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Valse funèbre
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Cléon
Cléon
Muse du spectacle
Cléon
Date d'arrivée : 23/03/2024
Nombre de récits : 6
Sexe : Masculin Pouvoir : Fanfare
Cycle : 1

Muse du spectacle
Valse funèbre  Empty Valse funèbre Ven 5 Avr 2024 - 19:55
♫ Valse funèbre ♫

Lorsque sonne le glas d'une fin imminente, peu importe sa forme, toutes et tous se saisissent de cette sombre mélodie d'une façon qui leur est propre. Pour beaucoup, il s'agit alors d'une personne ou d'un élément sur lequel s'accrocher, cherchant peut-être de quoi s'assurer que tout ira bien quelles que soient les conséquences, qu'importe ce qui peut les attendre à l'approche de cette finalité fatale.

A l'annonce funeste d'un destin désormais bâti sur des bases incertaines, la muse du Spectacle sentit sa poitrine être transpercée, déchirée, complètement réduite en cendres. Comment rester de marbre lorsque l'on reçoit la confirmation que tout ce qui a été accompli jusqu'ici sera purement et simplement balayé d'un revers de la main ? Pourtant, là ne réside en rien la raison poussant le jeune garçon à se figer sur place, le sang glacé par cette soudaine prise de conscience que tout recommencera à nouveau, et ce depuis le début. Il le refuse. Si son existence doit déboucher sur le trépas, que ceci marque à jamais la conclusion élégante de son histoire. Intérieurement, il pleure. Il pleure sa continuité prochaine. Il plaint déjà son propre futur qu'il ne connaîtra qu'à travers les yeux de sa nouvelle enveloppe charnelle, de cette réincarnation dont il ne veut pas, allant jusqu'à maudire sa prochaine vie ointe de cette douce et délicate ignorance d'un passé perdu à jamais.

L'innocence d'une âme nouvelle qui lui aura alors dérobé sa seule échappatoire, la sienne, qu'il répugne d'avance à considérer comme étant sa propre extension. Cependant, une question se pose ; en possède-t-il seulement le choix ? Difficile à déterminer.

Seul le son sourd de ses doléances se fera accompagnateur de sa marche funèbre vers ce qu'il considère pire encore que la mort elle-même, qu'Hadès s'en fasse le témoin. Pourtant, cette possibilité de revenir au commencement d'une histoire ne s'avèrerait-elle pas l'occasion parfaite de réécrire celle qui nous plaît ? Celle qui nous sied ? Ou encore celle qui incarne, et ce depuis des temps immémoriaux, un fantasme mal assumé ?

L'heure du rendez-vous approche. Tout doit être parfait, comme cela a toujours le cas dès que Cléon y incorporait sa personne, symbolisé par cette recherche persistante et maladive de cette absence de défaillance. Doucement, presque trop sereinement, il se prépare dans sa loge afin d'accueillir les Moires. Si le récit doit se conclure, autant en signer l'épilogue de sa main.

Une fois les préparations faites, il se dirige vers la scène. Elles sont là. Elles attendent. Un soupir à la fois rempli d'effroi, d'émotion et d'impatience relâche un tantinet la pression portée sur ses frêles épaules. L'un après l'autre, ses pas retentissent à mesure qu'il s'approche de la trinité divine. A quelques enjambées de ces dernières, il s'arrête et relève avec une certaine minutie le voile transparent qui couvrait jusqu'alors son propre visage.

- Me feriez-vous l'honneur... ?

Sa voix est tendre, mêlant une amère mélancolie à un surprenant romantisme, tandis qu'il tend l'une de ses mains à la manière d'une invitation à danser. Rien de plus naturel pour la muse du Spectacle que de clôturer de façon solennelle une chronique bientôt éteinte. Un sourire est dépeint sur son visage, authentique et sincère, véritable contraste avec les artifices que représente sa tenue toujours dans l'opulence, mais pourtant en grande justesse avec la situation. Telle une mariée des enfers, il s'apprête à présenter sa toute dernière prestation. Celle qui marquera indéniablement une fin ainsi qu'un début.

Résigné face au sort qui leur est tous dédié, il s'adonne néanmoins à son devoir et ce jusqu'à ce que les derniers grains ne s'écoulent au sein de son sablier. Déterminé, mais empreint d'une certaine lassitude presque arrogante, il est désormais dos à celles qui sont venues le récupérer. Un autre soupir vient briser le silence oppressant ambiant juste avant que les premières notes de musique ne retentissent.

Pour la première fois, la représentation ne se résume qu'à un orchestre magique et à son interprétation sans aucune autre forme d'enjolivement superflu. Comme une mise à nu face à celles qui détiennent les clés de l'univers entre les mains, la muse leur dévoile ses faces les plus cachées. Sa sensibilité, qu'elle soit artistique ou naturelle, refait surface et recouvre l'entièreté de sa peau, dégoulinant à travers ses gestes exprimant dès lors bien plus qu'une volonté de se donner en spectacle.

Véritable chant du cygne de l'individu dont il est question, Cléon se laisse entraîner par les couleurs du rythme choisi par ses soins pour sa toute dernière danse. Aucun pouvoir autre que celui de la véracité de ses propos n'est déployé sous les traits majestueux de la magnificence de son art. Transcription naturelle de son solo infini de solitude, il arbore une somptuosité sans égal.

Le grand final est proche, ne donnant que plus de fougue à cet être haut en couleurs dont la dévotion est totale. Ses mouvements trahissent la fragilité avec laquelle il vit depuis tout ce temps, écrasée par une confiance exacerbée en ses talents, dénichée pour mieux asseoir sa légitimité au sein de l'Olympus.  

Un dernier tour sur lui-même avec des jeux de bras de façon naturellement théâtrale et le voici en pleine révérence lors de la conclusion de son œuvre, la tête légèrement penchée vers le bas en témoignage de respect à l'égard de celles qui lui sont supérieures.

Détenant la volonté de bien faire jusqu'au bout, le tracé d'une larme le long de sa joue vient pourtant trahir le sourire de ses bonnes intentions. Il ne bouge plus et garde cette posture gracieuse comme s'il s'agissait de celle qu'il conservera pour toujours.

- Je suis prêt.

A ces mots, l'une des déesses s'approche de lui et se saisit doucement de sa main la plus éloignée de son corps dans un geste presque consolateur. Le contrat venait d'être signé et il ne fallut que peu de temps pour que le vœu des Moires ne s'accomplisse, plongeant alors la pièce d'habitude si festive dans une paix presque angoissante.
Codage par Libella sur Graphiorum

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