avais peu d'espoir mais aussi parce que je recommençai à fatiguer.

"Je suis désolée, je crois que j'ai besoin de dormir..."

Je sentis qu'il m'aidait à m'allonger et me recouvrait du drap. Un baiser fut déposé sur mon front alors que mes yeux se fermaient doucement. Je vis sa silhouette s'éloigner vers la porte avant de sombrer dans le sommeil.

Un sommeil que j'aurai préféré sans rêves. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. La privation de mes pouvoirs m'affectait bien plus que ce que je pensais. J'aurai pu rêver des Terres Désolées, de mon combat ou même de l'île. Mais non. A la place, j'étais dans une clairière, au milieu d'une forêt étrangement silencieuse. De prime abord. Mais en tendant l'oreille, je commençai à entendre des bruits. Au fur et à mesure, des petits animaux arrivèrent et encadrèrent la clairière. Ils ne disaient rien et je les observai, le sourire aux lèvres, heureuse de les voir. Mais alors que je m'attendais à ce qu'ils viennent discuter avec moi, ils se mirent tous à pousser des cris. Leurs cris probablement. Je ne comprenais absolument rien. Je plaquai alors mes mains sur mes oreilles alors qu'ils s'approchaient tous de moi en courant et en poussant leurs cris. Je hurlai à mon tour, dans l'espoir de ne plus les entendre.

A la place, je me réveillai en sursaut, le souffle court et ayant du mal à resituer où je me trouvai. Ma main se porta instinctivement à mon cou et je tentai à nouveau de retirer ce collier, me faisant mal plus qu'autre chose. Ce fut à ce moment là que je remarquai une silhouette à côté de moi. Mais ma vision était encore floue à cause de mon réveil prématuré et elle n'était pas encore habituée à la lumière qui pénétrait dans la chambre de l'infirmerie.

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What the hell is that ?!

Bien sûr que j'avais essayé d'enlever ce fichu collier. En vain, évidemment. La seule chose que j'avais récolté, c'étaient des marques au cou qui peinaient à partir tant j'avais tiré dessus. J'avais été punie pour mon non respect des règles. Je savais que mon escapade dans les Terres Désolées ne passerait pas inaperçue et j'étais prête à assumer les conséquences de mes actes. Mais cette privation de mes pouvoirs me faisaient plus de mal que ce que j'aurai pu imaginer. Je pouvais bien me passer de mes transformations ou de mon arc. Mais pas de mes discussions avec les animaux. Ne plus les comprendre était la chose qui me meurtrissait le plus. Et c'était la raison de mon cauchemar.

Me reconnecter à la réalité était plus difficile que ce que je pensais. J'avais déjà du mal à situer si on était le jour ou la nuit, où je me trouvais mais surtout, je me demandais qui se trouvait à côté de moi. La lumière qui emplissait la pièce me fit comprendre qu'on était en plein jour mais m'éblouissait trop pour le moment pour que je reconnaisse la personne qui était à contrejour. Je le reconnus d'abord à sa voix. Ma main se porta à mon cou, puis à ma tête.

"Bonjour... Je ne te le fais pas dire..."

Ma voix était rauque, certainement à cause de mon réveil brusque. Mon esprit était encore un peu embrumé. Je restais un instant assise sans le regarder, le temps de tout reconnecter. Quand il s'adressa à nouveau à moi, je relevai mon regard vers lui et croisai le sien.

"Les blessures se referment."

Autant physiquement que psychologiquement. Mais certaines plaies étaient encore à vif, et ce n'était pas celles que le Griffon m'avait infligé. Malgré ma discussion avec Apollon, j'étais encore remontée. Et si le Dieu était là pour me faire des reproches sur ma conduite, il allait se retrouver face à un mur.

"Tu n'es pas simplement venu pour prendre de mes nouvelles n'est-ce pas ?"

Hadès avait forcément une idée derrière la tête. Il n'était pas venu juste comme ça, ce n'était pas son genre.

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What the hell is that ?!

Je n'avais rien à faire dans une infirmerie. J'avais toujours réussi à faire sans, me faisant soigner ça et là. Je venais parfois voir Hestia, mais je ne restais jamais à l'infirmerie. Je crois même que c'était la première fois que ça m'arrivait. Une position de faiblesse qui ne me plaisait pas. Mais la déesse avait été formelle, je ne quitterai pas cette chambre tant que je ne serais pas rétablie. Et elle avait veillé à boucler toutes les issues, connaissant un peu trop bien mon tempérament de feu. Je ne comptais pas m'échapper, et encore moins avec Hadès dans le coin. Mais la frustration était tout de même là.

Je ne comptais pas m'épancher sur mon état. Physiquement, je reprenais des forces. Mentalement, je gérais ça... à ma manière. Il n'avait pas besoin d'en savoir plus. En revanche moi, je voulais savoir pourquoi il était là. Je ne le connaissais pas très bien mais je savais qu'il n'était pas du genre à tourner autour du pot, ni à faire des choses sans raison. Peut-être qu'il prenait de mes nouvelles mais j'étais certaine qu'il avait autre chose derrière la tête.

"Je ne dis pas que tu te fiches de mon état. Loin de moi cette pensée. Je dis juste que tu n'es certainement pas venu que pour ça et que tu as d'autres idées en tête."

Un léger silence s'installa. Je ne le quittai pas des yeux alors que lui laissa les siens se poser sur les fleurs au fond de ma chambre. Viens en aux faits, Hadès, je n'aime pas qu'on se moque de moi. Ce fut à mon tour de lever un sourcil. Pourquoi me demandait il cela ? Il avait été admis avant moi, il le savait très bien. Y avait il un lien avec mon escapade ? Je ne voyais pas vraiment où il voulait en venir. Un soupir discret m'échappa. J'imaginais sans mal que je n'aurai pas de réponses à ma question si je ne lui en fournissais pas d'abord. Je me levai de mon lit, m'étirai puis me dirigeai vers la fenêtre ouverte, mon regard se perdant au loin, vers ma forêt.

"En fonction de leur caractère, de leurs aptitudes mais aussi de leurs ambitions. Certains osent même parfois demander un certain sanctuaire, dans l'espoir d'y aller, pour une raison ou une autre. Et parfois, leur avis est pris en compte."

C'était ce que j'avais fait. J'avais ouï dire que les Moires n'étaient pas d'accord sur le sanctuaire où m'envoyer. J'avais osé donné mon avis. Et il avait fait pencher la balance.

"Où veux tu en venir, Hadès ?"

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What the hell is that ?!

Hadès savait être mystérieux quand il s'y mettait. Il n'était pas du genre à tourner autour du pot. Pourtant là, il sembla passer par un autre chemin. Je ne savais pas vraiment où tout cela allait nous mener. Mais il avait piqué ma curiosité et je m'efforçai de répondre au mieux à sa question. Toujours perdue dans la contemplation de la nature au loin, je ne cessai pourtant pas de l'écouter. Mon regard et mon esprit étaient un peu ailleurs, mais ça ne m'empêchait pas d'être attentive à ses paroles, somme toute très intéressantes. Je me retournai vers lui à l'évocation de ma référente, m'adossant contre le rebord de fenêtre.

"Vous aidez à la décision ? Intéressant. Et en même temps, pas très surprenant. Vous savez parfaitement qui correspond à votre sanctuaire. Déméter ne doit pas en démordre quand elle estime avoir raison, je me trompe ?"

J'avais plus d'une fois titillé la patience de ma référente. Je l'avais déjà vu énervée, agacée, lassée aussi, sachant pertinemment que me punir ne m'empêcherait pas de recommencer. Comme aujourd'hui. Je n'imaginais pas ce qu'elle pensait à cet instant de mes agissements. J'aimerai lui en parler, lui dire ce que j'avais vu là-bas. Mais peut-être que c'était sa manière à elle de me punir. En m'ignorant.

"Je pense que si..."

Les maillons se rejoignaient pour former une chaine linéaire dans ma tête. Je savais que le choix pour moi avait été compliqué. Les Moires hésitaient et, à présent, je me rendais compte que les Référents aussi. Je haussai les épaules, plongeant mon regard rubis dans le sien.

"A vrai dire, je ne trouve pas ça surprenant. En entendant les choix qui s'offraient à moi, j'ai aussi hésité. Même si mon avis comptait sûrement moins que le vôtre. Je pense que j'aurai pu avoir ma place chez les Lobellus. Si je n'étais pas aussi... tête brûlée."

C'était aussi pour ça que mon cœur avait balancé vers les Tamarisc. Mon tempérament de feu aurait fait tache dans le sanctuaire d'Hadès. Et je pouvais cultiver mon esprit autrement, je le savais. Etre chez les Tamarisc ne m'empêchait pas de vouloir assouvir ma soif de savoir. Il suffisait de regarder le nombre de cours auxquels je participais par rapport à certains. J'aimais apprendre, en découvrir toujours plus, m'améliorer dans beaucoup de domaines.

"Mes compétences sportives et en combat ne peuvent pas être remises en cause. J'ai fait mes preuves et j'en ferais toujours plus pour défendre l'académie. Et ceux qui ne peuvent pas se défendre eux-mêmes."

J'aurai été tentée de rajouter "si tant est qu'ils aient une quelconque utilité", mais je m'étais retenue. Un petit sourire discret étira mes lèvres. Je n'étais pas certaine que le référent voit cette remarque du bon œil. Mais j'étais ainsi. Je ne m'entourais que des personnes qui avaient prouvé qu'elles avaient une utilité. Les autres, je les ignorais simplement.

"Je prends ça pour un compliment. Il faut croire que je suis la plus Lobellus des Tamarisc. Je lui fis un petit clin et souris légèrement. Mais ce n'est pas parce que je suis chez les rouges que je ne peux pas avoir de contacts avec d'autres sanctuaires. Et je serai ravie de t'aider dans tes recherches. Très ironique, en effet... Une minute... Comment sais-tu que je cherchais des réponses ?"

Je le savais perspicace. Mais je n'avais rien dit à personne. Comment pouvait il savoir ? Est-ce que j'avais dit quelque chose là-bas dont je ne me souvenais pas ? Avec toutes mes blessures, ça n'aurait pas été étonnant que je délire un peu. Je croisai les bras, scrutant le regard vairon du dieu qui me faisait face. Cette conversation promettait d'être plus intéressante que ce que j'avais pu imaginer...

Codage par Libella sur Graphiorum