Dea Kademeia
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A love that never wasPage 1 sur 1

Écho
Écho
Oréade de l'imitation
Écho
Date d'arrivée : 16/03/2023
Nombre de récits : 87
Sexe : Féminin Pouvoir : Voix désincarnée
Cycle : 1
Couleur(s) de parole : #FD9AB0
Double-comptes : Arès, Pandore

Oréade de l'imitation
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A love that never was Empty A love that never was Mer 21 Fév 2024 - 0:58
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A love that never was

 


Le silence. Imposé, éternel, de sa voix arrachée par Héra. Le silence en elle, aucun soupir, aucun murmure, aucun chant. Il ne restait rien des mots qu'elle avait tant maniés, tant prononcés, incapable qu'elle était de se taire. Et maintenant… Maintenant aucun mot ne se formait dans le creux de sa gorge pour danser sur sa langue et naître sur ses lèvres. C'est à peine si sa respiration pouvait émettre le moindre son. Elle était réduite au mutisme, pâle copie d'elle-même. À cause d'Héra. À cause de Zeus.
Reste devant la porte. Si Héra vient, retiens-la.
Parle-lui, détourne son attention quelque temps.
Aujourd'hui aussi.
Encore une fois.

Un autre jour, une autre fois. Encore. Et encore.
Jusqu'au silence.

Assise sur une pierre au bord de l'eau, Écho ferma les yeux. Au moins les sons autour d'elle existaient toujours. Elle pouvait entendre l'eau, les voix, les animaux, les bruits de pas. Elle fit courir ses doigts à la surface de l'eau avec un soupir muet. La colère d'Héra était trop légendaire pour qu'elle puisse espérer retrouver un jour sa voix. Elle serait réduite à ce presque silence jusqu'à la fin de ses jours. Condamné à uniquement répéter les mots qu'elle entendait, à ne jamais pouvoir parler la première.

Des éclats de voix la firent rouvrir les yeux et elle chercha leur origine en sautant de sa petite pierre. Il y avait des gens dans la forêt. Des chasseurs, à en juger par la tension, les grognements de chiens, l'agitation des animaux. Discrète, encore plus qu'elle ne l'était autrefois, Écho se glissa entre les arbres pour essayer de repérer les garçons qu'elle entendait s'égosiller, s'interpeller. Pas de silence pour eux. Les mots qu'elle entendait franchirent doucement ses lèvres, répétés à l'identique. Elle eut un sourire amer. Oui, elle en serait réduite à cela jusqu'à la fin de ses jours. Les voix s'apaisèrent, probablement parce que les chasseurs avaient trouvé leur cible. Elle s'approcha encore un peu. Ils étaient là.

Cinq jeunes hommes. Mortels ? Peut-être. L'un d'eux, surtout, attira son regard. Yeux couleur d'automne, cheveux bruns, longues pointes rouges brillant comme un feu de forêt, sourire étincelant. La flamme de son regard et de sa chevelure s'infiltra dans son cœur et dans sa poitrine, enflant comme un raz-de-marée. Sa gorge se serra sous le poids d'autre chose que du silence. Elle ouvrit la bouche ; évidemment, aucun son n'en sortit en dehors d'un courant d'air s'embuant dans l'air d'automne.

Les chasseurs se dispersèrent dans la forêt mais elle n'avait d'yeux que pour lui. Les autres n'existaient même pas, comme des fantômes qu'elle perdit de vue et de perception. Jusqu'à ce que lui aussi se perde. Il se retrouva seul, isolé des autres. Seul avec elle. Elle recula sous le couvert des arbres, le cœur incertain. L'approcher, alors qu'elle ne pouvait pas dire un mot ? Alors qu'elle ne pouvait que répéter ses paroles ? Alors qu'elle était à jamais condamnée à n'être qu'un reflet sonore de son existence ?

- Y a-t-il quelqu'un ici ?

- Quelqu'un ici ?


Elle avait ouvert la bouche par réflexe, répétant les paroles du jeune homme, et elle se mordit la lèvre. Il sursauta, cherchant du regard cette voix qui ressemblait tant à la sienne et qui répondait à ses appels.

- Viens vers moi.

- Viens vers moi.


Le cœur d'Écho faisait des bonds dans sa poitrine. Il lui avait parlé. Elle n'avait été capable que de répéter ses mots, mais il lui avait parlé. À elle. Il lui avait demandé de venir à ses côtés ! Elle déglutit pour garder son calme. Il ne l'avait pas vue. Il la cherchait, se fiait à la voix qu'il entendait, mais très vite il s'arrêta et repris la parole.

- Viens vers moi, rejoignons-nous !


Toute tentative de garder son calme fondit face à la chaleur de sa voix. Il l'appelait. Il n'y avait pas de place au doute, n'est-ce pas ? Les papillons qui dansaient dans son ventre affirmaient que non. Les pulsations effrénées de son cœur affirmaient que non. L'intonation enthousiaste de sa voix affirmait que non quand elle les avait entendues. Et quand elle les répéta.

- Rejoignons-nous !


Écho quitta l'abri des arbres pour avancer dans sa direction, aveuglée par l'amour. Elle tendit les mains pour saisir les siennes, goûter sa voix à son oreille, approcher de ses bras, effleurer la chaleur de son étreinte. Ses sentiments trop vifs se brisèrent tout aussi rapidement sur le mur qui la séparait du jeune homme.
Les mains qu'elle avait eu l'espoir de tenir se posèrent sur ses épaules et la repoussèrent.
Les bras qu'elle avait espéré sentir autour d'elle s'écartèrent dans un mouvement de dégoût.
La voix qu'elle avait tant voulu entendre éructa une insulte qui laissa dans son cœur un souffle plus glacial que l'hiver.

- Plutôt mourir que de te laisser toucher mon corps !


Une ligne de glace s'insinua dans sa poitrine. La lame trancha en deux les espoirs que cet instant hors du temps avait fait naître en elle. Après le silence, la voix du jeune homme avait créé un rêve éphémère, l'impression que sa vie de silence n'était pas une condamnation à la solitude. Et il avait brisé cette illusion en une simple phrase.

- Toucher mon corps…


Sa voix ne se brisa pas car il ne s'agissait pas de la sienne. Elle avait changé les paroles en murmure, mais la voix restait étrangère, différente, masculine. La voix d'un homme qui aurait plu à celui en face d'elle. La voix d'un homme qui n'était pas elle. La voix d'un homme qui ne serait jamais à elle. Sa gorge se serra, prise dans un étau. La douleur lui noua les entrailles et elle s'enfuit, disparaissant entre les arbres, retrouvant son ruisseau, sa grotte, sa pierre au-dessus de l'eau. Elle s'immobilisa, le cœur comprimé par la détresse, le regard rivé à la surface. Invisible, silencieuse, inexistante. Comme elle le serait pour l'éternité.

Cela faisait des jours qu'il l'avait rejetée. Des jours qu'elle le retrouvait pendant ses parties de chasse, de loin, pour l'observer. Elle n'avait pas la prétention d'exister à ses yeux, pas la prétention de pouvoir l'approcher à nouveau, mais elle pouvait l'aimer. L'aimer éperdument depuis les silences et les murmures, répéter ses paroles dans un petit murmure qu'elle était seule à entendre, simplement pour percevoir sa voix près d'elle. Héra l'avait condamnée au silence et, en la condamnant au silence, elle l'avait privée de la chance d'être aimée de Narcisse. Aurait-il aimé sa voix si elle avait pu s'exprimer naturellement ? Aurait-il pu l'aimer s'il n'avait pas eu la sensation qu'elle l'avait manipulé en se faisant passer pour quelqu'un d'autre ? Aurait-il pu l'aimer si elle avait pu lui parler normalement ?

Des pas. Des pas légers vinrent interrompre ses réflexions. Elle releva les yeux, aperçut la silhouette de Narcisse qui s'approchait de son ruisseau, et se dissimula dans les rochers. L'expression qu'elle vit sur les traits du jeune homme fit trembler son cœur et elle déglutit. Ce regard… ce regard, elle aurait aimé qu'il lui soit adressé. Qui regardait-il ainsi ? Il n'y avait pourtant que son reflet. Il parlait comme s'il était face à une personne incroyable, un amour absolu. Il n'y avait personne d'autre qu'elle dans cette forêt.
Elle, et le reflet de Narcisse à la surface de l'eau.

Combien de temps était-il resté à s'observer ? Elle avait vu d'innombrables couchers de soleil, d'innombrables zéniths, et il avait à peine bougé, perdu dans une contemplation dévorante. Mais était-elle mieux ? Tous ces jours, elle ne l'avait qu'à peine lâché des yeux, elle aussi dévorée par des sentiments désespérés. Si elle ne pouvait pas l'avoir, elle s'abreuverait des émotions qu'il exprimait pour un autre. Vivre par procuration… n'était-ce pas approprié pour quelqu'un qui ne pourrait jamais parler la première, dont le seul rôle était de répéter les paroles des autres ?

Le temps s'écoula, rivière infinie dont seules les Moires connaissaient les secrets, et Écho comme Narcisse restèrent ainsi, au bord de l'eau, aveugles au monde et éperdus d'amour pour une personne aussi unique qu'inaccessible. Même lorsqu'il commença à dépérir, elle resta à l'observer, à l'admirer, à l'aimer comme elle n'aurait jamais dû le faire. Il finit par fermer les yeux et s'allonger au bord de l'eau, brisé et épuisé, en murmurant quelques mots.

- Ô merveilleux jeune homme, je t'ai aimé en vain, adieu…


Écho ferma les yeux. Elle n'avait aucun besoin de regarder pour savoir que le souffle qui s'échappa des lèvres de Narcisse serait le dernier. Elle laissa les larmes couler sur cet amour impossible, perdu sans avoir existé. Elle se roula près de lui, posant une main contre son épaule.

- Adieu…


Adieu, toi qui ne m'a jamais aimé. Toi que j'aurais aimé à la seconde où j'ai posé les yeux sur toi. Toi qui n'avais d'yeux que pour ton reflet.
Je t'aimais.
Je t'aimerais.
Car mon amour ne sera jamais réciproque, et que j'aimerais toujours depuis les ombres.
Dans cette vie comme dans les suivantes.

Le vent souffla sur sa peau, charriant une odeur de cendres. Le temps s'était écoulé autour d'elle, aussi invisible et inaltérable que l'avait été son amour. Seul restait d'elle une poudre de roche, poussière volcanique à l'odeur de flamme, comme le regard pour lequel elle s'était condamnée.
Une odeur de cendres. Et toujours, le silence.
Tant que personne ne parlait à ses côtés. Car sa voix continua de résonner dans les grottes, les cavernes, les montagnes et les forêts.
Éternellement.

#FD9AB0#FD9AB0#FD9AB0Ⓒ Écho 





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- Echo parle avec une bordure en #FD9AB0 et la couleur de dialogue de la voix enregistrée qu'elle utilise

« En italique et #FD9AB0, elle s'exprime en langue des signes »

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