L'embrasement dans les gradins

Alors que je parlais, je voyais les gradins se remplirent petit à petit de monde. Je suis content que l’événement attire, cela va sûrement encourager les combattants à donner le meilleur d’eux-mêmes. Après avoir averti à Apollon qu’on l’entendait et le voyait, j’attendis sa réponse.

Il me répondit d’abord en plaisantant, et je souris à son commentaire. Il est vrai que j’aurai pu commencer par ça, mais les gens ici sont venus pour du divertissement, donc autant aborder directement le sujet. Puis, il donna sa vraie réponse : Artémis et Arès. Était-ce une réponse de divertissement, laissant au public deux favoris pour garder un effet de surprise quoi qu’il arrive, ou Apollon ne savait-il simplement pas qui encourager ? Je dois dire que j’aurai parié mon meilleur vin rouge qu’il répondrait Artémis sans hésiter.

"Je vois, ce sont en effet deux candidats très sérieux à la victoire. En effet, n’oubliez pas que même si en terme de combat on peut s’attendre à un dieu de la guerre en favori, l’Embrasement teste aussi l’aptitude à survivre dans des milieux inconnus. Et pour ça, la déesse de la chasse a probablement plusieurs coups d’avance. D’ailleurs, 8 autres candidats participent également à ces jeux, et je suis persuadé que s’ils sont là, c’est qu’ils en ont dans le ventre. Alors qui gagnera cette première édition de l’Embrasement ? Pour le savoir, restez jusqu’à la fin de ce tournoi, qui commence dans 5 secondes, 4, 3, 2, 1.. et go ! C’est parti, l’affrontement entre nos dix candidats a démarré !"

Je repris mon souffle, me rendant compte que je suis complètement absorbé par ces jeux. Puis, je commençai mon réel commentaring.

"Dès le début de cette compétition, on remarque plusieurs stratégies : ceux qui partent loin du centre et de ce qui ressemble à une mêlée générale, ceux qui y participent, et ceux qui font un mix des deux ! Je tiens à vous prévenir cher public qu’afin de n’avantager aucun candidat, je ne pourrai bien sûr pas commenter sur quoi que ce soit qui donnerait des informations aux participants, car ils m’entendent dans l’arène, mais je ferai de mon mieux pour vous donner les commentaires les plus divertissants possibles !"

Je regardai ce qui se passait plus attentivement. Et alors que je le faisais, je vis une touffe rose que j’aurai pu reconnaitre entre mille.

"Je vais peut-être vous surprendre si vous n’avez pas regardé en détail les participants et participantes de ces jeux cher public, mais saviez-vous qu’une Helyantos participait également ? Et oui, Kalis, la ménade du jeu, est dans l’arène en train de représenter les couleurs du merveilleux Panthéon auquel j’appartiens. Et laissez-moi vous prévenir d’une chose : si vous vous risquez à la sous-estimer, vous serez surpris ! Le gagnant de la première édition de l’Embrasement pourrait bien être Helyantos !"

J’étais plus qu’enjoué à l’idée que ma partenaire de toujours participe à ces jeux. Elle me l’avait dit en amont, mais j’avoue que quand j’ai su que j’animerai les jeux, j’ai un peu oublié le reste. Enfin bref, même si face à du Tamarisc pur et dur elle risquait de ne pas faire long feu, je sais qu’elle a la ruse pour aller loin. Et bien que la victoire semble complexe, je la soutiens à fond, et j’espère que mon petit message lui aura fait plaisir. Après tout, l’avoir présentée et complimentée devant toute une arène remplie de spectateurs, c’est quand même une super pub !

"Comme vous pouvez le voir, les premiers combats semblent avoir déjà explosés, la plupart se concluant par l’un des participants fuyant, mais.. OH VOUS AVEZ VU ?? UN CANDIDAT S’EST EFFONDRE AU SOL !!"

J’étais comme un enfant qui venait de recevoir un énorme cadeau. Ce n’était que le premier éliminé, mais je m’étais levé de ma chaise. D’ailleurs, tout le public avait fait de même. Et j’étais encore plus excité à la vue de qui avait causé cette première victime. Oui, il avait déjà été bien amoché par Artémis, mais il n’empêche ! C’est Kalis qui a eu le coup fatal, donc c’est à elle que revient la première victime de ces jeux ! Elle l’a complètement in-cen-dié. Je dirai même mieux, elle l’a Kal’ciné, elle lui a tranché la cerviKal’ alors que lui ne l’avait même pas Kal’culée. Je suis quand même un sacré poète. Bon par contre faudrait peut-être que les secours l’évacuent.

"Bien, cela fait un candidat en moins pour la victoire. Oh et ne vous inquiétez pas, nous avons une équipe médicale qui va prendre soin de chaque éliminé. D’ailleurs, notre ami Apollon va devoir nous quitter puisqu’il en fait partie."

Je me retournai alors vers le dieu des arts avec un sourire.

"Allez, bien que tu risques de manquer au public, file rejoindre l’équipe médicale !"

Oh, médical. Médi’Kal. Ça marche aussi.

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L'Embrasement dans les gradins

Mes yeux parcouraient chacun des décors, les différents écosystèmes m'y à disposition d'une diversité époustouflante. On peut facilement distinguer une forêt, un désert, des marécages, des terrains rocailleux, de quoi offrir l'avantage à chacun petites préférences de chacun. je trouve ça vraiment impressionnant, peut-être même un peu artistique. Je sais bien que ça n'a pour but qu'un aspect pratique pour donner de l'équité dans les combats, mais voir toute cette diversité, je trouverai peut-être ça un peu poétique. De ce que j'entends, Télémaque semble être d'accord avec moi.

- Ca je n'en doute pas.

Mon ton est légèrement amusé, en effet, il n'aurait pas de mal à retrouver qui bon lui semble dans cette arène, son pouvoir serait bien utile dans ce cadre là. Il me demande ensuite si j'ai un favori, alors je réponds machinalement mais honnêtement, les yeux toujours rivés sur l'arène.

- Un favoris ? Non pas vraiment, je ne connais pas grand monde là-dedans. et puis tu sais moi, voir des gens se massacrer entre eux sans raison valable, ça me passe un peu au dessus de la tête. Je suis simplement venue parce que tu me l'as demandé.

En effet, j'ai du mal à comprendre le principe et le but d'un tel évènement, cependant j'arrive à concevoir l'engouement qu'il créer, cette embrasement dans les gradins autant que dans l'arène est compréhensible, l'intensité que créent les combat peut-être grisante, je peux comprendre, même si ce n'est pas forcément mon cas.

Peut-être que mon ton désintéressé est un peu vexant pour lui, mais je ne comptais pas lui mentir. Et puis ma présence ici montre que tant pis si l'activité ne me plait pas en soit, j'ai quand même accepté de venir malgré tout parce qu'il me l'a demandé. Il devrait en être content non ?

Je n'ai pas le temps de lui retourner la question que la voix du présentateur, Dionysos, fait irruption dans l'arène. Il est visiblement accompagné d'apollon avec qui il discutent bien, finissant par lui poser la même question que Télémaque quelques minutes auparavant. les grands esprits se rencontrent on dirait bien.

Après l'arrivée de tous les candidats dans l'arènes, tous plus acclamés les uns que les autres, Le décompte de début des jeux se lance. La pression monte, autant dans l'arène que dans les gradins pour sûr. Lorsqu'enfin la sirène de départ retentit, tout se passe très vite, et pour être honnête je n'arrive pas à tout suivre des yeux. Certains se ruent vers le centre tandis que d'autres le fuient hâtivement. Je suis surprise lorsqu'après quelques instants seulement, l'un des candidats s'écroulent au sol, évènement vivement commenté par Dionysos dans la foulée. En voilà un qui s'est surestimé, ou qui a sous-estimé ses adversaires, son égo risque d'en prendre un sacré coup.

Apollon quitte ensuite notre présentateur pour rejoindre l'équipe médicale, en effet ils vont en avoir bien besoin, parce qu'au vu des bruits qu'on trouve dans l'arène, ça va rapidement devenir une boucherie à l'état pure... J'espère que l'équipe médicale est parée parce qu'ils vont avoir beaucoup de boulot.

Bon sang, j'ai du mal à me faire à l'idée que l'on puisse décemment et aussi facilement faire du mal à quelqu'un. La seule fois où je l'ai réellement fait dans ma vie m'a valu tellement de malheurs et de problèmes que j'en fais encore des cauchemars aujourd'hui. Et eux sont acclamés pour faire souffrir les autres alors que moi je suis détestée, jugée, pointée du doigt et qualifiée de monstre pour les même raisons... A la différence près qu'eux n'ont pas de justificatif concret, ils se massacrent parce qu'ils sont adversaires dans une arène. Ils blessent de sang froid et restent impassible, comme si ça ne leur faisait strictement rien d'entendre leur ennemis hurler de douleur, alors que moi, j'entends encore ses cris dans mes oreilles, je vois encore ses yeux terrifiés posés sur moi, je sens encore son sang sur mes mains... Comment font-ils, bon sang ?

Je crois que mes sourcilles sont froncées à l'intention de l'arène, peut-être que cela passe pour de de l'attention particulière aux évènements qui se déroulent sous mes yeux. Lorsque j'en prends conscience, j'essaie de me dérider un minimum, avant de m'adresser à Télémaque.

- Et toi ? Un favoris je suppose, ou des pronostics à émettre ?

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L'Embrasement dans les gradins

L'entendre dire qu'elle ne doutait pas de moi me faisait chaud au cœur. A vrai dire, je m'étais demandé à de nombreuses reprises quelle était mon utilité dans ce nouveau monde. Bien sûr, j'avais déjà en quelque sorte gagner bien des choses. J'étais revenu à la vie, ou à une nouvelle vie si je n'étais pas encore mort dans l'ancienne, j'avais reçu un pouvoir, je pouvais repartir de zéro. Mais parfois, je me sentais inutile et on me rappelait bien souvent qu'après tout, c'était ma place, puisque je n'étais qu'un mortel. Je feignais l'indifférence mais au fond, l'entendre me faisait du mal. Je ne m'étais confié à personne sur ça, je n'avais pas envie d'embêter les gens avec mes soucis qui me paraissaient bien infimes à côté d'autres choses. Je n'allais donc pas embêter Uranie avec mes états d'âme.

En parlant d'Uranie, j'écoutais attentivement sa réponse à ma question. Les émotions que je ressentis à la fin de celle-ci s'entrechoquèrent dans ma tête. Elle venait de m'avouer que cet événement ne l'intéressait pas. Donc j'avais clairement fait un mauvais choix en lui proposant de m'accompagner. Et en même temps, elle m'affirmait être venu pour moi. Ce qui signifiait qu'elle était là juste pour moi. Et rien que cette pensée fit battre mon cœur plus fort.

"Je.. euh... Je suis désolé que ça ne te plaise pas..."

Ma tête se baissa un instant. Oui, j'étais bien sûr content qu'elle soit avec moi. Mais si c'était pour qu'elle ne soit pas heureuse, alors je ne l'étais pas non plus. Le flot de mes pensées fut interrompu par la voix du Dieu du vin.

Dionysos était vraiment à fond dans son rôle. Un présentateur hors pair. J'étais certain qu'il allait animer cet événement comme personne. Et à ses côtés, il s'agissait nulle autre que de mon colocataire préféré. Toujours ensemble pour faire le show, et ça leur allait à merveille. Apollon avait cette extravagance que je n'aurai certainement jamais. Mais ça me convenait très bien comme ça.

J'étais en revanche étonné par la réponse du Dieu. C'était comme si... il hésitait. Venant de lui, c'était vraiment très étonnant. Pour moi, il n'aurait pas dû. Et en même temps... Je repensai à la conversation qu'on avait eu le soir où il était rentré de l'île. Et je savais des choses que les autres ne savaient pas. Je m'abstins de tout commentaire mais un petit sourire en coin s'invita sur mon visage un instant.

Les candidats arrivèrent dans l'arène et des acclamations se firent entendre un peu partout. Je ne me mêlais pas à l'engouement général, encore un peu triste d'avoir déçu Uranie. Je tentai de rester concentré sur ce qu'il se passait dans l'arène, une fois le décompte terminé. Dionysos tentait de tout commenter en temps réel mais, en ce début de compétition, ça restait très compliqué. Ça bougeait de partout. Il y avait ceux qui se précipitaient vers le centre de l'arène pour certainement récupérer des armes, ceux qui en profitaient pour commencer les hostilités et ceux qui s'enfuyaient en direction de la forêt. Une stratégie très intéressante qui permettait de se mettre à couvert pendant que les premiers concurrents réglaient leurs comptes.

D'ailleurs, un premier concurrent se prit des flèches d'Artémis. Il s'en était pris à la mauvaise personne celui-là. Mais elle s'envola sans finir le travail. C'était sacrément étonnant. L'Embrasement réservait bien des surprises. Et en voilà une nouvelle puisque ce fut Kalis qui s'occupa d'achever le malheureux. Décidément. Dionysos était comme un fou dans sa cabine. En même temps, Kalis avait l'air d'être sa favorite dans cette compétition. Cela força Apollon a quitté sa cabine puisqu'il faisait partie de la fameuse équipe médicale qui avait été dépêchée pour l'occasion. Il m'en avait parlé quelques jours auparavant.

Je tournai la tête vers Uranie et vis que ses sourcils étaient froncés. Était-ce signe qu'elle se concentrait sur ce qu'il se passait actuellement dans l'arène ? Mais elle avait dit que ça ne l'intéressait pas. Est-ce que quelque chose d'autre la tracassait ? Alors que j'allais lui demander si tout allait bien, elle me posa à son tour une question, essayant de reprendre un visage simple.

"Moi ? Oh... euh, je n'y avais pas vraiment réfléchi. Je voulais surtout... passer du temps avec toi... Mais euh, au vu des personnes présentes... Je pense qu'il y aura encore des surprises. La logique voudrait qu'on réponde Arès ou Artémis, le premier étant un très bon combattant et la deuxième ayant également un bon sens de la stratégie. Mais je dirais que Kalis a plus d'un tour dans son sac. Et Lenneth n'a pas montrer réellement ce dont il était capable."

J'essayai de me reconcentrer sur l'arène. Je ne doutais pas que mes joues aient pris une petite teinte rosée et je tentai de la faire disparaitre avant qu'Uranie ne s'en rende compte.

"En revanche, j'espère qu'ils ont prévu de quoi protéger l'équipe médicale. Je ne doute pas de la capacité d'Apollon à se défendre mais s'il est occupé avec un blessé, il faudrait éviter que les autres concurrents s'en prennent à lui."

Parce que bon, ils étaient peut-être au courant qu'il s'agissait à la base d'un jeu, mais une fois dans le combat, certains perdaient rapidement le peu de neurones qui leur restaient et étaient capables de taper sur tout ce qui se trouvait sur leur passage. Même s'ils n'étaient pas des concurrents de cette épreuve.

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L'Embrasement dans les gradins

Dionysos a l’air satisfait, bien que surpris, de ma réponse. Il s’attendait certainement à ce que je réponde Artémis sans une once d’hésitation. Ce que j’aurai sans doute fait il y a quelques semaines. Enfin bon, ça ne perturbe pas le dieu du vin tant que ça puisqu’il enchaîne sur d’autres commentaires et, bien entendu, sur le lancement de l’épreuve.

Tout en écoutant les commentaires, pleins de motivation et d’énergie, de Dionysos, je fixe mon regard sur l’arène. Pour suivre les combats et l’avancée de mes proches, bien entendu, mais aussi pour ne pas négliger mon travail ici. Après tout, pour pouvoir intervenir avec le reste de l’équipe de l’infirmerie, il faut bien que je sois attentif afin de savoir où et quand il y a des blessés. Parce que je ne doute pas une seule seconde qu’il y en aura.

— Comme vous pouvez le voir, les premiers combats semblent avoir déjà explosés, la plupart se concluant par l’un des participants fuyant, mais.. OH VOUS AVEZ VU ?? UN CANDIDAT S’EST EFFONDRE AU SOL !!

Qu’est-ce que je disais ? Ça a dû faire mal. Au moins, celui-là ne sera pas très compliqué à trouver, il est au beau milieu de la zone de mêlée. Zone qui se vide peu à peu que les combattants se répartissent dans les différents espaces. Artémis s’est transformée et s’envole vers l’environnement forêt de la zone. Etonnant choix. Le plus étonnant étant peut-être qu’Arès semble la suivre. Ils veulent s’affronter ? Est-ce que leur combat sur l’île ne leur a pas suffi ? Enfin bon, qui suis-je pour juger de relations entre Tamarisc. Je ferai mieux d’aller faire mon travail et de les laisser gérer.

Je souris à Dionysos et, comme il me l’a si gentiment demandé, le quitte pour rejoindre l’emplacement de l’équipe médicale. Bon, plus qu’à redescendre tous les gradins. Au passage, j’en profite pour regarder un peu les spectateurs qui se sont regroupés pour regarder les jeux. J’en reconnais quelques-uns notamment Mégara, Uranie et Télémaque. J’espère qu’ils passent un bon moment même si je dois avouer que je suis un peu étonné de les voir là. Je ne connais pas vraiment Mégara, mis à part nos interactions durant l’île, mais je connais, en revanche très bien Uranie et Télémaque. Or, je ne crois pas que voir des Tamarisc se taper dessus fasse partie de leurs loisirs. Enfin bon, ils font bien ce qu’ils veulent. De toute façon, je n’ai pas vraiment le temps d’aller discuter avec eux.

Je rejoins rapidement le reste de l’équipe pour que nous nous organisions. Nous finissons par décider qu’étant le seul qui possède des compétences au combat, je vais aller chercher les blessés dans l’arène avec un assistant, tandis que les autres vont rester dans l’infirmerie installée ici pour l’occasion, pour soigner et s’occuper des participants qu’on leur amènera.

Bien, allons-y. Avec mon assistant, nous prenons de quoi transporter le blessé. Un membre de l’équipe médicale est parti prévenir Dionysos de notre venue pour qu’il fasse une annonce et, qu’ainsi, toutes les personnes présentes dans l’arène soient au courant de notre présence. On ne sera pas en sécurité pour autant mais, au moins, on a moins de risque de se prendre une flèche ou un coup d’épée perdue. Une fois l’annonce faîte, j’entre donc dans l’arène, un côté de la civière dans une main, ma lyre dans l’autre. On est jamais trop prudent.

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L'Embrasement dans les gradins

Le jeune homme, je le savais, n'était pas du genre bavard. Alors après cet échange banal, je le laissais tranquille, regardant de temps en temps le dessin qu'il était en train de faire. Il avait du talent. J'écoutais distraitement le discours de Dionysos puis son interview d'Apollon. Ses paroles semblaient agiter les gradins autour de moi. Tout le monde s'attendait à une réponse et ce qu'il donna à manger au public était légèrement différent de la version à laquelle on s'attendait. Je n'y fis pas vraiment attention, j'avais bien assez de mon tumulte intérieur à gérer.

Et il n'allait pas s'estomper avec l'arrivée des candidats de l'épreuve. Dix candidats. Mais alors... Pourquoi je n'en comptais que neuf ? Etais-je si loin que ça pour en avoir rater un ? Et surtout, pourquoi celui qui manquait était celui que j'attendais le plus ? Où était Héraclès ? Je me mis à me ronger les ongles de nervosité, regardant tout autour de moi. Ça ne semblait pas surprendre grand monde. La plupart n'avait sûrement pas fait attention. Qui s'amuserait à compter les candidats dans ce genre de moment ?

Dionysos donna le top départ et je scrutais tout ce que je pouvais dans l'espoir de le voir arriver en retard. Mais non, toutes les portes étaient closes. Aucun signe de mon lionceau. Ma respiration ne s'arrangeait pas avec le monde autour de moi qui commençait à s'agiter avec les premières effusions de sang dans l'arène. Je n'aimais pas ça. Je n'avais rien à faire là. C'était pour lui que j'étais venue mais il n'était pas là. Il s'était passé quelque chose et je n'étais pas là pour lui. Alors que je lui avais promis de toujours être là pour lui.

Je me levai en hâte, manquant de tomber à cause de ma robe et du tournis qui venait de me prendre. Même en prenant de la hauteur, je ne vis rien de plus. Il n'était tout simplement pas là. Il fallait que j'aille le chercher.

"Je suis désolée Hypnos, je ... Je dois y aller."

Je me dirigeai donc vers les escaliers, voyant de loin Apollon qui descendait. Il rejoignait certainement l'arène pour récupérer le premier éliminé pour le soigner. Moi, je me rendais à l'opposé. Me tenant aux rambardes pour descendre sans encombre vers la sortie. Cette foule ne me mettait pas à l'aise. Je n'avais pas ma place ici. J'avais besoin de lui pour surmonter tout ça. Je devais le retrouver. Je poussai donc les lourdes portes de l'arène, sous le regard étonné de ceux qui les gardaient. Mais je ne fis pas attention à eux. J'étais déjà assez contente de retrouver l'air libre. L'air respirable, sans personne autour de moi.

Je m'éloignai au maximum, il n'y avait personne dans la cour, tous étaient dans les gradins ou dans l'arène. Peut-être qu'il restait des personnes dans leurs dortoirs ou qui se baladaient ailleurs. En tout cas, je ne croisai personne sur le chemin. Je tirai sur ma robe, cherchant encore de l'air. Je crus entendre des coutures craquer mais l'état de mon vêtement ne me préoccupait pas. Des vêtements ça se recommande. En revanche, je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Je faisais une crise de panique ? Je savais que je n'avais pas été bien depuis les derniers événements et mes disparitions qui... s'enchainaient un peu trop à mon goût. Mais j'allais bien depuis que j'avais mis de l'ordre dans mes pensées. Etait-ce la foule ? Ou le fait que je ne savais pas ce qui était arrivé à Héraclès ? Je n'en avais aucune idée. Est-ce que je devrais commencer par aller voir Hestia peut-être ? Mais n'était-elle pas elle même à l'Embrasement avec tous les blessées qu'il allait y avoir ?

Je m'assis un instant sur un banc. Je pris une grande respiration. Le calme environnant me faisait du bien. Première étape, retrouver le Héros. Le reste, j'aviserai une fois que je l'aurai trouvé.

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