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Retour de bâton [ft. Héra]
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Circé
Circé
Déesse de la sorcellerie
Circé
Date d'arrivée : 22/02/2024
Nombre de récits : 23
Sexe : Féminin Pouvoir : Sortilèges
Cycle : 3
Double-comptes : //

Déesse de la sorcellerie
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Retour de bâton [ft. Héra] Empty Retour de bâton [ft. Héra] Ven 8 Mar 2024 - 1:10

Retour de bâton
Avec Héra

C’était absolument inacceptable !

Comment avait-elle pu faire une chose à la fois si stupide et dangereuse ? Héra était référente de leur Sanctuaire pourtant. Elle devait bien savoir qu’une telle excursion ne serait pas sans conséquences. À quoi avait-elle pensé ?

La déesse des sortilèges faisait claquer ses talons contre le sol dallé de la salle commune, répétant le même trajet encore et encore. Bras croisés devant sa poitrine et menton levé, Circé passait en revue les informations qu’elle avait pu glaner sur cette fameuse opération. Les Terres Désolée, n’est-ce pas ? L’accès y était formellement interdit à cause des créatures hostiles qui régnaient en ces lieux. Et pour ce qui était du domaine qui touchait aux monstres, elle en connaissait un rayon. Bien entendu, elle était agacée que sa meilleure amie ne l’eût pas prévenu alors qu’elle était une spécialiste de ces créatures. Bien entendu, elle était également très inquiète de la savoir là-bas avec pour seule escorte le dieu des enfers. Loin d’elle l’idée de penser qu’il n’était pas suffisant à la survie de sa référente, cependant, Circé se serait sentie bien plus apaisée d’esprit que l’intervention provienne d’un professeur. Ou un surveillant. Peu importait.

Frustrée, la jeune fille s’arrêta net devant l’un des hauts miroirs orné de fleurs qu’arborait un mur de la salle commune. Elle se tourna vers son reflet, nota l’agacement sur son visage et se mordit la lèvre. Un coup d’œil circulaire lui permit de constater qu’elle était seule et, loin des oreilles traînantes de ces midinettes de Sollerys, la déesse s’approcha du miroir en entamant un geste théâtral de la main.

- Madame se croit futée à s’attirer des ennuis pareils, n’est-ce pas ? Et Circé dans l’histoire ? Et bien Circé attend. Et avec assiduité en plus de cela. Non mais je rêve !

La jeune fille ponctua sa phrase d’un claquement de doigts sec qu’elle lança dans l’air. Puis elle ferma les yeux, paumes tournées vers le miroir comme si elle essayait de contenir son agacement. Relevant légèrement le menton, elle souffla lentement pour retrouver dignement sa contenance habituelle. Elle n’était pas dans sa chambre et il était parfaitement exclu de prendre le risque qu’une petite ingénue puisse la surprendre dans son monologue.
Lorsqu’elle se sentit un peu plus maîtresse d’elle-même, la déesse rouvrit les yeux pour les braquer sur son reflet. Bien. Elle semblait bien plus présentable maintenant qu’elle s’était calmée. Le bout de ses doigts s’agita légèrement avant qu’elle n’abaisse ses paumes et croise à nouveau les bras devant sa poitrine.

Quand Héra allait rentrer, elle allait l’entendre.

***


Circé trônait au centre d’un canapé de la salle commune. Ses jambes se croisaient avec élégance tandis qu’elle tenait son dos impeccablement droit au point de ne même pas toucher le dossier. L’un de ses bras passait devant sa poitrine de sorte à servir de support à son autre coude. La main tout proche du visage, elle caressait son index du bout du pouce, effectuant de petits ronds sur sa pulpe en signe d’attente.  
Cela faisait bien une bonne demi-heure que la déesse n’avait pas bougée d’un cil, son petit tic de main mit de côté. Bien qu’elle commençait à sentir une certaine impatience grimper dans sa poitrine, elle n’en fit rien pour demeurer parfaitement neutre d’expression. Elle avait vu défiler quelques regards en biais dans sa direction mais s’en fichait bien. Elle était concentrée. Concentrée à ne pas rater le retour de sa référente et de l’accueillir comme il se devait.

La déesse reconnut sa meilleure amie au rythme de ses pas. Elle n’avait pas besoin de la voir, elle savait qu’il s’agissait d’Héra. Circé était observatrice et il était des détails qu’elle ne pouvait simplement pas occulter. Elle attendit consciencieusement que le son de ses pas se soit rapproché avant de tourner la tête dans un mouvement calculé. Ses iris d’émeraude s’arrêtèrent avec précision sur sa référente, signe qu’elle l’attendait. Si une lueur de désapprobation brillait dans son regard, la déesse fut bien vite interpellée par deux choses. La première était le collier assez disgracieux qui enserrait le cou de sa référente. La seconde, bien plus alarmante, était les traces de sang qui peignaient les vêtements d’Héra. Circé se sentit blêmir légèrement mais s’efforça de garder son air sévère. Elle était partagée entre l’inquiétude d’imaginer que son amie puisse être blessée et la colère d’avoir été mise à l’écart.

- Ce rouge jure avec ton teint, Héra. Tu es livide, fit-elle remarquer comme une réprimande.

Oui, elle avait mis de côté les petits surnoms qu’elle réservait habituellement à son amie pour lui faire bien comprendre qu’elle n’était pas contente. Puis elle ferma les yeux en soufflant un grand coup, abaissant les épaules. C’est alors qu’elle s’autorisa enfin à bouger pour se lever et faire face à la déesse du mariage. Ses traits s’adoucir légèrement sans pour autant devenir tendre alors qu’elle porta sa main sous le menton d’Héra pour la faire à peine relever la tête. Circé l’observa sous tous les angles pour s’assurer qu’elle n’était pas blessée avant de soupirer de soulagement.

- Bon sang, tu n’es pas raisonnable.  

Non, elle ne lui dira pas qu’elle s’était rongée les sangs pendant cette demi-heure beaucoup trop longue à attendre son retour sans garanti de la retrouver indemne. Elle comptait un peu sur son amie pour lire entre ses lignes.
Relâchant son menton avec délicatesse, elle lui fit un petit signe pour l’inviter à la suivre.

- Bon aller, je vais t’aider à nettoyer tout ça. Tu en as dans les cheveux.

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Héra
Héra
Déesse du mariage
Héra
Date d'arrivée : 18/08/2023
Nombre de récits : 45
Sexe : Féminin Pouvoir : Auspex (Empathie) et Vicissitude (Capacité à prendre la forme physique d'autrui)
Cycle : 4
Couleur(s) de parole : #9370DB
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Déesse du mariage
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Retour de bâton [ft. Héra] Empty Re: Retour de bâton [ft. Héra] Jeu 21 Mar 2024 - 16:09


Retour de bâton
Héra
feat.
Circé


 

 



 

 

'Cause I'm already broken, these last couple years
Have torn me and I have shed blood, I've shed tears
I've shed my old skin, I've grown something quite rough
I've grown something that shields from what people call love



Héra tremblait. Debout dans l’infirmerie, les yeux braqués sur la silhouette gracile d’Artémis, sa main toujours serrée dans celle d’Hadès, elle tremblait. Ils avaient eu une chance insensée. La Chasseresse désormais entre les mains savantes d’Hestia, Hadès et elle indemne, leur chance avait défié les Moires elles-mêmes. Un violent frisson secoua son échine quand elle cligna des yeux et qu’Hadès disparut à nouveau derrière le nuage sombre et mouvant de ses Ténèbres. Le silence surnaturel lui avait glacé les os et elle rouvrit les yeux en catastrophe pour s’assurer qu’il était bien là, près d’elle. Ils avaient beau être immortels, ils n’en restaient pas moins faits de chair et d’os. Hadès aurait pu se blesser suffisamment gravement pour nécessiter un placement en stase. Héra n’aurait pas survécu à ça.

Elle braqua son regard, aux cils encore humides, sur Tartare qui s’adressait à eux. Il était si grand, dégageait une telle puissance qu’elle eut envie d’hurler de rire en se rappelant à quel point ils s’étaient crus capables d’affronter ce contre quoi il s’évertuait à les protéger. Elle déglutit en croisant son regard luisant. La déception qu’elle y lisait la peinait plus qu’elle n’était prête à l’admettre. Héra avait beau se jouer des règles quand ça lui chantait, elle avait désespérément besoin de l’approbation de ceux qui les encadraient. Elle tenait à ses bonnes notes, à la confiance qu’on avait placée en elle. Aussi épuisant puisse-t-il être, elle aimait profondément son rôle de référente et prenait à cœur la responsabilité qui lui incombait. Elle avait, ce jour-là, mis en danger non seulement sa vie et celle d’Hadès, mais également cette place qu’elle chérissait.

Piteuse, elle baissa la tête quand la sanction tomba. Sa gorge se noua alors que le collier, épais, noir, incroyablement lourd, se referma sur sa gorge gracile. Elle y porta une main tremblante et en effleura les contours du bout de l’index. Ça allait être difficile à camoufler. Elle roula des yeux. De toute façon le train des racontars se chargerait de faire tourner et d’amplifier la rumeur. D’ici deux jours, elle ne serait pas surprise d’apprendre qu’ils avaient dû affronter une horde complète de monstres ou bien qu’ils s’étaient enfuit dans les Terres Désolées pour se bécoter avec Hadès.

Soudain, le cuir qui reposait contre sa gorge sembla se resserrer à nouveau et… Le silence. Les yeux d’Héra s’écarquillèrent tout grand et elle inspira avec précipitation. La déception et la colère sourde de Tartare, la souffrance d’Artémis, l’inquiétude d’Hestia, la honte et la colère qui sourdait d’Hadès, tout disparut. Elle ouvrit et ferma la bouche à de multiples reprises et peina à reconnaître l’expression qu’elle lisait sur les traits de Tartare. Il semblait fier de lui. Héra n’en était pas sûre et pour la première fois de sa vie, elle prit conscience que ce qu’elle avait toujours pris pour un handicap, pour un poids, était une part intégrante de ce qu’elle était.

Elle se découvrit incapable de comprendre l’expression sur le visage d’Hadès quand elle braqua ses yeux terrifiés sur lui. Son visage était toujours le même, sa bouche toujours aussi pleine, ses sourcils toujours aussi sombres, ses yeux toujours aussi lumineux, mais Héra peinait à y trouver les informations qu’elle y glanait d’habitude. Elle avait mêlé sa lecture des émotions et celles des visages depuis si longtemps, qu’elle ne savait plus faire sans. Elle enroula un bras autour de sa propre taille et s’étreignit dans l’espoir de réussir à calmer la panique qui enflait dans son ventre. Inconsciemment, elle chercha le filin des émotions d’Hadès pour harnacher son calme comme elle l’avait fait tant de fois, mais son don frappa le mur érigé par le collier et elle laissa filer un son piteux en fermant les yeux.

Tartare les congédia d’un ton ferme et Héra traîna des pieds en suivant Hadès jusqu’à l’extérieur. Les paroles d’Hadès, la chaleur de sa main, la douceur de sa peau tout comme l’horreur de sa réalisation embrumaient encore l’esprit d’Héra quand ils s’arrêtèrent devant la porte des Sollerys. Elle pressa une dernière fois ses doigts entre les siens et lui jeta un dernier regard. Elle avait l’impression, idiote elle le savait, qu’elle le voyait pour la dernière fois. Elle le laissa s’éloigner en silence, le ventre lourd de tout ce qu’elle venait de vivre et l’esprit trop plein de ses propres pensées. Elle n’avait pas la force de refaçonner son masque, la rumeur s’étirerait qu’elle se cache ou non. À l’instant où elle franchirait les portes, couverte de quelques traces de sang, un épais collier autour du cou, son sort serait scellé. Elle espérait seulement pouvoir atteindre sa chambre rapidement, elle n’avait pas la force de gérer ses élèves maintenant. Elle était mentalement et physiquement épuisée parce qu’elle venait de vivre.

La porte s’ouvrit silencieusement après une simple pression de sa paume. Les parfums floraux familier assaillirent ses narines, tout comme le silence inhabituel. Oh, ses élèves babillaient comme à l’accoutumée, mais la vague d’émotions qu’elle avait l’habitude de se prendre en pleine figure à chaque ouverture manquait à l’appel. Elle tituba légèrement quand rien ne vint et pressa ses doigts contre le collier qui barrait sa gorge. Au fond de la pièce, comme une oasis en plein désert : Circé. Sa chevelure d’un noir d’encre, la courbe familière des ses épaules et de l’arrondi de sa hanche aurait pu faire chialer la déesse du Mariage qui tremblota en avançant vers sa meilleure amie. Elle aurait tout autant pu pleurer d’être à moitié aveugle aux émotions de son amie.

Là où, d’ordinaire, il lui aurait été aisé de lire l’inquiétude dans le flux de la magicienne, elle ne percevait que la colère de façade qui raidissait ses traits. Héra lutta contre un sanglot et ravala avec difficulté la boule qui s’était formée dans sa gorge. Elle n’était pas en état de se confronter à une Circé en colère. Elle avait besoin d’être rassurée. L’absence de surnom affectueux lui broya le cœur avant qu’elle ne puisse sourire et elle cligna des yeux avec précipitation. Quand Circé se leva, Héra craint l’espace d’un instant qu’elle ne s’en aille purement et simplement. L’idée lui sembla si effrayante qu’elle tendit, sans y penser, la main et attrapa un morceau du tissu de sa robe. Ne pars pas, s’il te plait. Reste. J’ai besoin de toi.

Elle sentit ses genoux flageoler quand les doigts frais de Circé effleurèrent son menton. Si elle la touchait c’est qu’elle n’était pas aussi énervée après elle qu’elle en avait l’air. Tout n’était pas perdu. Héra se laissa manipuler sans faire d’histoire, incapable de faire preuve de la moindre initiative maintenant qu’elle se trouvait à nouveau face à quelqu’un de confiance. Hadès l’avait lâché pour mieux la laisser retrouver les bras de Circé. Comme un relai qu’ils se seraient passé sans le savoir, ses deux meilleurs amis avaient assuré la protection de la Déesse du Mariage à son plus bas. Elle ne s’était jamais sentie aussi mal. Elle secoua la tête quand Circé pointa son manque de responsabilité. Non, ils n’avaient pas été responsable, Circé avait raison. Elle hocha ensuite du chef avec un peu plus d’insistance quand Circé l’invita à la suivre pour aller se nettoyer. Elle était couverte de sang. Elle le sentait sur ses joues, dans ses cheveux.

Les doigts toujours fermement coincés dans le tissu des vêtements de Circé, elle la suivit silencieusement jusqu’à sa chambre. La sensation familière des enchantements protecteurs qui entouraient la pièce dénoua en partie les épaules d’Héra. Elle était habituée à ne rien percevoir du dehors ici. Elle était chez elle. En sécurité. Sa poigne se fit plus ferme sur Circé alors qu’elles prenaient la direction de la salle de bain. Sans se soucier de la présence de son amie, Héra se débarrassa du pull d’Apollon, du t-shirt qu’elle portait en dessous, de ses baskets, de son leggings, de sa culotte et de ses chaussettes. Une fois entièrement nue, elle effleura une fois de plus le collier et se glissa sous le jet brûlant que la douche laissait couler. Une fois que l’eau effleura ses épaules, les sanglots la secouèrent silencieusement.

« Putain, Cir’, on a été si con… »

Elle déglutit au travers de l’eau qui matraquait son visage.

« On aurait tous pu crever là-bas, Artémis, Hadès, moi. On aurait tous pu crever. Y avait une putain de chimère, Circé, un truc énorme… J’ai cru qu’il allait crever. Il a disparu derrière ses Ténèbres, plus un bruit, plus rien. Je sais qu’on est pas mortel. Je sais. Mais, putain, j’ai vraiment cru que j’allais le perdre… Tout ça parce qu’une putain de Cycle 2 a cru qu’elle pouvait passer de l’autre côté de la barrière et qu’Hadès s’est sentit pousser des ailes ! Comme si Tartare, putain de Tartare avec ses punitions à la con, nous empêchait d’y accéder parce que ça lui faisait plaisir ! »

Elle avait conscience qu’elle ne devait pas vraiment faire sens pour sa meilleure amie. Incapable de bouger, elle restait les bras ballants sous le jet brûlant.

« Et maintenant… j’suis… »

Elle porta à nouveau les doigts à son collier en tremblant, la bouche pincée en une grimace dévastée, elle cilla à toute allure pour retenir le nouveau flot de larmes.

« J’suis… Ils m’ont pris mon pouvoir… » souffla-t-elle d’une voix blanche.


Gasmask




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Circé
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Retour de bâton [ft. Héra] Empty Re: Retour de bâton [ft. Héra] Ven 22 Mar 2024 - 1:46

Retour de bâton
Avec Héra

Cette situation était parfaitement surréaliste. Qui aurait pu anticiper que la déesse du mariage, la Reine des Sollerys, se présenterait un jour dans la salle commune dans un si piteux état ? Au-delà de la colère sourde et la profonde inquiétude, Circé ne comprenait pas. Comment Héra avait-elle pu se montrer aussi peu responsable ? Et pour que ce soit la déesse des sortilèges, connues pour ses comportements très limites, puisse penser ça était assez significatif de l’échelle de gravité que son amie avait décidé d’escalader. Cette incompréhension bouclait dans l’esprit de la jeune femme, faisant grandir le tourbillon acide de sentiments qui la tourmentaient depuis plus d’une demi-heure. La seule chose qui parvenait à contenir tout ce miasme émotionnel était la vision du visage d’Héra. Son air habituellement si digne et fier s’était éteint. Les lignes de ses joues étaient soulignées par l’écarlate d’un sang qui ne lui appartenait pas à première vue, mais qui n’en restait pas moins inquiétant. Son regard pétillant semblait hurler à l’aide autant que cette main qui avait enserré la robe de Circé.

La déesse des sortilèges avait hésité à exploser ou bien l’ignorer mais elle ne se sentait pas de la laisser ainsi, en proie aux commères de leur Sanctuaire. Bien que l’impulsion stupide d’Héra l’avait mise hors d’elle, Circé voyait bien que la situation était exceptionnelle. Son amie ne se serait jamais montrée ainsi aux yeux jugeurs des Sollerys dans cet état. Jamais. Alors elle prit sur elle pour faire taire ses émotions impétueuses et inviter Héra à la suivre. La magicienne ouvrit la marche, tournant le dos à son amie, mais déposant le bout de ses doigts sur la main fragile qui s’accrochait à sa tenue comme à une bouée. Circé releva le menton en inspirant, déclenchant la force de son aura pour repousser les trop curieux. Elle se concentra à braquer cette énergie vers l’avant pour ne pas trop déstabiliser Héra qui était déjà bien largement assez troublée. La seule chose qui se manifesta de ce pouvoir cette fois-ci fut une lueur rougeâtre au fond de ses iris. Dès lors qu’elle croisait quelqu’un, elle les braquait vers sa cible, exigeant silencieusement qu’elle s’écarte sans faire d’histoires. Elle passa le trajet ainsi, à fendre littéralement la foule de ces étudiants qui lui semblaient soudainement aussi indésirables que des pies.  

Arrivées à la chambre, la jeune femme rompit le contact de leur main pour fermer la porte derrière elle et ainsi les isoler des regards indiscrets. Circé conserva un silence de mort tandis qu’elle peinait à faire de l’ordre dans sa tête. Elle voulait comprendre. Et en même temps cette colère qui n’avait de cesse que de côtoyer son inquiétude l’empêchaient de réfléchir. Une respiration plus forte que les autres souffla à travers ses lèvres alors qu’elle sentait la poigne d’Héra devenir plus forte. Toujours autant fermée, la jeune fille accompagna son amie jusqu’à la salle de bain et la laissa se déshabiller. Elle s’occupa de récupérer les vêtements ensanglantés qui jonchaient maintenant le sol pour les mettre dans une bassine qu’elle remplit d’eau glacée. Elle l’abandonna ensuite dans l’évier pour laisser le tissu tremper et se tourna vers la douche. Oh, le corps d’Héra n’était plus un secret pour elle, il n’était pas spécialement dérangeant qu’elle reste dans la pièce. Alors elle resta. Elle s’approcha, même. Le mouvement tremblant que portait Héra à ce collier la rendait perplexe. Pourquoi portait-elle cette chose immonde autour du cou ? Se pourrait-il que ce soit le fameux retour de bâton qui l’attendait en rentrant de son excursion ? Circé observait Héra d’un œil acéré. Elle le laissa glisser sur la moindre petite parcelle de peau pour vérifier une fois encore qu’elle n’était pas blessée. Rien. Peut-être quelques bleus, mais aucun signe d’une blessure importante. Circé souffla un long moment en fermant les yeux. L’inquiétude commençait à redescendre doucement, gommant ainsi l’une des émotions avec laquelle elle se battait depuis trop longtemps maintenant.

Lorsqu’elle nota les sanglots silencieux qui secouèrent les épaules de son amie, Circé avait envie de briser quelque chose. Quelle idée de se mettre dans un état pareil ?! Quelle idée d’avoir joué la tête brûlée sans réfléchir aux conséquences ?! Quelle idée ?! Bon sang, elle détestait voir Héra ainsi. Elle l’avait déjà vu craquer plusieurs fois mais là... c’était différent. La magicienne avait l’impression de voir son amie totalement brisée et de ne pas avoir pu empêcher ça parce qu’elle n’avait même pas été mise au courant. Et ça, c’était insupportable. Si elle avait été dans la confidence, peut-être aurait-elle pu faire quelque chose pour amoindrir la détresse viscéral qui secouait Héra.

- Putain, Cir’, on a été si con…
- C’est bien de le reconnaître, lança-t-elle, incapable de contrôler sa répartie.

La déesse des sortilèges croisa les bras devant sa poitrine, basculant son poids sur sa jambe droite tout en observant son amie. Quand cette dernière avoua qu’ils auraient tous pu mourir là-bas, elle, Artémis et Hadès, la colère qui s’était calmée remonta d’un coup, comme une bouffée d’émotion. Pourquoi Hadès était-il là-bas également ? Artémis était une petite tête brûlée, il n’était pas trop étonnant d’entendre son nom jaillir dans le récit. Mais Hadès ? S’était-il retrouvé par hasard sur le chemin d’Héra ou bien l’avait-elle convié ? Cette idée la fit crisper les mâchoires. Hadès, Hadès. Toujours Hadès. Pourquoi lui dans cette mission et non pas la déesse des sortilèges dont la spécialité était les créatures en tout genre. Une chimère, bon sang ! Elle en aurait fait un chaton, de cette chimère !

- Je sais qu’on est pas mortel. Je sais. Mais, putain, j’ai vraiment cru que j’allais le perdre…

Circé serra ses mains autour de ses bras sans mot dire.

- Tout ça parce qu’une putain de Cycle 2 a cru qu’elle pouvait passer de l’autre côté de la barrière et qu’Hadès s’est sentit pousser des ailes ! Comme si Tartare, putain de Tartare avec ses punitions à la con, nous empêchait d’y accéder parce que ça lui faisait plaisir !

Circé avait vraiment envie de lui hurler dessus. De l’insulter de tous les noms et de lui faire la morale jusqu’à la fin de la nuit. Elle avait envie de la serrer dans ses bras ou de la pousser très fort. Ce qu’elle pouvait être stupide sa grande blonde quand elle s’y mettait !

- Et maintenant… j’suis… J’suis… Ils m’ont pris mon pouvoir…

Sa voix était si étranglée par la détresse que Circé grinça des dents. Elle décroisa les bras s’approchant d’un pas inquisiteur en sentant le feu monter en elle.

- Bien entendu qu’ils allaient te taper sur les doigts ! Tu t’attendais à quoi ?

La déesse fit un geste agacé du poignet qui se joignait parfaitement avec sa parole. Et le ton monta alors que, incapable de se contenir, elle continua en parlant avec ses mains.

- Tu as eu peur de perdre Hadès, d’accord. Mais est-ce que tu imagines ce que j’aurais pu ressentir si je t’avais perdu sans même savoir ce qui était en train de t’arriver et où tu étais ?! Ma spécialité, c’est les créatures et les monstres, bon sang ! Tu aurais dû me prévenir !

Circé s’arrêta, joignant ses deux mains paume contre paume, plaçant son visage contre leur tranche. Elle ferma les yeux en soufflant un grand coup pour essayer de se calmer. Puis elle glissa ses doigts dans ses cheveux pour les renvoyer vers l’arrière. Et sur un ton plus calme, elle reprit :

- Si je ne t’aimais pas autant, je te jure que je te transformerai en criquet.

Les émotions encore sensibilisées de la jeune déesse avaient du mal à trouver un équilibre, mais elles semblaient moins fortes, comme si hausser la voix l’avait aider à faire sortir une partie du trop plein qui bouillonnait en elle. Elle devait se ressaisir. Elle lui avait dit qu’elle l’aiderait à nettoyer les traces de sang. Alors elle ôta ses vêtements sans plus de cérémonie pour rejoindre son amie dans cette foutue douche. Se glissant dans son dos, elle se saisit du shampoing pour en mettre un peu dans ses mains et glisser ses doigts dans les longues mèches dorées d’Héra. Lorsqu’elle rencontrait une tache de sang, Circé pinçait la boucle concernée entre son pouce et son index pour la faire partir avec le plus de délicatesse possible.

- Je reste avec toi ce soir. Je te laisse pas toute seule, décréta-t-elle sur un ton plus doux que précédemment, mais qui ne laissait pas place à la négociation.

Si la magicienne avait rarement ressenti une colère et frustration si intense à l’égard de son amie, elle n’en restait pas moins concernée par son état. Et elle n’avait pas le cœur à l’abandonner en lui laissant pour seule compagnie les sanglots et le silence.

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Héra
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Retour de bâton [ft. Héra] Empty Re: Retour de bâton [ft. Héra] Ven 3 Mai 2024 - 16:12


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Les yeux clos, la gorge broyée par l’étau de sa culpabilité, de sa tristesse et de ses regrets, Héra garda la tête basse. La voix de Circé débordait d’une telle colère rentrée quand elle ouvrit la bouche, qu’Héra tressaillit malgré le jet brûlant qui frappait ses épaules et son dos. Elle inspira brutalement et se crispa en attendant la vague familière et brûlante de l’ire de la magicienne, mais rien ne vint. Rien d’autre que le souffle d’air qu’elle déplaça en bougeant dans la pièce. Rien d’autre que l’odeur métallique du sang qui tourbillonnait autour du drain à ses pieds. L’image de la bête affalée sur le sol, créature de légende terrassée par la main d’Hadès, s’imprima une fois de plus derrière ses paupières et elle grimaça. À quoi s’étaient-ils attendus en effet ? À une punition, mais pas de cette envergure. Héra n’aurait jamais cru qu’on lui prendrait ses dons. Elle repensa à Artémis évanouie, à tout ce sang qui s’était écoulé de ses plaies, à la rage d’Hadès. Si Artémis n’avait pas été aussi inconsciente le griffon ne serait pas mort, la déesse ne serait pas à l’infirmerie pour une durée indéterminée et Héra n’aurait pas dû voir son meilleur ami devenir un meurtrier. Elle n’aurait pas eu l’impression que son cœur allait lui jaillir par la bouche en réalisant qu’il avait survécu à un combat qui aurait tout aussi bien pu l’envoyer en stase. Jamais le collier épais qui barrait sa gorge n’y aurait eu sa place sans l’hubris d’Artémis.

Une grimace amère étira ses lèvres alors que Circé continuait de parler. Sous le voile du choc et de la culpabilité, les mots de l’enchanteresse vinrent se ficher dans la poitrine de la Déesse du Mariage avec un force qui la désarçonna. Elle releva le nez vers la silhouette familière vêtue de rouge, vers les mèches d’ébènes qui s’enroulaient sur ses épaules, vers l’éclat des nombreux bijoux qui ornaient sa peau d’albâtre. Le céladon se ficha dans l’émeraude et les larmes revinrent inonder les yeux d’Héra. Elle n’avait pas pensé à Circé… Trop obnubilé par l’idée de se rendre utile, pour une fois. Trop inquiète, à raison, à l’idée qu’Hadès veuille s’y rendre seul et ne se mette en danger. Elle n’avait même pas pensé à contacter sa meilleure amie. L’enchanteresse qui maitrisait les monstres mieux que quiconque, son bras droit, son ombre. Celle qui, peu importait l’endroit ou le moment, se trouvait toujours suffisamment près pour qu’Héra n’ait qu’à tendre la main afin de trouver la sienne. Un son piteux s’échappa de sa gorge alors qu’elle ouvrait et fermait la bouche sans savoir quoi dire, sans trouver les mots. Il n’y en avait pas. Elle avait déconné et elle en payait le prix maintenant. Non seulement Tartare l’avait puni, mais Circé était là, débordante d’une colère qu’Héra ne savait pas comment apaiser.

Elle imagina sa propre rage si la situation avait été inversée. Si Hadès avait manqué de la terrasser d’un arrêt cardiaque en se battant contre le griffon, l’image du corps svelte et gracile de Circé face à la bête que lui offrit son esprit, lui fit trembler les genoux. Elle ne pouvait pas se mettre en danger. Si Circé finissait à l’infirmerie, en stase ou pire, Héra ne s’en remettrait pas. Sa gorge se broya à nouveau alors qu’elle laissait échapper l’excuse, aussi idiote que vraie, qui l’avait empêché d’appeler Circé à l’aide.

« T’étais en cours avec Nyx… »

Non seulement la Déesse Primordiale de la Nuit n’autorisait aucun retard dans ses cours, elle était également connue pour son intolérance en ce qui concernait les absences et les piètres excuses que pouvaient offrir les élèves pour rater ses cours. Jamais l’enseignante n’aurait laissé Circé quitter son cours, pas sans de lourdes représailles pour l’enchanteresse. Un rire sans joie échappa à Héra entre deux sanglots quand la magicienne menaça de la transformer en criquet. Elle l’avait entendu mille fois cette menace, sur le ton de la rigolade, d’une voix pleine de tendresse ou encore enrobée de l’acide qui teintait encore souvent leurs joutes verbales. Elle avait l’habitude, c’était aussi familier que le contact du bois de la barre, qui serpentait autour du studio de danse, sous sa paume. Aussi normal, que le calme qui lui tombait dessus dès qu’Hadès pénétrait une pièce. Aussi habituel que de croiser le visage orné d’un sourire narquois de Circé au matin dès qu’elle sortait de ses appartements.

Perdue dans ses pensées, Héra sursauta quand l’odeur de son shampoing s’éleva dans la douche. Circé se glissa dans son dos et ses longs doigts s’enfouirent dans les mèches blondes de la Déesse du Mariage. Il y avait quelque chose de si profondément intime dans le fait de laisser son amie laver son corps et sa chevelure des traces de la journée horrible qu’elle avait vécue. Il n’y avait rien de sensuel dans les geste de la magicienne. Rien de l’électricité qui crépitait d’ordinaire entre elles à l’instant où leur vêtements disparaissaient pour ne laisser que leurs peaux l’une contre l’autre.

À la place, les phalanges de Circé étaient tendre contre son crâne, le crissement des cheveux les uns contre les autres comme une mélodie qui aida le rythme erratique du cœur d’Héra à s’apaiser. Sans réfléchir, elle recula à peine, assez pour que l’arrière de sa cuisse effleure l’avant de celle de la magicienne. Assez pour que sa peau l’ancre au réel. Elle laissa les doigts parcourir ses cheveux, effleurer sa nuque, ses épaules, le pavillon de son oreille. Chaque effleurement la laissait plus maitresse d’elle-même, chaque caresse la ramenait dans son corps, à la réalité du moment, de la présence, intemporelle, de Circé dans sa vie. Héra laissa les larmes, de soulagement cette fois, rouler sur ses joues.

Une fois ses cheveux rincés, une fois l’eau à ses pieds intégralement claire, une fois que les tremblements se furent calmés dans ses bras et ses jambes, quand sa respiration eut repris un rythme normal et que son visage fut débarrassé des dernières trace de sang, Héra se retourna. Circé était belle sous l’eau. Les gouttes ruisselaient sur ses joues, s’accrochaient dans ses cils, dévalait la pente de sa gorge pour mieux rouler entre ses seins et Héra posa sur elle un regard si plein de tendresse et de reconnaissance qu’elle aurait pu en avoir honte si Circé n’avait pas été… Circé. Ses bras s’enroulèrent autour de la taille de la déesse et elle nicha son visage contre sa gorge avec un soupir. Elle hocha la tête en silence, reconnaissante.

Héra n’aurait pas survécu à la solitude cette nuit. Quelques longues minutes plus tard, séchées et vêtus d’une paire de pyjamas légers, les deux jeunes femmes se glissèrent sous les draps du lit d’Héra. La Déesse du Mariage observa la main de sa meilleure amie sur l’oreiller.

« Merci… D’être restée et d’être là… »

Son index dessina des symboles sans sens dans le creux de sa paume, traça les lignes de vie, de cœur avant que ses doigts ne viennent se perdre entre les siens. Elle déglutit en pensant à l’horreur qu’aurait été cette nuit sans la chaleur rassurante de son amie près d’elle, sans son souffle paisible pour masquer le silence incroyable qui assommait encore Héra. Elle était aveugle, elle n’avait aucune idée de ce qui habitait la déesse qui lui faisait face et l’idée était plus terrifiante encore que tout le reste. Elle attira la main de Circé près de son visage et déposa des baisers légers sur le bout de ses doigts avant de frotter le bout de son nez contre le dos de sa main.

« J’ai vraiment cru que j’allais perdre Hadès. Tu sais comment il est… Il est… Il est en colère depuis la cascade et la plage, il… » Elle déglutit la bouche sèche. « Il voulait y aller tout seul. Il voulait pas rester sans rien faire alors qu’une élève était en danger . Encore.» Ses yeux s’écarquillèrent d’horreur et un nouveau frisson secoua son échine. « J’aurais dû venir te chercher, mais… J’ai pas eu le temps… »

Elle se sentait si vide ainsi privé des émotions de Circé alors que dans son ventre, celles qu’elle ne commençait qu’à reconnaitre s’escrimaient pour se faire entendre. Elle s’accrocha à la plus familière pour mieux repousser les autres. Ses yeux luisirent de colère alors qu’elle crachait à voix basse.

« Artémis a été si stupide ! C’est quel genre d’égo ça, hein ? De se croire plus forte que Tartare alors qu’elle est qu’en second cycle ! J’en reviens pas de l’orgueil qu’elle a eu ! Elle se croyait vraiment capable de battre les monstres qu’il y a de l’autre côté de la barrière ?! Moi aussi j’suis curieuse, mais putain c’est pas pour rien qu’on nous en protège ! »

Gasmask




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