Se battre pour l'avenir

Il faisait sombre. Trop sombre. Je ne savais pas où j’étais. Mais toute cette noirceur m’oppressait. Je tentais de faire quelques pas mais un rire m’interrompit. Un frisson remonta le long de mon dos. Je connaissais ce rire. Je ne le connaissais que trop bien. J’avais déjà eu exactement le même.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Je fis volte-face pour me retrouver face à une mortelle à l’allure spectrale. J’aurais pu croire être face à un miroir si elle n’avait pas cette aspect si fantomatique.

« Ne fais pas l’étonnée. Tu sais bien que tu as existé avant d’atterrir à l’académie. Je suis celle que tu étais avant que tout reparte à zéro. »

Je restai un instant muette. Sa voix était froide et elle me toisait de loin. Pourtant, ce n’était que de la tristesse que je lisais dans son regard. Un désespoir sans fin qui semblait la consumer au moins autant que les flammes bleues qui dansaient autour d’elle.

« Que t’est-il arrivé ?
- Je suis morte. De la main de mon mari, à cause de la jalousie d’Héra. »

Je serrais les dents. La référente des Sollerys m’avait pourri la vie avant que je ne renaisse alors… Et après je me demandais pourquoi je détestais les roses mais finalement, ça partait peut-être de là. Même si elle n’était pas celle que je détestais le plus à l’académie, je ne pouvais que haïr celle qu’elle était avant.

« Pour quelle raison ? Il était… son amant ? »

Pour toute réponse, j’eus droit à un éclat de rire froid et distant. Je la vis s'approcher de moi et me tourner autour. Il n'y avait aucun bruit mais j'avais presque l'impression d'entendre le son de ses talons sur le sol.

« Son amant ? Mais pas du tout voyons. Héraclès et moi filions le parfait amour, nous avions même des enfants.
- Une seconde… Tu as dit Héraclès ?
- Oui, pourquoi ? Oh… Ne me dis pas que tu es amoureuse de lui dans cette vie aussi ? Remarque, je ne peux que comprendre ton choix... »

J’avais plaqué une main sur ma bouche. Alors c’était ainsi que ça devait se terminer. Pourquoi fallait-il que ça se finisse toujours mal. Est-ce que notre séparation à la Garderie était liée à ça ? Etait-ce une erreur que les Moires avaient considéré que je ne devais pas reproduire ?

« Ne fais pas ça… Tu risquerais de souffrir… »

Elle s’était encore un peu plus approchée de moi et je sentis comme un souffle qui caressait ma joue. En relevant le regard vers elle, je vis sa main qui était posée sur ma joue. Mais je ne pouvais pas la sentir. Elle était immatérielle. Une larme s’écoula le long de ma joue, traversant sa main.

« A moins que… ce ne soit déjà le cas ? Que s’est-il passé ?
- Les Moires nous ont séparés en me faisant quitter la Garderie en première. Et quand il est arrivé à son tour à l’académie… durant nos retrouvailles, il y a eu un accident. Il m’a… Il m’a projetée contre une fontaine. Il s’en voulait tellement de m'avoir blessée qu’il ne voulait plus que je l’approche. J’ai bien tenté de retourner vers lui mais il me fuyait…
- L’histoire se répète… Après ma mort. Après notre mort, il était inconsolable et il s’en voulait terriblement… Continue.
- Deux cycles sont passés où nous n’avions plus de contact. Chacun a évolué de son côté et j’ai préféré refouler mes sentiments car rien que le voir m'éviter me faisait souffrir. Mais j’ai fini par me rendre compte qu’il était le seul dont j’avais besoin, le seul que j’aimais et je… je suis retournée le voir et je l’ai forcé à m’écouter.
- Tu l’as forcé ?
- Oui, dans cette vie, j’ai un pouvoir. Celui de pouvoir demander ce que je veux à n’importe qui par la seule volonté de mes mots et ma voix. »

Un léger sourire apparut sur son visage. J’en concluais qu’elle n’avait pas cette possibilité avant. Les pouvoirs étaient une nouvelle partie de notre vie.

« Est-ce que tu as réussi ?
- Réussi… quoi ?
- A le retrouver. A reconquérir son cœur perdu.
- Oui... »

Un sourire apparut cette fois sur mon visage. C’était ainsi à chaque fois que je pensais à lui, à chaque fois que j’étais avec lui. Je l’aimais profondément. Je l’aimais à en mourir. Et je ne pouvais concevoir de me séparer un jour de lui, ou qu’il me blesse. Pas volontairement. Comme dans notre autre vie.

« Tu as peut-être brisé la malédiction. Ne te prive pas de vivre à cause de ce qu’il s’est passé dans cette autre vie. Tu es plus forte que moi et plus intelligente. Vous pouvez survivre à tous les obstacles. Bats-toi pour ça. »

Sa voix était différente de tout à l’heure. Plus chaleureuse, plus confiante. C’était comme si elle posait tous ses espoirs sur moi. Comme si, pour elle, je pouvais sauver ce qu’elle n’avait pas pu sauver. Les choses étaient différentes.

« Je vais devoir y aller…
- Ne me laisse pas ! J’ai besoin de tes conseils… J’ai besoin de toi !
- Mais je serais toujours avec toi. Je suis là… »

Sa main glissa vers ma poitrine et se posa sur mon cœur. Elle était toujours là, quelque part au fond de moi. Elle était moi. Elle me prit dans ses bras. Même si je ne sentais pas son corps contre le mien, je sentais la chaleur qui émanait de cette démonstration d’affection. Je fermai les yeux et, à mon tour, je refermai mes bras sur son corps. Mais je ne trouvai que le vide. Je tombai à genoux sur le sol froid. Elle s’en était allée.

« Je suis là… »

Je rouvris les yeux et la lumière du jour m’éblouit. Je m’étais relevée d’un coup dans mon lit, la respiration haletante.

« Hey, hey Meg… Je suis là. »

Je tournai ma tête, paniquée, vers la voix qui m’avait interpellée. Héraclès. Je fondis en larmes et me réfugiai dans ses bras. Ses mains rejoignirent aussitôt ma taille et ma tête qu’il caressa affectueusement.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? De quoi as-tu rêvé Meg ?
- Je… ne sais plus… »

« Bats-toi pour ça. » Je reculai légèrement mon visage. Une voix résonnait dans ma tête. Je posai alors mes mains de part et d’autre du visage du Héros.

« Je ne veux plus jamais être séparée de toi. Je t’aime, Héraclès.
- Je serai toujours avec toi, ma lionne. Je t’aime aussi. »

Il me serra un peu plus dans ses bras alors que mes lèvres rejoignaient les siennes, comme si je scellais ses paroles d’un baiser. Nous serons ensemble, pour toujours.

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Codage par Libella sur Graphiorum