Il est l'heure...

Voilà des semaines que je travaillais dur sur ce projet qui me tenait à cœur.  Et il y avait une personne à qui je voulais le montrer en particulier. Une personne qui m’avait aidé à prendre confiance en moi depuis la première fois où je l’avais vu. Une personne qui croyait en moi et qui avait toujours su trouver les mots pour m’aider. Uranie.

Elle était devenue mon amie au fur et à mesure de nos discussions depuis notre rencontre au planétarium suivie de cette fameuse balade nocturne où elle avait accepté le café que je lui avais proposé. Je ne suis pas sûr qu’on avait vraiment le droit d’être dehors ce soir là. Mais on s’en fichait sur le moment. On voulait juste continuer cette journée pour apprendre à nous connaître. Et le courant passait bien. Étant dans le même sanctuaire, on se croisait assez régulièrement.

Mais là, je l'avais cherchée dans toute l’académie après les cours. J’étais même allé au planétarium mais elle n'y était pas non plus. Découragé, je m’étais résolu à rentrer, avec un air un peu triste sur le visage, au sanctuaire Ipomea. Quelle ne fut pas ma surprise en entendant un magnifique air de piano alors que j’entrais à peine. J'écoutais le morceau joué par mon amie, m’approchant doucement pour ne pas la déranger. Je m’assis dans l’un des fauteuils non loin, captivé par son talent. Lorsqu’elle eut fini, je l’applaudis avec un grand sourire.

« Ouah Uranie, c’était magnifique ! Dis moi… est ce que tu es.. disponible ? J’aimerai beaucoup te montrer quelque chose. Enfin, si tu veux bien... »

J’avais baissé légèrement le regard, un peu stressé. J’étais fier de mon travail. Mais le fait de lui montrer, même si je savais qu’elle était bienveillante et qu’elle m’avait toujours soutenu, faisait monter en moi une petite angoisse. Je triturais un peu mes doigts en attendant sa réponse.

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Il est l'heure...

Hum tiens ? Une partition ? Je me penchai pour récupérer la précieuse feuille visiblement égarée par son propriétaire. Je lis doucement les notes, mais ne reconnais aucune mélodie que j'ai déjà pu entendre, ce doit être une composition originale. Je vais l'emporter avec moi, peut-être que je finirai par retrouver son propriétaire, si je la joue il entendra et reconnaitra peut-être son morceau. Ce serait triste de perdre le fruit d'un dur labeur comme ça, et je n'ai pas envie qu'on la piétine. Enfin pour le moment j'ai autre chose à faire. Je dois rejoindre ma prochaine salle de classe et vite, je suis légèrement en retard, j'aurais du déchiffrer cette composition en marchand.

le reste de la journée j'ai couru un peu dans tous les sens, allant de salle en salle, cours après cours. C'était une journée assez chargée je dois l'avouer, mais heureusement pour moi, je n'ai pas de travail pour ce soir, je me suis déjà bien avancée et j'ai du temps avant mes prochains devoir à rendre. Cela me laisse le temps de me pencher plus sérieusement sur cette mystérieuse partition égarée.

Je rejoins la salle commune des ipomea, estimant que c'est ici que j'aurais le plus de chance d'interpeller l'auteur de cette partition. Je m'installe au piano et doucement comment à jouer tout en lisant les notes une par une. A force de répétition je trouve un rythme et ce morceau devient plus fluide. Après une énième fois à jouer cette même composition, je fus interpellée par des applaudissements. J'en cherchai rapidement la source et mes yeux se posèrent sur Télémaque, immédiatement un léger sourire se dessina sur mes lèvres.

- Ouah Uranie, c’était magnifique !

mon sourire se renforça, je suis heureuse de le voir.

- Merci, cette partition n'est pas de moi, je l'ai trouvée par terre ce matin, alors j'essaie de voir ce que je peux en faire.

- Dis moi… est ce que tu es.. disponible ? J’aimerai beaucoup te montrer quelque chose. Enfin, si tu veux bien...

Je remarquai rapidement que Télémaque n'était pas dans son état normal, il semble très stressé. Je le vois jouer avec ses doigts la tête baissée alors qu'il attend ma réponse. Je commence à bien le connaitre maintenant, nombre de semaines se sont écoulées depuis notre rencontre au planétarium. Nous avons énormément discuté et nous sommes devenus assez proches, il est un ami précieux à mes yeux. Je lui fais confiance et je sais que si j'ai besoin d'aide il sera là pour me tendre la main. J'avoue que je crois savoir ce qu'il veut me montrer, nous en avions beaucoup parlé au planétarium, est-ce qu'il se sentirait prêt à me montrer ses créations ? Se sent-il assez en confiance et à l'aise avec moi pour me présenter son travaille qu'il a tant de mal à montrer au grand jour ? Si c'est cela je suis si heureuse et fière de lui !

Il semble déjà assez stressé alors je ne vais pas lui rajouter une couche d'angoisse et d'embarras, je préfère faire comme si je ne me doutais de rien. Je me relève et attrape la partition avant de me rapprocher de Télémaque un sourire doux et rassurant posé sur mes lèvres.

- Bien sûr, je te suis.

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Il est l'heure...

"Merci, cette partition n'est pas de moi, je l'ai trouvée par terre ce matin, alors j'essaie de voir ce que je peux en faire.

- Oh, je vois. Eh bien, je trouve que tu lui fais honneur et que l'auteur pourra être fier de voir son morceau aussi bien joué."

Je lui fis un petit sourire avant que mes pensées ne se reconnectent et me rappellent pourquoi je cherchais la muse depuis tout ce temps. Voilà le stress qui s'installa et m'empêcha de trouver mes mots. Moi qui étais d'habitude assez à l'aise quand je parlais avec elle, voilà que je me mis à buter sur les mots. Et si elle n'aimait pas ? Et si ce que j'avais tissé depuis des semaines ne lui plaisait pas ? Tant de questions tournaient dans ma tête. Et même tout simplement, si elle n'avait pas le temps ou ne voulait pas voir ce que je voulais lui présenter ? Ridicule...

"Bien sûr, je te suis."

Elle avait accepté. Bien sûr qu'elle avait accepté. Peut-être même qu'elle se doutait déjà de ce que je voulais lui montrer. Elle me voyait stresser avec pour projet de dévoiler quelque chose qui me tenait à cœur. Nous en avions parlé donc j'étais certain qu'elle s'en souvenait. Mais elle resta neutre avec un sourire rassurant qui ralentit légèrement les battements de mon cœur.

"Je l'ai laissé dans ma chambre, je ne veux pas que tout le monde le voit... Mais... euh... c'est vraiment pour te montrer quelque chose, pas pour te faire venir exprès dans ma chambre !"

Et voilà que je m'enfonce tout seul à présent. Je souffle un coup, tête basse.

"Je suis désolé, je suis un peu... stressé. Je pense que tu l'as remarqué."

Je lui fis un petit sourire timide. Mon cœur avait recommencé à faire des bonds dans ma poitrine et ma respiration s'était accélérée. J'avais confiance en elle et je savais que, même si elle n'aimait pas, elle trouverait des remarques constructives à faire. Mais j'espérais vraiment que ça allait lui plaire. Je me mis en route vers ma chambre en espérant qu'elle ne soit pas gênée de m'y suivre.

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Il est l'heure...

Je remarquai que mon attitudes apaisait légèrement Télémaque, tant mieux, je n'aime pas le voir aussi stressé. Je sais que cela n'a rien à voir avec moi, mais je suis tout de même un peu triste de le voir angoisser à l'idée de me montrer quelque chose.

- Je l'ai laissé dans ma chambre, je ne veux pas que tout le monde le voit... Mais... euh... c'est vraiment pour te montrer quelque chose, pas pour te faire venir exprès dans ma chambre !

Un léger rire passe la porte de mes lèvres alors que je le vois s'enfoncer tout seul. J'espère un peu que ce rire pourra détendre l'atmosphère. Je pose une main dans son dos toujours avec ce même sourire rassurant.

- Ne t'inquiète pas, je te fais confiance, je sais que tu n'as pas les idées mal placées.

- Je suis désolé, je suis un peu... stressé. Je pense que tu l'as remarqué.

Je lui souris et monte ma main sur sa tête pour lui ébouriffer un peu les cheveux.

- Je vois ça, mais tu sais que je ne permettrai jamais de te dénigrer alors essaie de te détendre d'accord.

Je me sens plus à l'aise avec lui par rapport à la notre rencontre, je m'étais complètement braquée lorsqu'il avait voulu établir un contacte physique avec moi, c'est différent maintenant. Je ne suis pas du tout inquiète à l'idée qu'il m'emmène dans sa chambre, je sais bien qu'il n'a aucune mauvaises intention, c'est pourquoi je n'hésite pas à le suivre. Nous faisons le chemin jusqu'à sa chambre, j'espère qu'il va réussir à se calmer un peu, même si j'en doute fort. Je trouve cela dommage, d'autant plus que je suis persuadée qu'il à réalisé un merveilleux travaille.

Je lui ai déjà exposé ma manière de penser, il sait que je suis d'avis qu'une œuvre d'art réalisée avec amour ne peut qu'être de qualité, même si elle ne l'est pas aux yeux de tout le monde d'un point de vu technique, elle l'est, sans aucun doute, et ceux qui ne le voient pas ne peuvent pas se venter d'être artiste ou d'aimer l'art. Je finis par tenter à nouveau de le rassurer sur le trajet, parce que je crois que si cela continue il va s'évanouir avant d'arriver à sa chambre.

- Télémaque, je sais que tu stresses énormément, mais tu sais ce que je pense, une œuvre d'art est incontestablement parfaite si elle a été conçue avec amour et passion. Et te connaissant, je me doute que tu as du passer des semaines et recommencer plusieurs fois avant d'enfin te décider à me la présenter.

Je ne suis pas sûre que ça aide j'avoue, je ne suis pas très douée pour rassurer les gens pour être honnête. Je préfère ajouter, d'un ton doux et sincère, accompagné d'un même sourire.

- Je te remercie de me faire assez confiance pour me permettre de voir tes œuvres, j'en suis très heureuse et honorée.

Je lui offre l'un de mes plus beau sourire, j'espère avoir pu l'aider un minimum...

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Il est l'heure...

J'étais paniqué à l'idée qu'elle puisse penser que je voulais l'emmener dans ma chambre pour autre chose. Le rire cristallin qui passa ses lèvres me fit comprendre que je m'étais allègrement trompé. Elle me connaissait, elle savait que je n'étais pas comme ça. Sa main dans mon dos et son sourire rassurant finirent par me convaincre qu'il n'y avait aucun malentendu et qu'elle me croyait. J'étais content de cette complicité qui s'était développée entre nous. Elle m'ébouriffa alors les cheveux et je pris un air faussement vexé.

"Eh... Oui, je vais essayer, promis, petite étoile."

Je lui fis un petit sourire sincère. Sa présence à mes côtés me faisait vraiment du bien. Et ses paroles, ainsi que ses gestes, m'apaisaient énormément. Je me sentais plus en confiance, et plus serein, lorsque je me mis en route vers ma chambre, qui se trouvait à l'étage. Mais plus on s'approchait, et plus le stress remontait. Foutu manque de confiance en moi. Mais Uranie, elle, avait confiance en moi, et m'avait toujours assuré qu'elle ne doutait pas de mes talents. Et qu'elle serait patiente, jusqu'à ce que je sois prêt à lui montrer mon travail. Et, au fond, je me sentais prêt. Je souris à sa dernière phrase.

"Tu me connais bien... J'ai passé des semaines dessus et je ne t'aurais pas proposé de voir ce que j'ai fait si je n'étais pas satisfait du résultat. Mais, tu es la première qui va le voir, alors, c'est un peu... intimidant ?"

Uranie ne me faisait pas peur, pas sur ce plan là, car je la savais bienveillante et elle avait toujours su me rassurer, même sans avoir vu une seule de mes tapisseries. Mais aujourd'hui, elle allait en voir une très spéciale. Une que j'avais réalisé ces dernières semaines. Spécialement pour elle.

"Merci à toi d'accepter de venir les voir."

Je poussais la porte de notre chambre. Il n'y avait personne et c'était tant mieux. Je lui fis signe de me suivre vers le petit coin qui m'était réservé et ouvris les rideaux pour la laisser entrer. Ma tapisserie était posée sur mon lit, recouverte d'un drap qui en cachait la totalité. Je fixais le drap un instant. Puis, je fermai les yeux et pris une grande inspiration. Quand je me sentis prêt, je retirai délicatement le drap pour laisser apparaitre la tapisserie.

Elle représentait Uranie avec un doigt sur la bouche, intimant le silence, mais avec une expression souriante. Comme moi je la voyais. Et juste en arrière plan, j'avais représenté, dans le ciel, la constellation du Loup. Celle qu'elle m'avait expliqué et dessiné lors de notre première rencontre. Je me reculai afin de lui laisser la possibilité de s'approcher, si elle voulait la voir de plus près...

L'image dont je me suis inspirée pour la tapisserie:

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Il est l'heure...

J'ai l'impression que l'aide que j'ai pu lui apporter pour le calmer aura été efficace sur une courte durée. J'ai comme l'impression que chaque pas qu'il fait provoque une vague d'angoisse en lui. Je me sens mal de la voir comme ça, j'aurais aimé qu'il n'angoisse plus du tout à l'idée de me présenter ses œuvres. Mais je suppose que le fait que ce soit la première fois est un facteur très important à prendre en compte. Le temps fera les choses, il stressera de moins en moins à l'idée de m'exposer ses créations, enfin je l'espère.

On finit par arriver devant sa chambre et après avoir vérifié qu'il n'y avait personne, il m'invita à rentrer. Je suis un peu soulagée que ses colocataires soient absents, même si je sais qu'Apollon en fait parti et je lui fais entièrement confiance pour ne pas me créer de quelconques ennuis. J'estime que ce moment nous appartient, c'est à moi que Télémaque veut montrer son œuvre. Je me demande s'il a déjà montré ses tapisseries à ses colocataires. Ce serait prétentieux de penser que je suis la première à voir une de ses tapisseries.

En rentrant je ne me permis pas d'inspecter les lieux, je n'ai pas envie de briser cette notion de sphère privée. Chaque partie de leur chambre est séparée par un rideau, c'est plutôt pratique. Télémaque dégage son rideau et me laisse ainsi pénétrer dans sa partie de la chambre. Je me permets cette fois-ci de zieuter un peu les environs. Sa chambre est plutôt bien rangée, quelques livres trainent sur son bureau, des affaires pour chat se trouvent près de son lit, lit double sur lequel était étendu un drap cachant visiblement quelque chose.

Je préférai rester silencieuse alors que je vis Télémaque prendre le temps de respirer en regardant ce drap, je suppose que la tapisserie qu'il veut me montrer se trouve en dessus. Il hésiterait encore, peut-être qu'il a changé d'avis, qu'il n'est pas prêt à me montrer son travail ? Je lui laissai ce petit temps à lui, sans intervenir, il a sûrement besoin de respirer.

Il finit par retirer ce drap et ce que j'y découvris me coupa le souffle. Là, se trouvait une tapisserie me représentant, le doigt sur la bouche, un léger sourire aux lèvres. On pouvait voir la constellation du Loup en arrière-plan celle là même dont je lui avais parlé le jour de notre rencontre. Cette tapisserie est sublime, chaque centimètre de cette œuvre rayonne de beauté, je ne me suis jamais trouvée aussi belle que sur cette tapisserie. J'étais persuadée qu'il était bourré de talent, je ne m'étais pas trompé. On voit tout de suite le temps et l'amour qu'il a investi dans ce projet, ce projet fait en mon honneur qui plus est. Jamais on ne m'a porté une telle attention par le passé. Je sens l'émotion grimper en moi. Il est rare que je montre ce que je ressens, mais cette fois c'est plus fort que moi...

Je restai silencieuse pendant un moment, incapable de prononcer quoi que ce soit. Ma main se porta à ma bouche et je la vit légèrement trembler sous l'émotion. Je sentis les larmes me monter aux yeux alors que j'observais chaque détaille de cette création. Bon sang, il y avait longtemps qu'une œuvre ne m'avait pas fait autant d'effets. Toujours en proie à cette émotion, je me tournai vers Télémaque et le pris dans mes bras, je le serrai fermement contre moi alors qu'une larme roula sur ma joue. les seuls mots que j'arrivai à articuler furent :

- Merci Télémaque...

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Il est l'heure...

L'angoisse de la première fois. Celle qui était souvent là, tapie dans l'ombre, en attendant de surgir au moment où on ne voudrait pas qu'elle soit là. Peu importait la première fois, elle était toujours là. Et c'était celle qui se manifestait en moi actuellement. Malgré toute la confiance que j'avais en Uranie, je n'arrivais pas à faire taire ce stress qui faisait les montagnes russes dans mon ventre. J'aurai aimé savoir le cacher un peu mieux que ça. Je ne voulais pas qu'elle me voit comme ça. Car à force, je savais comment elle fonctionnait. Et je savais aussi que son inquiétude sur mon état ferait qu'elle se sentirait mal pour moi. Et je ne voulais pas qu'elle soit ainsi à cause de moi.

Une fois arrivés devant ma chambre, je rentrai le premier afin de vérifier qu'il n'y avait personne. Puis, je la fis entrer dans ma partie de la chambre. Je la vis glisser son regard un peu partout et je souris. C'était une partie plutôt simple. Un bureau, plutôt bien rangé cette fois, les affaires d'Akina, mon métier à tisser, quelques projets par ci, par là. Une grande tapisserie au-dessus de mon lit, cachée également. En soit, n'importe qui pouvait aller dans les chambres pour fouiner donc je préférais la garder à l'abri des yeux indiscrets.

Mais l'œuvre qui m'intéressait aujourd'hui était déposée sur mon lit et attendait patiemment d'être révélée. Ce que je fis, après avoir pris un petit temps pour me calmer. Puis, je me reculai pour lui laisser de l'espace dont elle pourrait avoir besoin et surtout la possibilité de s'approcher. Je ne m'attendais pas à cette réaction. Uranie n'était jamais du genre à montrer ses émotions. Bien sûr, avec toutes nos discussions, elle était un peu plus démonstrative avec moi qu'avant. Mais pas à ce point. Même si je n'étais pas en face d'elle, la voir de profil me suffit à lire l'émotion qui l'animait. Elle semblait très touchée par ce que j'avais tissé.

Je restai silencieux tout le temps où elle regardait son portrait. Je vis sa main trembler. Je levais légèrement la mienne, dans le but de la prendre pour tenter à mon tour de la calmer, mais je me ravisais. C'était d'un moment silencieux dont elle avait besoin, sans accroc extérieur. Elle reviendrait vers moi quand elle se sentirait prête.

Je fus étonné lorsqu'elle se tourna vers moi pour me prendre dans ses bras. J'eus un instant de latence avant de refermer mes bras dans son dos. C'était la première fois qu'elle faisait ça, et j'étais très touché que ce soit en réponse à mon cadeau.

"De rien, petite étoile. Ca me fait plaisir de te l'offrir..."

Le temps resta suspendu alors que l'on profitait simplement de ce moment ensemble. Je finis par m'écarter un peu et vis une larme qui roulait le long de sa joue. Je le la récupérais délicatement de mon pouce, caressant légèrement sa joue au passage.

"Je ne m'attendais pas à ce que ... ça te touche autant. Mais je suis très content de te l'avoir présenté aujourd'hui. Et je pense que je suis prêt à t'en montrer d'autres, si tu le désires."

Je le serrais encore un instant dans mes bras avant de la relâcher.

"Merci. Merci d'avoir cru en moi et de m'avoir fait confiance. Grâce à toi, je me sens plus apaisé."

Je déposai un léger baiser sur sa joue avant de me reculer définitivement, me rendant compte que j'avais peut-être été trop loin.

"Désolé, je... Je n'aurai peut-être pas dû..."

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Il est l'heure...

Il semblerait que ma soudaine action aie surpris Télémaque, il ne me rend pas tout de suite mon étreinte, un petit temps se passe avant qu'il ne me serre finalement contre lui. Son contact me fit du bien, il était doux, agréable. Je me sentis plus proche de lui, de par son cadeau, la confiance qu'il m'a accordé, ou encore ce moment de proximité que nous partageons, je sens que notre lien s'est renforcé.

- De rien, petite étoile. Ca me fait plaisir de te l'offrir...

C'est vraiment pour moi alors..? Il a fourni autant d'énergie et de temps pour moi ? Je me sens tellement émue. J'ai le sentiment que je ne mérite pas tout cette délicate attention. Je n'ai jamais rien fait de si spécial pour mériter un pareil cadeau. Alors évidemment je ne vais pas le refuser, je ne voudrais surtout pas le vexer ou qu'il pense qu'il a fait du mauvais travail, même si ma réaction doit être assez explicite quant à mon opinion sur sa création. Enfin ce serait peut être orgueilleux de décorer ma chambre d'un portrait de moi, non ? Enfin peu importe, cette tapisserie est magnifique.

Télémaque s'écarta un peu de moi et lorsqu'il vit la larme qui dévalait ma joue, il l'essuya délicatement de son pouce. Savoir qu'il m'a vu dans cet état me dérange un peu, cela n'a rien a voir avec lui, mais être autant à découvert d'un point de vue émotionnel me donne un peu l'impression d'être nue face à lui, comme vulnérables. Il m'affirme être surpris par autant de réaction de ma part et instinctivement je m'en veux d'en avoir autant dévoilé. Est-ce qu'il trouve que j'en fais trop...? Non, je suis sûre que non, c'est Télémaque, je lui fais confiance, tout va bien, il faut que je me détende. Je fis de mon mieux pour faire abstraction de toutes ces pensées.

Lorsqu'il me propose de voir d'autres de ses créations, j'hoche simplement la tête avec un sourire, user de la parole étant encore un peu compliqué pour moi, les émotions serrant encore ma gorge. Il me repris dans ses bras quelques petites secondes avant de me relâcher et de dire.

- Merci. Merci d'avoir cru en moi et de m'avoir fait confiance. Grâce à toi, je me sens plus apaisé.

A ses paroles, il ajouta un geste, qui me surpris. Il vint déposer ses lèvres sur ma joue avec délicatesse. Instinctivement, mon corps se tendit à ce contact.

- Désolé, je... Je n'aurai peut-être pas dû...

Sa voix un peu angoissée me calma presque instantanément. Je m'en veux d'avoir ce genre de réaction face à lui, je ne veux pas qu'il se sente mal à cause de moi. J'aimerai tellement réussir à réprimer ces réflexes défensifs avec ceux que j'aime... Je pris un instant pour me détendre complètement. Allons Uranie, c'est Télémaque que tu as en face de toi, tu lui fais confiance, tu sais qu'il n'est en rien une menace pour toi, alors calme toi.

Je fis descendre mes mains le long de ses bras pour venir prendre ses mains dans les miennes. J'hochai négativement la tête et lui offris un sourire doux et sincère, bien qu'un peu mal à l'aise je dois l'avouer.

- Ça va, ne t'inquiètes pas.

J'ai conscience qu'il ne me veut aucun mal, je n'ai simplement pas l'habitude de ce genre de contact. Ils ne sont pas désagréable seulement nouveau, je finirai peut-être par m'y faire.

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Il est l'heure...

Le stress et l'angoisse étaient totalement redescendus. Voir l'expression de son visage, l'émotion qu'elle avait ressentie en voyant mon travail, ce câlin qu'elle était en train de me faire pour me remercier. Tout ça me touchait énormément et faisait que je me sentais beaucoup mieux. Ce moment de complicité entre nous... Oui, je me sentais bien dans ces bras. Et c'était pour ça que je la serrais à mon tour dans mes bras, plein d'émotion.

J'avais eu cette idée au détour d'une de nos rencontres. Depuis la première fois où je l'avais vue, nous avions parcouru un long chemin. Nous nous faisions confiance mutuellement, nous discutions sur des sujets divers et variés. Nous avions aussi plus facilement des contacts l'un envers l'autre. Mais des contacts légers. Pas comme ce que nous venions de partager. Ca, c'était inédit. Mais ça ne me déplaisait pas. J'aimais bien l'avoir dans mes bras. C'était agréable, j'avais l'impression de partager un moment unique, juste avec elle.

Je vis un léger changement d'expression sur son visage lorsque je lui dis que j'étais étonné qu'elle ressente autant d'émotion en voyant ma tapisserie. Alors j'essayais de la rassurer.

"Ne t'en fais pas, ce n'est pas un reproche. Ca me touche beaucoup que mon travail t'ait fait ressentir autant d'émotion. C'est... la première fois que je vois ces expressions chez quelqu'un qui voit une de mes créations."

Bon, c'était également la première fois que je faisais quelque chose d'aussi personnel. La première fois que je représentais une personne à laquelle je tenais sur l'une de mes tapisseries. Mais ses réactions restaient très touchantes et je ne regrettais vraiment pas de lui avoir offert cette tapisserie. Elle accepta ensuite de voir d'autres de mes créations. L'ambiance serait certainement plus légère et elle pourrait ainsi retrouver son état d'esprit calme et apaisé de d'habitude. Je m'en voudrais qu'elle ne soit pas bien à cause de moi.

Je sentis immédiatement le changement lorsque je lui avais fait un bisou sur la joue. Aussitôt, j'avais regretté de l'avoir mise mal à l'aise et je m'excusais, confus. Je baissais même la tête, honteux d'avoir franchi une limite. J'avais peur qu'elle m'en veuille. Je ne voulais pas que l'on se dispute ou que l'on s'éloigne à cause d'une maladresse de ma part...

Mais je relevais la tête, surpris, quand je sentis ses mains qui prirent les miennes délicatement. Je plongeais mon regard dans le sien et vis qu'elle n'était pas fâchée contre moi. Je ressentis un soulagement qui m'enleva un poids de ma poitrine. J'hochai doucement la tête avec un petit sourire timide.

"D'accord..."

Puis, ses mains toujours dans les miennes, je la conduisis jusqu'à mon lit.

"Vas-y, assieds toi. Je vais te montrer d'autres choses."

Cette fois, je lui fis un sourire un peu plus rayonnant. Ces toiles là étaient plus légères et lui permettrait de se détendre après tant d'émotions. Je lui présentais d'abord celles que j'avais faites et qui se basaient sur le jeu qu'Apollon et moi avions créé avec des petits personnages d'un taco, d'un chat, d'un fromage, d'un bouc et d'une pizza. Je les trouvais très mignons. Puis, je lui montrais différents paysages de la Dea Kademeia que j'avais réalisé plus ou moins récemment. Et je terminais avec une tapisserie d'Akina, quand il était bébé, et qu'il dormait dans son panier. J'en avais évidemment pleins d'autres. Mais c'était déjà bien pour commencer.

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Il est l'heure...

Télémaque a du voir que je me sentais mal de me dévoiler autant face à lui, il semble vouloir me rassurer comme il peut. Bon sang, il lit vraiment en moi comme dans un livre ouvert... Ce n'est pas dans mes habitudes d'être aussi expressive, je n'aime pas montrer mes émotions, mes faiblesses, alors ne pas réussir à les cacher me fait peur... Et si je n'y arrivai plus du tout ? Et si tout le monde commençai à voir ce que je ressens ? Et si je recommence à ne plus me contrôler...? Bon sang c'est pas vrai...

Le baiser que mon ami déposa sur ma joue me ramena au moment présent, essayons de ne plus y penser pour le moment, je ne veux pas gâcher ce moment, je sais qu'il est précieux. J'ai conscience que je ne pourrais pas éviter à ces tracas de revenir une fois la nuit tombée, mais j'ai espoir que les étoiles me portent conseil, et puis elles sont de bonne compagnie. Gardons ses pensées pour plus tard, elles n'ont pas lieu d'être ici.

Je vis que Télémaque se sentais très mal à l'idée de m'avoir potentiellement dérangé par son contact. Je sais qu'il est probablement en train de se blâmer intérieurement pour son action et je veux éviter ça alors je lui prend les mains et lui adresse un sourire et des paroles qui se veulent rassurants. Il semble surpris par cette réaction de ma part. Il plongea ses yeux dans les miens et j'essayai de faire en sorte que mon regard traduise mes pensées, qu'il lui dise que je ne lui en veux pas, que je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi, que je l'apprécie.

Ses mains toujours dans les miennes, il m'emmena jusqu'à son lit et me proposa de m'assoir, ce que je fis. Je pris place calmement en prenant soin de récupérer mon portrait pour ne pas m'assoir dessus. Je le posai sur mes jambes et le regarda d'un peu plus près, bon sang, il est encore plus beau vu d'aussi près. J'ai comme l'impression que le fil qu'il à utilisé pour mes cheveux et la constellation brille un peu, enfin je me fais peut-être des idées. Je passe tout de même une main dans mes cheveux et les inspecte un peu, intriguée par la brillance qu'il a pu y voir. Mon ami revint vers moi, de nouvelles œuvres en main, il y avait des illustrations du jeu qu'il est en train de créer, je reconnais les personnages de taco, de chat, de bouc, de fromage et d'une pizza, un petit sourire amusé me vint, ils sont mignons. Il me présente ensuite quelques paysages de l'académie, puis une représentation de son chat Akina encore chaton. Ils sont absolument magnifiques. Je ne serais pas vraiment l'expliquer, mais il a une manière de représenter les choses sous un plus bel angle. Ses tapisseries ont quelque chose de majestueux, une certaine féerie presque mystique. Même si ces œuvres me procurent moins d'émotions, sûrement due à leur impersonnalité à mon égare, elles sont tout bonnement splendides, je suis impressionnée par son talent. J'offris un sourire doux à mon ami, signe que j'apprécie ses création.

- C'est magnifique Télémaque, tu as vraiment beaucoup de talents

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Il est l'heure...

J'avais toujours aimé discuter avec les personnes autour de moi. Sans forcément devenir spécialement proches de chacun d'entre eux, échanger ne me dérangeait pas. Mais les personnes dont je devenais proche, j'aimais en apprendre plus sur eux et, surtout, j'arrivais assez facilement à comprendre certaines expressions. C'était pour cette raison que je voyais assez facilement les différentes émotions d'Uranie. Mais j'avais remarqué qu'elle était gênée que je comprenne aussi facilement ce qu'elle ressentait. J'étais un peu sur le fil. Je ne savais pas si je devais continuer à la rassurer ou essayer de passer à autre chose pour la détourner de cette situation.

Je fis une petite gaffe, mais, finalement, Uranie me rassura immédiatement. Je lui souris en retour. J'avais compris, à travers cet échange silencieux, qu'elle voulait me rassurer sur le fait que je ne lui en voulais pas. J'étais soulagé car, déjà lors de notre première rencontre, j'avais été maladroit dans mes paroles. Je la savais sur la défensive sur certains contacts, même si, à présent, nous étions un peu plus proches. A l'avenir, j'essaierai de faire en sorte de ne pas être aussi spontané, pour ne pas la brusquer.

Je choisis de lui changer les idées en lui montrant d'autres tapisseries de ma création. Je vis du coin de l'œil qu'elle regardait à nouveau son portrait et je souris. J'étais content que ça lui plaise autant. Dans une ambiance un peu plus légère, je lui montrais donc celles sur mon jeu, des paysages en finissant par une œuvre représentant mon chat quand il était plus petit. Je captais ses sourires et ses différentes réactions. Elles se sentait un peu plus sereine, l'ambiance était retombée et tout semblait mieux se passer. Bien sûr, les émotions ressenties étaient différentes. Mais, en même temps, le but n'était pas le même non plus. Voir son sourire me suffisait amplement. Je rougis, restant un instant sans parler, suite au compliment de mon amie.

"M... Merci, ça me touche beaucoup."

Je jetais un œil à celle au-dessus de mon lit. Non, je n'étais pas encore prêt à montrer celle-ci.

"Est-ce ... tu veux qu'on redescende tranquillement dans la salle commune ou qu'on se balade et qu'on aille boire quelque chose ?"

Rester dans ma chambre juste pour discuter pourrait peut-être la gêner aussi, et je pouvais totalement le comprendre.

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Il est l'heure...

Télémaque semble vraiment touche pas mes réactions et mes paroles à la vue de ses autres œuvres. Je suis parfaitement sincère, ses tapisseries sont absolument splendides. On peut lire la passion de leur créateur rien qu'à la disposition des fils, ils sont placés avec une minutie rare et impressionnante. On voit que Télémaque y a mis tout son cœur. Même si je préfère mon portrait, dit ainsi on pourrait me croire orgueilleuse, toutes ses œuvres sont magnifiques.

Après qu'il m'ait remercié, je le vois jeter un coup d'œil au-dessus de son lit. Je suis son regard et mes yeux tombent sur un rideau qui semble couvrir quelque chose. Je suppose que c'est une tapisserie également. Elle m'a l'air bien plus grande et plus importante que les autres. S'il l'a placé au-dessus de son lit c'est pour une raison non ? C'est qu'elle est importante à ses yeux. Ma curiosité me donne envie de découvrir ce qu'il se cache derrière ce rideau, enfin je n'ai aucunement envie de le forcer alors je préfère rester silencieuse.

J'ai d'abord pensé qu'il allait me la présenter comme les autres, mais finalement il n'en a rien fait. Il ne doit pas être prêt, je comprends. J'attendrai qu'il veuille me la présenter, elle doit être de la plus haute importance à ses yeux, ne précipitons pas les choses, il a déjà fait un très grand pas vers moi en me montrant tous ces travaux. Même si je dois avouer que cette tapisserie m'intrigue d'autant plus maintenant. Enfin ce sera pour une prochaine fois.

Finalement, son attention se porta à nouveau sur moi et il préféra ne pas aborder le sujet. Je vais faire comme si de rien n'était, et rester silencieux un petits sourire aux lèvres. C'est mieux comme ça, je ne veux pas le mettre mal à l'aise ou qu'il se sente oppressé et forcé de me montrer cette tapisserie.

- Est-ce ... tu veux qu'on redescende tranquillement dans la salle commune ou qu'on se balade et qu'on aille boire quelque chose ?

Je lui souris et hocha la tête avant de me relever. Je lissai rapidement les pans de mes vêtements avant de prendre la direction de la porte. J'attendis qu'il l'ouvre pour moi, ne voulant pas faire comme chez moi et toucher à ce qui ne m'appartient pas.

- Allons prendre un verre, on avisera de la suite après.

On quitta ensuite sa chambre sans croiser personne. J'avoue être un peu rassuré de voir le couloir désert, les gens ont tendance à faire des montagnes d'histoire et de rumeur pour pas grand chose. Et je sais que me voir sortir de la chambre de Télémaque à ses côtés aurait fait jaser très vite. En réalité, ce n'est pas pour moi que je crains les rumeurs, énormément ont déjà circulé à mon sujet, alors une de plus ou une de moins ne changera pas grand chose, je me fiche de ce qu'on peut penser de moi tant que mes proches savent ce qu'il en recours. Nan, je suis plus inquiète pour Télémaque, de ce que j'ai entendu, il a bonne réputation à l'académie, il est apprécié de la majorité, alors si on le voyait sortir d'une chambre à mes côtés, il en pâtirait sûrement. Je souhaite tout sauf ça. Il ne m'a jamais parlé de ma réputation ou de l'effet qu'elle pourrait avoir sur lui, il semble s'en ficher, mais je me sentirai mal que sa vie à l'académie soit gâchée à cause de moi...

Enfin, je crois qu'après toutes ces émotions, un bon latté vanille ne fera de mal à aucun de nous deux, bien au contraire, je crois que nous avons tous les deux besoin de nous détendre.

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Il est l'heure...

Je n'avais pas été très discret en tournant le regard vers la tapisserie dissimulée au dessus de mon lit. Elle avait suivi mon regard, mais elle ne posa aucune question. Je l'en remerciais silencieusement. Celle-ci avait une grande signification pour moi, et je ne la découvrais que très rarement. Mais je l'adorais et j'étais très fier de ce que j'avais réussi à réaliser. Cependant, c'était une partie de moi que je voulais garder pour le moment. J'étais prêt à montrer certaines œuvres à Uranie. Mais celle-ci, personne ne l'avait vu encore, pas même Apollon. Plus tard, peut-être. Mais pas aujourd'hui.

Je lis la curiosité qui la dévorait à présent dans son regard. Mince, je n'aurai pas dû la regarder. Mais, même si elle avait envie de la voir, elle n'ajouta rien et me souria. Elle respectait mon choix et ne me forcerait pas la main. C'était à cela qu'on reconnaissait les vrais amis. Ils ne nous forçaient jamais la main. Et je savais que ce n'était pas le genre d'Uranie. Je l'avais compris quand je lui avais parlé de ma passion lorsque nous nous étions parlés au planétarium. Et, en remarquant que je n'étais pas à l'aise avec ce sujet, elle n'avait pas insisté. Et surtout, elle ne m'en avait jamais reparlé, me laissant le temps de choisir le bon moment pour lui présenter. Ce que j'avais fait aujourd'hui.

Je récupérais la tapisserie que j'emballais soigneusement avant de lui ouvrir la porte avec un sourire et une petite révérence.

"Après vous, Mademoiselle."

Je ris doucement avant de la suivre en dehors de la chambre.

"Tu veux peut-être passer à ta chambre pour la déposer ? Ce serait dommage de l'abîmer en allant nous balader et boire un truc."

Je me souvenais qu'elle avait renversé son latté sur ses dessins la première fois. Je me souvenais aussi de sa réaction et je ne voulais pas qu'elle se mette en colère à cause d'un accident.

Je l'attendis patiemment avant de me diriger vers la salle commune en sa compagnie. Il n'y avait personne pour le moment, et c'était tant mieux. Si quelqu'un l'avait vu sortir de ma chambre, je me doutais que ça aurait été répété, amplifié et que tout le monde en aurait entendu parler. Je ne voulais pas de rumeurs, je ne savais pas comment elle y réagirait. Je n'étais pas certain qu'il y en ait beaucoup à mon sujet mais je savais que certaines personnes y étaient sensibles. Ca pouvait être le cas de mon amie, et je préférais que personne ne l'ennuie.

"J'espère que personne ne t'ennuiera pour tout ça... Le portrait et le fait que tu sois venue dans ma chambre."

Une fois en dehors du sanctuaire, je m'étirais un instant, profitant du soleil qui venait réchauffer mon visage.

"Que dirais tu d'un petit latté à la vanille ?"

Je savais que c'était sa boisson préférée et que c'était la boisson qu'elle prenait après de grosses émotions, ou pour se détendre. Et j'avais bien l'impression qu'elle en avait besoin maintenant.

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Il est l'heure...

On dirait bien que nous n'avons plus rien à faire ici. Nous prenons alors la décision d'aller boire un verre tous les deux comme nous en avons l'habitude. J'adore ces moments que je partage avec lui, les discutions sont toujours agréable et intéressantes. Il est l'une des rares personnes pour qui je troquerai une nuit blanche à la belle étoile contre une nuit blanche à papoter.

Télémaque prit soin d'emballer ma tapisserie avant de m'ouvrir la porte de sa chambre. Il m'offrit un sourire et une élégante révérence, m'invitant à quitter sa pièce. Me joignant à lui dans son petit jeu, j'exécutai à mon tour une révérence, écartant les pants de ma longue veste, à défaut de porter une robe.

- Merci bien très cher.

Je pris ensuite les devants et on s'éloigna de la pièce. Mon ami me proposa de déposer son cadeau à ma chambre pour être sûre de ne pas l'abimer. J'hochai simplement la tête, il a raison, je n'ai pas envie de l'abimer. Et vu ce qui s'est passé pendant notre rencontre, je n'ai pas envie de le faire avec un cadeau de sa part. Je m'en voudrai tellement d'abimer quelque chose de si joli, et qui plus est quelque chose qui m'a été offert par quelqu'un qui m'est cher. Il a mis tellement de temps, de passion et de affection dans ce cadeau, je ne veux surtout pas réduire à néant tout cela.

Nous fîmes alors un détour par ma chambre, je ne le fis pas entrer, ça aurait été inutile je pense et puis chaque chose en son temps. Enfin, ma chambre est un petit cocon pour moi, mais moins que certains autres endroits de l'académies, ça ne me dérange pas de laisser entrer des gens que j'aime dans ma chambre. Seulement, je ne veux pas le mettre mal à l'aise et puis entrer pour seulement quelques secondes n'est pas nécessaire. Enfin, je rentre simplement dans ma chambre, dépose la tapisserie sur mon bureau et rejoins Télémaque dans le couloir. Puis nous prenons la direction de la salle commune des ipomea

Le trajet se passa calmement, pas de yeux chapardeur de ragots à l'horizon pour venir nous déranger, et ce pour le mieux. On dirait que nous avons eu la même pensé avec mon compagnons puis qu'il fini par s'adresser à moi d'un ton que je qualifierai de préoccupé.

- J'espère que personne ne t'ennuiera pour tout ça... Le portrait et le fait que tu sois venue dans ma chambre.

Je luis offrit un sourire rassurant. Il est gentil de s'inquiéter pour moi, mais honnetement qu'on m'aie vu rentrer dans une chambre d'homme ne me dérange pas, je me fiche de ce qu'on peut penser de moi, nombre de rumeur pire que celles là doivent courir à mon propos. Par contre je n'accepterai pas qu'on embête Télémaque à propos de tout ça, à propos de moi. Alors une nouvelle fois je lui ébouriffa les cheveux.

- Ne t'inquiète pas pour moi, je me fiche de ce que peuvent bien penser les autres. Et puis tu sais, avec tout ce qu'il se dit sur compte, les histoires qui sortirai de cette entrevue seraient sûrement les moins péjoratives.

Je ris pour dédramatiser la chose. J'ai appris à faire avec le temps, comme j'ai appris à apprécier ma propre compagnie, ce qui est une chose importante à mes yeux. Mais si aujourd'hui rares sont les fois ou les rumeurs m'atteignent, je refuse de laisser ceux qui me sont cher les endurer et vivre ce que j'ai pu vivre par le passé.

En sortant du sanctuaire, je fus éblouie par le soleil de fin de journée venant frapper ma peau et mes yeux. Je mis ma mains devant mon visage le temps de m'accoutumer à cette lumière nouvelle. Je vis Télémaque s'étirer avant de me me faire une proposition des plus alléchante.

- Avec un supplément crème fouettée ? On voit que tu me commence à bien me connaitre.

Je lui offris un petit sourire complice, comment dire non à un latté vanille, et à celui qui le propose.

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Il est l'heure...

Un petit rire m'échappa quand je la vis entrer dans mon jeu. Ce que j'aimais beaucoup avec Uranie, c'était que nos discussion étaient souvent légères et apaisantes. On pouvait parler de tout naturellement et c'était vraiment très agréable. Mais avant d'aller boire un verre, il me semblait judicieux d'aller déposer ce cadeau à l'abri dans sa chambre. Je savais qu'elle ne voudrait pas le prendre avec, de peur de l'abîmer. Je la suivis donc mais restai dans le couloir, un peu à l'écart. Déjà qu'elle était entrée dans la mienne, je n'imaginais pas si on me voyait dans la sienne. Et je ne m'imposerai certainement pas tant qu'elle ne m'y inviterai pas.

Je lui souris quand elle me rejoignit puis nous descendîmes en direction de la salle commune de notre sanctuaire. Je guettais aux alentours, mais il ne semblait y avoir personne. Tant mieux. Les Ipomea n'étaient pas aussi friands des rumeurs que les Sollerys mais certains adoraient ça, et adoraient les colporter à qui voulait bien l'entendre pour se rendre intéressant. Je ne voulais pas que mon amie soit ennuyée avec tout ça et je lui dis sincèrement. Mais elle me sourit et m'ébouriffa les cheveux au passage. Je fus étonné d'apprendre que de mauvaises rumeurs circulaient à son sujet.

"Je ne savais pas qu'il y avait des rumeurs méchantes à ton sujet... Et je ne comprends pas pourquoi. Tu es super gentille, intelligente et très talentueuse. Les gens jaloux feraient n'importe quoi pour se faire remarquer et dénigrer les autres. Je trouve ça lamentable... Je suis désolé d'apprendre ça mais sache que tu as mon soutien !"

Je lui fis un sourire rassurant. Même si elle n'avait pas l'air très affectée, je voulais qu'elle sache que j'étais là pour elle. Nous arrivâmes finalement dehors, où le soleil était encore haut dans le ciel et plutôt éblouissant.

"Evidemment. Que serait un latté vanille sans son supplément crème fouettée ?"

Je lui fis un petit clin d'œil et lui tendis mon bras d'un geste solennel.

"Si Madame veut bien m'accompagner pour aller chercher notre boisson..."

Un nouveau sourire s'invita sur mon visage. Je ne l'obligeais évidemment pas à prendre mon bras. J'avais surtout fait ce geste et pris ce ton pour la faire rire.

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