Hécate avait fini son entraînement journalier, elle avait enchaîné des tours du gymnase, lutte, pancrace et pour finir sur du maniement des armes, comme tout Tamarisc qui se respecte. À l'académie, les Tamarisc ont cette mauvaise réputation de courageux au point d'en atteindre la folle témérité, ils seraient naïfs, violents et stupides. Mais même dans ce lot, il y a des exceptions comme Athéna ou encore Hécate elle-même.

La déesse de la nouvelle lune est une déesse prônant une discipline et une hygiène de vie centrale dans son développement. De fait, sa vie est un cycle perpétuel des même tâche qu'elle pratique chaque jour inlassablement. C'est une forme de devoir que la déesse, c'est fixé, bien que l'ennui la frappe souvent et qu'elle est souvent seule dans une sorte de monotonie. Il est donc assez facile de savoir où se trouve Hécate si on la cherche, puisqu'elle fréquente toujours les mêmes lieus et après son entraînement, elle va toujours au bain.

Ses cheveux mauves attachés en chignon complexe afin qu'il ne touche pas le miroir aqueux, car le jour de les lavé n'est pas venue et donc les longues heures à attendre qu'ils sèchent non plus. Peut-être qu'en maniant la magie de vent, on pourrait imposer un air chaud pour accélérer ce lent processus, mais bien que les capacités d'Hécate soient grandes, la magie de vent ne fait pas partie de ces attributions. Une serviette nouée au haut de sa poitrine couvre le reste de son corps, bien que la tenue dans les bains soit plus simple, Hécate craint juste qu'un dieu, satyre ou être lubrique profite de cette heure plus réservée aux femmes pour se rincer l'œil.  

Avançant dans les bains, c'est interloqué qu'elle entend deux nymphes se jeter sur elle des mots que leur divine personne ne devrait pas émettre. Voilà de quoi énervé, la déesse lunaire, les bains sont un moment privilégiés, un moment de calme, un des rares moments qu'elle s'accorde pour elle, mais voilà que son rôle de déesse guidant parmi les ombres se rappelle t'a elle avec la subtilité d'un minotaure dans un atelier de poterie. Rapidement, elle voit une autre femme entre elles, relativement jeune, le rapide coup d'œil d'Hécate laisse supposer a tort qu'elle essaie de les calmer. La lune noire se rapproche avec un calme olympien et un doux sourire sur le visage. Elle sent que la situation va s'envenimer et décide d'accorder sa bénédiction et donc l'affaiblissement de ses pouvoirs a une des nymphes présente. Jaugeant par son extrême intelligence que la présence d'eau est a l'avantage de la nymphe d'eau, elle pose sur elle sa torche, réduisant significativement la menace qu'elle représente. C'est alors que dans le dos de la déesse à la chevelure noir de jais, elle entend alors sa dernière phrase.

“- C’est vrai que les fleurs, c’est plus élégants… Mais apparemment, j’ai entendu dire que les humains préfèrent les lacs aux prairies, pour passer le temps.”

Pendant une seconde, la course inexorable de la lune noire s'arrête, beaucoup de chose se passe dans le cerveau de l'implacable déesse. Mais elle reprend rapidement sa course.

"- Oh, personne ne sait réellement ce qui se passe dans l'esprit des mortels. Il parait que certains préfèrent les lacs aux rivières, d'autre les montagnes aux prairies, parfois, ils aiment les deux, voir les trois, ou même les quatre. J'ai même entendu dire que certains aiment s'enfermer dans des grottes et s'amusent à projeter des ombres pour faire, je ne sais quoi de cela."

La déesse Phosphoros se place aux côtés de la discorde, s'en comprendre qu'une douce ironie fait d'elle des allégories bien contraire. Après une courte pause, elle reprend.

"- Mais je suis certaine d'une chose, continuer votre petit jeu, et c'est dans le bureau d'Erèbe que vous allez finir. Je peux vous l'affirmer, il est déjà au courant de votre débat et il ne s'embêtera pas à venir y mettre un terme au premier coup-de-poing ou utilisation de pouvoir offensif. Ce n'est pas la pudeur des autres femmes ici présentes qui vont le stopper et celle qui en seront choqué ne verront que vous deux comme responsable."

Erèbe, est-il vraiment capable de tout cela ? Qui peut vraiment dire de quoi est capable le dieu primordial des ténèbres ? Hécate ne le sait pas, mais rien ne fait plus peur que le nom d'Erèbe. À moins, peut-être que le regard calme qui transpire de toute sa colère froide que lance Hécate sur les deux, qui est pour le coup une menace directe.

"- Vous voilà prévenu, mes trésors."

Impossible de savoir ce que pense Hécate, mais la première a agir violemment devra faire face aux courroux d'une tamarisc et si leur réputation d'abruti est chose faite, celle d'adepte de la violence l'est également.

À l'annonce du nom d'Erèbe, les regards changent, la colère remplace rapidement la crainte. La peur que les nymphes ont pour le dieu primordial est plus importante que leur colère, c'est la preuve d'un excellent instinct de survie.

La situation se calme, Hécate aveugle à l'animosité que lui présente Eris, n'en voit rien et ne se doute pas de la menace qu'elle pourrait représenter. Dans le même temps, Hécate ne comprit pas tout de suite à qui elle avait affaire.

"- Oh, ma chère Eris, quel plaisir de te revoir."

Rapidement, les souvenirs d'une altercation similaire lui reviennent en tête. Une situation en tout point semblable, une amitié brisée sur les rochers de la discorde, a jamais irréparable, à cause de non-dit que la déesse d'ébène avait parfaitement su exploité, sans que la déesse d'améthyste ne puisse rien y faire. Seule la violence fut épargnée.

Totalement convaincue par ses yeux de biche de l'innocence de la déesse de la discorde, comment ne pas croire qu'Eris provoque tout cela malgré elle. La pauvre se rejette même la faute sur elle. Cela en est déchirant pour Hécate qui ne souhaite pour tous que ceux qu'il y a de mieux. Le regard emplit d'un peu de tristesse, touché par l'histoire de la déesse qui n'est en rien une nouveauté pour la divinité chthonienne qui s'ignore. Elle avait déjà apporté son aide, des centaines de fois, dans la même situation. Un pouvoir qui pourrit la vie de son utilisateur, cela arrive plus souvent qu'on ne le croit. Mais cela n'empêche pas Hécate d'avoir un petit rire qu'elle retient pudiquement en plaçant sa main devant ses lèvres.

"- Huhu, de la sagesse ? Je les ai plutôt menacées. Et cela n'a pas arrangé le problème, il a juste été déplacé. Elles se battront sûrement, mais pas pendant que je me baigne."

Mais comment ne pas se sentir attristé par de tels mots ? Eris semble si déçu. Le regard qu'elle lance sur Hécate est si déchirant. Le soupir de frustration si parlant. Eris est si touché par ce qui vient de se dérouler. La déesse améthyste sent son cœur se déchirer devant de si triste mot. Elle laisse les doigts d'Eris attraper son bras et la guidée vers les bains. Que de tristesse dans cette situation, a l'instar d'Hélène dont le charme l'empêcher de vivre, les pouvoirs d'Hécate semble si puissant qu'elle-même en subit les conséquences. Alors, la bienveillante Hécate prend la décision silencieuse de lui accorder sa bénédiction. Après tout, elle est appelée à garder le destin des Hommes, mais aussi des dieux. Dans un sourire, elle pose ses yeux améthyste compatissants sur Eris, ainsi que sa torche qui affaiblit les pouvoirs si invivables de la déesse de la discorde. Elle se promet même de le faire à chaque fois qu'elle verra Eris. Ainsi, la déesse d'ébène pourra devenir un symbole de confiance comme elle le désire. Posant sa main droite sur la main d'Eris, elle lui donne ses quelques paroles.

"- Ma chère, cela m'attriste de te voir te maltraiter ainsi. Mais la discorde n'est pas quelque chose d'inutile. Elle peut même un bon moteur. Après tout, les rivaux s'entraînent sans cesse pour surpasser l'autre, alors que les amis préfèrent boire ensemble. Une touche de discorde dans une rivalité n'est pas mauvaise. Bien sûr, il y a toujours une question de dosage."

Elle pose sa tête sur l'épaule de la déesse pour lui montrer tout son soutien. Alors que la piscine d'eau est proche de leur pas.

"- J'avoue vous enviez également, vos mots résonnent dans le cœur de vos interlocuteurs. Ainsi, vos champions auront toujours la foi de se battre et d'avancer. Vous pouvez réveiller l'ardeur dans le cœur de n'importe quel guerrier et rien que pour cela, vous êtes une des déesses les plus puissantes que je connaisse."